Fort de Queuleu

Fort de Queuleu
Fort de Queuleu
Feste Goeben
Porte du fort de Queuleu
Porte du fort de Queuleu
Description
Ceinture fortifiée première ceinture fortifiée de Metz
Type d'ouvrage fort de type Séré de Rivières
Dates de construction 1868-1870
Dates de modernisation 1871-1890
Garnison 2 000 hommes
Armement 122 pièces d’artillerie
Usage actuel Mémorial de la Résistance,
zone de loisir
Protection néant
Coordonnées 49° 05′ 44″ N 6° 12′ 15″ E / 49.0956194, 6.204349° 05′ 44″ Nord
       6° 12′ 15″ Est
/ 49.0956194, 6.2043
  

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Fort de Queuleu

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Fort de Queuleu

Le fort de Queuleu, ou Feste Goeben[1], est un fort militaire de la première ceinture fortifiée de Metz et construit entre 1868 et 1870. Il bénéficie de renforcements importants après 1895 et sert de camp d’internement nazi durant la Seconde Guerre mondiale.

Sommaire

Contexte

Le fort de Queuleu est situé au sud-est de Metz sur le contrefort compris entre le ruisseau de la Cheneau et la vallée de la Seille. Le flanc droit du fort découvre la vallée de la Seille jusque Augny, son flanc gauche surveille le plateau de Borny jusqu’à Colombey. Les vues vers le sud sont bornées par les hauteurs de la Haute-Bevoie et Mercy-lès-Metz qui le dominent et lui dissimulent le chemin de fer de Strasbourg. Le fort est conçu dans l’esprit des « forts détachés », concept développé ensuite par le lieutenant-colonel du génie Raymond Adolphe Séré de Rivières en France et par Hans Alexis von Biehler en Allemagne. Le but était de former une enceinte discontinue autour de Metz faite de forts d’artillerie espacés d’une portée de canons. La première ceinture fortifiée de Metz se compose des forts de Saint-Privat (1870), de Queuleu (1867), des Bordes (1870), de Saint-Julien (1867), Gambetta, Déroulède, Decaen, de Plappeville (1867) et du Saint-Quentin (1867), la plupart inachevés en 1870, lorsque la Guerre Franco-prussienne éclate.

Construction et aménagements

Les travaux de terrassement et la construction débutent en 1867. Le fort de Queuleu est le plus vaste des forts de la première ceinture de Metz. Son architecture s’inspire encore des enceintes bastionnées, perfectionnées par Vauban au XVIIe siècle et par Cormontaigne au XVIIIe siècle. Ses quatre fronts mesurent chacun 350 m de long et la façade côté ville est longue de 700 m[2]. Il est prolongé de chaque côté d’une batterie annexe. L’armement du fort est de 122 pièces d’artillerie. La garnison prévue est de 2 000 hommes. Inachevé lorsque la guerre de 1870 éclate, sa construction sera achevée sous l’Empire allemand. Il est alors renommé Feste Goeben, du nom d’un général prussien qui s’était illustré lors de la bataille de Forbach-Spicheren, le 6 août 1870. Les ingénieurs allemands entreprennent d’importants travaux qui dureront jusque 1890.

Affectations successives

À partir de 1890, la relève dans les forts est assurée par les troupes du XVIe Corps d’Armée stationnées à Metz et à Thionville. Repris par la France en 1919, le fort est désarmé. Pendant la drôle de guerre, il sert de poste de commandement pour les troupes de la ligne Maginot. Réinvesti par les troupes allemandes en juin 1940, il sert de camp de détention. Entre 1 500 et 1 800 personnes ont été internées dans le fort de Queuleu ; trente-six y sont morts et quatre ont pu s’évader[3]. Un musée et un mémorial de la Résistance et de la Déportation, œuvre de l’architecte R. Zonca, a été inauguré le 20 novembre 1977 en présence du secrétaire d’État aux Anciens Combattants Jean-Jacques Beucler. Le fort se visite sur rendez-vous. Aujourd’hui, le fort de Queuleu propose un parcours de santé pour les amateurs d’obstacles et de détente.

