Farenheit 451

Farenheit 451

Fahrenheit 451

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Fahrenheit 451 (1953) est un roman de Ray Bradbury. Le titre fait référence à la température, en degrés Fahrenheit, à laquelle le papier s'enflamme et se consume. (soit un peu moins de 233 °C[1]).

Sommaire

Résumé

PREMIERE PARTIE : Le Foyer et la Salamandre. Dans un futur indéterminé, Guy Montag est un « pompier » dont le travail est de brûler toutes les œuvres écrites, sans exception. Lui et son escouade pyromane parcourent la ville à la recherche de toutes les bibliothèques illégales, et ont pour ordre strict d’en faire un autodafé. Le monde de Montag est un monde où posséder un livre, voire même simplement lire une œuvre écrite, sont devenus des crimes. La littérature, répugnée par la société, n’existe plus. Jusque-là pleinement satisfait de son travail, Montag va un jour décider de soustraire des livres à leur destruction promise et de les lire. Il décide de cacher les œuvres chez lui, sans que personne ne soit au courant. Une nuit en revenant de son travail, au petit matin, en regagnant sa maison, il rencontre une jeune fille, au détour d'une rue. Elle s'appelle Clarisse McClellan, et a dix-sept ans. Elle est l'opposée en tous points de l'épouse de Guy Montag : Mildred, endoctrinée par la propagande télévisée.

DEUXIEME PARTIE : Le Tamis et le Sable. Découvrant les livres, il part en recherche d'une vieille connaissance qu'il n'a jamais dénoncée, sans vraiment savoir pourquoi. Il s'agit de Faber, un vieux professeur d'anglais retraité qui s'était fait licencer quarante ans plus tôt à la fermeture, par manque d'élèves et de crédits, de la dernière école d'arts libéraux. Une discussion a lieu entre les deux hommes, Montag proposant à Faber de réimprimer des livres. Finalement, Faber lui donnera une puce qui, introduite dans son oreille, lui permettra de communiquer avec lui en toute discrétion. Le but étant de découvrir les points faibles de l’univers des pompiers, et plus particulièrement du capitaine Beatty, le supérieur hiérarchique de Montag.

TROISIEME PARTIE : L'Eclat de la Flamme. Faber envoie Montag en mission de reconnaissance, mais Montag se fait démasquer et finit par brûler Beatty, lors d’une mission qui visait la maison même de Montag. En effet, sa femme, Mildred, avant de le quitter, avait averti les autorités de la présence de livres chez elle. Montag devient alors un dangereux criminel et est traqué sans merci par cette société pourtant au bord de la guerre. Il est alors poursuivi par le Limier (une machine robotisée programmée pour traquer, capturer et tuer tous ceux qui osent toucher aux livres. Le limier-robot est une machine qui ressemble à un chien-abeille avec ses huit pattes et sa trompe de laquelle sort un dard qui injecte des doses massives de morphine et de procaïne). Grâce à un ingénieux tour de passe-passe et surtout avec une chance incroyable, il parvient à s'échapper de la ville et se laisse porter le long de la rivière pour rencontrer les membres d'une communauté itinérante, composée de vieux diplômés de Harvard, qui habite sur les routes, long de vieux chemins de fer rouillant. Ils ont chacun appris un livre par cœur afin de le sauver de l'oubli auquel il était promis. Finalement, la guerre éclate et voit la ville détruite, donnant une chance à un nouveau départ.

L’œuvre dans son contexte

La science-fiction

Les années 1920/1950 marquent aux États-Unis le premier âge d’or de la science-fiction. Le « mouvement » allie des romans et nouvelles, publiées sous formes d’épisodes dans des magazines et des films (Metropolis, Fritz Lang, 1927), qui sont souvent restés dans les mémoires pour leurs effets spéciaux. À l’époque la SF se résume cependant à une littérature de gare. C’est vers les années 1950 qu’ont émergé les principaux écrivains SF (Lovecraft, Asimov…) et notamment Bradbury. Il se démarque cependant par un style plus poétique et une vision souvent pessimiste de la société d’aujourd’hui et assez anti-scientifique.

Bradbury rejette en outre le titre d'écrivain de science-fiction : «Avant tout, je n'écris pas de science-fiction. J'ai écrit seulement un livre de science-fiction et c'est Fahrenheit 451, basé sur la réalité. La science-fiction est une description de la réalité. La Fantasy est une description de l'irréel. Donc les chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c'est de la fantasy.[2] »

Le maccarthisme

En 1952, l’Amérique est au cœur du maccarthisme. Ainsi, la virulence du sénateur Joseph MacCarthy met un terme à la carrière de nombreux écrivains et cinéastes, souvent amis de Bradbury. Le climat de paranoïa est d’autant plus lourd que les faits sont volontairement déformés et mis à la disposition du public.

Analyse

Le titre

Fahrenheit 451 : ‘température à laquelle le papier s’enflamme et se consume.’ (soit environ 233 °C) Le titre nous montre deux façons de brûler un livre :

  1. les autodafés organisés par les pompiers…
  2. la lecture est rendue impossible par l’atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire.

