Litiges territoriaux des Emirats

Litiges territoriaux des Emirats

Les frontières des Emirats, sous protectorats anglais depuis le milieu du 19ème siècle, varient au gré des allégeances tribales. Elles restent assez floues jusqu’aux années 20. En effet, les Britanniques n’introduisent pas d’administration formelle, laissant les affaires intérieures à la discrétion des cheikhs. Plusieurs facteurs vont pousser à une délimitation plus précise : l’effondrement de l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale, les conquêtes concomitantes d’Ibn Saoud en Arabie Centrale, le besoin d’assurer la sécurité intérieure des territoires, et surtout, la découverte du pétrole.

L’effondrement de l’Empire ottoman entraine la reconfiguration territoriale de la Péninsule Arabique. Acté par le Traité de Sèvre en 1920, ce démembrement donne mandat aux Britanniques sur la Mésopotamie, qui devient l’Irak après le traité anglo-irakien de 1921 et celui de 1922. Le Koweït émerge comme entité distincte, sous la direction de la Grande-Bretagne. Mais rien n’est joué pour l’Emirat. Ibn Saoud multiplie les conquêtes sur les ruines fumantes de l’Empire, soumettant une à une les tribus arabes pour réunir les royaumes du Nedjd et du Hedjaz, à l’est et à l’ouest de la Péninsule Arabique. En 1920, le Koweït fait appel au soutien britannique pour se protéger de ses incursions, qui débordent désormais en Mésopotamie. En échange, l’Emirat doit accepter que ses frontières soient tracées par la Grande-Bretagne. Il en résulte une cession importante de territoires au sud, désertiques mais potentiellement riches en matières premières. Le Koweït obtient surtout la délimitation permanente de ses frontières avec l’Arabie Saoudite et l’Irak, officialisée par le protocole d’Uquair du 2 décembre 1922. Le haut représentant britannique impose à Ibn Saoud et à l’émir Al Sabah la création d’une zone neutre entre les deux Etats. Au sud de la Péninsule, la poursuite des conquêtes saoudiennes menace désormais le Bahreïn, le Qatar et la Côte de la Trêve. Entre 1920 et 1925, Ibn Saoud conquiert la quasi-totalité de la Péninsule aux dépens du clan d’Ibn Rashid et des Hachémites. Le traité de Djeddah, signé le 20 mai 1927 entre les Britanniques et Abdul Aziz Ibn Saoud, stabilise enfin les frontières de l’Arabie ; la souveraineté d’Abdul Aziz sur le royaume du Hedjaz et du Nedjd, rebaptisé Arabie Saoudite, est reconnue. En échange, il s’engage à respecter l’intégrité territoriale des Emirats sous protectorat britannique. Les contours modernes des EAU, du Bahreïn et du Qatar sont nés.

Ces nouvelles frontières deviennent bientôt la limite véritable de souveraineté des émirs, car les Britanniques exigent des familles régnantes qu’elles assoient leur autorité sur l’ensemble de leurs territoires. En effet, l’Empire ouvre alors des voies aériennes du Golfe à l’Inde ; il faut désormais protéger les aérodromes construits pour des avions à la portée encore limitée. Surtout, la découverte des premiers gisements pétroliers dans les années 30 rend nécessaire un tracé plus précis de frontières d’abord définies à grands traits. Orchestrés par les Anglais, ces arrangements se poursuivent à mesure que sont découverts de nouveaux gisements transfrontaliers.

Sur fond de partage des ressources pétrolières, la détermination précise des frontières entre l'Arabie Saoudite et les Emirats du Golfe donne lieu à une série de tensions, et plusieurs accords, de la fin de la première guerre mondiale au début du 21ème siècle.

Ainsi, la zone neutre entre l’Arabie Saoudite et le Koweït fait l’objet d’âpres négociations après la découverte de pétrole. Elles aboutiront sur un accord en 1965. Le plus souvent, des solutions partielles sont apportées. Ainsi, l’Arabie Saoudite et les EAU se disputent la zone de Khaur al-Udaïd, corridor de 25 km à l’est de la péninsule qatarie qui donne accès à la mer. En 1974, les EAU et l’Arabie Saoudite signent l’accord de Djeddah, qui reconnait la souveraineté du royaume saoudien, en échange de quoi les oasis de Buraimi et le désert du Zfra reviennent aux EAU . Mais la validité de l’accord reste contestée ; le Qatar, qui perd sa frontière avec les EAU n’a pas été invité à la conférence et le parlement émirien ne ratifie pas l’accord. En séparant le Qatar des EAU, l’Arabie Saoudite renforce sa position d’intermédiaire incontournable.

Les litiges frontaliers maritimes, plus nombreux, sont plus délicats à résoudre ; entre l’Arabie Saoudite et le Koweït, l’Arabie Saoudite et le Qatar, entre le Koweït, l’Irak et l’Iran, entre le Bahreïn et le Qatar et entre les EAU et l’Iran... Pour ne citer que les principaux, le Qatar et le Bahreïn se disputent trois îles depuis les indépendances. En 2001, un règlement de la Cour Internationale de Justice arbitre finalement en faveur du Bahreïn. Enfin, les EAU réclament encore à l’Iran la restitution des îles Tomb et d’Abu Musa saisies en 1971 .


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Litiges territoriaux des Emirats de Wikipédia en français (auteurs)

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