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Tireur d'épine
Le Tireur d'épine, en italien Spinario, est un type statuaire représentant un jeune garçon se retirant une épine du pied. L'exemplaire le plus connu est une sculpture en bronze exposée dans la salle des Triomphes du Palais des Conservateurs (Musées du Capitole) à Rome. Généralement datée du Ier siècle av. J.-C., elle constitue un bel exemple du principe de l'éclectisme, c'est-à-dire de « l'antique d'après l'antique ».
Sommaire
Le type
Le type rassemble plusieurs bronzes, des marbres et des figurines en terre cuite. Il représente, la plupart du temps en grandeur nature, un jeune garçon ôtant une épine de son pied. Le thème se retrouve dans des représentations de Pan et de satyres et rattache donc le garçon à l'univers de Dionysos.
L'exemplaire du Capitole
La statue, haute de 73 cm, associe une tête du style sévère à un corps de style plus tardif. Elle est composée de plusieurs parties fondues séparément puis soudées. Le corps et le rocher sont constitués d'un seul morceau, alors que le bras droit et la tête ont été réalisés à part. À l'origine, du cuivre rouge couvrait les lèvres du personnage et les yeux étaient probablement incrustés d'ivoire ou de marbre.
Cette œuvre a suscité un certain nombre d'interrogations à partir du XIXe siècle, liées à une particularité : les cheveux du jeune garçon, selon la logique de la pesanteur, devraient tomber. On a donc pensé que cette statue a été faite en deux fois : le corps du Spinario s'inspirerait d'un modèle hellénistique, sur lequel l'auteur du bronze, romain, aurait adapté une tête copiée sur une œuvre plus ancienne, sans corriger les cheveux.
Cette sculpture a fait l'objet de nombreuses interprétations. Au XVIe siècle, Benjamin ben Jonah de Tudèle identifie le garçon au personnage biblique d'Absalom, fils de David, renommé pour sa très grande beauté[1]. On lui a aussi associé l'histoire légendaire d'un jeune berger, Cneius Martius, qui aurait sauvé Rome en portant au Sénat un message urgent, ne s'arrêtant pour extraire l'épine qui blessait son pied qu'après avoir accompli sa mission[1]. Au Moyen Âge, on retrouve de nombreuses reproductions du Tireur d'épine qui personnifie parfois le mois de Mars, mois qui coïncide souvent avec la période du Carême. Le Spinario a donc pu être interprété comme un symbole de pénitence, arrachant « l'écharde de la chair ».
Notes et références
Bibliographie
- Francis Haskell et Nicholas Penny (trad. François Lissarague), Pour l'amour de l'antique. La Statuaire gréco-romaine et le goût européen [« Taste and the Antique. The Lure of Classical Sculpture, 1500–1900 »], Hachette, coll. « Bibliothèque d'archéologie », Paris, 1988 (édition originale 1981) (ISBN 2-01-011642-9), no167, p. 342-344.
- (en) Brunilde Sismondo Ridgway, The Severe Style in Greek Sculpture, Princeton University Press, Princetin, 1970 (ISBN 0-691-03869-4), p. 132-133.
- R. R. R. Smith (trad. Anne et Marie Duprat), La Sculpture hellénistique [« Hellenistic Sculpture »], Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Paris, 1996 (édition originale 1991) (ISBN 2-87811-107-9), p. 136-137 et 140, pl. 171-172.
- (de) Paul Zanker, Klasszistische Statue. Studien zur Veränderung des Geschmacks in der römischen Kaiserzeit, éd. Philipp von Zabern, Mayence, 1974 p. 71-94, pl. 57-60.
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