L'affaire d'Amityville

L'affaire d'Amityville

Affaire d'Amityville

40°39′59.5″N 73°24′53.25″O / 40.666528, -73.4147917

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Amityville.
La maison du 112 Ocean Avenue à Amityville, en décembre 2005

L’affaire d'Amityville est un ensemble d'événements survenus entre 1974 et 1976 et ayant pour théâtre une demeure située au 112 Ocean Avenue, dans la petite ville côtière d'Amityville, sur Long Island, au nord de New York, États-Unis. Dans la nuit du jeudi 14 novembre 1974, Ronald Junior, fils aîné de la famille DeFeo, y assassina au fusil ses parents et ses frères et sœurs pendant leur sommeil.

Suite au rachat de la maison en 1975 par une autre famille, les Lutz, le lieu et son histoire tragique furent l'objet de nombreuses spéculations et assertions d'ordre paranormal (quant à des phénomènes de hantise, de possession démoniaque). Cette partie de l'affaire, postérieure aux faits, inspira une série de livres et de films d'horreur américains. Le premier de ceux-ci, le livre Amityville : La maison du diable[1] de Jay Anson, fut très tôt critiqué quant à ses motivations, son prétendu sérieux et son style sensationnaliste.

Après de nombreuses années de controverse, il fut démontré que les évènements postérieurs à la mort des DeFeo furent très largement exagérés à des fins promotionnelles médiatiques. Il est aujourd'hui admis que l'affaire d'Amityville, outre le sextuple meurtre de la famille DeFeo, ne fut qu'une simple manipulation médiatique dont Jay Anson et la famille Lutz ont été les principaux acteurs.

Sommaire

La maison

La maison est située dans les quartiers aisés d'Amityville, au 112 Ocean Avenue. Elle fut édifiée en 1925 sur trois étages dans un pur style colonial. Après les événements (mais probablement après la diffusion du film), les curieux se plaisaient à décrire deux lucarnes du dernier étage comme les yeux du Diable.

De nombreux mythes particulièrement fantaisistes ont été conçus postérieurement pour justifier les « événements » décrits par la famille Lutz et Jay Anson. Parmi ces récits, dont l'invraisemblance a été démontrée, on peut citer l'histoire d'un certain John Ketchum qui, chassé de Salem vers la fin de l'an 1600 pour sorcellerie, aurait vécu à l'endroit même où a été érigée la maison. D'autres récits préfèrent voir Amityville comme le site d'un ancien cimetière indien. Ces récits sont très empreints de la mythologie fantastique américaine, et n'ont bien sûr aucun fondement historique ou géographique.

Les faits-divers originaux

Les DeFeo (1965-1974)

En 1965, la famille DeFeo s’y installe. Le père, Ronald DeFeo Sr., était directeur général de La Brigante-Karl Buick Concession à Brooklyn. Il était marié à Louise Brigante et ils avaient cinq enfants : Ronald Jr., 23 ans, Dawn, 18 ans, Allison, 13 ans, Mark, 12 ans et John 7 ans.

Les meurtres

Le mercredi 13 novembre 1974, à 3 h 15 du matin, Ronald DeFeo Jr. prend son fusil cal. 35 et assassine son père, sa mère, ses deux frères et ses deux sœurs pendant qu'ils dormaient dans leurs lits respectifs.

Le constat de la police

Le 13 novembre 1974, à 18 h 35, la police reçut un appel téléphonique d'un certain Joey Yeswit. Ce dernier les appela pour leur signaler qu’un jeune homme était passé dans un bar pour leur signaler que toute sa famille avait été tuée, qu’il s’était rendu sur les lieux avec le jeune homme et plusieurs autres personnes et qu’ils y avaient en effet découvert les cadavres de toute la famille. Dix minutes plus tard, la police arriva sur les lieux et y découvrit le meurtre de toute la famille DeFeo.

