- Bâton cantoral
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Le bâton cantoral est le symbole de l'autorité du chantre et un signe honorifique.
Sommaire
Définition
Bâton cantoral : « On appelle ainsi le bâton que les chantres prennent, en quelques églises, en signe des fonctions de leurs offices ou dignités. Quelquefois on l'appelle pastoral; Van-Espen dit : Receptioni videtur, in quibusdam ecclesus ut canto rulatur in præcipuis festivitatibus baculo argenteo quem baculum pastoralem vocant.» [1].
Le bâton cantoral aurait été à l'origine une simple houssine pour corriger les enfants de chœur : mais en fait Jean Grancolas rapporte un passage d'Honorius d'Autun d'après lequel il semble qu'à l'origine tous les chantres portaient un bâton : cantores baculos vel tabulas manibus gerunt. D'après lui ce bâton a ensuite été réservé au grand chantre qui le porte aux grandes fêtes[2]. On appelait « fêtes de bâton » les grandes fêtes[3] et François Rabelais, qui écrivait au XVIe siècle, les appelle par ce motif « Fêtes à bâton », « Fêtes à double bâton ».
« Il y a des églises en France où l'usage est que le chantre porte, ou qu'il ait devant lui le bâton pastoral aux grandes fêtes, et d'autres églises où il n'est point d'usage que le chantre ait cette marque de distinction. C'est donc l'usage qui fait à cet égard la loi et qui règle quand le chapitre est ou n'est pas obligé de fournir ce bâton à l'officier qui doit le porter. »
Le bâton cantoral, ordinairement en argent ou en bronze doré, est surmonté d'un petit dôme dans lequel se trouve la statuette du saint patron; il est loin, par conséquent, d'avoir la forme de la crosse ou du bâton pastoral[4] : Il peut avoir diverses formes (férule, tau) ou présenter au sommet un pommeau, une statuette, un groupe sculpté ou encore un décor plus élaboré ayant parfois l'aspect d'une lanterne, une boule de cristal. * « Apex de bâton cantoral : Pointe. , Apex du bâton cantoral de M. le chantre de la Sainte-Chapelle pour les grandes fêtes.`` »[5].
Cet insigne réservé au chantre était porté dans la main droite pour indiquer sa dignité, pour diriger le chant, mais aussi pour faire respecter l'ordre à l'intérieur du chœur. Lorsqu'on chantait l'Évangile, dans les Cathédrales, le chantre quittait son bâton.
« Dans un de ses voyages, Charles s'étant rendu à une certaine grande basilique, un clerc, de ceux qui vont de pays en pays, ne connaissant pas les règles établies par ce prince, vint se ranger parmi les choristes. N'ayant rien appris de ce que ceux-ci récitaient, pendant que tous chantaient, il restait muet et l'esprit perdu. Le paraphoniste vint à lui, et, levant son bâton, le menaça de lui en donner sur la tête s'il ne chantait. Le malheureux, ne sachant que faire, ni de quel côté se tourner, mais n'osant pas sortir, se mit à remuer la tête circulairement, et à ouvrir les mâchoires fort grandes pour imiter autant que possible les manières des chantres ... »
Cet usage était très répandu en Angleterre.
Il pouvait apparaître sur les blasons.
Quelques bâtons
- Le haut du bâton cantoral de la Sainte-Chapelle de Paris, représentait le buste en sardonyx de Constantin : Le buste d'agate grise de l'empereur Constantin (IVe siècle) repose sur une monture fabriquée par Hennequin du Vivier (1368).[1] [7]
- Bâton cantonal de Guillaume de Roquémont - Sceptre de Charles V - Musée du Louvre
- Cathédrale de Lincoln : « Un bâton de chantre couvert de vermeil, avec une image de Notre - Dame gravée sur argent, à l'une des extrémités, et une image de saint Hugues, à l'autre extrémité. Ce bâton présente à la partie supérieure une tête à six pans, avec de petits contreforts ornés de feuillages fort élégants, et douze figures émaillées, le tout en argent » .
- Chapelle de Saint-Georges, à Windsor. — Item, « un bâton du grand chantre pour le chœur, ayant cinq anneaux ou nœuds dans la hauteur, et une traverse en ivoire, enchâssée dans l'argent, avec une pomme en cristal, au sommet ».
- Le Nécrologe de Chartres, au 4. des ides de mai nous apprend que le chantre Nicolas Thiersault laissa au Chapitre, en 1559, pour l'usage de ses successeurs dans les occasions solennelles, un magnifique bâton cantoral d'argent doré, pesant 6 livres et 5 onces.
- À Saulieu, le bâton cantoral était surmonté de la tête de Saint-Andoche, patron de la Collégiale, et le titulaire, qui recevait ce bâton en signe d'installation, payait un droit de 100 francs au Chapitre. Dans l'église cathédrale d'Auxerre, le bâton était surmonté d'un oiseau, et le chantre le portait avec des gants et l'anneau au doigt. Cependant, un chantre de ce dernier chapitre, mort en 1353, est représenté avec un bâton terminé en T, destiné à être mis sous l'aisselle, pour soulager celui qui le portait dans les longs offices célébrés debout[8].
Compléments
Articles connexes
- Chantre
- Héraldique ecclésiastique Bourdon
Liens externes
Bibliographie
- Abbé Pierre-Constant Barraud, Du Grand-chantre et du bâton cantoral, Caen, imprimerie de Le Blanc-Hardel, 1871
- Catherine Grodecki, Le bâton cantoral de Notre-Dame de Paris
- Chanoine Périer, Le Bâton Cantoral de la Cathédrale de Rouen et la Bulle de Nicolas, 1903
- Danielle Gaborit-Chopin, Le bâton cantoral de la Sainte-Chapelle, 1973.
Notes et références
- Michel André, Cours alphabétique et méthodique de droit canon, 1853
- Les anciennes liturgies, Volume 2 Par Jean Grancolas page 142.
- Chapitres & chanoines de Guyenne aux XVIIe et XVIIIe siècles Par Philippe Loupès
- Définition de : Cours alphabétique et méthodique de droit canon » 1853,Michel André
- A. Gastoué, La Vie musicale de l'église, 1929, p. 16.
- Cité dans Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France
- lire en ligne] Histoire de la Sainte Chapelle Royale du palais : enrichie de planches Par Sauveur-Jérôme Morand Description détaillée de ce bâton cantoral et son buste en agate sculptée : [
- Histoire de Gigny, au département du Jura, de sa noble et royale abbaye Bernard Gaspard 1853
Catégorie :- Culte et liturgie
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