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Piper Alpha
Pour les articles homonymes, voir Alpha.Piper Alpha, plate-forme pétrolière située en Mer du Nord près du gisement Piper (au large des côtes d'Écosse), était exploitée par la société Occidental Petroleum. Elle produisait à peu près 10 % de la production en gaz et en pétrole en provenance de la mer du Nord. Son exploitation débuta en 1976 ; destinée à l'origine à l'extraction du pétrole, elle fut convertie plus tard en plate-forme gazière. Une explosion et l'incendie qui s'ensuivit la détruisit le 6 juillet 1988, faisant 167 morts, et une perte financière approchant les 3 milliards et demi de dollars US de l'époque.
Sommaire
Le champ pétrolifère Piper
Quatre compagnies - qui formeront plus tard l'OPCAL - obtinrent en 1972 une licence de prospection pétrolière et découvrirent peu après le champ pétrolifère Piper, situé à 0°15' E 58°28' N, et débutèrent la construction de la plate-forme, des pipelines et des structures. L'exploitation commença en 1976 avec un débit d'environ 250 kbbls/j de pétrole pour atteindre par la suite les 300 kbbls/j ; puis un module de traitement du gaz fut construit en 1980. En 1988, la production n'était plus que de 125 kbbls/j.
Le 6 juillet 1988, une fuite de condensat de gaz naturel, qui s'était accumulé sous la plate forme, a pris feu, entraînant une explosion massive. L'explosion a causé des feux secondaires, fondant le riser d'un pipeline de gaz. Le gaz libéré a causé une deuxième explosion encore plus grande qui a englouti la plate-forme entière. Seuls 62 des 229 membres d'équipage ont survécu.
Chronologie
Un nouveau pipeline de gaz avait été construit quelques semaines avant le 6 juillet et, même si ce travail perturbait la routine normale, la plate forme a continué à fonctionner de façon normale. On a découvert une petite fuite de gaz, mais elle n’était pas vraiment inquiétante. Deux grands compresseurs sur la plate forme, indiqués A et B, comprimaient le gaz pour le transport vers la côte. Le matin du 6 juillet, la valve de décompression du compresseur A a été enlevée pour révision. La révision bimensuelle du compresseur avait été projetée mais n'avait pas commencé. Le tube de pression, maintenant ouvert, avait été temporairement scellé avec une plaque. A 18:00, comme les travaux n’étaient pas terminés, la plaque est restée en place. L'ingénieur de service a rempli un formulaire disant que le compresseur A n'était pas en état de marche et ne devait être mis en marche dans aucune circonstance.
18 :00
Comme il a trouvé le technicien de service occupé, l'ingénieur a omis de l'informer de l'état du compresseur A. Au lieu de cela il a placé la feuille qu’il venait de remplir au centre de commande et est parti. Cette feuille a disparu et n'a pas été trouvée. Par coïncidence il y avait une autre feuille de travail pour la révision générale du compresseur A qui n'avait pas encore commencé.
19 :00
Comme d'autres plate-formes en mer, Piper Alpha disposait d’un système automatique de lutte contre l’incendie. Des pompes diesel étaient capables de pomper de grandes quantités d'eau de mer afin d'éteindre les incendies éventuels. Ces pompes devraient automatiquement se mettre en marche en cas d’incendie. Cependant, lorsque les plongeurs travaillaient sur les pompes elles étaient systématiquement commutées au mode manuel et ne pouvaient être mises en marche que d'un seul endroit. Les pompes sur d'autres plate-formes étaient commutées au manuel seulement si les plongeurs étaient près de l'admission, pour empêcher qu’ils soient aspirés avec l'eau de mer. Cependant, les procédures de Piper Alpha dictaient que les pompes soient en mode manuel à chaque fois que les plongeurs étaient dans l'eau, indépendamment de leur localisation. C’est ce qui a fait que le système de lutte contre l'incendie était sur le mode manuel le soir du 6 juillet.
