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Proactif
Le terme proactif est à l’origine attribué au Dr. Viktor Emil Frankl[1], neuropsychiatre existentiel autrichien et auteur de Découvrir un sens à sa vie[2] traduit de l’allemand Trotzdem Ja zum Leben sagen (de) et plus connu à travers le monde anglo-saxon sous le titre Man's Search for Meaning (en).
Frankl souligne l’importance du courage, de la volonté et de la responsabilité individuelles de reconnaître la liberté de choix et d’agir quelles que soient les épreuves de la vie. Alain Martin publie en 1983 son livre La Gestion proactive qui définit un cadriciel de gestion fondée sur la liberté de choix et axée sur quatre familles d'options génériques :
- options attentistes ou de laisser-faire,
- options conformistes (minimum pour ne pas s’attirer d’ennuis),
- options actives (jouer le jeu et faire ce qui est pratique courante ou normale telle la norme ISO 9000) et
- options proactives, c'est-à-dire convertir une menace en opportunité favorable, prévenir un risque (un conflit ou une crise), créer des occasions sans égal ou maximiser les bénéfices et l'avantage compétitif, quelle que soit la situation. Si possible, faire bien mieux avec le moins des ressources, voire changer les règles du jeu.
Comme le terme « proactif », parfois écrit « pro-actif », est un néologisme récent, il est fréquemment mal compris, soit utilisé comme synonyme du mot « actif » ou improprement opposé au mot « réactif ». En outre, les choix réactifs raisonnés (non impulsifs) peuvent être conformistes, actifs, voire proactifs. Martin souligne l'importance de choisir librement en fonction de nos intérêts, nos valeurs, nos alliances et nos coûts/bénéfices. Dans le livre « Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu'ils entreprennent » publié en 1989, Steven Covey (en) ignore les quatre familles d'options suggérées, six années plus tôt, par Alain Martin. Il va donc à l’encontre de la liberté de choix génériques du cadriciel de gestion proactive en réduisant considérablement la portée du terme « proactif » à une logique binaire simpliste, l’opposant à « réactif ». Par surcroit, il a même sommé ses lecteurs à « être proactifs » dès le premier chapitre (en anglais « be proactive »). Alain Martin avertit son lecteur qu’être proactif dans toute circonstance, ou avec tous les intervenants, n'est non seulement pas nécessaire, mais souvent une manifestation d’incompétence coûteuse, voire totalement inefficace.
Dans L'Actualité terminologique, Raymond Pepermans note l'introduction du terme « proactif » dans le vocabulaire de gestion par Alain Martin :
« Le terme français proactif est largement répandu dans le milieu des conseils de gestion en raison des succès emportés par la gestion proactive d’Alain Martin. Comme cette méthode est enseignée aux cadres de l’administration fédérale, il n’est pas étonnant de constater la présence de ce terme dans les documents administratifs. A l’origine, ce terme fait partie du vocabulaire de la psychologie et désigne qui agit sur des faits ou des processus à venir. On le retrouve dans le domaine des négociations collectives : négociation proactive, par analogie avec la psychologie, et en gestion, dans le sens d’une gestion prévoyant tous les événements pouvant se produire avec les modes d’action correspondants. Cette gestion est plus souple et moins systématique que la gestion prévisionnelle classique, fondée sur les modèles pré-déterminés. Elle fait intervenir des facteurs d’indétermination comme la validité des hypothèses, les facteurs décisifs de succès et l’analyse du risque dans la planification. Cette méthode spécifique méritait certainement un vocable particulier pour être dénommée et le choix du terme « gestion proactive » n’est certainement pas impropre. Dans les sciences humaines, les emprunts terminologiques d’une science à l’autre ne sont-ils pas monnaie courante ? »— L'Actualité terminologique, vol. 18, no 9, 1985, Banque de terminologie, Secrétariat d'État
Références
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