- Concept d'autonomie
-
Le concept d'autonomie ressortit aux sciences de l'action.
Une action est un ensemble d'actes orientés par un objectif, un but.
L'acte apparaît alors comme "l'atome" qu'il convient d'analyser.
L'exécution d'un acte n'est effective pour un individu, à un instant t, que sous deux conditions concomitantes: qu'il accepte de le réaliser, qu'il en a le pouvoir.
La première condition provient du système culturel de l'individu : un ensemble de valeurs jugé globalement cohérent qui se lie à l'acte par un jugement circonstancié (instant t).
La seconde condition est la capacité d'utiliser un ensemble de moyens (connaissances, moyens matériels) ayant pour effet d'exécuter concrètement l'acte.
On définira l'autonomie d'un acte comme un acte à la fois accepté et possible à un instant t.
Par abus d'écriture, on dira que l'individu qui exécute un tel acte est autonome vis-à-vis de cet acte (ou un ensemble d'actes tous acceptés et possibles).Si l'on réussit à trouver, d'une part, les liens entre les valeurs du système culturel (en tenant compte de la hiérarchie d'importance de celles-ci), puis les jugements de chaque valeur sur l'ensemble des actes à exécuter, d'autre part les liaisons entre les moyens (en tenant compte de leur degré de maîtrise par l'individu), puis la capacité de réalisation des actes par chaque moyen, il est alors possible de créer une mesure de l'autonomie de l'acte, puis de calculer sa puissance de réalisation.
L'autonomie est donc intrinsèque à chaque individu (ou groupe d'individus homogènes vis-à-vis d'un même système de valeurs et d'un même système de moyens).
Quel est l'objet d'un but ?
De faire varier son autonomie, c'est-à-dire de modifier son système de valeurs et / ou son système de moyens.
Dès lors, deux types de situations peuvent apparaître. Soit cette modification de l'autonomie de l'individu n'entraîne aucune réaction d'autres personnes (par indifférence ou inexistence), et dans ce cas cette modification de l'autonomie peut être nommée "liberté". Soit cette modification entraîne l'autonomie d'autrui qui peut réagir positivement ou négativement. Dans ce cas, l'individu devra prendre en compte les réactions probables d'autres personnes : c'est la dépendance de l'individu à son environnement social.Pour un individu, la forme prise par la variation de son autonomie en tenant compte des dépendances n'est rien d'autre que la stratégie (alliance, coopération, évitement, confrontation, soumission, etc.). Les concepts d'autonomie, de dépendance et de stratégie forment selon nous les trois piliers des sciences de l'action. Ils concernent donc toutes les activités humaines. Par exemple, l'objectif des soins est de modifier le manque d'autonomie du patient par une dépendance temporaire aux soignants.
Il convient de bien distinguer le concept d'autonomie de celui de la dépendance. On peut être non-autonome et dépendant : pour reprendre le domaine sanitaire, c'est le cas des patients vis-à-vis des soignants par exemple. Mais une personne souffrante non-autonome peut être non dépendant : cas d'un blessé grave en plein désert sans aide possible d'autrui (inexistence de dépendance).
Bibliographie
- Collot B.: http://www.marelle.org/users/clauniques/autonomie.2.ht
- Crétella H., Autonomie et philosophie, la régénération de la pensée – lettrage distribution - 2004
- Lorigny J., Les systèmes autonomes – édit Dunod – 1993
- Mattelard A. & Neveu E., Introduction aux culturals Studies-La découverte 2003
- Miermont J., L’homme autonome –édit Hermès – 1995
- Quiggin J.:http://crookedtimber.org/2005/01/17/autonomy
- Scheewind J.B., L’invention de l’autonomie – édit nrf essais Gallimard – 2001
- Social Philosophy & Policy, vol 20, n°2 – summer 2003
- Standford Encyclopaedia of philosophy
- Varela F.J., Autonomie et connaissance - édit Seuil – 1989
- Jouan M. et Laugier S., Comment penser l’autonomie , (sous la direction de M.Jouan et S. Laugier, PUF, fév. 2009.
Wikimedia Foundation. 2010.