Jean-louis treton

Jean-louis treton

Jean-Louis Treton

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Jean-Louis Treton
Surnom Jambe d'Argent
Naissance 8 mai 1770
Astillé
Mort au combat 27 octobre 1795 25 ans)
Quelaines
Origine Français
Allégeance Flag of Royalist France.svg Chouan
Grade Colonel
Service 1793 - 1795
Conflits Chouannerie
Guerre de Vendée
Commandement Division de Nuillé-sur-Vicoin
Faits d’armes Virée de Galerne
Distinctions Chevalier de Saint-Louis

Jean-Louis Treton, dit Jambe d'Argent, (8 mai 1770, Astillé - 27 octobre 1795, Quelaines), est, avec — Jean Chouan — un des chefs de l'insurrection contre-révolutionnaire et royaliste qui s'est développée en Mayenne en 1793 et 1794.

Sommaire

Biographie

Origine

Il naquit en 1770 à la Closerie des Petits-Aulnais, à Astillé. Fils d'un paysan chargé de famille, Jean-Louis fut élevé chez des parents de sa mère. Son père était métayer et il est le second fils d'une famille qui comptera 12 enfants.[1]

A douze ans on l'employa comme berger dans une métairie ; mais l'enfant se blessa si grièvement à la jambe en voulant séparer deux taureaux qui se battaient qu'il lui devint impossible d'exercer cette profession, car il ne pouvait plus suivre les bestiaux dans les champs.

Il revint donc dans la chaumière paternelle, où sa blessure, mal soignée, ne fit que s'envenimer. Jean-Louis Treton, impropre à tout travail, fut obligé de prendre le bissac, le bâton du mendiant, et d'aller de porte en porte dans les métairies demander le pain de la charité. Presque toujours il était bien accueilli ; Treton s'efforçait d'ailleurs de reconnaître le bon accueil qu'il recevait en rendant quelques petits services, en se chargeant de quelques commissions, toujours remplies avec autant de fidélité que d'intelligence.

Mendiant

Des personnes charitables, mesdames de Souvré, qui demeuraient dans ce canton, prirent intérêt au jeune mendiant. Elles voulurent le voir, lui parler, et ses réponses les frappèrent par un bon sens et un discernement remarquables. Elles le firent entrer à l'hôpital d'Angers ; mais, au bout de six mois, on jugea sa plaie incurable, et on le renvoya de nouveau à ses parents. Toutefois, avant son départ, les médecins ont protégé la plaie de l’infortuné. En appliquant sur la jambe malade une plaque métallique. Cette plaque donne l'origine de son surnom.

Dans le bourg de Cossé, chaque dimanche après la messe, un marchand d'orviétan venait vendre son spécifique. On lui amena le pauvre estropié, le charlatan s'engagea à le guérir gratis, à condition que, pour prix de ses soins, l'enfant paraîtrait à côté de lui sur ses tréteaux. Mais au bout de quelques mois, qui n'apportèrent aucun espoir de guérison, le charlatan partit, abandonnant son malade, qui dut reprendre son bâton et sa besace. Devenu plus âgé, Treton, à qui pesait l'existence de mendiant et qui cherchait sans cesse les moyens de gagner sa vie, voulut se faire colporteur et se mit à vendre quelques menues merceries. Mais il n'avait pas l'esprit du commerce, et il donnait toujours sans bénéfice sa marchandise aux paysans qui l'avaient secouru dans sa misère. Bientôt il abandonna ce petit négoce qui ïie lui profitait pas et chercha une autre profession. Celle de batelier lui parut convenir à son état d'infirmité.

Âgé alors de dix-neuf ans, grand et robuste, quoique boiteux, il partit pour Angers afin de se livrer à ce genre d'occupation qui ne devait pas fatiguer sa jambe malade. Depuis ce moment, environ quatre ans se passèrent sans que ses parents entendissent parler de lui.

La virée de Galerne

Mais le premier cri de guerre qui retentit aux oreilles du batelier boiteux suffit pour le révéler à lui-même, pour l'enflammer d'une irrésistible ardeur, Les Vendéens, dans, leur expédition d'outre-Loire, en octobre 1793, viennent, à traverser le pays. Treton va les joindre à Candé. Il se présente aux chefs, il demande un fusil. On lui refuse cette arme, la jugeant inutile dans les mains d'un boiteux, sans se décourager, Jean Treton suit l'armée ; il arrive avec elle à Château-Gontier, où une affaire s'engage. Il s'élance dans les rangs des républicains, et, avant la fin du combat, il a conquis sur l'ennemi le fusil refusé à son infirmité. Il fait avec les Vendéens toute cette fatale et glorieuse campagne. Il participe à la Virée de Galerne, atteint Granville, subit les défaites des Vendéens et leur retraite jusqu'à l'écrasement de la bataille de Savenay. Enfin, ce n'est qu'après la dispersion totale de l'armée qu'il revient dans son pays. C'est en 1794, qu'il revient à Astillé se cacher dans le bois de la Saudraie.

La Chouannerie

Mais alors que les campagnes du Maine sont terrifiées par le spectacle de la catastrophe des Vendéens, il ranime par ses exhortations les courages abattus ; il promet des succès et des armes. Vers le commencement de 1794, il rassemble une petite troupe, formée en partie d'hommes qui, comme lui avaient servi parmi les Vendéens, en partie de jeunes gens tout à fait inexpérimentés, au métier de la guerre.

Dès les premières affaires, Treton y par son courage et son sang-froid, par la fermeté de son coup d'œil et son éloquence entraînante, acquiert un tel ascendant sur ses compagnons, que ces hommes le proclament unanimement pour leur chef. Bientôt, dans tous les environs de Laval, on cite le nom de Jambe-d'argent[2] comme celui d'un franc soldat et d'un vaillant capitaine.

