Première circonscription du Bas-Rhin

Première circonscription du Bas-Rhin

Description géographique et sociologique

La première circonscription du Bas-Rhin regroupe les cantons centraux et ouest de la ville de Strasbourg:


De 1958 à 1986 la première circonscription fut composée des cantons de Strasbourg I, Strasbourg II, Strasbourg IV et Strasbourg V (Robertsau). Depuis la réforme Pasqua, le canton de Strasbourg V fait partie de la troisième circonscription. De 1958 à 1986 le canton de Strasbourg IX était partie intégrante de la deuxième circonscription.

Ville de tradition protestante, Strasbourg est depuis le XIXe siècle plus nettement catholique, et cela dans l'ensemble des quartiers de la ville. La communauté juive est très présente dans le centre-ville, Strasbourg ayant la deuxième communauté juive de France. La communauté musulmane, constituée à la suite des mouvements migratoires des années 1960-70, est aussi présente, particulièrement dans les quartiers périphériques.

La diffusion de l'Alsacien dans la première circonscription est la plus faible d'Alsace, le dialecte reste assez répandu à Koenigshoffen ainsi que dans certaines parties du centre-ville, particulièrement ici dans les couches les plus âgées de la population. Globalement, le Français s'est assez rapidement répandu à Strasbourg après son retour à la France en 1919.

Description politique

Circonscription urbaine partagée entre les quartiers centraux et "bourgeois" de l'Orangerie et du centre-ville et les quartiers plus "populaires" et périphériques de la gare et de Koenigshoffen; la première circonscription a longtemps été considérée comme un fief de la droite gaulliste. Auparavant, elle avait cependant été considérée, entre 1919 et 1939, comme la circonscription des maires de Strasbourg, élisant J. Peirotes (SFIO) de 1928 à 1932, puis le communiste autonomiste C. Hueber en 1936. À cette époque le clivage droite-gauche était par ailleurs nettement brouillé par la question autonomiste, qui avait provoqué l'implosion du PC alsacien.

De 1958 à 1978 le député gaulliste Radius y fut réélu, souvent au premier tour, avec des majorités considérables contre les candidats démocrates-chrétiens proches du maire de Strasbourg P.Pflimlin. On assistait au cours des années 1960 à une importante dichotomie entre les élections nationales, où la circonscription privilégiait le candidat gaulliste et votait pour le général de Gaulle en 1965 à plus de 71 %; et les élections locales où elle renouvelait largement sa confiance au maire et conseillers généraux démocrates-chrétiens, comme Gilbert Jost.

À partir de l'élection de Valéry Giscard d'Estaing, la circonscription affirma un vote légitimiste de droite, cette fois au profit des candidats démocrates-chrétiens proche du nouveau président. En 1976 R. Radius fut battu par un socialiste dans le canton de la Robertsau, ce qui provoqua un choc certain et le conduisit à ne pas se représenter. La deuxième étape du renversement de la domination gaulliste intervint en 1978. La circonscription bascula alors entre les mains du candidat CDS Emile Koehl, qui battît le RPR R. Grossmann. E. Koehl fut réélu - malgré de nombreuses contestations à l'intérieur même de l'alliance UDF-RPR - en 1981, 1986 et 1988, sans problèmes réels. Il occupa par ailleurs des responsabilités importantes au sein de la municipalité strasbourgeoise de 1983 à 1989. Son implantation dans le canton de Strasbourg IX, non dépendant de la première circonscription jusqu'en 1988, explique la modification de la carte électorale de Strasbourg en 1986. Cela n'empêcha cependant pas son échec en 1993. E. Koehl, contesté et victime d'une certaine usure, fut alors battu à la surprise de beaucoup par un candidat indépendant proche de l'UDF, Harry Lapp, qui mettait en avant la nécessité de renouveau de la droite dans cette circonscription. Il réalisa plus de 64 % des voix au second tour. H. Lapp fut pourtant battu d'une très courte tête par C. Trautmann en 1997 (50,1 %), le député sortant ralliait le canton "bourgeois" de Strasbourg IV et le canton populaire de Strasbourg IX. En 2002 le député sortant A. Jung (PS), ancien suppléant de C. Trautmann, réussit à battre, là encore d'une courte tête, le maire adjoint R. Grossmann (50,2 %). Il l'emportait dans les cantons de la Gare et de Koenigshoffen, dont il est par ailleurs conseiller général.

Lors de sa formation en 1986 la première circonscription était considérée comme la plus à droite des circonscriptions strasbourgeoises. On note cependant, depuis 1993, une grande instabilité des électeurs de la circonscription. Depuis 1997, la gauche a considérablement progressé, au point de gagner alors et surtout de conserver en 2002 la circonscription. La mutation électorale du canton de Strasbourg I (Centre-Ville), autrefois très à droite et qui semble s'être "boboïsé", renforçant ainsi la gauche, explique pour partie la progression des candidats socialistes. Le recul de la droite est particulièrement marqué dans les cantons I et II, aujourd'hui assez nettement à gauche. Le canton IV de l'Orangerie reste nettement à droite, et il est le dernier détenu par un conseiller général proche de l'UMP. Le canton de Koenigshoffen, le plus "populaire" de la circonscription, ancien fief d'Emile Koehl, est passé aux mains du député (PS) Jung, mais il est marqué par un fort vote pour le FN et une remontée certaine de la droite en 1997 et 2002. Marque supplémentaire de cette dichotomie, lors des municipales de 2001, les cantons I et II votaient encore pour C. Trautmann, alors que les cantons IV et IX choisissaient nettement F. Keller. La circonscription est aujourd'hui donc passée d'une qualification "sûre à droite" à incertaine. De manière générale il s'agit de la circonscription où la gauche réalise ses meilleures performances alsaciennes, et le FN ses plus mauvais scores régionaux.

