- Perturbation du Gulf Stream
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La perturbation du Gulf Stream est une hypothèse proposée par des spécialistes du climat et de la circulation thermohaline qui a été diffusée dans les rapports du GIEC. Elle envisage une possible modification voire une disparition du courant profond de l'Atlantique-nord et du Gulf Stream dans l'avenir. Elle serait une conséquence directe du réchauffement climatique dû à l'augmentation de la quantité de gaz à effet de serre dans l'atmosphère au cours du XXe siècle.
La théorie s'appuie sur l'analyse de phénomènes similaires du passé et les projections de l'évolution probables du climat selon l'élévation supplémentaire de la température moyenne dans les décennies à venir, notamment les perturbations liées à une importante fonte de la banquise du pôle Nord déjà observable. La réduction observée de l'étendue cette banquise au cours des trois dernières décennies du XXe siècle est d'environ 20% et dans les projections de plus forte augmentation de température, on pourrait assister à sa disparition complète en été.
Sommaire
Rôle du Gulf-Stream
Article détaillé : Gulf Stream.La circulation océanique joue un rôle crucial dans le climat terrestre puisque ses courants déplacent d'énormes masses d'eau chaude ou froide, échangeant leur température avec l'atmosphère. Ainsi le courant marin du Gulf Stream apporte la chaleur cubaine vers la côte de la Virginie en Amérique du Nord et vers la côte Ouest de l'Europe.
Sous les tropiques, le soleil donne plus d’énergie qu’aux plus hautes latitudes. Les courants océaniques transportent cette chaleur vers les pôles et les latitudes plus froides. Ces courants sont entretenus par les différences de salinité et de température des eaux polaires. Tout au long de son trajet, en particulier dans les mers Arctiques, les eaux chaudes et salées se refroidissent sous l’effet des vents, cédant leur chaleur à l’air environnant.
Plongée océanique
L’eau de mer subit une évaporation tout au long de son trajet. De plus, en arrivant dans les régions polaires, l’eau de surface gèle formant une banquise dont le contenu en sel est graduellement éliminé. Les deux effets augmentent la salinité de l’eau restée liquide qui est maintenant plus froide et salée, ce qui la rend plus dense, et elle plonge alors au fond de l’Atlantique.
Dans les fonds marins, ce courant froid repart vers le sud à la vitesse de 2 m/h pour se réchauffer, lentement, puis remonter à la surface de l’océan Indien ou Pacifique et repartir vers l’océan Arctique. C'est ce qu'on appelle la circulation thermohaline.
Dérèglement du Gulf-Stream
Le réchauffement climatique menace le moteur même de ces courants marins. L'effet de serre entraîne une augmentation de la température, qui accroît l’évaporation dans les régions chaudes et les précipitations aux hautes latitudes. L’Atlantique se réchauffe, recevant plus de pluies, ce qui engendre fatalement une fonte partielle de la calotte glaciaire.
Conséquence directe : l'apport supplémentaire d’eau douce diminue d’autant plus la salinité marine. Les eaux de surface devenues moins salées et moins denses pourraient ne plus plonger dans les abysses océaniques, coupant le Gulf-Stream, ce qui annulerait les échanges thermiques entre équateur et zones tempérées.
Conséquences possibles
L’Europe de l'Ouest, la côte Est des États-Unis et la Nouvelle-Écosse au Canada se situent à la même latitude que le Québec au climat continental. La différence principale réside dans le fait que les régions côtières de l'Est de l'Amérique et du continent européen profitent du réchauffement du Gulf-Stream, amenant un climat plus tempéré. Un arrêt de la circulation thermohaline amènerait un gel de l'océan aux latitudes nordiques qui rendrait toutes ces régions continentales. Ce phénomène pourrait donc engendrer une ère glaciaire en Europe et dans les régions de hautes latitudes, tandis que l’équateur accumulerait une chaleur harassante.
Selon la théorie, cette perturbation pourrait engendrer des températures hivernales de -30°C à Paris ou de -20°C à Bordeaux. Ces hivers seraient comparables à ceux du Québec. Elle est cependant fortement remise en doute par une étude de Richard Seager parue en 2002 lors d'une présentation à l'Académie des sciences de New York[1]. Cette étude soutient que le Gulf Stream ne joue qu'un rôle mineur dans la différence de climats (à l'exception de la Norvège). La différence serait donc moins importante en cas d'arrêt du courant, et le climat resterait tempéré assez proche de celui actuel.
Enfin, selon Josh K. Willis [réf. souhaitée], aucun ralentissement substantiel du Gulf Stream n'est survenu ces 7 dernières années, et il est peu probable qu'un ralentissement ait eu lieu lors des deux dernières décennies.
Fiction cinématographique
L'hypothèse d'une perturbation du Gulf Stream et d'une glaciation subséquente est l'objet du film Le Jour d'après de Roland Emmerich.
Références
- (fr)Richard Seager, « Climate mythology: The Gulf Stream, European climate and Abrupt Change », dans La Recherche, Université Columbia, 2002 aux États-Unis, 2003 en France [texte intégral (page consultée le 2009-11-28)]
- Science & Vie, no 990, page 76 à 80
- Science de la Vie et de la Terre, 2°, Hatier, pages 51 et 54
- Émission de la cinquième : La Terre se réchauffe
- Une Vérité qui dérange, film d'Al Gore
- Formation du Gulfstream, son évolution et son impact sur le climat
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