Jean-Georges Wille

Jean-Georges Wille
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Wille.
Jean-Georges Wille
Gravure de Wille par J. G. Müller d’après Jean-Baptiste Greuze.
Gravure de Wille par J. G. Müller d’après Jean-Baptiste Greuze.

Activité Gravure
Naissance 5 novembre 1715
Gießen
Décès 5 avril 1808 (à 92 ans)
Paris

Jean-Georges Wille, né le 5 novembre 1715 à Gießen et mort le 5 avril 1808 à Paris, est un graveur allemand.

Le goût de Wille pour le dessin se manifesta de bonne heure. Dans l’âge le plus tendre, lorsqu’il pleurait, le seul moyen d’apaiser son chagrin était de lui donner du charbon ou des morceaux de craie, dont ses petites mains s’essayaient déjà à faire usage. Cette inclination fut remarquée et encouragée par son père qui, lorsque l’enfant eut atteint l’âge de dix ans, le plaça chez un peintre. Il y apprenait les éléments du dessin, mais un penchant irrésistible pour l’art de la gravure vint tout à coup se révéler en lui[1]. Ses premiers essais se firent sur la vaisselle de son père ; tout ce qui la composait, vases d’étain ou de cuivre, se décorant, sous ses doigts, de fleurs, de fruits et de caprices variés à l’infini.

La vocation de Wille s’était fait connaître ; il ne lui manquait plus, pour se produire, que l’occasion. Un jour, eu traversant les rues de sa ville natale, ses yeux s’arrêtèrent sur l’étalage d’un armurier qui avait placé, derrière les carreaux de sa boutique, des fusils couverts d’incrustations et d’ornements gravés ; il n’en fallut pas davantage : plein d’enthousiasme pour l’art qu’il avait deviné, Wille rentra en courant chez son père, et ne fut heureux qu’après avoir obtenu de lui la permission d’entrer comme élève chez cet arquebusier. Son séjour dans l’atelier de ce nouveau maître dura deux ans. Il quitta ensuite Giessen, en disant à son père qu’il allait à Augsbourg, et se rendit à Paris. Ce fut pendant le cours de ce voyage, à Strasbourg, que Wille fit connaissance de Jean Georges Schmidt, comme lui, venant à Paris. Les deux artistes se trouvaient placés dans des circonstances analogues, et rêvaient le même avenir. Aussi furent ils, à dater de ce moment, liés d’une amitié qui ne se démentit jamais, et que la jalousie même ne put altérer.

Arrivé à Paris, presque seul, sans protecteur, les commencements de Wille furent difficiles, comme ceux de tout homme de talent qui débute sans appui. Il se vit obligé de s’occuper d’horlogerie et de graver, pour l’éditeur Odieuvre, des portraits qui ne lui étaient payés qu’un louis, malgré le mérite d’exécution et la finesse de burin qui les distinguent. Cependant, ayant été présenté au peintre Rigaud qui sut reconnaître le mérite du jeune artiste et le chargea de travaux capables de le faire connaître, sa réputation se répandit promptement et il se fit bientôt une réputation européenne par sa manière brillante et variée et par l’art avec lequel il obtenait des effets sans teintes forcées. Bientôt Wille ne put suffire aux demandes, quoiqu’il s’occupât sans relâche de son art. On ne compte pas moins de trente portraits dus à son burin, depuis son arrivée à Paris, en 1738, jusqu’en l’année 1754. Mais, à dater de cette époque, s’il faut en excepter deux ou trois pièces, tous les sujets qu’il a gravés sont des sujets de genre, la plupart d’après des tableaux hollandais.

La série de ces travaux se prolongea jusqu’en 1790. Pendant cette longue carrière, tous les pays de l’Europe se plurent à rendre justice aux talents de Wille : il fut successivement nommé membre de l’Académie de Paris (1761), de celles de Rouen, de Vienne, de Berlin, d’Augsbourg et de Dresde ; il fut nommé aussi graveur du roi de France, de l’Empereur d’Allemagne et du roi de Danemark[2]. Il avait établi chez lui une imprimerie et un commerce d’estampes.

Comme élève de Daullé, avec lequel il conserva toujours des relations, Wille a gravé, de 1738 jusque vers 1750, une grande partie des pièces dont l’exécution était confiée à son maître. Celui-ci terminait les chairs et se contentait même quelquefois de signer la planche. Mais il serait bien difficile de préciser les estampés que Wille a gravées tout entières et celles auxquelles il n’a fait que participer, car le burin du maître et celui de l’élève ont une grande similitude, quoique la taille, dans les productions de Wille, soit toujours plus nette, plus brillante et si l’on peut s’exprimer ainsi, plus métallique. Le burin de Wille est correct, hardi et brillant. Aucun graveur n’a su, mieux que lui, donner à chaque objet son caractère propre, faire comprendre la différence des étoffes, rendre leurs plis, et surtout éclairer les reflets chatoyants du satin. Il était habile dessinateur, et amateur enthousiaste des beaux arts. Ce goût, joint à beaucoup de tact, fait qu’il a mis dans toutes ses estampes un sentiment et un coloris extraordinaires. Cependant on pourrait dire qu’elles manquent de variété dans les travaux, et que le maniement de l’outil y est trop uniforme. C’est même une remarque qui rend plus difficile à comprendre le piquant de ses productions et la couleur vigoureuse qu’il a presque toujours su leur prêter. Les plus remarquables sont la Mort de Cléopâtre, les Musiciens ambulants, l’Instruction paternelle, le portrait du comte de Saint-Florentin, et celui de Marigny.

