- Verset (poésie)
-
Pour l’article homonyme, voir verset.
Le verset en poésie est une écriture à forme tendant vers la prose, mais dont le sens est éminemment poétique.
Origines et modernité
Ce type d'écriture tire son origine de la Bible, ce qui lui confère certaines propriétés incantatoires : le langage mystique, ainsi que la mélodie issus du verset, tendraient vers autre chose qu'un simple langage utilitaire : nous sommes ici dans le domaine de l'invocation.
Formellement, le verset peut être considéré comme un vers libre, c'est-à-dire un vers sans métrique définie ; toutefois, le retour à la ligne, usage poétique s'il en fut, est pratiqué de manière non-arbitraire : le blanc du texte définit un sens particulier, ainsi qu'un souffle, un rythme du texte.
Parmi les poètes français ayant utilisé le verset, citons Paul Claudel, fervent catholique, qui le premier sans doute introduit cette nouvelle forme poétique au sein de la langue française, ou encore, Saint-John Perse et Henry de Montherlant.
Voici un extrait du Soulier de satin (1929) de Claudel :
- "Vierge, patronne et mère de cette maison,
- Répondante et protectrice de cet homme dont le cœur vous est pénétrable plus qu’à moi et compagne de sa longue solitude,
- Alors si ce n’est pas pour moi, que ce soit à cause de lui,
- Puisque ce lien entre lui et moi n’a pas été mon fait, mais votre volonté intervenante :
- Empêchez que je sois à cette maison dont vous gardez la porte, auguste tourière, une cause de corruption !"
- (Première journée, scène V, versets 333-337)
Les Olympiques de Montherlant (1924) sont composées de quelques pièces poétiques en versets. On retient surtout le poème Criterium des novices amateurs dans lequel on trouve même des versets en anglais.
- "Eh là ! le voilà dans les cordes, et le sang sur le corps frais lavé,
- et les cordes longtemps frissonnantes alors que lui déjà s'est relevé.
- (versets 66-67)
...
- « God ! » says Walton puffing, « see the ducky ducking !
- Why find an opening, step inside of his blow !
- Now you're in the right place, ducky, set a fast pace,
- land a hook in his face ! Don't you see he guards low ? »
- (versets 78-81)
Nietzsche porte le verset à une hauteur spirituelle jamais vue :
- Si jamais joyeusement je fus assis là où d'antiques dieux gisent ensevelis, bénissant le monde, aimant le monde auprès des mémoriaux de ceux qui jadis ont calomnié le monde ; -
- - car me sont chères même les églises et les tombeaux des dieux dès que le ciel, au travers de leurs toits brisés, regarde d'un oeil pur; comme l'herbe et le rouge pavot, sur des ruines d'églises j'aime m'asseoir. -
- oh ! comment de l'éternité n'aurais-je concupiscence, et du nuptial anneau des anneaux, - de l'anneau du retour ?
- (Ainsi parlait Zarathoustra, les 7 sceaux)""
Précisons que l'usage du verset en poésie n'est régi par aucun code, ou défini par aucun art poétique ; dans les faits, il est à remarquer que chaque poète fait sienne cette forme poétique, et emploie le verset dans un usage qui lui est propre. En d'autres termes, on ne saurait comparer le verset claudélien avec celui de Perse, chacun possédant ses caractéristiques en propre, qui sont à rechercher dans la conception profonde qu'ont chaque poète de leur art.Bibliographie
- Le Verset moderne, éd. Nelson Charest. Université Laval 2008. Numéro spécial de la revue Etudes littéraires (ISBN 2-920949-36-5)
Catégories :- Versification
- Lexique littéraire
Wikimedia Foundation. 2010.