Lucie Parmelan dite Lucie Colliard

Lucie Parmelan dite Lucie Colliard

Lucie Claudine Parmelan nait, à Saint-Félix en Haute-Savoie, le 24 janvier 1877. En 1921, puis à nouveau en 1924, elle est élue comme suppléante dans les organismes de direction du Parti communiste (PC). Elle meurt en 1961. En 1929, une fiche de police évoque son exclusion du PC.


Biographie

Elle est confiée en 1886 à une institutrice laïque obtient son certificat d’études primaires en 1888 puis son Brevet élémentaire en 1893. Toujours très bien notée, ses convictions politiques lui attireront pourtant une opposition farouche de la part de nombre de parents d'élèves et d'élus locaux.

Elle épouse, en 1902, à Saint-Félix, M.Colliard, petit propriétaire terrien de Larringes dont elle a un fils en 1904 et une fille en 1907. Son dossier d'institutrice indique qu'elle se sépare de son mari dès cette époque, lui ayant "mangé tout son bien" et l'ayant par la suite chassé du domicile conjugal.

Engagement syndical et politique

Elle compte en 1912 au nombre des animateurs du VIIe congrès national du syndicat de l'enseignement et en 1916, devenue secrétaire adjointe de la section de Haute-Savoie du syndicat des instituteurs et des institutrices, elle participe au congrès de Paris.

Elle adhère au Parti socialiste SFIO.


En 1917 elle aide Loriot, secrétaire du Comité pour la reprise des relations internationales, à passer en Suisse. En décembre, l'autorité académique la déplace vers un poste déshérité de la commune de Boëge et 1918 elle est arrêtée pour infraction à la loi relative aux indiscrétions de la presse en temps de guerre, puis traduite en Conseil de guerre. Condamnée à deux ans de prison pour "antimilitarisme", elle est incarcérée à Grenoble. Graciée, elle parvient à se faire réintégrer dans le corps enseignant.

Elle est de nouveau inquiétée à la suite d'une assemblée d'instituteurs, salle du Grand Orient, rue Cadet à Paris. Elle réside, alors, à Pantin, dans la Seine. Quelques mois plus tard, elle rejoint le domicile de son mari à Larringes; elle y vit semble-t-il avec ses enfants; elle fera bientôt placer sa fille dans une institution à Caen; quant au mari chassé, il survit grâce à deux petit fermages dont il ne tire, aux dires du dossier d'institutrice de Lucie Colliard,qu'un misérable revenu. En novembre 1919, elle part comme permanente syndicale à Caen, dans le Calvados, où elle contribue à reconstituer la Fédération socialiste SFIO et milite dans le Comité pour la IIIe Internationale. Le mois suivant, elle devient la secrétaire de la nouvelle section de la Rive gauche de l'Orne. Partout, elle défend les thèses minoritaires.

La Fédération socialiste du Calvados la délègue au congrès socialiste de Strasbourg de 1920. Elle vient de publier dans le Populaire normand un article portant le titre : "Vers la IIIe Internationale, pour l'adhésion immédiate". En décembre, devenue secrétaire fédérale, elle représente les socialistes du Calvados au congrès de Tours. Quelques mois plus tôt, elle est également devenue membre de la commission administrative de l'Union départementale (UD) CGT, lors du congrès de Lisieux.

- En 1921 elle est élue secrétaire de la Fédération départementale de la Section française de l'Internationale communiste (SFIC). Nommée permanente par le Comité directeur, elle quitte Caen pour Paris, démissionnant de son poste de permanente de l'UD en qualité d'archiviste-bibliothécaire. En juin-juillet, elle participe au IIIe congrès de l'Internationale communiste. En décembre, le congrès de Marseille du PC l'élit membre suppléante du Comité directeur.

- 1922 : elle est signalée par la police parmi les délégués assistant à la conférence organisée à Moscou par le comité exécutif de la IIIe Internationale. En octobre, au congrès de Paris du PC, membre de la fraction de Gauche, elle n'est pas réélue au Comité directeur. Elle n'est pas davantage présente parmi les membres du Comité directeur retenus par la Conférence nationale de Boulogne-sur-Seine. Néanmoins, il semble, qu'elle demeure déléguée permanente à la propagande.

