Metaphorologie

Metaphorologie

Métaphorologie

La métaphorologie est l'étude de la métaphore.

Les recherches actuelles de métaphorologie peuvent se classer selon la prise de position épistémologique à partir de laquelle l'objet de savoir « métaphore » est construit par le métaphorologue.

De manière générale, il existe trois manières d’envisager l'élaboration de l’objet de savoir « métaphore » :

Sommaire

Première attitude épistémologique

Il s'agit d'une attitude de méfiance : dans ce cas, le métaphorologue récuse tout projet de métaphorologie. Pour aboutir à ses fins, il peut utiliser deux types d’arguments :

  • argument logique : il ne serait pas possible de définir ce qu’est la métaphore sans y inclure des métaphores. En conséquence toute définition de la métaphore serait tautologique. Jacques Derrida, après avoir analysé les définitions classiques de la métaphore, affirme que « le défini est donc impliqué dans le définissant de la définition » (Derrida, 1971,274). Paul Ricœur donnera un nom à ce problème : « le paradoxe de l’auto-implication de la métaphore » : « il n’y a pas de discours sur la métaphore qui ne se dise dans un réseau conceptuel lui-même engendré métaphoriquement. Il n’y a pas de lieu non métaphorique d’où l’on aperçoive l’ordre et la clôture du champ métaphorique. La métaphore se dit métaphoriquement » (Ricœur,1975,213). Derrida, contrairement à Ricœur par ailleurs, en conclura qu’ « au lieu de risquer ici des prolégomènes à quelque métaphorique future, essayons plutôt de reconnaître en son principe la condition d’impossibilité d’un tel projet » (Derrida, 261).
  • argument métaphysique : la métaphore ici comporte de l’innommable, de l’Indéterminé. Prenons pour exemple Cornelius Castoriadis, avec sa métaphysique de l’imaginaire radical. Ce dernier envisagera la métaphore comme « quelque chose » dont on ne peut, par définition, rien savoir : « par définition, son ‘mode d’être’ est un mode de non-être » (Castoriadis, 1975, 213).

La conséquence de cette attitude de méfiance est que l’objet de savoir « métaphore » se désagrège. La métaphore ici est un savon mouillé ne cessant de glisser des mains du métaphorologue  : aucune recherche scientifique n’est donc possible en la matière.

Seconde attitude épistémologique

Cette, attitude, plus positive dans sa démarche et la plus fréquente à l’heure actuelle, consiste à affirmer qu’une définition (ou un ensemble fini de définitions) de la métaphore élaborée par soi ou par un tiers doit être privilégiée aux dépens de toutes les autres définitions existant sur le marché.

Ce positionnement épistémologique entraîne (a) un cloisonnement disciplinaire et (b) intra-disciplinaire :

(a) Prenons pour exemple le peu de discussions, d’échanges ou de partenariat entre la stylistique et l’épistémologie au sujet de la métaphore.

(b) Par exemple, le peu de contacts au sein de la psychologie entre les tenants d’une conception cognitive de la métaphore et les tenants d’une conception psychanalytique.

Dernière attitude épistémologique

Elle consiste à affirmer qu’il est aussi vain d’interdire la recherche scientifique au sujet de la métaphore que d’isoler une ou plusieurs définitions et de les généraliser (opération vaine car prenant la partie pour le tout). L’attitude de Prandi (2002,7) est à ce point de vue exemplaire : « il s’avère impossible de donner une définition de la métaphore qui soit à la fois générale et exhaustive –qui s’applique à toutes les métaphores et explicite en même temps les propriétés qualifiantes de chacune. Ce qui arrive en fait, c’est que plusieurs définitions de la métaphore, assez hétérogènes pour être incompatibles, sont chacune appuyées par quelques-unes des données, alors même qu’aucune n’est adéquate pour la généralité des métaphores ». D’où son idée audacieuse d’élaborer une typologie.

La différence majeure entre la seconde attitude (définitionnelle) et l’attitude typologique qui sera la mienne est que la première a une ambition de généralisation tandis que la seconde a une ambition de caractérisation. L’objectif de la démarche typologique est double : (1) élaborer une sorte de carte du possible des traits distinctifs entre métaphores, (2) tracer des parcours singuliers sur la carte élaborée. Une sorte de passeport de chaque occurrence métaphorique sera ainsi élaboré.


