- Charles Desthieux
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Charles Pierre Desthieux, colonel Charles Desthieux, est né le 4 janvier 1862 à Mâcon, fils de Jean, commissaire priseur, et de Claudine Ferrand. Marié à Jeanne Bertrand, fille d'un magistrat de la Cour d'Appel de Riom, ils eurent deux fils: Jean, homme de lettres, et Raymond, officier de marine. Charles Desthieux est mort à Toulon le 22 février 1932.
Biographie
Saint-Cyrien de la promotion des Kroumirs, 1880-1882, il commande au début de la grande guerre le 302° régiment d'infanterie. Dès le 24 août le régiment subit de lourdes pertes en résistant à la pression allemande à Gouraincourt, sur le front de l'Argonne. Puis, le 7 septembre, il reçoit l'ordre d'aller occuper la cote 293 à Rembercourt, mais il est rapidement contraint de se replier sous les tirs d'enfilade de l'ennemi. C'est alors que le Colonel Desthieux, qui dirigeait la retraite de la brigade en remplacement du Général Estève, est frappé de plusieurs balles, blessures mal guéries qui ne cesseront de le faire souffrir pendant toute la durée de la guerre et au-delà. Il est cité à l'ordre de l'Armée le 10-10-1914 : « Par son attitude énergique et calme, a contribué à maintenir sous le feu le plus violent les lignes de tirailleurs prises d'enfilade, et n'a quitté son poste de commandement que sur l'ordre de son Général. »
Cependant, le Colonel Desthieux reprend le service actif dès le 5 décembre 1914 à la tête du 166° R.I. où il a dans son état-major le célèbre avocat de Moro-Giafferi qui lui signale, par l'intermédiaire du poète Alexandre Mercereau, la présence au régiment de l'écrivain Louis Pergaud, prix Goncourt. Il s'en suivra des relations cordiales entre les deux hommes; le Colonel Desthieux, que Louis Pergaud qualifiait de "brave à trois poils" dans sa correspondance à ses proches, fit nommer l'écrivain au grade de sous-lieutenant. Peu après, le Colonel, de nouveau affaibli par ses blessures, dut quitter le régiment au début d'avril 1915, et Louis Pergaud, blessé à l'attaque de la cote 233, à Marchéville dans la Meuse, fut porté disparu.
Après un bref commandement intérimaire du 173° R.I., le Colonel dirige des groupes d'instruction puis est appelé, le 10 décembre 1916, à commander le 19° R.I. qui va quitter bientôt la zone de Verdun pour la région de Soissons. L'abbé Joseph Cadiou, qui rédige l'historique des combats pour Les Cahiers du 19° R.I. décrit ainsi leur nouveau colonel dans le numéro d'octobre 1935 : « C'est un magnifique soldat, de belle carrure, dont la présence impose à ses officiers et à ses soldats. Il ne tardera pas d'ailleurs à gagner leur estime et leur affection par sa bonté, sa bonne humeur et son entrain ». Au printemps 1917, c'est la trop fameuse offensive du Général Nivelle, et le 19° est engagé face à la ligne Hindenbourg pour emporter le saillant de Laffaux au Chemin des Dames. Le 31 mars, le Général Mangin qui commande l'armée rend visite au PC du Colonel. Tous les comtes-rendus de patrouilles, de prisonniers, de l'aviation, indiquaient que Laffaux était un bastion imprenable, sauf s'il était pulvérisé par des bombardements intensifs. Soucieux de la vie de ses hommes, c'est ce que le Colonel fit observer au Général qui lui répondit "Tout sera cisaillé par mon artillerie; Laffaux sera détruit: vous pourrez progresser". Le 2 avril, malgré un bombardement incessant, les ouvrages bétonnés ne paraissaient pas avoir beaucoup souffert; pourtant, l'attaque fut fixée au 3 avril: bien que les troupes d'assaut aient pu atteindre les premières maisons du village, elle sera repoussée, et ce n'est qu'au bout d'un mois, après des attaques multiples de régiments renouvelés à cadence rapide, et des pertes énormes, que le saillant de Laffaux put être enlevé. Le Colonel Desthieux, comme son successeur, n'avait cessé « d'attirer l'attention du commandement sur les risques d'une pareille entreprise, sur la valeur défensive de Laffaux, sur l'insuffisante préparation de notre artillerie ». Le 4 avril, il était relevé de son commandement et reprenait la direction de centres d'instruction jusqu'à la fin des hostilités.
Nommé Colonel Honoraire, il fut fait Commandeur de la Légion d'Honneur. À sa mort, c'est Maurice Wallon, le petit-fils de l'auteur du fameux amendement qui permit l'établissement de la III° République, Président des anciens du 302°, qui prononça l'éloge funèbre dont voici un extrait : « Le Colonel Desthieux sut prêcher d'exemple, montrer une magnifique crânerie, rassurer les hommes par son calme et les entraîner par sa bravoure ».
Bibliographie
- Historique du 302° Régiment d'Infanterie
- Bulletin de l'Association des Anciens Combattants du 302° R.I.
- Les Cahiers du 19° R.I..
- L'échec du Chemin des Dames par Pierre Miquel, Editions Librairie Académique Perrin.
Catégories :- Naissance en 1862
- Naissance à Mâcon
- Décès en 1932
- Militaire français de la Première Guerre mondiale
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