21 :45
Le compresseur B s’est arrêté et n'a pas pu être remis en marche. L'alimentation en énergie de toute l’installation dépendait de ce compresseur. Si la plate-forme n’était plus alimentée le foret allait « coller », ce qui engendrerait d'énormes coûts. Le directeur avait seulement quelques minutes pour remettre le compresseur en marche, sinon l'alimentation d'énergie échouerait complètement. Une recherche a été faite parmi les documents pour déterminer si le compresseur A pouvait être démarré.
21 :52
La feuille de travail sur la révision a été trouvée, mais pas l'autre feuille déclarant que le compresseur ne doit être mis en marche dans aucune circonstance à cause de l’absence de la soupape de sécurité. La valve ne se trouvait pas au même endroit que le compresseur et donc les documents de travail étaient également maintenus dans différentes chemises, car ils étaient rangés en fonction de la localisation. Aucun des participants ne savait qu'une pièce essentielle de la machine avait été enlevée et donc le responsable a décidé, en se basant sur les documents existants, qu'il serait sûr de mettre en marche le compresseur A. Personne n’a remarqué la valve absente, en particulier puisque la plaque métallique remplaçant la valve était à plusieurs mètres plus haut.
21 :57
Le compresseur A a été alimenté. Le gaz a coulé dans le compresseur, et comme il n’y avait pas de soupape de sécurité il a produit une surpression à la laquelle la plaque d'obturation n'a pas résisté. Il y a eu une fuite de gaz, qui a pris feu et produit une explosion qui a probablement tué deux hommes immédiatement. Le technicien a appuyé sur le bouton d'arrêt d'urgence. Maintenant que les valves des énormes lignes en mer étaient fermées, la production de pétrole et de gaz s'est arrêtée immédiatement. Théoriquement à ce point la plate forme devrait être isolée de l’arrivée de pétrole et de gaz. Puisque la plate-forme avait été conçue à l'origine pour le pétrole, les murs anti-feu n'étaient pas conçus pour résister à des explosions. Le feu s’est étendu à travers les murs anti-feu et a détruit quelques pipelines de pétrole.
22 :04
La salle de commande a été abandonnée. La conception de Piper Alpha n'avait pas prévu la possibilité de la destruction de la salle de commande. L'organisation de la plate-forme a échoué et aucune tentative d’utilisation des haut-parleurs ou d'évacuation n'a été faite. Le personnel avait l’instruction de se rassembler aux canots de sauvetage, mais le feu les a empêchés de faire ainsi. Au lieu de cela ils se sont rassemblés sous l'hélipont et ont attendu les secours. Le vent, le feu et la fumée ont empêché l’ atterrissage des hélicoptères. Aucune instruction complémentaire n'a été donnée et la fumée a rempli le bloc de personnel. Deux hommes sont partis pour remettre en marche le système de lutte contre l’incendie et n'ont pas été revus. Le feu s’éteindrait avec le temps s’il n'étant plus alimenté en pétrole, mais les plates-formes de Tartan et de Claymore continuaient à pomper du pétrole dans le réseau. Claymore a continué de pomper jusqu'à la deuxième explosion, parce que le directeur n'a eu aucune permission du centre de commande d’Occidental pour arrêter. En même temps le Tartan a aussi continué à pomper, car son directeur avait reçu cette directive de son supérieur. La raison pour tout cela était le coût exorbitant d'un tel arrêt. Cela prend plusieurs jours pour relancer la production après un arrêt, avec des conséquences financières substantielles. Des lignes de gaz de 40 à 46 centimètres de diamètre passaient près de Piper Alpha. Deux ans plus tôt la direction d’Occidental avait commandé une étude, qui avait conclu sur la dangerosité de ces lignes de gaz. En raison de leur longueur et diamètre cela prendrait plusieurs heures pour réduire leur pression et ceci compromettait gravement une lutte efficace contre l’incendie. Bien que la direction ait admis à quel point une explosion de gaz serait dévastatrice, Claymore et Tartan n'ont pas été coupés du réseau avec le premier appel d'urgence.