Ronald DeFeo Jr. affirmera avoir passé la nuit chez ses parents, mais ne pouvant s’endormir, il partit vers 4 heures du matin pour travailler. Il aurait passé la journée à travailler, et, ayant essayé plusieurs fois de contacter ses parents par téléphone, décida d’aller les voir en fin de journée et y découvrit le massacre. Au fur et à mesure des interrogatoires, les doutes des policiers et les contradictions du fils aîné amenèrent les inspecteurs à le considérer comme suspect. Finalement après plusieurs heures d’interrogatoire, Ronald DeFeo Jr. avoua "le" crime.

Le procès

L'audition préliminaire eut lieu le 22 septembre 1975, on plaida la folie pour Ronald DeFeo Jr.. Ce dernier prétendit que c'était le diable, des voix lui auraient dit : « capture-les, tue-les », mais Ronald DeFeo Jr. fut condamné à six peines consécutives d'emprisonnement de vingt-cinq ans à la prison spéciale de Danemorra. L’affaire fut classée par les scientifiques qui refusèrent d’y voir autre chose qu’une folie meurtrière.

Quand il se retrouva derrière les barreaux, la maison familiale fut mise en vente. Mais étant « tachée de sang », elle resta inoccupée pendant plusieurs mois malgré son prix attractif de 80 000 dollars.

Événements fondateurs du mythe

Les Lutz (1975-1976)

Malgré le passé macabre de la grande demeure, une nouvelle famille, les Lutz, y emménagent le 18 décembre 1975. George Lutz, 28 ans, propriétaire d'une compagnie de géomètres qui bat de l'aile, visite la propriété avec sa femme Kathleen. Ils viennent de se marier et ont trois enfants d'un premier mariage. Ils croient avoir trouvé la maison de leurs rêves et s'en portent acquéreurs.

Premier événement

Une de leurs premières actions est de demander à un prêtre, le Père Ralph Pecoraro, de venir bénir la maison. Au cours de la bénédiction, le prêtre dit entendre une voix, forte, semblant venir de nulle part, lui disant simplement : « Va-t-en ! ».

« La maison du Diable »

À l'arrivée de la famille, la pièce des « croque-morts » était restée intacte et rien n'avait été enlevé de la salle. Selon les témoignages des Lutz, nombre de phénomènes inexpliqués suivirent ensuite. La famille constate d’énormes variations de température, la présence de l’odeur écœurante d’un vieux parfum, la formation de taches noires sur les sanitaires et l’apparition de nuées de mouches malgré la saison hivernale. Les Lutz arrivèrent rapidement à la conclusion que la maison de leurs rêves était en fait un endroit cauchemardesque.

Ce qui se passa lors de la dernière nuit des Lutz dans la maison reste flou ; toujours est-il qu'ils s'enfuirent de la maison en pleine nuit, laissant meubles et biens à l'intérieur.

Histoire postérieure de la maison

Depuis lors, la maison est passée entre de nombreuses mains et aucun des propriétaires qui l'ont achetée après les Lutz n'a jamais signalé une quelconque manifestation anormale. Un grand nombre des phénomènes décrits ont trouvé une explication banale. De nombreuses contradictions et déformations dans les propres propos de la famille Lutz jettent par ailleurs un voile de discrédit sur leur récit.

La ville d'Amityville ne fait aucune publicité sur ce que la population continue de considérer comme un vieux fait divers monté en épingle par une presse avide de sensations. Amityville n'a jamais fait l'objet de recherches parapsychologiques, et les enquêtes effectuées aboutissent toutes à la fraude ou à la perplexité.

Transposition de l'affaire dans la fiction

Les Lutz se retrouvèrent associés avec l'écrivain Jay Anson pour raconter leur cauchemar dans un livre qui devint un best-seller publié sous le titre original de : The Amityville Horror - A True Story en 1977. Bien que sous-titré « histoire authentique », il fut la risée des spécialistes. Les parapsychologues soulignèrent incohérence et distorsions.

