- Maison Sainte-Croix
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La chapelle Sainte-Croix en français ou la « Cruycapelle » en Bruxellois1.
Ambroise de Duve, dominicain, décide de fonder une maison afin d'enfermer les jeunes filles de mauvaise conduite soit à la demande des familles soit par jugement du magistrat de la ville. L'archevêque de Malines Jacques Boonen2, soucieux de la bonne morale dans son diocèse, aide financièrement à la construction de cet édifice, à tel point que certains auteurs, à l'instar de Gachard et de Reusens, lui attribuent l'initiative de la chapelle3. Elle est donc établie, non sans quelques frictions avec le magistrat de la ville, à Bruxelles en 1647 près du Rivage et s'étendait de la rue d'Ophem au canal. Au départ, les pensionnaires logeaient dans une maison de la paroisse Saint-Géry et ensuite d'autres bâtiments sont construits, ce qui permet à cette maison d'avoir plus de place. En 1649, le chapitre Sainte-Gudule demande d'y installer une chapelle tant pour les détenues que pour les habitants du quartier4. Une première règle est édictée à l'initiative de l'archiduc Léopold-Guillaume qui confie cette tâche à l'archevêque de Malines
Elle était constituée de deux parties : l'une était réservée aux femmes qui travaillaient pour pouvoir payer leur pension et l'autre où vivaient les femmes à qui leur famille payait une pension5. D'abord sous la responsabilité de Marie de Greve, la maison passe ensuite sous la tutelle de la ville qui se réserve un droit de contrôle sur les fondations. Anne-Marie Cattenberg, régente de la maison, demande que la maison soit mise sous l'autorité du Conseil de Brabant parce qu'elle n'en pouvait plus de voir des femmes recluses depuis plus de trois ans or qu'elles ne connaissaient même pas le motif de leur peine6. Plusieurs d'entre elles sont même libérées et la maison passe bien sous l'autorité du Conseil en août 1709, mais cette fois-ci à la demande de la nouvelle régente Pauline Lefever7. Cependant, une mauvaise gestion pousse Marie-Élisabeth à remettre la direction de la maison aux mains de la ville en 1727.
En 1731 l'état de la chapelle est tellement misérable que Marie-Élisabeth la reprend sous son autorité8. Elle confie donc la direction de la chapelle en 1734 aux curés des sept paroisses de la ville à leur demande afin qu'ils contribuent au salut des âmes et au bien public9. Cependant, la maison est très vite endettée et même après une trentaine d'années, même si le service religieux est excellent, les fonds ne suivent pas, il n'y a qu'une vingtaine de détenues alors que la maison peut en contenir une bonne centaine10. Il n'y a donc plus que des femmes qui sont là pour leur enlever le châtiment de la honte publique ou pour leurs récidives incessantes11. Très vite, la maison n'accueille plus exclusivement des filles publiques, mais également d'autres femmes qui avaient commis un crime quelconque. Ces faits sont rapportés dans l'article de Deroisy qui mentionne le témoignage de d'une religieuse enfermée là probablement par erreur. Cette religieuse raconte qu'elle est traitée sur le même pied d'égalités avec les autres détenues et que, par préférence, elle reçoit quand même un bout de viande à midi. Cependant, elle se plaint d'être confondue avec des femmes qui ont commis des actes de libertinages or qu'elle en est tout à fait innocente. Elle rapporte également qu'elle n'a que sa première jupe comme vêtement et qu'elle tombe en lambeau12. Nous voyons par ce témoignage les conditions de vie que peut avoir une détenue aux alentours des années 1770.
Malgré les nombreux essais des curés pour avoir de l'aide financière de la part des autorités urbaines pour les réparations, ils n'y arrivent pas parce qu'ils n'ont jamais réussi à prouver que les bâtiments fussent en mauvais état13. C'est à cause de ces nombreux conflits et de la mauvaise gestion et l'endettement chronique de la maison que Charles de Lorraine décide de la remettre sous l'autorité du magistrat par le décret du 23 décembre 177514. Joseph II, quant à lui, décide même de fermer l'établissement en 1784. Les bâtiments sont réutilisés comme hôpital, comme hospice et comme magasin jusqu'en 1843. Enfin, les constructions furent détruites et la ville y construit une école communale15.
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