- Pacifique "Pax" Plante
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Pacifique Plante
Pour les articles homonymes, voir Plante (homonymie).Pacifique Plante (1907- Mexique, 1976), surnommé Pax Plante, était un policier et un avocat. Il est célèbre pour ses actions contre le crime à Montréal pendant les années 1940 et les années 1950, particulièrement sa lutte contre la corruption dans l'administration municipale.
Sommaire
Biographie
Avocat de formation, il devient greffier à la Cour municipale de Montréal en 1937. Il constate alors la corruption rampante qui sévit dans les services municipaux. La situation avait été dénoncée en 1934 par un rapport de police qui déclarait que Montréal était une « ville ouverte » pour le « vice commercialisé », comme on appelait alors le crime organisé. Il sévissait sous la forme de maisons de jeu illégales, de débits de boisson clandestins et d’un réseau de prostitution centré sur le quartier du Red Light.
En 1945, une Ligue de vigilance sociale, appuyée par l’archevêque de Montréal, monseigneur Joseph Charbonneau, commença à revendiquer la tenue d’une enquête sur la corruption dans le service de police. Plante commençait, à la même époque, à faire pression pour que des poursuites soient intentées de façon sérieuses contre les patrons du crime organisé. En 1946, l’assassinat, en plein jour, du « roi du jeu » Harry Davis, créa un émoi dans le grand public. Le directeur du comité exécutif de la ville, J. Omer Asselin, nomma alors Pacifique Plante, que le public surnomma « Pax » (mot latin signifiant paix), chef de l’escouade de la moralité. Elle était notoirement la plus corrompue du service de police.
Plante entreprit une série de descentes spectaculaires dans les établissements clandestins. Il y invita la presse pour donner le maximum de publicité aux opérations et pour faire connaître les visages et les noms des coupables. Quelques clients arrêtés se trouvèrent être des personnalités connues. Il demeura en poste 18 mois et fut congédié avec fracas, le chef de police Albert Langlois prétextant l'inconduite d’un agent de l’escouade. La population y vit un congédiement politique.
Plante se mit alors à publier, dans le quotidien Le Devoir, une série d’articles intitulée Montréal, ville ouverte, dans lesquels il décrivait le modus operandi des différents réseaux de bookmakers, de souteneurs et de bootleggers de la ville. Les articles, publiés pendant les années 1949 et 1950, démontraient que tous ces réseaux ne pouvaient exister qu’avec la complicité des autorités.
Le docteur Ruben Lévesque fonda en mars 1950 le Comité de moralité publique. Ce comité, avec l'aide d’un jeune avocat du nom de Jean Drapeau, et à l’aide des informations amassées par Plante, demanda et obtint de la Cour supérieure du Québec, une enquête publique. L’enquête Caron, du nom du juge qui la présida, présenta son rapport le 8 octobre 1954. Des accusations furent portées contre 20 officiers de police qui furent poursuivis et congédiés. La même journée, Jean Drapeau annonçait sa décision de se présenter comme candidat à la mairie lors de la prochaine élection municipale, prévue pour le 28 octobre. Il fonda le Parti civique qui profita de l’effet Caron et, avec un programme de « nettoyage » de la ville, devint maire de Montréal. Aussitôt, Pacifique Plante retrouva le poste de chef de l’escouade de la moralité.
Une vague intense de répression contre les maisons de jeu (« barbotes »), les bordels et les débits de boisson clandestins (« blind pigs ») s’ensuivit. Ces actions ne se firent pas sans un effet dépressif sur l'ensemble des cabarets montréalais alors en pleine effervescence.
Le milieu n’avait cependant pas l’intention de se laisser faire : en 1955, on lapida la maison du maire, des coups de feu furent tirés vers Plante, sans l’atteindre toutefois, et Ruben Lévesque fut assailli et battu. Une certaine presse à sensation s’attaqua violemment à l’administration et, en 1957, après une élection entachée d’irrégularités, Drapeau fut évincé de l’hôtel de ville et remplacé par Sarto Fournier.
Plante fut congédié de nouveau. Il lui fallut quitter le pays et il vécut dans une semi-clandestinité au Mexique le reste de sa vie. Les activités du crime organisé se poursuivirent dans un contexte changeant, au milieu de fréquentes et meurtrières guerres de gang. En 1960, Drapeau revint au pouvoir et il y resta plus de deux décennies. Le crime organisé fut muselé à des degrés variables, mais jamais éradiqué. Plante ne revint qu'occasionnellement au Québec pour de très brefs séjours, entre autres à l'époque de la Commission d'enquête sur le crime organisé (CECO), dans les années 1970. Il mourut au Mexique en 1976.
Bibliographie
- Pax Plante, Montréal sous le règne de la pègre, Éditions de l'Action nationale, Montréal, 1950 (livre réunissant les articles de Pax Plante publiés dans Le Devoir).
- Alain Stanké et Jean-Louis Morgan, Pax, lutte à finir avec la pègre, Éditions La Presse, Montréal, 1972, 251 pages.
Voir aussi
- Montréal ville ouverte, série télévisée de 1992 inspirée de la carrière de Pacifique Plante.
Liens externes
- (fr) Pax Plante affronte la pègre, archives de Radio-Canada
- (fr) Lutte contre la pègre : la farce recommence, Pax Plante, article dans le Devoir de novembre 1949
- (fr) Le Devoir sous Gérard Filion : L'affaire Pax Plante - Qui écrira ces histoires abracadabrantes ?, Gérard Filion, article dans le Devoir de mars 2005
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