Geneviève-Charlotte Darlus

Geneviève-Charlotte Darlus

Marie-Geneviève-Charlotte Thiroux d'Arconville

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Marie-Geneviève-Charlotte Darlus, présidente Thiroux d’Arconville, née le 17 octobre 1720 à Paris où elle est morte le 23 décembre 1805, est une femme de lettres et chimiste française.

Fille du fermier-général Darlus, Marie-Geneviève-Charlotte avait épousé, à l’âge de quatorze ans, Louis-Lazare Thiroux d'Arconville, conseiller au parlement de Paris, depuis président de l’une des chambres des enquêtes, et elle montra un goût très vif pour l’étude.

Étant restée très marquée de la petite vérole, qu’elle avait eue à l’âge de vingt-trois ans, elle quitta le rouge, prit les grands papillons, la coiffe, enfin tout le costume d’une femme de soixante-dix ans. Elle renonça au spectacle, qu’elle avait aimé jusqu’au point d’aller voir jouer quatorze fois de suite la Mérope de Voltaire et n’eut plus dès lors que l’existence d’une femme dévote, mais sacrifiant beaucoup aux plaisirs de l’esprit. Elle avouait, dans une époque où, la sociabilité, les agréments de salon, avaient beaucoup gagné en France, préférer en tout l’art à la nature.

Les sujets tristes, funèbres même, soit en tableaux, soit en descriptions, convenaient mieux que les autres à la présidente d’Arconville qui avait commandé à un artiste célèbre une statue en marbre représentant la Mélancolie. Elle s’occupa successivement d’histoire, de physique, de chimie, d’histoire naturelle et même de médecine. Aimant tout ce qui tenait aux jouissances intellectuelles, elle ne pouvait manquer de rechercher les hommes les plus marquants, dans les sciences, et dans les lettres et eut des rapports avec Voltaire, dont elle admirait vivement l’esprit, sans pouvoir s’accoutumer à son caractère humoriste, et reçut souvent chez elle Gresset, ainsi que son oncle Sainte-Palaye. Elle eut aussi dans sa société Turgot, Malesherbes, Monthion, etc. Madame de Kercado, qui a fondé un établissement portant son nom, logea bien des années, et jusqu’à son mariage, chez elle.

Parmi les hommes qui cultivaient les sciences, elle établit des relations fréquentes avec Macquer, Jussieu, Valmont de Bomare, Fourcroy, Ameilhon, Sage et Gosselin. Elle suivait les cours du Jardin du roi, et entre autres celui d’anatomie, où quelques femmes étaient admises. Étant parvenue à se former un cabinet assez complet, et ayant obtenu d’avoir à sa disposition, sans sortir de chez elle, beaucoup de livres et de manuscrits de la bibliothèque du Roi, elle fut en état de composer et de publier, mais en gardant toujours l’anonymat, divers ouvrages, et des traductions de l’anglais.

Possédant une maison à Meudon, la présidente d’Arconville y avait fondé une espèce d’hospice, contenant quelques lits pour des malades, qui étaient soignés à ses frais, par des soins de charité, installées dans une maison voisine. Elle vendit cette maison au commencement de la Révolution dont elle se déclara, dès l’origine, ennemie, et qui lui enleva un de ses trois fils, le lieutenant-général de police Thiroux de Crosne. D’Arconville devait se reprocher, dans sa vieillesse, d’avoir eu foi aux assignats, elle qui, étant venue au monde l’année même du système de Law, en avait tant entendu parler, et en avait probablement aussi souffert avant et après son mariage.

La présidente conserva jusqu’à un âge très avancé la vivacité de son imagination et quelque chose de jeune dans l’exercice de ses autres facultés morales. Arrivée presque au dernier terme, elle écrivait encore des Souvenirs, dont il existe un recueil qui forme treize volumes manuscrits.

Citation

Affichent-elles [les femmes] la science ou le bel esprit ? si leurs ouvrages sont mauvais, on les siffle ; s’ils sont bons, on les leur ôte ; il ne leur reste que le ridicule de s’en être dites les auteurs.