22 :20
La ligne de gaz de Tartan a fondu et s’est cassée. Trois tonnes de gaz par seconde ont commencé à être poussé dehors et à brûler. À partir de ce moment la catastrophe était inévitable.
22 :30
Le Tharos, un grand navire de lutte contre l'incendie et de secours, s’est approché de Piper Alpha. On a essayé de prolonger la passerelle de 30 mètres.
22 :50
La deuxième ligne de gaz a éclaté. Le Tharos s’est retiré à cause de la chaleur intense. Après cette deuxième explosion la plate-forme Claymore a cessé de pomper du pétrole.
23 :50
Le module D a glissé dans la mer, suivi par la plus grande partie de la plate-forme.
Conséquences
On a longtemps discuté s’il y avait eu assez de temps pour une évacuation plus efficace. Les gens continuaient encore à être évacués de la plate-forme plusieurs heures après le début des incendies et des explosions. Le problème principal était que la majeure partie du personnel qui avait l'autorité pour commander l'évacuation avait été tuée quand la première explosion avait détruit la salle de commande. C'était une conséquence des défauts de conception de la plate-forme, comme l'absence de cloisons anti-explosion.
Un autre facteur aggravant était qu'une plate-forme voisine (la Tartan) a continué à injecter du gaz dans le feu jusqu'à ce que ce pipeline se rompe à cause de la chaleur. Le personnel sur Tartan n'a pas eu l'autorisation pour arrêter la production bien que Piper Alpha brûlait sous leurs yeux.
Le navire de support Lowland Cavalier a rapporté l'explosion initiale juste avant 22:00, et la deuxième explosion a eu lieu juste vingt-deux minutes plus tard. Quand les hélicoptères de sauvetage militaires et civils ont atteint la scène, des flammes de plus de cent mètres de hauteur et visibles à cent kilomètres alentour les ont empêchés de s'approcher. Tharos, un navire spécialisé dans la lutte contre l'incendie, pouvait s’approcher de la plateforme, mais n'a pas pu empêcher sa destruction.
Deux membres de l'équipage du Lowland Cavalier ont été tués quand une explosion sur la plateforme a détruit leur embarcation de sauvetage rapide, qui avait récupéré plusieurs survivants dans l'eau. Le Tharos n'a pas pu pomper suffisamment d'eau pour s’approcher de la plateforme brûlante jusqu'à la rupture du pipeline de Tartan, environ deux heures après le début du désastre. C'est seulement une fois que Tartan a arrêté d'injecter du gaz dans le feu, que le Tharos a pu s’approcher, mais n'a pu récupérer personne cette nuit là.
Le feu a été par la suite éteint par une équipe menée par le célèbre pompier Red Adair qui a dû lutter contre des vents de 130 km/h et des vagues de 20 m. L'enquête Cullen commencée en novembre 1988 pour établir la cause du désastre a conclu en novembre 1990 que la fuite initiale du condensat était le résultat du travail d'entretien effectué simultanément sur une pompe et une soupape de sécurité reliée. L'opérateur de Piper Alpha, Occidental, a été reconnu coupable d’avoir des procédures d'entretien insatisfaisantes. Une deuxième phase de l'enquête a fait des recommandations de grande envergure concernant la sécurité, qui ont été acceptées par les industriels.
Pratiquement tous les travailleurs offshore en Mer du Nord ont contesté la sincérité de l'industrie dans certaines de leurs réponses au rapport Cullen. La réponse des sociétés de pétrole à la recommandation de Cullen pour l’établissement d’une représentation organisée des travailleurs a été certainement moins que sincère.
La bouée marquant les restes de Piper Alpha est approximativement à 120 mètres du coin sud-est de la plateforme Piper Bravo qui l’a remplacée. Une conséquence durable du désastre de Piper Alpha était l'établissement du syndicat Offshore Industry Liaison Committee.
Une sculpture commémorative, montrant trois ouvriers du pétrole, se trouve à Rose Garden dans le parc de Hazlehead à Aberdeen. Le sculpteur est Sue Jane Taylor.
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
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