- Rue des Marmousets
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La rue des Marmousets est une rue située dans le 13e arrondissement de Paris en France.
Sommaire
Un crime horrible
Il existait au Moyen Âge une rue des Marmousets située sur l'île de la Cité, renommée depuis rue Chanoinesse. C'est dans cette rue que s'est déroulée l'affaire suivante :
« C'est de temps immémorial, dit le vieux du Breul[1], que le bruit a couru qu'il y avait en la cité de Paris, rue des Marmousets, un pâtissier-meurtrier, lequel avait occis en sa maison un homme, aidé à ce par un sien voisin barbier, feignant raser la barbe, de la chair d'icelui faisait des pâtés qui se trouvaient meilleurs que les autres d'autant que la chair de l'homme est plus délicate, à cause de la nourriture, que celle des autres animaux.
Et que cela ayant été découvert, la Cour du Parlement de Paris ordonna qu'outre la punition du pâtissier, sa maison serait rasée, et outre ce, une pyramide ou colonne, érigée au dit lieu, en mémoire ignominieuse de ce détestable fait, de laquelle reste encore part et portion en la dite rue des Marmousets. »
Une maison, dite Hostel des Marmousets, existait dans cette rue en 1206 et lui donna son nom. Était-ce la maison dont « la démolition avait été faite pour grand crime commis en icelle » ainsi qu'il est déclaré, sans autrement spécifier, dans les lettres patentes octroyées par François Ier à Pierre Belut, conseiller au Parlement, pour rebâtir la place étant demeurée vague pendant plus de cent ans.
Bien qu'on ne trouve nulle part ni procédure ni arrêts relatifs à ce crime horrible, il ne s'ensuivrait point forcément qu'il ne fût pas commis et que des écrivains soient fondés à le déclarer purement légendaire, un conte à la façon de ceux de Barbe-Bleue ou Croquemitaine. « On sait que, dans les crimes atroces et extraordinaires, il a toujours été d'usage, et même dans les derniers temps de la monarchie, dit Saint-Victor, de jeter au feu les informations et la procédure pour ne pas la rendre croyable. »
Anecdotes
À propos de cette même rue, voici une autre anecdote : « bien que sous Philippe-Auguste on eût pavé la plupart des grandes voies de Paris, ce bienfait ne s'étendit point immédiatement à tout le reste de la ville, et même par le malheur des temps, sous les successeurs du vainqueur de Bouvines, après saint Louis surtout, soit l'entretien, soit l'exécution des travaux, fut souvent négligé. Il n'y eut enfin pour la voirie de police régulière que sous le règne de Louis XIV. «Or, dit à ce sujet, un contemporain, le commissaire Delamarre, ceux d'entre nous qui ont vu le commencement du règne de Sa Majesté, se souviennent encore que les rues de Paris étaient si remplies de fange que la nécessité avait introduit l'usage de ne sortir qu'en bottes; et quant à l'infection que cela causait dans l'air, le sieur Courtois, médecin, qui demeurait alors rue des Marmousets, a fait cette petite expérience par laquelle on jugera du reste.
Il avait, dans sa salle sur la rue, de gros chenets à pomme de cuivre et il a dit plusieurs fois aux magistrats et à ses amis que, tous les matins, il les trouvait couverts d'une teinture épaisse de vert de gris, qu'il faisait nettoyer pour faire l'expérience du jour suivant; et que, depuis l'an 1663, que la police du nettoiement des rues a été rétablie, ces taches n'avaient pas reparu. »
Depuis cette époque pareillement « on n'a plus vu à Paris de contagions et beaucoup moins de ces maladies populaires dont la ville était si souvent effrayée dans les temps que le nettoiement des rues était négligé. »
Une dernière anecdote : Louis, fils du roi Philippe Ier, avait fait abattre, de son autorité, partie d'une maison de cette rue des Marmousets près de la porte du cloître qui appartenait au chanoine Duranci : elle saillait trop à son gré et rendait peut-être le passage incommode.
Le chapitre de Notre-Dame de Paris réclama en invoquant ses privilèges et immunités. Louis reconnut son tort, promit de ne plus rien attenter de semblable et consentit à payer l'amende qui fut fixée d'un commun accord.
Ainsi le souverain, dans ce temps... donnait le premier l'exemple en témoignant de son respect pour le droit.[interprétation personnelle]
Source(s)
- Les Rues de Paris, biographies, portraits, récits et légendes, par M. Bathild Bouniol. Tome Troisième, Paris. Bray et Retaux, Libraires-éditeurs ; 82, Rue Bonaparte, 1872.
Notes et références
- Jacques du Breul, Le Théâtre des antiquites de Paris, où est traité de la fondation des églises & chapelles de la cité, université, ville, & diocèse de Paris [...] et autres choses remarquables, Paris, 1612.
Catégorie :- Rue du 13e arrondissement de Paris
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