Résumé des trois attitudes épistémologiques

  1. Attitude de méfiance : le contenu de la métaphorologie tient en une phrase négative : « il n’y a pas de métaphorologie théorique acceptable, et, en conséquence, il n’y a pas de métaphorologie appliquée acceptable non plus». Le point de vue adopté est négativiste.
  2. Attitude définitionnelle : le contenu de la métaphorologie théorique correspond à une définition (ou un ensemble fini de définitions) isolée(s) des autres. Le contenu de la métaphorologie appliquée correspond à une recherche sur la présence des métaphores (uniquement celles qui correspondent à la définition donnée) dans un discours. Le point de vue adopté est disciplinaire ou interdisciplinaire.
  3. Attitude typologique : le contenu de la métaphorologie théorique est une grille (non clôturée) composée de questions et de réponses possibles à ces questions. Le point de vue adopté est transdisciplinaire.

Certains métaphorologues estiment qu’un mot (« métaphore ») et sa définition peuvent servir à étiqueter la diversité des occurrences métaphoriques. Ce que ces métaphorologues effectuent — sans forcément s’en rendre compte —, c’est une élimination de toutes les essentielles caractéristiques distinctives de chaque occurrence métaphorique. La question serait donc : existe-t-il une chose telle que LA métaphore ?

Articles connexes

Liens externes


Ce document provient de « M%C3%A9taphorologie ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Metaphorologie de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Métaphorologie — La métaphorologie est l étude de la métaphore. Les recherches actuelles de métaphorologie peuvent se classer selon la prise de position épistémologique à partir de laquelle l objet de savoir « métaphore » est construit par le… …   Wikipédia en Français

  • Absolute Metapher — Der Begriff absolute Metapher wurde von dem deutschen Philosophen Hans Blumenberg im Zusammenhang mit seiner Mitarbeit an Joachim Ritters Projekt einer Begriffsgeschichte geprägt. Er bezeichnet eine Metapher, die sich gegenüber dem von ihr… …   Deutsch Wikipedia

  • Hans Blumenberg — (* 13. Juli 1920 in Lübeck; † 28. März 1996 in Altenberge bei Münster) war ein deutscher Philosoph, der viel zu philosophiegeschichtlichen Themenkomplexen beitrug. Inhaltsverzeichnis 1 Leben 2 Werk 3 Re …   Deutsch Wikipedia

  • Metaffer — Die Metapher (griechisch μεταφορά „Übertragung“, von metà phérein „anderswohin tragen“) ist eine rhetorische Figur, bei der ein Wort nicht in seiner wörtlichen, sondern in einer übertragenen Bedeutung gebraucht wird, und zwar so, dass zwischen… …   Deutsch Wikipedia

  • Metaphorik — Die Metapher (griechisch μεταφορά „Übertragung“, von metà phérein „anderswohin tragen“) ist eine rhetorische Figur, bei der ein Wort nicht in seiner wörtlichen, sondern in einer übertragenen Bedeutung gebraucht wird, und zwar so, dass zwischen… …   Deutsch Wikipedia

  • Metaphorisch — Die Metapher (griechisch μεταφορά „Übertragung“, von metà phérein „anderswohin tragen“) ist eine rhetorische Figur, bei der ein Wort nicht in seiner wörtlichen, sondern in einer übertragenen Bedeutung gebraucht wird, und zwar so, dass zwischen… …   Deutsch Wikipedia

  • Metapher — Die Metapher (vom griechischen μεταφορά, wörtlich „Übertragung“ von meta phorein „übertragen, übersetzen, transportieren“) ist eine rhetorische Figur, bei der ein Wort nicht in seiner wörtlichen, sondern in einer übertragenen Bedeutung gebraucht… …   Deutsch Wikipedia

  • Blumenberg — Hans Blumenberg Hans Blumenberg était un philosophe allemand catholique (d origine juive) né en 1920 et décédé en 1996. Il est notamment connu pour voir critiqué ce qu il appelle le « théorème de la sécularisation », sa cible principale …   Wikipédia en Français

  • Hans Blumenberg — était un philosophe allemand catholique (d origine juive) né en 1920 et décédé en 1996. Il est notamment connu pour avoir critiqué ce qu il appelle le « théorème de la sécularisation », sa cible principale étant Carl Schmitt. Ledit… …   Wikipédia en Français

  • Hans Blumenberg — was born on July 13, 1920 in Lübeck, Germany. He studied philosophy, Germanistics and classics (1939 47, interrupted by World War II) and is considered to be one of the most important German philosophers of recent decades. He died on March 28,… …   Wikipedia

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”