Lors des élections nationales l'orientation à droite de la circonscription reste assez nette, même si elle s'est tassée depuis 1988. En 1988 elle votait pour J. Chirac (53 %). En 1995 elle plaçait L. Jospin (25,7 %) en tête, devant E. Balladur (23,1 %), J. Chirac (19,5 %) et J.M Le Pen (15,7 %). Au second tour elle choisissait J. Chirac assez nettement (55,5 %). En 2002 elle plaçait J. Chirac (18,5 %) en tête, devant L. Jospin (17,8 %), J.M Le Pen (13,6 %) et F. Bayrou (12,5 %).

Les élections présidentielle et législatives de 2007 ont apporté quelques modifications. Aux élections présidentielles d'avril-mai N. Sarkozy arrivait en tête au premier tour avec 32,7 %, devant S. Royal (29,1 %), F. Bayrou (22,8 %) et J.M Le Pen (6,5 %). On assistait - à l'instar de l'ensemble de l'Alsace - à une forte baisse du FN, notamment dans le canton IX, principalement au profit de N. Sarkozy. Celui-ci réalisait ses plus forts résultats à l'Orangerie et au Centre-ville, dépassant largement le score de J. Chirac en 2002. S. Royal réalisait ici son meilleur résultat alsacien, et arrivait en tête dans le canton II. Enfin F. Bayrou réalisait une performance en net progrès, assez proche de sa moyenne alsacienne, ses "fiefs" recoupait assez largement ceux de N. Sarkozy. Au second tour N. Sarkozy l'emportait d'une courte tête (51,07 %), devançant son adversaire facilement à Strasbourg I et largement à Strasbourg IV. S. Royal confirmait sa bonne performance, ne l'emportant cependant que dans le canton de Strasbourg II. Le canton IX présentait une particularité intéressante, plaçant les deux candidats à égalité.

Dans ce contexte de victoire courte du candidat UMP dans cette circonscription tenue par le PS les élections législatives ont cependant confirmé la dichotomie entre le vote de la circonscription aux élections nationales et élections locales. Le député sortant A. Jung a en effet été facilement réélu au second tour (56,2 %) contre son adversaire peu connue F. Loutrel (43,7 %), l'emportant dans l'ensemble des cantons et réalisant son meilleur score dans le canton II. Les résultats du premier tour plaçait le candidat PS (32,9 %) et la représentante de l'UMP (31,1 %) au coude à coude, A. Jung arrivant en tête à Strasbourg II et IX, F. Loutrel dans les cantons de Strasbourg IV et I. La candidate UMP, fortement contestée au premier tour par M. Calderoli-Lotz (DVD) qui avait obtenu 8,5 %, ainsi que par la candidate Modem C. Cutajar (11,7 %) n'a pas réussi à réunir les voix de droite et du centre majoritaires, au second tour.

La géographie électorale de la circonscription n'est pas fortement modifiée par les dernières échéances. Le canton de la gare reste le fief de la gauche, S. Royal y a obtenu son meilleur score strasbourgeois et A. Jung son plus fort résultat; à l'inverse la quartier de l'orangerie reste assez nettement marquée à droite (56,6 % pour N. Sarkozy le 6 mai), même s'il a voté A.Jung d'une courte tête le 17 juin (51 %). Les cantons I et IX continuent d'adopter un comportement électoral changeant, favorables à N. Sarkozy à la présidentielle puis à A. Jung aux législatives. De manière générale, la gauche réalise ici ses meilleures performances alsaciennes, et le FN est descendu ici à un niveau très faible.

Historique des élections

Législature Député élu Parti politique Mandat local
1958-1962 René Radius UNR Adjoint au maire de Strasbourg
1962-1967 René Radius UNR-UDT Conseiller général de Strasbourg V
1967-1968 René Radius UDVe Conseiller général de Strasbourg V
1968-1973 René Radius UDR Conseiller général de Strasbourg V
1973-1978 René Radius UDR puis RPR
1978-1981 Emile Koehl UDF-CDS Conseiller général de Strasbourg IX
1981-1986 Emile Koehl UDF-CDS Conseiller général de Strasbourg IX
1986-1988 Emile Koehl UDF-CDS Conseiller général de Strasbourg IX
1988-1993 Emile Koehl UDF-CDS Conseiller général de Strasbourg IX
1993-1997 Harry Lapp UDF Conseiller général de Strasbourg I
1997-2002 Catherine Trautmann puis Armand Jung PS Ministre de la Culture (1997-2000) Maire de Strasbourg (1989-1997/2000-2001)
2002-2007 Armand Jung PS Conseiller général de Strasbourg IX
2007-2012 Armand Jung PS Conseiller général de Strasbourg IX

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Première circonscription du Bas-Rhin de Wikipédia en français (auteurs)

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