C'est à Montchevrier que Jambe d'Argent fut nommé chef des Chouans du canton, le 22 avril 1794. Le bois voisin servit souvent de lieu de réunion à sa division. Le nouveau chef royaliste avait au plus vingt-quatre ans quand il fut investi du commandement[3].

Jambe-d'Argent, loin de se borner à une guerre de haies et d'embuscades, il attaqua souvent à découvert des colonnes républicaines supérieures aux forces royalistes. Les chouans, surtout dans le Maine et une partie de l'Anjou limitrophe, agissaient d'ordinaire par petites troupes, plutôt que par grandes masses. Du reste ils affrontaient l'ennemi en face tout aussi bien que les Vendéens. Plus d'une fois il fit preuve, à l'égard des troupes républicaines, d'une certaine humanité.

Astillé

A l'attaque d'Astillé, sa paroisse natale, les bleus s'étaient retirés dans l'église, qu'ils avaient crénelée et barricadée. Les royalistes, maîtres du reste du bourg, assiégeaient en vain cette espèce de citadelle. Mousqueton, un des hommes de la troupe, propose alors d'entasser des fagots contre, la porte de l'église et d'y mettre le feu : lui-même se charge de communiquer l'incendie à la toiture. Qn applaudit à cet expédient, qui domptera infailliblement la résistance de l'ennemi. Jambe-d'Argent seul s'y refuse.

On insiste :

« Non, dit-il, je défends de rien faire de pareil : il ne sera pas dit que l'église où Jambe-d'Argent a reçu le baptême ait été brûlée par des gens qu'il commandait. »

Alors les principaux chouans approuvèrent hautement le motif de Jambe-d'Argent, et l'on se retira sans forcer l'ennemi dans sa retraite. Jambe-d'Argent guerroyait ainsi depuis près de deux ans. Il avait repoussé tous les efforts de plusieurs généraux républicains.

Une armée

Ses succès avaient prouvé en lui, outre un courage à toute épreuve, des talents innés et un instinct d'habile militaire, qui, sur un plus grand théâtre, auraient pu faire du jeune paysan estropié un général célèbre. Il commandait à vingt-cinq paroisses et à 2 000 soldats [4],[5] ; Marie Paul de Scépeaux de Bois-Guignot, Prosper Turpin de Crissé, de Châtillon, de Dieuse, les plus nobles chefs royalistes, lui témoignaient une haute estime et avaient obtenu pour lui la croix de Saint-Louis [6], quand la mort vint l'arrêter dans sa carrière, à peine âgé de 25 ans.

Jambe-d'Argent, le 28 septembre 1794, vient s'aboucher dans les murs du château de Champfleury en Arquenay avec Monsieur Jacques.

Jambe d'Argent est mort dans un combat à Cosmes le 27 octobre 1795 et inhumé de nuit dans le cimetière de Quelaines, (actuelle place de l'église).

Quatrevingt-Treize

Ses exploits ont servi à Victor Hugo pour son roman Quatrevingt-Treize:

« [...] Sachez d’abord que monseigneur le marquis, avant de s’enfermer dans cette tour où vous le tenez bloqué, a distribué la guerre entre six chefs, ses lieutenants ; il a donné à Delière le pays entre la route de Brest et la route d’Entrée ; à Treton le pays entre la Roë et Laval ; à Jacquet, dit Taillefer, la lisière du Haut-Maine ; à Gaullier, dit Grand-Pierre, Château-Gontier ; à Lecomte, Craon ; Fougères, à monsieur Dubois-Guy, et toute la Mayenne à monsieur de Rochambeau ; de sorte que rien n’est fini pour vous par la prise de cette forteresse, et que, lors même que monseigneur le marquis mourrait, la Vendée de Dieu et du Roi ne mourra pas. [...] »

Bibliographie

Notes

  1. Jeanne et Jacques Treton, ses frères et sœurs, sont à l'âge de 12 et 10 ans arrêtés dans une affaire de faux-saunage le 18 mars 1775 et condamnés à 100 et 200 livres d'amendes.
  2. On a donné plusieurs explications de ce surnom. La plus vraisemblable est celle donnée par Jalut, ancien soldat de Jambe-d'Argent., D'après cette version, le surnom de Jambe-d'Argent serait venu de la plaque de métal que Treton portait sur la laia qui existait toujours à sa jambe malade.
  3. L'abbé Angot donne dans son Dictionnaire deux signalements de lui :
    • Age, vingt sept à vingt huit ans ; cheveux châtains ; figure pâle et blême ; taille, 5 pieds trois pouces (environ 1m 70) ; une jambe très grosse.
    • 5 pieds trois pouces, cheveux noirs très plats, figure jaunâtre un peu huileuse, la jambe gauche plus grosse que l'autre. Juin 1794.
  4. Ce chiffre est sans doute fort exagéré.
  5. Sa sœur Jeanne est arrêtée le 25 juillet 1794, accusée de recevoir de l'argent et des effets de son frère. Elle déclare qu'elle a 5 frères dont 3 sont soldats.
  6. Jacques Duchemin des Cépeaux, p. 499.
  7. Ce livre est intéressant à consulter. Journaliste, Émile Souvestre fit une enquête auprès des survivants et sans trop prendre parti entre deux thèses qui resteront toujours diamétralement opposées, nous permet de mieux comprendre ce mouvement de la Chouannerie qui prit naissance dans ce Bas-Maine, à la frontière de ce qu'on appelait alors, la province de Bretagne.

Source partielle

« Jean-Louis Treton », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]

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