- Cratère Popigaï
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Le cratère Popigaï (en russe : Кра́тер Попига́й) est un cratère d'impact situé à cheval sur le Taïmyr et la Iakoutie (Sibérie, Russie). Avec un diamètre d'une centaine de kilomètres, il est, à égalité avec le Réservoir Manicouagan, le 4e plus grand cratère d'impact terrestre vérifié[1]. Il résulte de la chute d'une grande météorite à l'Éocène supérieur (Priabonien), il y a 35,7 millions d'années[2],[3].
Le cratère se situe juste à mi-chemin entre l'Enisseï et la Lena : à l'est de la ville sibérienne de Norilsk, et à une heure et demie d'hélicoptère vers le sud-est depuis le poste avancé de Khatanga. Il a été désigné par l'UNESCO comme un « Géoparc », en tant que site possédant un héritage géologique spécifique[4].
Le cratère Popigaï, qui tire son nom de la rivière Popigaï qui le traverse du sud-ouest au nord, a fasciné les paléontologues et les géologues pendant des dizaines d'années. La dépression du cratère a été découverte en 1946 par D.V. Kojevine ; l'hypothèse de son origine météoritique fut avancée en 1970, fondée sur une découverte similaire (Piostrye skaly, « les roches multicolores », dans le district de Khatanga). Mais toute la zone est restée longtemps complètement inaccessible en raison de la présence de mines creusées par les prisonniers du goulag sous Joseph Staline, et de diamants. Toutefois, une importante expédition exploratoire y a été menée en 1997 (IPEX 1997) ; elle a permis de faire grandement avancer la compréhension de cette structure énigmatique[4]. Le corps céleste à l'origine du cratère a été identifié comme un astéroïde, soit de 8 km de diamètre composé de chondrite, soit 5 km de diamètre composé de roches.
Les ondes de choc de l'impact ont transformé instantanément le graphite du sol en diamants dans un rayon de 13,6 km autour du point d'impact. Les diamants ont généralement un diamètre de 0,5 à 2 millimètres ; quelques spécimens exceptionnels atteignent 10 millimètres. Ils héritent de la forme tabulaire des grains de graphite originels, mais conservent en outre les stries originelles et délicates du cristal[4]. Bien qu'il n'existe pas de mesures précises à ce sujet, il est possible que cet impact ait formé davantage de diamants que les autres processus géologiques terrestres. Leur exploitation n'est toutefois guère envisageable économiquement en raison de leur médiocre concentration.
Popigaï est le meilleur exemple connu à ce jour de la formation d'un cratère de ce type. Il existe trois autres cratères plus vastes, mais ils sont soit enterrés (Cratère de Chicxulub au Mexique), soit fortement déformés (Cratère de Sudbury en Ontario (Canada), soit déformés et fortement érodés (Dôme de Vredefort en Afrique du Sud).
Il existe une faible probabilité pour que le cratère d'impact Popigaï se soit formé en même temps que les cratères de la baie de Chesapeake (Virginie, États-Unis) et de Toms Canyon (Océan Atlantique), qui remontent eux aussi à 35 millions d'années environ[2].
Voir aussi
Notes et références
- (en) Victor L. Masaitis, Popigai Crater : General Geology, Springer, 2003.
- (en) Alexander & Koeberl, Establishing the link between the Chesapeake Bay impact structure and the North American tektite strewn field: The Sr-Nd isotopic evidence, in Meteoritics & Planetary Science, 2006, vol.41, pp. 689-703
- Armstrong, Vishnevsky & Koeberl, U-Pb Analysis of zircons from the Popigai impact structure, Russia: First Results, Springer, 2003, pp 99-116.
- (en) Alexander, Masaitis, Langenhorst et Grieve, Popigai, Siberia—well preserved giant impact structure, national treasury, and world’s geological heritage, Episodes vol.23, n° 1, pp. 3-12, 2000. En ligne : [1] (consulté le 19.12.2009)
Liens externes
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