- Origine
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L'origine (du latin origo, « la source ») est au premier abord le moment initial de l'apparition d'une chose, c'est-à-dire la naissance historique de cette chose, le commencement de cette chose. Cependant, cette définition délaisse l'aspect logique et dynamique de ce mot. Ainsi, l'origine est également l’ensemble des phénomènes obéissant à des lois qui expliquent l'apparition et le développement des choses. Ce qui pose des problèmes d'ordre philosophique:
« Si par origine on entend un premier commencement absolu, la question n’a rien de scientifique et doit être résolument écartée… Tout autre est le problème que nous posons. Ce que nous voudrions, c’est trouver un moyen de discerner les causes, toujours présentes, dont dépendent les formes les plus essentielles de la pensée et de la vie religieuse. Or ces causes sont d’autant plus facilement observables que les sociétés où on les observe sont moins compliquées. Voilà pourquoi nous cherchons à nous rapprocher des origines. » (Émile Durkheim, Les formes élémentaire de la vie religieuse, édition libre de l'uquac, p. 18)
Dès lors, il y est préférable de distinguer l'origine du commencement. Dans ce cas :
- L'origine correspond aux processus constitutifs expliquant l'apparition des objets[1]. L'origine pose la question du comment des choses.
- Le commencement est la manifestation spatiale et temporelle de la naissance de ces objets[1]. Le commencement pose la question du pourquoi des choses.
Ainsi, dans l'histoire du questionnement de l'origine, les notions d'origine et de commencement qui sont d'abord deux conceptions philosophiques similaires ont, à partir du XVIe siècle siècle, grâce aux découvertes scientifiques de Newton sur la gravitation, tendance à se séparer et devenir de plus en plus indépendantes. La notion du commencement va aller aux théologiens, idéalistes, créationnistes... tandis que la notion de l''origine va aller à la philosophie matérialiste et aux sciences. Cependant, le développement des résultats empiriques des sciences redécouvrent le commencement mais de façon objective et immanente. Ainsi « Plus les sciences progressent dans la compréhension du commencement de tel ou tel objet, plus le caractère abstrait de la thèse matérialiste concernant l'origine s'amenuise, à mesure que celle-ci puise ses arguments dans les résultats de la connaissances empiriques. A terme la philosophie matérialiste dépériera derrière les théories du commencement, qui montreront comment le principe logique (l'origine) et la naissance historique (le commencement) ne font qu'un dans la réalité. La représentation immanentiste de l'origine ne sera alors plus qu'une redondance. »[2]
Sommaire
Le commencement (métaphysique)
En théologie et dans de nombreuses mythologies, on parle de L'origine du monde en tant que création du monde par le divin. Il est encore écrit dans les dictionnaires 2011, que Dieu est « l'être suprême, le créateur de l'univers... ». Dans ces visions religieuses et mythologiques cette création implique d'abord un Commencement et une finitude, un discours sur la fin des temps (Eschatologie), un Omega, une fin du monde, une fin de l'histoire... .
La conception aristolicienne du monde implique un non temps comme par exemple chez Thomas d'Aquin avec le concept d'aevum. Or, chez les Aristotéliciens, ce non commencement, non finalité sont des brides fossiles de la philosophie matérialiste de l'antiquité. Cependant, ils mettent en place une divinité dans la construction et le premier mouvement du monde, incarnant dans le cadre de l'espace et le temps ainsi l'éternité de Dieu.
Ainsi, il y a rejet du concept de l'origine dans les créations transcendantes de la matière puisque l'explication de l'apparition des objets ne peut être que Dieu ou une autre entité transcendante. Le commencement et l'origine sont par conséquent confondus.
C'est ainsi, dans l'histoire des philosophies, que la notion d'origine est amalgamée au Commencement. Or, ce même amalgame entre une origine (le comment) et un commencement (le pourquoi) existe encore dans tous les dictionnaires de 2011 et dans certain domaine comme la philosophie ou l'histoire par exemple.
L'origine
L'origine n'a ni commencement, ni fin. Elle est éternelle en tout point de l'espace et du temps infinis.
Naturalisme immanent
Les naturalistes immanents (Aristote, les Aristotéliciens, les savants et philosophes immanentistes du XV et XVI) comprennent la notion de l'origine. Mais ils refusent que le mécanisme du monde se mouve de lui-même tout seul. Dès lors, ils ont besoin d'une transcendance, c'est-à-dire d'un commencement pour expliquer le premier mouvement du monde comme un horloger qui lance le pendule. Cependant, ce sont les monistes immanentistes bien que divisés en atomiste, empiriste et irréligieux, s'opposant ainsi aux dualistes (Descartes), qui vont ouvrir la voix de l'origine des choses, aux matérialismes du XVIII et à la révolution scientifique à la fin du XVIII et au XIX.
Matérialisme et science
Ainsi, la philosophie matérialiste par l'étude du sensible et du monde réel, c'est-à-dire par l'intermédiaire de quantification et d'abstraction (classification) des phénomènes, va et passe à la science, une qualification et une concrétisation de l'origine des choses. La formation du monde dans les sciences comme en philosophies matérialistes passe par l'étude des origines des choses, c'est-à-dire par l'explication de ces choses par des phénomènes réels du monde réel.
Sources
Généralité
- Pascal Charbonnat, Quand les sciences dialoguent avec la métaphysique, éd Vuibert, 2010.
Sur le commencement des choses
- Trinh Xuan Thuan, Origines: Nostalgie du commencement, Éditions Gallimard, 544p, 2006
Sur l'origine des choses
- Pascal Charbonnat, Guillaume Lecointre (préface), Histoire des philosophies matérialistes, éditions Syllepse, 2007, 650p.
Autres
- Ghenadie RADU, L'origine des marchandises : un élément controversé des échanges commerciaux internationaux, Faculté de droit, Centre d’études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes (CESICE) Thèse en ligne ; Université Pierre Mendes-France, juin 2007, PDF, 411 pages
Notes
- retranscrit exactement de Pascal Charbonnat, 2007, p37
- Pascal Charbonnat, 2007, p39
Catégories :- Philosophie matérialiste
- Causalité
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