Stuart Rosenberg s'inspira également de cette histoire afin de réaliser le film en 1979. Il accomplit un rare exploit artistique avec le film Amityville, la maison du diable : montrer un spectacle d'horreur avec du matériel quotidien. La maison d'Amityville (reproduite telle quelle, spécialement pour le tournage de ce film) se transforme lentement, intensément, en une demeure menaçante.

Rumeurs et « légendes urbaines »

L'origine ou la véracité des anecdotes suivantes restent très sujettes à caution. L'intérêt de leur reproduction dans ces lignes réside essentiellement dans l'illustration de la relative importance de ce fait divers dans l'imaginaire populaire nord-américain et de l'efficacité de la machine médiatique associée.

Relatives aux films

Anecdote macabre qui participa à la promotion du film (ce qui ne préjuge pas de sa véracité), le réalisateur, qui désirait faire apparaître le Diable, engagea une personne pour qu'elle en fasse la voix. Cette personne décéda pendant le tournage, comme la seconde qu'il engagera pour la remplacer, ce qui le décidera à faire la voix par ordinateur.

Le tournage du remake de 2005 fut aussi, selon la production, le théâtre d'évènements étranges : des lumières s'éteignaient et se rallumaient à plusieurs reprises au milieu de la nuit, sans raison apparente, des objets disparaissaient ou tombaient sans raison. La promotion du film ne manqua pas de jouer sur ces prétendus anecdotes, de même sur le fait que la véritable Kathleen Lutz décéda à 59 ans lors de la deuxième semaine de tournage du film.

Relatives à la maison

Les rumeurs suivantes ne sont, elles non plus, pas sourcées ni/ou démontrables :

  • Mme Riley, propriétaire avant les Defeo, aurait dit durant sa dernière nuit passée dans la maison : « Si elle ne m’a pas eu ce soir, elle ne m’aura jamais ».
  • Toute une équipe de télévision aurait eu des problèmes techniques et de maladie.
  • En 1997, un homme demeurant dans la maison aurait tenté de tuer sa femme. Il se souvenait juste d’avoir vu un « spectre horrible ».
  • Une famille a fait construire une réplique exacte de la maison et y vivrait des phénomènes paranormaux.
  • Ronald Defeo Senior aurait fait exorciser son fils adorateur de Satan juste avant les meurtres.
  • Une mère infanticide d’Amityville a accusé des démons de ses actes.
  • En touchant la poignée de porte du 112 Ocean Avenue, une personne serait tombée dans le coma pendant deux mois, combattant la maison dans cet état de suspension.
  • Tous les habitants après les Lutz auraient été satanistes, donc immunisés contre les esprits malfaisants.
  • Toute personne désirant acquérir la maison se verrait obligée de signer un papier selon lequel ils ne parleraient jamais d’aucun phénomène paranormal (expliquant pourquoi aucun phénomène n’a été rapporté depuis le départ des Lutz).
  • Durant une soirée chez les Cromarty (habitant la maison entre 1979 et 1987), l’un des invités a demandé ce qu’ils pensaient du livre de Jay Anson. Une fenêtre au premier étage se serait fermée toute seule, la maison manifestant ainsi son mécontentement.

Notes et références

  1. (en) The Amityville Horror - A True Story - Wikipédia anglophone

Bibliographie

  • Jay Anson, Amityville : La maison du diable, éd. France loisirs, 1979 (ISBN 0-8161-6709-5) (ISBN 978-0-8161-6709-8)
  • Christopher Berry-Dee, Serial killers, up close and personal : inside the world of torturers, psychopaths, and murderers, Berkeley, Calif. : Ulysses Press, 2007. (OCLC 148843971)
  • Ric Osuna, The night the DeFeos died : reinvestigating the Amityville murders, Nevada : Noble Kai Media, 2003. (OCLC 57361355)
  • Georges Moréas; Bill Waddell, Dossier meurtre : enquêtes sur les grands crimes de notre temps, Paris : ALP et cie., 1991. (OCLC 53171569)
  • Gerard Sullivan; Harvey Aronson, High hopes : the Amityville murders, New York : Coward, McCann & Geoghegan, 1981. (OCLC 6864152)

Voir aussi

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