Seconde Guerre mondiale

Le fort de Queuleu est réinvesti par l’armée allemande en juin 1940. Durant la seconde annexion, il est réutilisé par les nazis à partir d’octobre 1943 comme camp d’internement, ou SS Sonderlager, pour y emprisonner notamment des résistants, comme Joseph Derhan. Les premiers détenus sont des résistants de la vallée de l’Orne internés aux alentours du 12 octobre 1943. Le camp était surnommé « l’Enfer de Queuleu ». Ce n’était pas un camp de concentration, mais un camp d’interrogation pour les résistants. Les membres du groupe Mario furent emprisonnés dans la casemate A du fort, sous les ordres du SS Hauptscharführer Georg Hempen. Le fort est évacué le 17 août 1944 et la plupart des détenus envoyés vers les camps du Struthof, de Schirmeck ou de Ravensbrück.

Début septembre 1944, au début de la bataille de Metz, le commandement allemand l’intègre au dispositif défensif mis en place autour de Metz. Le 2 septembre 1944, Metz est en effet déclarée forteresse du Reich par Hitler. La place forte doit donc être défendue jusqu’à la dernière extrémité par les troupes allemandes, dont les chefs ont tous prêté serment au Führer[4]. L’offensive américaine, lancée le 7 septembre 1944 sur la ligne ouest des forts de Metz tourne court. Les troupes américaines s’arrêtent finalement sur la Moselle, malgré la prise de deux têtes de ponts au sud de Metz. Butant contre des forts mieux défendus qu’elles ne le pensaient, les troupes américaines sont maintenant à bout de souffle. Le général McLain, en accord avec le général Walker, décide de suspendre les attaques, en attendant de nouveaux plans de l’état-major de la 90e Infantry Division[5]. Lorsque les hostilités reprennent, après un mois pluvieux, les soldats de la 462e Volks-Grenadier-Division tiennent toujours solidement les forts de Metz, même si les ravitaillements se font plus difficilement à cause des tirs d’artillerie et des bombardements fréquents[6].

En guise de prélude à l’offensive sur Metz, le 9 novembre 1944, l’Air Force envoie pas moins de 1 299 bombardiers lourds B-17 et B-24 déverser 3 753 tonnes de bombes, de 1 000 à 2 000 livres, sur les ouvrages fortifiés et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée[7]. La plupart des bombardiers ayant largué leurs bombes sans visibilité, à plus de 20 000 pieds, les objectifs militaires ont souvent été manqués. À Metz, les 689 chargements de bombes destinés à frapper sept forts de Metz, désignés comme des cibles prioritaires, ne font que des dégâts collatéraux, prouvant une fois de plus l’inadéquation des bombardements massifs sur des objectifs militaires[8].

Dans la nuit du 15 au 16 novembre 1944, 400 hommes du Volkssturm, portant des brassards et armés de fusils français, sont placés par des fonctionnaires de police dans les lignes, entre le fort Saint-Privat et le fort de Queuleu[9]. Le 17 novembre, un détachement du 22e régiment de forteresse, intégré à la 462e Volks-Grenadier-Division, prend position à l’intérieur et autour du fort, attendant avec résignation l’attaque finale du 10e Infantry regiment de la 5e division d’infanterie américaine. La résistance sera de courte durée puisque le 2e bataillon du 10e Infantry regiment prendra le fort de Queuleu cinq jours plus tard, le 21 novembre 1944, après des négociations avec les défenseurs allemands.

Bibliographie

  • Léon Burger, Tragédies mosellanes, le fort de Queuleu à Metz, 1973, Metz.
  • Léon Burger, En Moselle, Résistance et tragédies pendant la deuxième guerre mondiale, 1976, Metz. (Léon Burger est le frère de Jean Burger, chef du groupe Mario.)

Sources

  1. Du nom du général du 8° corps d'armée prussien qui s’est illustré lors de la bataille du 6 août 1870 à Spicheren.
  2. Mairie de Metz. Visite guidée de Metz – Metz, autres quartiers. Le fort de Queuleu.
  3. La drôle de guerre avec les chemins de mémoire, partez à la découverte des hauts lieux de mémoire
  4. René Caboz, La bataille de Metz, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1984, p. 132.
  5. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 176-183.
  6. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 256.
  7. Général Jean Colin, Contribution à l’histoire de la libération de la ville de Metz ; Les combats du fort Driant (septembre-décembre 1944), Académie nationale de Metz, 1963, p. 13.
  8. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 424.
  9. Hugh M. Cole, The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950, p. 431.

Voir aussi

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