- Onésime Delafond
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Henri-Mamert-Onésime Delafond, né le 14 février 1805 (24 pluviôse an XIII) à Saint-Amand (Nièvre) et mort le 15 novembre 1861, est un vétérinaire français, professeur à l'École d'Alfort.
Sommaire
Biographie
Né le 13 février 1805 à Saint-Amand en Puisaye (58310), il épouse en 1840 Marguerite Caroline Tonnelier dont il aura une fille Cécile Delafond qui épouse le médecin Jules Henri LEY. D’une famille de cultivateurs, Delafond est reçu élève de l’École vétérinaire d’Alfort en octobre 1823, où il reste 4 ans avant de retourner dans son pays natal. Il aspire à l’enseignement, et il se retrouve associé à son ancien professeur, Alexis-Casimir Dupuy (1774-1849), qui le soutient. Une place de chef de service étant vacante en 1828, il se présente et obtient l’emploi. Il continue alors d’étudier, toujours avec le soutien et l’influence de Dupuy, qui traite beaucoup de l’anatomie pathologique.
Delafond se penche sur les maladies de l’appareil respiratoire ; il s’inspire des travaux de Laennec sur l’auscultation afin d’établir le diagnostic des maladies ; il propose un mémoire sur l’exploration des organes de la poitrine des animaux, un autre sur le croup des différents animaux domestiques, et réalise ainsi des progrès considérable en médecine vétérinaire, si bien qu’on l’engage à prendre une part active dans la collaboration au Recueil de médecine vétérinaire (qui paraît à partir de 1824).
En 1833, il prend la place de professeur de pathologie, de thérapeutique et de police sanitaire ; alors, voyant l’absence flagrante de livres classiques à destination des élèves, il produit quatre ouvrages de synthèse et de recherche (Traité de police sanitaire, Traité de thérapeutique, Traité de pathologie générale, Traité de matière médicale).
Analysant les maladies contagieuses du bétail, en particulier le sang-de-rate (charbon) et la péripneumonie contagieuse, il propose un Traité de la maladie de sang des bêtes ovines et bovines, ainsi qu’un Traité de la maladie de poitrine du gros bétail, très complet et très sérieux, plein d’exactitude, étudiant le mode de propagation au niveau international. Pendant encore de longues années, il s’intéresse surtout à la gale des animaux domestiques (en 1857, avec le docteur Bourguignon, il donne un Traité pratique d’entomologie et de pathologie comparées de la psore des hommes et des animaux domestiques). Il est membre correspondant de la Société royale et centrale d’Agriculture, associé honoraire de la Société vétérinaire de Londres.
Il faut encore citer de lui les études sur le rendement du gros bétail primé dans les concours de boucherie, un mémoire sur l’emploi du sel dans l’économie des animaux, un mémoire sur l’élève et l’engraissement des veaux dans le Gâtinais, etc. En 1860, Delafond est nommé directeur d’Alfort, en remplacement de Renault (directeur depuis 1839), mais sa santé est alors déjà chancelante depuis quelques années ; il meurt à la fin de 1861, à 56 ans.
René Valléry-Radot, dans sa "Vie de Pasteur" (Ed. L'Harmattan, 2009,pp.372, 395-396) décrit ainsi les travaux d'O. Delafond : "Bien qu'un professeur d'Ecole d'Alfort, M. Delafond montrât à ses élèves dès l'année 1838 qu'il y avait dans le sang charbonneux des petits bâtonnets, comme il les appelait, ce n'était alors pour lui et ses élèves qu'une sorte de curiosité sans importance scientifique.... Trente six années auparavant le savant vétérinaire Delafond avait été chargé de rechercher en Beauce particulièrement, les causes de la maladie charbonneuse. Bouley qui était grand liseur, disait qu'il n'y avait pas de contraste plus instructif que celui que l'on pouvait voir entre la méthode de raisonnement suivie par Delafond, et la méthode expérimentale pratiquée par Pasteur. C'était en 1842 que Delafond avait reçu de l'autorité de M. Cunin-Gridaine, ministre de l'Agriculture, la mission "d'aller étudier cette maladie sur les lieux où elle sévissait, d'en rechercher les causes et d'examiner particulièrement si ces causes ne résidaient pas dans le mode de culture usité dans le pays". Delafond arrive en Beauce. Il voit que le mal frappe les moutons les plus forts..... Pour être juste à l'égard de Delafond, Bouley aurait dû rappeler d'autres recherches. Il pouvait indiquer, comme le reconnut un professeur à l'Ecole d'Alfort, M. Nocard, que Delafond en 1861, préoccupé de l'étiologie du charbon, avait recueilli du sang charbonneux et tenté à une époque où l'on ne songeait guère à ce genre d'expériences, quelques essais sur le développement de la bactéridie, dans des verres de montre, à la température habituelle du corps. Il avait vu des petits bâtonnets grandir et devenir filaments. Il les comparaît à un "mycélium très remarquable". J'ai vainement cherché, ajoutait Delafond, à voir le mécanisme de fructification, ce à quoi j'espère arriver. La mort frappa Delafond avant qu'il put achever son travail."
