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Spiritualité des jeunes
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Regain spirituel chez les jeunes
Jacques Languirand, animateur de l'émission Par 4 chemins à Radio-Canada traitant de philosophie et de spiritualité remarque : « C’est étonnant comment le nombre de jeunes auditeurs a considérablement augmenté, et j’en suis très heureux. »[1]
« Il y a 30 ans, quand les auteurs de ce dossier en avaient 20, la politique passionnait le monde, alors que les questions religieuses faisaient hausser les épaules ou doucement rigoler. Aujourd’hui, c’est le contraire : la spiritualité intrigue, nourrit, passionne les jeunes (et les moins jeunes), alors que la politique a plutôt tendance à susciter l’hilarité. » [2]
Vers un spirituel non religieux ?
Gabriel Ringlet qui fut vice-recteur de l'Université catholique de Louvain durant plus de dix années est à l'initiative qu'une enquête relative à la spiritualité des jeunes. L'enquête, révèle une ouverture importante, "fondamentale" chez les jeunes envers la spiritualité. « Elle montre également que cette quête de sens s'effectue le plus souvent en dehors des institutions notamment religieuses et correspond davantage à une recherche personnelle qui se veut autonome et libre. »[3]
En étudiant la génération des jeunes, on trouve de « nouvelles formes de spiritualité qui sont concrétisées par un code éthique, une sphère sociale relative quelconque, un rituel ou une mentalité propre avec une finalité, un absolu, un objectif ultime… » [4]
« Ils rejettent le dogmatisme, pas la quête de sens. Conservent la spiritualité mais s'affranchissent des interdits. Aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), à Paris, en 1997, des dizaines de préservatifs avaient été retrouvés sur le stade où campaient les participants. Scandale ? » [5]
« Les jeunes s’intéressent à la religion, mais à leur manière. » Bochinger a récemment créé la notion de « promeneur de la spiritualité ». Un phénomène qui existe certes à l’extérieur des Églises, mais aussi à l’intérieur : des individus dont les identités spirituelles évoluent, qui se composent leur croyance, « comme ils composeraient un bouquet de fleurs ». En s’inspirant de ce qui pousse sur le bord du chemin.
Émergence de crises masculines vers une force émotionnelle nouvelle
Depuis 30 ans, et par la naissance des mouvements féministes, plusieurs sociétés occidentales ont assisté à l'émancipation spirituelle de plusieurs de leurs femmes. La plupart des hommes, pendant ce temps sont restés avec leur carapace. Selon Vimala Thakar, « il est très difficile pour les hommes de transcender leur ego. Les femmes, par leur force émotionnelle et leur intégrité émotionnelle, peuvent plus facilement que les hommes aller au-delà de leur ego. »[6]
Chez les jeunes, cette réalité semble s'atténuer. Comme le remarque Liliane Spector, psychothérapeute et directrice du Programme de formation en thérapie de couple et de famille au Département de psychiatrie de l'Hôpital Général Juif de Montréal : « Il fut un temps où les demandes d'aide en psychothérapie et dans les services sociaux venaient à 90 % des femmes. Aujourd'hui, il y a beaucoup plus d'hommes qui appellent et qui disent : "J'ai un problème."»[7]
C'est qu'un côté féminin émotionnel émerge chez beaucoup de jeunes hommes. Les crises identitaires de ces jeunes hommes semblent déboucher vers un affranchissement du "code masculin", définit par William Pollack comme provenant " des idéaux du XIXe siècle " à propos des dominateurs mâles, des " John Wayne, durs, coriaces, machos ", et responsable des " masques [portés dès le plus jeune âge] pour cacher toute la gamme des sentiments ".[8] Plusieurs jeunes hommes commencent à enlever leurs masques égoïques, et entrent en démarche de dialogue intérieur.
De ce fait, selon Willy Pasini, professeur de psychiatrie et de psychologie à l'Université de Genève et fondateur de la Fédération européenne de sexologie, le XXIe siècle sera témoin d'un changement dans la vie de couple. Le couple deviendra de plus en plus la rencontre égale de deux individualités (privatisation) et aura pris le train de la spiritualité.[9]
Ouverture dans l'éducation au Québec
« 75% de 13-16 ans souffrent d'une estime de soi faible ou moyen avec une détresse psychologique qui affecterait la motivation de poursuivre des études. »[10] Cette souffrance est entre autres accordée à la perte de sens chez les jeunes.
