- Paradoxe du fromage a trous
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Paradoxe du fromage à trous
Ce paradoxe est généralement connu sous l'appellation paradoxe du gruyère, mais comme il est souhaitable d'être précis quand on chasse le paradoxe et qu'en réalité le gruyère n'a pas de trous (à la différence, entre autres, de l'emmental), nous parlerons de fromage (sous-entendu : à trous). Il s'énonce alors :
- Plus il y a de fromage, plus il y a de trous ;
- or plus il y a de trous, moins il y a de fromage ;
- donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage.
C'est le plus célèbre des paradoxes construit selon un mode de syllogisme appelé Barbara (ou syllogisme en A-A-A). Il met en évidence que l'application sans discernement du syllogisme est source d'aberrations.En réalité, il s'opère ici un subtil glissement sémantique entre les termes moyens des deux prémisses ; ce qui interdit la conclusion. Ce glissement est dû à une différence contextuelle. En effet, pour chaque prémisse, il existe un contexte sous-entendu qui rend possible l'acceptation de la prémisse en tant que vérité. Cependant ces contextes implicites s'opposent et invalident le syllogisme.
En détail, on peut schématiser la chose en considérant le volume du fromage (emballé, c'est-à-dire trous compris) et la densité du fromage (le rapport matière/volume).
Termes Prémisse majeure majeur moyen contexte plus il y a de fromage plus il y a de trous accroissement du volume - densité constante or... Prémisse mineure moyen mineur contexte plus il y a de trous moins il y a de fromage volume constant - diminution de la densité donc... Conclusion mineur majeur confusion des contextes plus il y a de fromage moins il y a de fromage
N'y a-t-il pas moyen de conclure ?Oui ; si l'on adopte le point de vue de la logique mathématique. Il faut alors considérer le contexte en tant qu'axiome. La conclusion est alors un théorème relatif à une axiomatique contenant nécessairement la conjonction des contextes.
Ainsi, on déduit ici que, lorsque volume et densité de fromage sont constants, on a bien « plus il y a de fromage, moins il y a de fromage ». Ce qui peut se réduire à un truisme idiot : « autant il y a de fromage, autant il y a de fromage ».En définitive, la conclusion doit être considérée invalide plutôt que fausse car les deux occurrences du mot « fromage » sont liées à deux notions distinctes :
- Dans la première (celle de la majeure), les vides font partie du fromage. Le fromage se définit alors par son apparence externe.
- Dans la seconde (celle de la mineure), le fromage se définit comme une matière, et par là même, exclut le vide.
Ainsi ces deux notions antagonistes ne doivent pas être amalgamées dans une même phrase. Il s'agit là d'une forme sournoise de polysémie.
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