- 1923 : au congrès de Bourges de la CGTU, elle est élue membre de la commission féminine, dont elle fait partie du secrétariat. Elle devient, également, co-secrétaire de l'Internationale des femmes.

- 1924 : le IIIe congrès du PC, réuni à Lyon, la désigne, à nouveau, comme suppléante au Comité central (nouveau nom du Comité directeur). La CGTU l'envoie participer à la grève des sardinières de Douardenez, dans le Finistère.

- 1925 : la librairie de L'Humanité publie sa brochure Une belle grève de femmes : Douarnenez. Bientôt, le quotidien communiste annonce sa réintégration comme institutrice en Haute-Savoie. Au printemps, après avoir repris son métier, elle reçoit un avertissement. Durant ses congés, la direction politique du PC la met à la disposition de la région bordelaise pour la campagne contre la Guerre du Rif. C'est ainsi qu'elle participe, à Bordeaux, au congrès ouvrier et paysan. En décembre, la police annonce son affectation à la cellule 432 du 4e rayon regroupant les militants de la Cristallerie d'Ivry, de la Compagnie générale d'électricité et de la rue Alexandre Pillaud à Ivry-sur-Seine. Deux mois plus tôt, elle a signé la lettre adressée au comité exécutif de l'Internationale communiste qui critique la direction du PC français.

- 1926 : elle entre en opposition ouverte avec l'orientation du Parti. Un rapport d'un dirigeant communiste indique qu'elle est influente dans la région d'Annemasse malgré son attitude dans la CGTU où elle s'est désolidarisée des rédacteurs du Bulletin communiste et de la Révolution Prolétarienne. Dans une lettre adressée à Charles Tillon, elle écrit ne pouvoir supporter plus longtemps la "gymnastique" du sommet. Tillon, dans une lettre, note qu'elle va lutter contre le parti et collaborer à la formation d'un nouveau parti.

- 1927 : une circulaire du secrétariat du PC indique qu'elle appartient à la "droite" du Parti et qu'elle a signé une déclaration protestant contre l'exclusion d'Engler et de Goujon. En mai, elle reçoit un blâme du secrétariat pour "travail fractionnel". Néanmoins, elle participe à la création de la revue Contre le Courant et signe l'appel au XVe congrès du Parti communiste russe pour la réintégration des oppositionnels.

Elle signe la pétition de 1928 contre les déportations des opposants internes au PC russe et adresse une lettre à Henri Barbusse en 1929 contre l'exil de Trotsky. Une fiche de police évoque son exclusion du PC. En 1930 son nom apparaît parmi les vingt-deux signataires de la déclaration pour la reconstruction de l'unité syndicale. Adjointe dans un poste d'institutrice de montagne, elle prend sa retraite.

- 1935 : elle est trésorière du Comité provisoire d'organisation du Rassemblement contre la guerre et l'union sacrée, qui se tient à Saint-Denis, dans la Seine.

- 1936: domiciliée à Clichy, elle milite à la 17e section socialiste de la Seine.

- 1938 : elle suit Marceau Pivert au Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP).

- 1939 : au congrès de la Pentecôte du PSOP, elle propose un texte qui affirme que la double appartenance au PSOP et à la franc-maçonnerie constitue un danger pour l'avenir du Parti.

- 1945 : dans une lettre de Mexico, Marceau Pivert indique se réjouir de son arrivée à la tête de la Fédération de la Seine du Parti socialiste. En octobre, elle figure sur la liste socialiste pour l'élection de l'Assemblée constituante dans la 5e circonscription de la Seine.

- 1946 : elle fait partie de la même liste pour les élections de 1946.

- 1958 : elle quitte le Parti socialiste.

Source

Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Les Éditions de l'Atelier, 1997.

Archives départementales de Haute-Savoie, dossiers d'instituteurs


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Lucie Parmelan dite Lucie Colliard de Wikipédia en français (auteurs)

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