En 2002, le système d'éducation québécois a entrepris un tournant. Le Québec a passé la loi 118 qui aboli le statut confessionnel des écoles. Arrive alors la création d'un service d'animation à la vie spirituelle et d'engagement communautaire introduit à l'automne 2002.[11] En réponses aux détresses psychologiques on admet que l'école doit aider à « éveiller la spiritualité chez les jeunes en les amenant à approfondir les questions qui les préoccupent [...] :
- d'où je viens ?
- qui suis-je ?
- pourquoi la vie, la souffrance et la mort ?
Autant de questions qui renvoient à la valeur même de l'individu, à sa dignité, à son estime de soi personnelle, à sa perception de lui-même et des autres. Qui ouvrent sur la transcendance, l'absolu, la source en soi... », antidotes aux sentiments négatifs et au décrochage scolaire.
Selon la Commission Scolaire English–Montréal[12], l'introduction du service d'animation à la vie spirituelle fut un grand succès, tant auprès des commissions scolaires que de la population.
Notes et références
- ↑ Jacques Languirand, "Guillaume en veut plus", Par 4 chemins, Émission du mercredi 8 décembre 1999, http://radio-canada.ca/par4/_radio/index_sujets.html
- ↑ Patrice Van Eersel, "Le vent en poupe", Nouvelles Clés. Texte récupéré sur http://www.src.ca/par4/vb/vb981029.html .
- ↑ Gabriel Ringlet, Luc Albarello, Henri Madelin, Guy Haarscher, Armand Beauduin, Guy Rainotte, Chemins de spiritualité, Jeunes en quête de sens, Éditions Racine, Décembre 2002, page synopsys. Texte récupéré sur http://www.racine.be/content/racine/wbnl/listview/2/index.jsp?titelcode=2450
- ↑ "Les valeurs spirituelles chez les jeunes", 8 décembre 2003, http://www.er.uqam.ca/nobel/k14664/cgi-bin/fiches/pm.cgi?action=show&temp=introduction&login=a346&ID=
- ↑ Chloé Leprince, « Petits arrangements avec le dogme », TÉO, un nouveau monde : le Ciel, mai 2002, http://www.esj-lille.fr/atelier/magan2/teo/heriter/jeune.html
- ↑ Vimala THAKAR (propos recueillis par Shanti ADAMS)." L'émancipation spirituelle des femmes – Entretien avec Vimala Thakar ", Troisième millénaire, N° 53, 1999. Texte récupéré sur http://radio-canada.ca/par4/vb/vb20000302.html#emancipation
- ↑ Liliane Spector, http://radio-canada.ca/par4/eqp4c/sa/st_couple.html
- ↑ William Pollack interrogé par Martine Turenne, " Le massacre des garçons ", L’Actualité, 15 avril 1999. Texte récupéré sur http://radio-canada.ca/par4/vb/vb990412.html#s3
- ↑ Willy Pasini, http://radio-canada.ca/par4/eqp4c/sa/st_couple.html
- ↑ Pour améliorer les pratiques éducatives : des données d'enquête sur les jeunes. École, santé, famille, Ministère de l'Éducation du Québec, 2003, pp 15-17.
- ↑ Dans les écoles publiques du Québec, MEQ, 2000, p.18.
- ↑ New spiritual care guidance service is a big success, article paru dans le bulletin EMSB Express (vol.4 No.1 2002) publié par la Commission Scolaire English–Montréal http://www.emsb.qc.ca/fr/pressroom_fr/pdf/emsbexpress/EMSB_Express_Fall2002.pdf
Liens externes
- L'association des professionnels de l'animation de la vie spirituelle et l'engagement communautaire du Québec (APAVECQ, fondée en 2002).
- Jean-Philippe Perreault (U. Laval) et François Gauthier (UQAM), « Jeunes et questions de sens, de spiritualité et de religion », Observatoire Jeunes et Société, INRS-UCS, Projet de thème transversal, http://www.obsjeunes.qc.ca/TempNouv/10juinAppelTtextes.pdf
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