- Mnémotechnique
-
La mnémotechnique est l’ensemble des méthodes permettant de mémoriser par association d’idées, chacune d’elles étant appelée mnémonique. Pour se faire une idée des possibilités, le lecteur peut parcourir une liste de mnémoniques.
Les mnémoniques sont souvent verbales, par exemple de courts poèmes ou des mots sans signification particulière, lesquels permettent surtout de se rappeler les listes. Elles complémentent la répétition en favorisant les associations d'idées entre les concepts à l'aide de constructions faciles à mémoriser, soit parce qu'elles sont absurdes, soit parce qu'elles sont familières. Ces techniques s'appuient sur le fait qu'une personne a plus de facilité à se souvenir de données rattachées à l'espace (exemple, un triangle), à sa personne (ex., date anniversaire) ou à toute autre information significative. Dans toutes les constructions servant de mnémonique, il faut qu'un sens se dégage, sinon l'information est difficile à mémoriser.
L'hypothèse principale qui sous-tend la méthode est qu'il existe deux types de mémoires chez l'humain : la mémoire « naturelle » et l'« artificielle ». La première est innée et est utilisée sur une base quotidienne. La deuxième s'obtient par un entraînement régulier à l'apprentissage et en pratiquant différentes méthodes mnémotechniques. Cette dernière permet de réaliser des exploits surprenants, ce qui n'est pas le cas avec la première.[réf. nécessaire]
Sommaire
Étymologie
Le mot « mnémonique » provient du mot grec ancien μνημονικός / mnêmonikós (« de mémoire ») et rappelle Mnémosyne, la mère des Muses de la mythologie grecque. Ces deux mots font référence à μνήμη / mnếmê (« souvenir »)[1]. La première référence connue à un mnémonique est l'Art de mémoire décrite dans De Oratore par Cicéron.
Méthodes
Il semble que la mnémotechnie ait été fortement développée au XIXe siècle. Actuellement tombée en désuétude, on ne trouve guère que des gadgets la concernant même sur internet.[réf. nécessaire] Elle était alors orientée vers la mémoire des nombres qui sont les plus difficiles à retenir dans la vie courante.
Son principe était d'associer une suite de mots à une suite de nombres selon le principe suivant : dans un mot on ne comptait que les consonnes en tête de syllabes. Par suite des mots tels que OUI, ou AYANT, ne comptent pas. Et au contraire par exemple dans le mot « MATHEMATIQUE » sont prises en compte les consonnes M,T,M,T,Q dans cet ordre.
Ensuite les consonnes étaient associées comme elles le sont en Sténographie en fonction de leur prononciation : chaque consonne dure est confondue avec sa consonne douce associée. C'est ainsi que la consonne dure P était confondue avec sa consonne douce associée B, T avec D, N avec Gn, L avec LL, Ch avec J, Q avec Gu ou K ou C dur comme dans Cas, F avec V et enfin S dur avec Z doux.
Les correspondances entre les nombres et ces consonnes avaient été calculés en fonction de leurs fréquences respectives. Par exemple le son S ou Z très fréquent correspondait au 0 lui aussi très fréquent dans les nombres. On était ainsi arrivé à la répartition suivante:
D,T correspondait au chiffre 1
N,Gn correspondait au chiffre 2
M correspondait au chiffre 3
R correspondait au chiffre 4
L,LL correspondait au chiffre 5
Ch,J correspondait au chiffre 6
Q,K,Gu,C dur correspondait au chiffre 7
F,V correspondait au chiffre 8
P,B correspondait au chiffre 9
S,SS,Z,ç correspondait au chiffre 0
Il est intéressant de remarquer que cette méthode mnémotechnique est utilisable dans les deux sens.
Méthode directe : Si on a un nombre donné à retenir il faut le coder comme on vient de le voir. Par exemple soit à coder la fondation de Rome en 752 avant JC. Ces chiffres correspondent à la suite de consonnes K,L,N qui se trouve dans caline, colline, colonel, .... Parmi ces noms on prend celui qui est le plus associé à Rome. Par exemple il suffira de retenir que Rome est batie entre sept COLLINES pour avoir sa date de fondation.
Méthode inverse : Soit à choisir un nombre compliqué pour un code par exemple. On l'associe à une phrase classique. Par exemple " La cigale ayant chanté tout l'été" donnera le nombre 507561151.
Cette méthode eut un grand succès autrefois. Grâce à elle, Avogadro — par exemple — connaissait, paraît-il, les hauteurs de tous les sommets alors connus. Il existait même des ouvrages donnant les codages de tous les noms de la langue française.[réf. souhaitée]
Autres méthodes
Aujourd'hui, plus prosaïquement, on considère qu'une méthode mnémonique est l'une des méthodes qui aident la mémoire à créer des associations entre des concepts. Les rimes en poésie sont utilisées depuis la nuit des temps. Pour se souvenir d'items dans un ordre précis, la méthode des lieux est particulièrement utile. Elle peut aussi s'utiliser pour se souvenir d'items dans un ordre quelconque, en plaçant des images émotivement chargées en surimpression d'images de lieux bien connus et dont le parcours est familier. Le code chiffres-sons remplace les nombres par des séquences de mots ou d'images.
