Paul Kraus

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Paul Krauss (né en 1904 à Prague- décédé en 1944 au Caire) est un historien des sciences allemand, spécialiste de l'histoire des sciences arabes.

Biographie

Né en Tchécoslovaquie dans une famille judéo-allemande, Paul Kraus est décédé au Caire, en Égypte, dans des conditions non-élucidées. Il a travaillé avec Louis Massignon, Henry Corbin et Shlomo Pinès. Son épouse, Bettina Strauss, est décédée dans les camps d'extermination. Sa fille, Jenny, née en 1941, sera adoptée par le philosophe Leo Strauss.

Kraus, brillant étudiant né à Prague (la ville des alchimistes par excellence), s'est rapidement tourné vers l'étude de l'alchimie arabe médiévale. Plus tard, il s'est occupé d'étudier les questions de métrique dans la Bible et dans d'autres textes de l'Antiquité. L'excentricité de ses vues sur ces questions ont conduit nombre de ses collègues à croire qu'il était devenu fou.

C'est en 1944 qu'il est retrouvé pendu dans la salle de bains de l'appartement au Caire de Cecil et Albert Hourani. Joel Kraemer^[1] croit que Kraus s'est en effet suicidé, bien qu'il présente quelques éléments qui suggèrent que la mort de Kraus pourrait être un meurtre perpétré pour des mobiles politiques.

Œuvre

On doit à Paul Kraus une étude attentive des rapports entre l'alchimie et la science arabe. Son travail majeur porte sur Jâbir ibn Hayyân (mort en 200/815).

Quoique Kraus ait étudié avec Julius Ruska, qui était plus enclin à étudier l'alchimie comme une chimie primitive, l'approche de Kraus était très différente. Pour Kraus l'alchimie fait partie de l'histoire des idées. À bon droit il écorne l'idée selon laquelle l'alchimiste arabe Jabir était un seul et unique individu historique. L'œuvre de Jabir semble être plus un recueil de matériaux élaborés par divers auteurs, dont la plupart masquent une propagande pour le mouvement ismaélien des Qarmates. En tout cas, le magnum opus de Kraus, son "Jâbir ibn Hayyân – Contribution à l’histoire des idées scientifiques dans l’Islam – Jâbir et la science grecque (1942-43)" va bien au-delà de cette unique thèse. Kraus questionne des sujets aussi différents que la dispersion délibérée des savoirs, de l'agriculture nabatéenne, de l'alchimie dans la sexualité, de la stratégie militaire, de la numérologie pythagoricienne, de la technologie chinoise, des origines du langage, et ainsi de suite. La monographie de Kraus est un travail très étonnant, très peu connu, pour ne pas dire oublié de nos jours.

Dans sa préface aux papiers que Kraus laissa derrière lui et qui, rassemblés par Henri Corbin ont été publiés en allemand par Rémi Brague ("Alchemie, Ketzerei und Apokryphen im frühen Islam: Gesamelte Aufsatze"), Rémi Braque cite Alexandre Kojève (dont les conférences sur Hegel à Paris avaient été suivies par Kraus): "J'ai beaucoup lu Kraus et j'ai appris, grâce à lui, que maintenant je ne sais rien de l'Islam. C'est ça le progrès!"^[2].

Notes

Bibliographie

• Sur la biographie de Kraus, outre la notice de Rémi Brague, on se reportera à l'article de Joel L. Kraemer, The Death of an Orientalist: Paul Kraus from Prague to Cairo dans: The Jewish Discovery of Islam: Studies in Honor of Bernard Lewis. Edited by MARTIN KRAMER. Tel Aviv: THE MOSHE DAYAN CENTER FOR MIDDLE EASTERN AND AFRICAN STUDIES, TEL Aviv UNIVERSITY, 1999. Pp. viii + 311. $24.95 (Distribué aux États-Unis par Syracuse University Press).

• Contribution à l’histoire des idées scientifiques dans l’Islam. Le Caire, Imprimerie de l’Institut français d’archéologie orientale, 1943.
• Kraus, Paul. "Jâbir ibn Hayyân: Contributions à l’Histoire des Idées Scientifiques dans l’Islam I: Jâbir et la Science Grecque". Mémoires de l’Institut d’Égypte 44, 1 (1942).
• Kraus, Paul. “Jâbir ibn Hayyân: Contributions à l’Histoire des Idées Scientifiques dans l’Islam II: Le Corpus des Écrits Jâbiriens.” Mémoires de l’Institut d’Égypte. 45, 1 (1943).
• Alchemie, Ketzerei, Apokryphen im frühen Islam. Gesammelte Aufsätze, Herausgegeben und eingeleitet von Remi Brague, Hildesheim et al., Olms, 1994, [346p.]

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