- Royaume de Lori
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Lorri (royaume)
Le royaume de Lorri ou Lôrê (en arménien Լոռու Թագավորութուն) ou royaume de Tachir-Dzoraget est un royaume arménien des Xe ‑ XIIe siècles fondé par les Kiourikides, une branche cadette des Bagratides. Il correspond au nord-est de l'Arménie actuelle et comprenait des territoires aujourd'hui géorgiens et azerbaïdjanais. Jusqu'à sa chute en 1113, le royaume connaît une paix propice au développement de la vie culturelle, concrétisée notamment par la fondation et le développement de plusieurs monastères, dont Haghpat et Sanahin.
Sommaire
Histoire
En 972, le roi d'Arménie Achot III donne à son fils cadet Gourgen la province de Lorri, ainsi que le titre princier. La même année, ou en 980 (voire en 982[1]), Gourgen prend le titre de roi, inaugurant la lignée des rois bagratides de Lorri[2]. Achot a établi ce royaume, probablement dans le but d'arméniser politiquement et culturellement les confins arméno-géorgiens[1].
Dès la fin du Xe siècle, alors que les royaumes bagratides et arçrouni de Grande-Arménie tombent les uns après les autres dans l'escarcelle byzantine (le Taron en 968[3], le Tayk en 1001[4], le Vaspourakan en 1021[5] ou 1022[6], Ani en 1045[7], Kars en 1065[8]), seul le Lorri échappe aux empereurs[8]. Le royaume, qui connaît son apogée sous le règne de David Ier Anholin, s'étend vers le nord-est et soumet l'émir de Tiflis ; David bâtit une nouvelle ville, Lôrê, que son fils Gourgen II prend pour capitale[2].
Le royaume se maintient mais doit également faire face à l'apparition des Seldjoukides, et Gourgen se soumet à Alp Arslan en 1064 ; sa capitale et les monastères de Haghpat et de Sanahin sont ravagés en 1105[9]. En 1113, ses fils se réfugient à Tavush (abandonnée en 1145) et à Matznaberd[9]. Ce n'est qu'à la fin de ce même siècle que, profitant du démembrement de l'Empire seldjoukide, les Bagratides de Géorgie, avec David II le Reconstructeur et Georges III, aidés notamment de nakharark réfugiés en Géorgie[10], commencent à libérer l'Arménie septentrionale et donc l'ancien royaume[11]. En 1118, Lorri et Akhtala sont ainsi prises[12]. L'ancien royaume est alors intégré à l'Arménie zakaride des princes Zakarian[13].
Liste des rois de Lorri
Les rois de ce royaume, puis, à partir de 1113, les seigneurs de Matznaberd, sont les suivants[14] :
- Gourgen Ier ou Kiourikê Ier († 989), roi d'Aghbanie (972/980/982-989), fils d'Achot III Olomadz.
- David Ier Anholin († 1048), roi de Lorri (989-1048), son fils.
- Gourgen II ou Kiourikê II († 1089), roi ou curopalate de Lorri (1048-1089), son fils.
- David II et Abas Ier, curopalates de Lorri (1089-1113), puis seigneurs de Tavouch et de Matznaberd (1113-v.1145), ses fils.
- Gourgen III ou Kiourikê III, seigneur de Tavouch et de Matznaberd (v.1145-v.1185), fils de David II.
- Abas II, seigneur de Tavouch et de Matznaberd (v.1185-v.1192), son fils.
- Aghsartan Ier, seigneur de Matznaberd (v.1192-v.1236), son fils naturel.
- Gourgen IV ou Kiourikê IV, seigneur de Matznaberd (v.1232-v.1236), son fils.
- Pahlavan, seigneur de Matznaberd (v.1236-v.1259), son fils.
- Taqiaddin, seigneur de Matznaberd (v.1259-v.1260), son frère.
- Aghsartan II, seigneur de Matznaberd (v.1260-????), son frère.
Le monastère de Haghpat abrite les tombes de plusieurs d'entre eux.
Notes et références
- ↑ a et b René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Payot, Paris, 1947 (réimpr. 1984, 1995, 2008) (ISBN 978-2-228-88912-4), p. 508.
- ↑ a et b Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 271.
- ↑ Jean-Claude Cheynet (dir.), Le monde byzantin, vol. II : L'Empire byzantin (641-1204), coll. « Nouvelle Clio — L'histoire et ses problèmes », Presses universitaires de France, Paris, 2006 (ISBN 978-2-13-052007-8), p. 33.
- ↑ Jean-Claude Cheynet (dir.), op. cit., p. 37.
- ↑ Jean-Claude Cheynet (dir.), op. cit., p. 38.
- ↑ Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 312.
- ↑ Jean-Claude Cheynet (dir.), op. cit., p. 41.
- ↑ a et b Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 313.
- ↑ a et b Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 272.
- ↑ (en) Agop J. Hacikyan (dir.), The Heritage of Armenian Literature, vol. II : From the Sixth to the Eighteenth Century, Wayne State University Press, Détroit, 2005 (ISBN 0-8143-3221-8), p. 185.
- ↑ Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 329.
- ↑ (en) Robert Bedrosian, The Turco-Mongol Invasions and the Lords of Armenia in the 13-14th Centuries, 1979, p. 87-88 [Ph.D. Dissertation, Columbia University (page consultée le 13 août 2008)].
- ↑ Gérard Dédéyan (dir.), op. cit., p. 330.
- ↑ Cyrille Toumanoff, Manuel de généalogie et de chronologie pour l'histoire de la Caucasie chrétienne (Arménie, Géorgie, Albanie), Éd. Aquila, Rome, 1976, p. 112.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5).
- René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Payot, Paris, 1947 (réimpr. 1984, 1995, 2008) (ISBN 978-2-228-88912-4).
- Cyrille Toumanoff, Manuel de généalogie et de chronologie pour l'histoire de la Caucasie chrétienne (Arménie, Géorgie, Albanie), Éd. Aquila, Rome, 1976.
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