D'autres méthodes pour se souvenir de nombres arbitraires ou de séquences de nombres font appel à des systèmes numérologiques, tel l'abjad, où chaque chiffre est représenté par une syllabe.
Toutes ces méthodes peuvent faire appel à une méthode de substitution des mots, laquelle remplace un concept abstrait par un mot émotivement chargé. Par exemple, il n'y a pas d'image naturelle que l'on peut associer à l'élément chimique bore. Par contre, on pourrait lui associer un terme qui se prononce presque identiquement : « bord ». Lorsqu'on cherche à se souvenir du nom de l'élément chimique, il suffit de penser d'être au bord de l'eau par exemple.
Il semble que toutes ces méthodes activent le cortex visuel[réf. nécessaire]. Par exemple, un nombre est souvent représenté par une image, ce qui facilite le processus du souvenir. Ces méthodes sont plus efficaces en conjonction avec des méthodes actives d'apprentissage. Il ne suffit pas, par exemple, de regarder une carte heuristique, il faut aussi la reconstruire à l'intérieur de soi. Ces méthodes prennent avantage de la mémoire qui tend à organiser l'information emmagasinée. La concentration et la répétition sont encore nécessaires, mais de façon moins prononcée.
Système de rimes numériques
Ceci est un exemple de la méthode des piquets. Il est utile pour se souvenir des listes ordonnées, spécialement pour les personnes dites auditives. La liste qui suit est figée. On compare la rime du chiffre et le nom du chiffre (un/huns, deux/feu, ainsi de suite). Les nombres dont on veut se souvenir sont associés à chaque mot. Il est possible de combiner ce système à l'abjad pour se souvenir de nombres plus grands que dix.
- Huns
- Feu
- Bavarois (pâtisserie)
- Âtre (d'un foyer)
- Sphinx
- Coccyx
- Poussette
- Truite
- Œuf
- Disque
Cette liste peut être allongée à volonté.
Système de nombres en forme
C'est une autre méthode qui s'appuie sur la méthode des piquets, elle est mieux adaptée aux personnes dites visuelles (un ressemble à une chandelle, deux ressemble à un cygne, etc.)
- Chandelle, lance
- Cygne
- Seins
- Voile
- Esse
- Bâton de golf
- Falaise
- Sablier
- Drapeau
- Une chandelle à côté d'un œuf
Cette liste peut être allongée à volonté.
Mnémoniques visuels
Les mnémoniques visuels sont très populaires en médecine et autres champs demandant beaucoup d'apprentissage par cœur. Cette méthode demande de créer une image qui dépeint un caractère ou un objet dont le nom ressemble à celui de l'item à mémoriser. Cet objet interagit alors avec d'autres objets ainsi créés, l'ensemble formant ainsi l'information à retenir.
Caractère arbitraire
Une caractéristique curieuse de plusieurs mnémotechniques est qu’elles fonctionnent, bien qu’elles soient illogiques, bizarres ou esthétiquement tordues. Une association inusitée peut mieux marquer la mémoire qu’une association logique.
Par contre, le regroupement de l’information enlève en partie l’aspect arbitraire d’une mnémotechnique. Par exemple, les numéros de téléphone à 10 chiffres en Amérique du Nord sont regroupés en trois groupes, ce qui facilite leur mémorisation. Différentes études ont démontré que le cerveau peut seulement se souvenir d’un nombre limité d’items (fait exploité en cognitivisme). Le regroupement en paquets permet au cerveau de se souvenir de plus d’informations.
En langage assembleur
En langage assembleur, un opcode, composé de chiffres, indique une opération à effectuer. Programmer en langage binaire est un exercice difficile, car il faut saisir un nombre pour chaque opération à effectuer et le programmeur doit consulter un tableau de correspondance s'il ne se souvient pas de l'opcode. Cette recherche prend du temps et une saisie mal faite introduit un bogue.
En conséquence, un ensemble de mnémoniques fut créé. Chaque opcode est représenté par un mot composé de 1 à 5 lettres. Par exemple, il suffit de saisir « add » plutôt que l'opcode qui correspond à l'addition. Le rappel de ces mots est nettement plus facile que celui des opcodes.
Ce type de mnémonique diffère des autres, car il ne facilite pas le rappel des nombres, il élimine le besoin de s'en souvenir, tout simplement.
Notes et références
- (en) H. G. Liddell et R. Scott, Intermediate Greek-English Lexicon, Oxford University Press, Oxford, 1889. ISBN 0-19-910206-6
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Wikimedia Foundation. 2010.