Édouard Soldani

Édouard Soldani

Édouard Soldani (19 septembre 1911 - 18 avril 1996) était un homme politique français, membre du Parti socialiste.

Sommaire

Mandats

Éléments biographiques

Jeunesse et entrée dans la Résistance

Fils d'ouvriers agricoles, Edouard Soldani est né en 1911 dans la commune varoise des Arcs. Après des études secondaires au collège Ferrié de Draguignan puis au lycée Cézanne d'Aix-en-Provence, il obtint un baccalauréat de philosophie. Il entama alors une carrière d'adjoint d'enseignement en 1934, avant d'être maître d'internat en 1937 (agent municipal chargé de vérifier que les adolescents regagnent leurs chambres après les cours). Parallèlement, il milita activement dans les rangs du parti socialiste (S.F.I.O.) durant l'entre-deux-guerres.

Entré dans la Résistance, sous le pseudonyme de « Valmy », comme chef-adjoint de l'action politique du mouvement Combat pour le Var puis des MUR[1], il fut par la suite inspecteur des maquis et agent de liaison du colonel Fourrier, alors chef régional de l'Armée Secrète. Pendant l'occupation, il occupa également les fonctions de rédacteur en chef du journal clandestin Résistant du Var et de secrétaire-adjoint de la fédération socialiste clandestine.

Carrière politique

Au regard de son activité de résistant durant la seconde guerre mondiale, de son engagement socialiste et de parrainage maçonnique, il fut élu sénateur du Var dès 1946, à l'âge de 35 ans.

Succédant à Charles Sandro et Jean Charlot, il devint secrétaire fédéral du parti pour le Var en 1956 (section des Arcs-sur-Argens).

Franc-maçon important du Grand Orient de France[2], Édouard Soldani fut alors l'homme fort de la gauche française dans le département pendant une trentaine d'années, de 1956 à 1985.

Âgé de 48 ans, il a gagné les élections municipales de Draguignan en 1959, à la tête d'une liste d'union municipale.

Il a encore gagné les élections municipales de 1965 face à la liste gaulliste menée par le Dr Angelin German.

Il est devenu maire de Draguignan pour la troisième fois en 1971. Il doit être observé qu'Edouard Soldani, à la tête d'une liste PS, a battu la liste concurrente du parti communiste dès le premier tour, la droite n'ayant pas présenté de liste. Un de ses colistiers à être élu sur sa liste était Max Piselli, qui sera maire de Draguignan de 1986 à 1995 et de 2001 à 2014.

En 1977, il a été de nouveau réélu maire, face à une liste de droite menée par Joseph Arnéodo et une liste PCF menée par Elie Lacapère. Max Piselli devint alors son adjoint chargé du commerce, de l'artisanat et du tourisme.

Il est élu conseiller général le 18 mars 1979 dans le canton de Lorgues, où il obtient 2 628 voix sur 4 767 suffrages exprimés.

Élu pour la cinquième fois en 1983 à la mairie de Draguignan face à son rival RPR-UDF Jean-Paul Claustres dans des circonstances douteuses (fraude électorale), l'élection a été invalidée par le Conseil d'État en janvier 1984.

Fin de vie politique

Edouard Soldani est alors victime d'un attentat entre les deux tours de l'élection municipale partielle. Cette affaire a un gros retentissement car les medias nationaux s'étaient focalisés sur cette élection et sur celle de La Seyne qui se déroulaient dans un contexte particulièrement tendu, avec un reflux électoral du parti socialiste trois ans à peine après l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République.

Le 22 février 1984, alors qu'il circulait dans sa voiture de fonction, Édouard Soldani reçoit une décharge de fusil de chasse dans l'épaule, tirée par un inconnu posté au bord de la route sous le pont d'Aups. Hospitalisé à Marseille, grièvement blessé, il apprend sa défaite aux élections face à la liste Claustres. Cette affaire n'a jamais été élucidée[3]. A-t-il vraiment été agressé ? A-t-il été victime d'un dérapage ? D'une mise en scène[4] qui aurait mal tourné ? Quoi qu'il en soit, Edouard Soldani est battu à l'élection municipale.