Il forma nombre d’élèves distingués, entre autres Bervic et Jean Massard. Il a laissé des Mémoires, publiées par Duplessis en 1857, dans lesquels qu’il donne la première évocation connue de Denis Diderot.

Étudiants

Gravure du Portrait du Marquis de Marigny, par Wille d'après Louis Tocqué, Musée national de la Marine.
  • Bervic
  • Jean Massard
  • Balthasar Anton Dunker
  • Heinrich Guttenberg
  • François Robert Ingouf
  • Johann Gotthard von Müller
  • Jacob Matthias Schmutzer
  • Franz Edmund Weirotter

Œuvres

  • Les Musiciens ambulants
  • Le Concert de famille
  • Le Maréchal de Saxe
  • La Mort de Cléopâtre
  • Les Musiciens ambulants
  • L’Instruction paternelle
  • Portrait du comte de Saint-Florentin
  • Portrait de Marigny

Références

  1. Wille abandonna aussi la peinture à cause de sa vue basse.
  2. Plusieurs souverains lui adressaient des jeunes gens pour qu’il les instruisît.

Sources

  • ‪ Charles Le Blanc, Catalogue de l'œuvre de Jean-Georges Wille, graveur,‬ Leipzig, Rudolph Weigel, 1847.

Bibliographie

  • Johann Georg Wille (1715-1808) et son milieu. Un réseau européen de l’art au XVIIIe siècle, sous la dir. d’Élisabeth Décultot, Michel Espagne et François-René Martin. Paris, École du Louvre, 2009. ISBN 978-2-904187-25-4.

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Jean-Georges Wille de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Wille — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Patronyme Wille est un nom de famille notamment porté par : Jean Georges Wille (1715 1807), graveur français ; Pierre Alexandre Wille (1748… …   Wikipédia en Français

  • Johann Georg Wille — Jean Georges Wille Jean Georges Wille (1715 1807) fut un graveur français. Né en Hesse Darmstadt, il vint dès l âge de 19 ans se fixer à Paris. Il s y fit bientôt une réputation européenne par sa manière brillante et variée et par l art avec… …   Wikipédia en Français

  • Pierre-Alexandre Wille — Pour les articles homonymes, voir Wille. Pierre Alexandre Wille, dit « Wille le fils », né le 19 juillet 1748 à Paris, où il est mort après le 9 janvier 1821 est un peintre de genre français. Fils du graveur Jean… …   Wikipédia en Français

  • Jean-Paul Charles Aymard Sartre — Jean Paul Sartre [ʒɑ̃ˈpɔl saʀtʀ] (* 21. Juni 1905 in Paris; † 15. April 1980 ebenda; vollständiger Name Jean Paul Charles Aymard Sartre) war ein französischer Schriftsteller und Philosoph. Der politisch engagierte Verfasser zahlreicher Romane,… …   Deutsch Wikipedia

  • Jean Paul Sartre — [ʒɑ̃ˈpɔl saʀtʀ] (* 21. Juni 1905 in Paris; † 15. April 1980 ebenda; vollständiger Name Jean Paul Charles Aymard Sartre) war ein französischer Schriftsteller und Philosoph. Der politisch engagierte Verfasser zahlreicher Romane, Erzählungen, Dramen …   Deutsch Wikipedia

  • Georges Bataille — (* 10. September 1897 in Billom, Puy de Dôme; † 9. Juli 1962 in Paris) war ein französischer Schriftsteller. Er gründete die Zeitschrift Critique. Bataille schrieb dekadente und erotische Prosa. Sein theoretisches Werk berührt die Politik und… …   Deutsch Wikipedia

  • Jean-Jacques De Boissieu — Pour les articles homonymes, voir Boissieu. Jean Jacques de Boissieu, né en 1736 à Lyon et mort en 1810, est un artiste français, essentiellement dessinateur et graveur, mais aussi peintre français. Jouissant de son vivant d un grand renom en… …   Wikipédia en Français

  • Jean-jacques de boissieu — Pour les articles homonymes, voir Boissieu. Jean Jacques de Boissieu, né en 1736 à Lyon et mort en 1810, est un artiste français, essentiellement dessinateur et graveur, mais aussi peintre français. Jouissant de son vivant d un grand renom en… …   Wikipédia en Français

  • Jean Jacques de Boissieu — Pour les articles homonymes, voir Boissieu. Jean Jacques de Boissieu, né en 1736 à Lyon et mort en 1810, est un artiste français, essentiellement dessinateur et graveur, mais aussi peintre français. Jouissant de son vivant d un grand renom en… …   Wikipédia en Français

  • Georges Jacques Danton — Pour les articles homonymes, voir Georges Danton (homonymie). Georges Jacques Danton …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”