Œuvres

Traductions

  • Avis d’un Père à sa Fille, 1756, in-12.
    Traduit de l’anglais de Lord Halifax.
  • Leçons de chimie, 1759, in-4.
    Traduit de l’anglais, de Shaw. Thiroux D’Arconville releva les erreurs de l’original et elle ajouta aux expériences du médecin anglais, les découvertes qui se firent depuis l'époque où ces leçons avaient été publiées en Angleterre, jusqu'à celle où parut la traduction qu’elle en donna en français. Elle a mis à la tête de cet ouvrage un discours préliminaire où elle décrit la naissance et les progrès de la chimie.
  • Romans, 1761.
    Traduit de l’anglais de Littleton et d’Aphra Behn.
  • Mémoires de Mademoiselle de Falcourt.
    Roman d’un genre sérieux.
  • Amynthon et Thérèse
  • Mélanges de Poésies Anglaises, traduits en français, 1764, in-12.

Essais

  • De l’Amitié, 1761, in-8°.
    Non-seulement D’Arconville traita de l’amitié en général, mais elle sut y attacher un nouvel intérêt, en caractérisant les différentes sortes d’amitié.
  • Traité des passions, 1764, in-8°.
  • Essai pour servir à l'histoire de la putréfaction, 1766, in-8°.
    Cet ouvrage est le fruit de ses expériences et de ses remarques.
  • Méditations sur les tombeaux.
  • Mélanges de littérature, de morale et de physique, 1775.
    On trouve, à la fin de la collection de ces Mélanges, deux pièces de théâtre qui ne sont pas d’elle ; l’une est l’Abdolonyme de Fontenelle, et l’autre une tragédie intitulée Louis IX, composée par le secrétaire de Louis-Lazare Thiroux d'Arconville, un homme de lettres, nommé Rossel, qui, ayant entrepris, à son compte, l’impression des sept volumes des Mélanges, avait jugé à propos d’y joindre ces deux pièces de théâtre.
  • Pensées et réflexions morales sur divers sujets, 1760, rééd. 1766, in-12.
    Réflexions marquées au coin de la justesse.

Romans

  • Dona Gratia d’Ataïde, comtesse de Ménessés, histoire portugaise, 1770, in 8°.
  • Estentor et Thérisse.
  • L'Amour éprouvé par la mort, 1763.
  • Les Malheurs de la jeune Émilie.
  • Les Samiens, conte.
  • L’amour éprouvé par la mort, ou Lettres modernes de deux amans de Vieille-Roche, 1763, in-12.
    Le but moral de ce roman est de faire voir dans quels égaremens les passions nous entraînent, et qu’elles en sont les suites funestes.
  • Mémoires de Mlle de Valcourt, 1767, in-12.
    Mémoires d’une heureuse simplicité contenant des situations vraies et touchantes.

Histoire

  • Histoire de François II, roi de France et d’Écosse, 1783, 2 vol. gr. in-8°.
    Suivi d’une dissertation, traduite de l’italien, de Suriano, ambassadeur de Venise, sur l'état de ce royaume à l’avènement de Charles IX au trône. Quelques fautes échappées à l’auteur dans cet ouvrage ont aussi été rectifiées par l’académicien nommé. Il en cite d’ailleurs des anecdotes curieuses, et entre autres sur Catherine de Médicis, dont Thiroux d’Arcouville a tracé le portrait avec beaucoup d’exactitude.
  • Histoire de Saint-Kilda.
  • Vie de Catherine de Médicis, princesse de Toscane, reine de France et de Navarre, 1774, 3 vol. in 8°.
    Thiroux d’Arcouville eut l’avantage de travailler sur d’excellents matériaux historiques, et particulièrement sur des manuscrits qui lui fournissaient des faits et des détails inconnus jusqu’alors. Gaillard a relevé, dans ses Mélanges, deux ou trois erreurs notables de ce livre au style monotone.
  • Vie du cardinal d’Ossat, avec son Discours sur la Ligue, 1771, 2 vol. in-8°.
    Cette Vie curieuse et bien faite, mais prolixe, montre toute la négociation de l’illustre prélat à la cour de Rome, pour y obtenir l’absolution d’Henri IV.

Sciences

  • Traité d’ostéologie, grand in-fol., avec de belles planches.
    Ce traité, publié sous un autre nom que le sien, quoiqu’elle en soit véritablement l’auteur, fut très estimé des gens de l’art.

Sources

  • Joseph-François Michaud, Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, t. 45, Paris, Michaud frères, 1826, p. 429-30.
  • Jean-Pierre Poirier, « Marie Geneviève Charlotte Thiroux d’Arconville née d’Arlus (1720-1805). Femme de lettres et chimiste », Histoire des femmes de science en France du Moyen Age à la Révolution, Paris, Pygmalion, 2002. p. 265-272

Liens externes

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