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Paradoxe de Moore
G.E.Moore mit une fois le doigt dans une de ses conférences sur l'incohérence particulière d'une phrase du type "It's raining outside but I don't believe that it is" (il pleut dehors, mais je ne crois pas qu'il pleuve). En revanche "It's raining outside but he doesn't believe that it is" (il pleut dehors, mais il ne croit pas qu'il pleuve) est une formulation acceptable. Ce paradoxe, parfois connu sous le nom de paradoxe de Moore aurait pu vite être oublié si, comme le prétend la tradition, Ludwig Wittgenstein en en entendant parler n'avait jailli chez Moore au milieu de la nuit en insistant pour que ce dernier lui répète sa conférence. Quoi qu'il en soit, cette anecdote ainsi que ce paradoxe constituent un préambule tout à fait acceptable à la philosophie de Wittgenstein. Ce paradoxe n'est pas spécifique à l'anglais et s'applique aussi en français mais ce n'est pas forcément le cas de toutes les langues.
Aussi bien la phrase incohérente que la version acceptable sont des conjonctions de deux phrases plus courtes :
- (1) "It is raining"
- (2a) "I don't believe that it is raining"
- (2b) "He doesn't believe that it is raining."
Notons en outre qu'aussi bien (2a) que (2b) devraient avoir le même niveau de compatibilité avec (1) par la propriété qu'ils ont d'être tous deux vrais. Pourtant, personne n'aurait l'idée de prononcer (1) et (2a) ensemble.
Le problème se pose donc en ces termes :
Des phrases comme « Il croit que P » et « Elle croit que P » (P étant une proposition) sont décrits comme faisant partie d'un monde (c.-à-d. ce que croit quelqu'un d'autre). En revanche, l'équivalence à la première personne, « Je crois que P » n'est PAS une description de soi et donc du fait que je crois que P, mais plutôt une affirmation de P lui-même. Ainsi si j'affirme P, c'est comme si j'affirmais en plus « Je crois que P » et vice-versa. Par contre, cette propriété n'existe pas à la troisième personne. On peut dire qu'il existe une dissymétrie entre la formulation de la croyance à la première et à la troisième personne.Une variation intéressante, et probablement révélatrice serait que quelqu'un déclare « savoir » quelque chose, par un moyen cognitif, mais que ce qu'il « pense » diffère. Par exemple : « C'est une illusion d'optique, mais je sais que c'est vrai ». Ce type de phrase traduirait une incohérence dans le savoir, ou alors un conflit dans le moyen par lequel a été obtenu le savoir.
Par contre dès que l'on attribue le savoir, la dissymétrie disparaît : « Je sais qu'il pleut alors qu'il ne pleut pas » est tout aussi incohérent que « John sait qu'il pleut alors qu'il ne pleut pas ». Dire que quelqu'un « sait que » P revient à approuver P aussi bien à la première qu'à la troisième personne, ce qui n'est pas le cas quand on dit qu'il « croit P ». En effet, on ne « sait » pas ce qu'on ne tient pas pour vrai.
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