Ses expériences de 1860 sur la bactérie du charbon ont fait dire à Martial Villemin : « Quinze ans avant Robert Koch, c'est bien là la première culture bactérienne vraie qui ait jamais été tentée, étudiée et réussie[1]. »
Onésime Delafond est décoré de la Légion d'Honneur en avril 1845, nommé directeur de l'Ecole d'Alfort en 1860, succédant à Renault (directeur depuis 1839) mais sa santé est déjà chancelante et il meurt à Alfort le 15 décembre 1861.
Publications
- Traité sur la police sanitaire des animaux domestiques…, Paris : chez Béchet jeune, 1838, in-8°, 813 p.
- Traité de pathologie et de thérapeutique générales vétérinaires, Paris : chez Béchet jeune, 1838, in-8° ; Paris : Labé, 1843, 2 vol. in-8° ; Traité de pathologie générale comparée des animaux domestiques, Paris : Labé, 1855, in-8°, X-724 p.
- Instruction sur la pleuro-pneumonie ou péripneumonie contagieuse des bêtes bovines de la vallée de Bray (Seine-Inférieure), Paris : Impr. administrative de Paul Dupont et Cie, 1840, in-8°, 46 p.
- Instruction sur les causes, les symptômes, les altérations de la péripneumonie du gros bétail du département du Jura, les moyens de guérir et de prévenir cette maladie, Lons-le-Saunier : Impr. de F. Gauthier, [1841], in-8°, 40 p.
- avec Jean-Louis Lasseigne, Traité de l’histoire naturelle et médicale des substances employées dans la médecine des animaux, suivi d’un traité de pharmacie vétérinaire, suivi d'un Traité élémentaire de pharmacie vétérinaire théorique et pratique, Paris : Béchet jeune et Labé, 1841, in-8°, XXVII-628 p., 8 f. ; 2e éd., Paris : Labé, 1853, in-8°, XXIV-815 p.
- Traité de matière médicale
- Traité de la maladie de sang des bêtes ovines et bovines
- Traité de la maladie de poitrine du gros bétail
- Recherches sur l’élève et l’engraissement des veaux dans le Gâtinais, les maladies des veaux d’engrais et les moyens de les prévenir et de les guérir, Paris : Impr. de F. Locquin, 1844, in-8°, 40 p.
- Traité sur la maladie de poitrine du gros bétail, connue sous le nom de péripneumonie contagieuse, Paris : Labé, 1844, in-8°, XV-319 p.
- Traité sur la maladie de sang des bêtes bovines, suivi de l’étude comparée de cette affection avec l’entérité suraiguë et la fièvre charbonneuse, Paris : Labé, 1848, in-8°, 316 p.
- Progrès agricole et amélioration du gros bétail de la Nièvre…, Paris : Labé, 1849, in-8°, 240 p.
- Sur l'emploi du sel marin dans l'économie des animaux domestiques, Paris : Impr. de Ve Bouchard-Huzard, Société nationale et centrale d’agriculture, 1850, in-8°, 26 p.
- avec le docteur Bourguignon, Traité pratique d’entomologie et de pathologie comparées de la psore des hommes et des animaux domestiques, 1857
Bibliographie et Sources
- M. Reynal, « Notice biographique sur Henri-Mamert-Onézime Delafond », Mémoires de la Société impériale et centrale de l’agriculture de France, 1865, p. 97-108
- (en)[PDF]Jean Théodoridès, « Casimir Davaine (1812-1882) a precursor of Pasteur », Med Hist. 1966 Apr;10(2):155-65
- Florian Reynaud, Les bêtes à cornes (ou l'élevage bovin) dans la littérature agronomique de 1700 à 1850, Caen, thèse de doctorat en histoire, 2009, annexe 2 (publications) et annexe 22 (biographie)
Références
- Cité par Philippe Decourt, Les vérités indésirables, Paris, 1989, p. 198.
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- Naissance dans la Nièvre
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