Le 17 mars 1985, il se présente aux élections cantonales dans le canton de Lorgues (le canton de Draguignan n'étant pas renouvelable cette année-là). Il obtient, sur 6 590 suffrages exprimés (sur 8 184 inscrits), 3 781 voix (57,3 % des voix) tandis que son adversaire Jean-Paul Claustres obtient 2809 voix (soit 42,6 % des suffrages). Il continue donc à siéger au conseil général du Var, même si ce dernier bascule à droite, ce qui est une révolution pour ce département « rouge » depuis 1848.

Ses proches[5] se déchirent à l'occasion des élections municipales partielles de 1986, suite à la démission de la majorité des membres de l'équipe de M. Claustres. Max Piselli, personnalité de centre-droit, proche des commerçants et n'étant pas défavorablement connu, soutenu par François Léotard alors maire de Fréjus, a alors été élu maire.

Anecdotes

Il était surnommé « le vieux lion » [6] .

Il signait toujours en vert, qui était sa couleur fétiche depuis son entrée en Résistance.

A la Libération, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur, et décoré de la Croix de guerre 1939-1945 ainsi que de la Médaille de la Résistance.

Une salle du Conseil général du Var porte le nom d'Édouard Soldani.

Il a été accusé par ses adversaires politiques de pratiquer un « clientélisme » spectaculaire. Ainsi, de 1959 à 1975, toutes les personnes postulant à un emploi d'agent municipal devaient, avant d'être embauchées, en un « pack global », signer l'acte d'adhésion à la SFIO puis au PS, faire partie de la mutuelle des agents municipaux dépendant de ce parti et adhérer au comité de soutien E. Soldani. Ces pratiques ont cessé lorsqu'en 1974 la commune de Draguignan a perdu la préfecture au profit de Toulon et est devenue simple chef-lieu d'arrondissement, le ministre de l'intérieur Michel Poniatowski s'étant publiquement ému de ce qu'il nommait des « dérives indignes ».

Les sympathisants de gauche ont regretté qu'Édouard Soldani n'ait jamais préparé sa succession politique. Beaucoup pensaient voir en M. Hautecoeur, avocat brillant, élu député en 1981, son successeur aux élections municipales de 1983. Sa cinquième élection dans des conditions douteuses, l'invalidation de l'élection et sa défaite en 1984 auraient dû le conduire à désigner et à présenter aux dracénois son « dauphin », ce qu'il n'a pas fait, entraînant ses amis politiques à une lutte fratricide et stérile.

Annexes

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. Mouvements Unis de la Résistance, créés par Jean Moulin, visant à fédérer et à regrouper les mouvements épars de résistants.
  2. Il siégeait dans la loge « Le triomphe de l'Amitié » de Draguignan, avec le grade de Maître-maçon. Il fut deux fois trois ans Vénérable de cette loge, ainsi que premier Surveillant et Orateur.
  3. Contrats sur la démocratie, Jean-Pierre Bonicco, éd. Bartillat.
  4. Cf. attentant de l'Observatoire de François Mitterrand en 1956.
  5. MM. Basilio, Fabre, Sabater et Rosé.
  6. Cette expression était principalement employée par ses partisans, qui l'ont formée sur l'expression "le vieux tigre", qui renvoyait à Georges Clemenceau, lui-même ancien sénateur de Draguignan. L'expression « Soldani le vieux lion » sous-entendait immodestement qu'il était le Clemenceau dracénois de la seconde moitié du XXe siècle, outre son ardeur au combat politique.


Précédé par Édouard Soldani Suivi par
Antoine Favro
Maire de Draguignan
1959 à 1984
Jean-Paul Claustres



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