Le genre

Dystopie : c'est une contre-utopie, un récit qui déroule la vision pessimiste d'un futur sombre, souvent totalitaire, à l'opposé de toute amélioration ; à visée didactique, l’œuvre appartient au genre de l’apologue.

Les thèses de l’œuvre

Une allégorie possible : le maccarthisme

Une condamnation du maccarthisme : l’œuvre présente de nombreux points communs avec la situation aux USA en 1952 ; en effet, dans l’œuvre, les intellectuels sont éliminés par la délation de leurs voisins dans le but d’assurer la sécurité nationale (une seule parole ⇒ pas de naissance de mouvements de contestation) et le ‘bonheur commun’.

La description d’une société apocalyptique

  • Une société déshumanisée : la société décrite par Fahrenheit 451 montre que de nombreuses valeurs humaines ont sombré ; l’amour, puisque Montag et sa femme ne se rappellent plus leur première rencontre, l’intelligence a aussi sombré ; en effet, les gens se contentent de l’opinion officielle et même les "gardiens de la vérité", comme Beatty, ne comprennent pas ce qu’ils disent, puisque d’après eux, la culture et le dialogue se résument à un échange de citations. Même la communication a sombré, chacun fait preuve d’un individualisme forcené. Les gens sont redevenus des enfants, ils vivent dans l’immanence et veulent uniquement agir : ‘Les gens ne parlent de rien’. Enfin, on peut dire que cette société est redevenue primitive, puisqu’elle pratique le culte de la violence, au nom du bonheur.
  • L’échec d’une société du bonheur : la société présentée par Fahrenheit 451 est a priori parfaite, puisque les gens qui y vivent sont heureux, comme l’explique Beatty dans son discours. Cependant, ceci n’est qu’une illusion. En effet, dès les premières pages, Montag se rend compte qu’il n’est pas heureux. Inconsciemment, Mildred sait qu’elle n’est pas heureuse, puisqu’elle tente de se suicider à l’aide de somnifères. D’ailleurs, son cas n’est pas exceptionnel : ‘Des cas comme ça […] on en a tellement depuis quelques années.
  • Une société machiavélique : Sous couvert de proposer du bonheur aux gens, elle en profite pour leur vendre une foule de produits ; ainsi, Montag s’est mis dans une situation financière délicate pour pouvoir offrir à sa femme sa télévision murale ; cependant, le système profite aussi de leur inconscience pour leur vendre des choses bien plus importantes, comme un président ou une guerre.

Ce qui a causé l’émergence d’une telle société

  • Les méfaits de l’émergence d’une culture de masse : comme le décrit le pompier Beatty, l’émergence d’une telle société n’a été rendue possible que par l’émergence d’une culture de masse, facilité par la déliquescence du système scolaire ; ‘le cinéma et la radio, les magazines, les livres sont nivelés par le bas en une vaste soupe’. Les gens se sont désintéressés de la culture et ont préféré faire du sport, regarder la télévision …
  • L’absence de mobilisation des intellectuels : la situation a aussi été rendue possible par le fait que les intellectuels comme Faber ne se soient pas mobilisés : ‘J’ai vu où on allait, il y a longtemps de ça. Je n’ai rien dit. Je suis un de ces innocents qui auraient pu élever la voix quand personne ne voulait écouter les ‘coupables’.’ On peut considérer que ce message est un appel à la communauté des intellectuels pour qu’ils se mobilisent contre l'analphabétisation de la société.

Les solutions / L’opinion de Bradbury sur le bonheur

  • L’échec de la révolution : Selon Bradbury, fomenter une révolution pour tenter d’inverser le processus est voué à l’échec ; en effet, le régime est trop puissant, d’ailleurs Montag se fait prendre. Mais, plus que dangereuse, une telle tentative est inefficace, comme le laisse entendre le titre de la partie où est décrite la révolution (Le tamis et le sable). Le message révolutionnaire (le sable) ne serait pas écouté par la population (le tamis), obnubilée par la télévision.
  • Une vision humaniste de l’homme et du monde : Bradbury croit cependant qu’il faut garder l’espoir, car une société comme celle qu’il dépeint n’est pas viable ; en effet, elle a perdu la guerre ; il faut attendre des temps meilleurs. De plus, tout peut recommencer ; ‘c’est ce que l’homme a de merveilleux, il ne se laisse jamais gagner par le découragement’. Enfin, pour lui, le bonheur consiste à jouir des bonheurs prodigués par la nature et non de bonheurs artificiels : ‘Regarde le monde, il est plus extraordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine.

Adaptations

Références dans d'autres œuvres

  • Réalisé en 2002 par Kurt Wimmer, avec Christian Bale, Taye Diggs et Sean Bean, le film Equilibrium s'inspire très largement du thème de Bradbury : cité futuriste, régime totalitaire, destruction par le feu de tous objets d'art (le film commence par l'autodafé de la Joconde de Léonard de Vinci - mais il y a ici une erreur technique : la Joconde du film est une toile alors que la véritable Joconde est une peinture sur bois)… Là encore, c'est l'un des agents du pouvoir qui trouvera seul le chemin de la révolte contre le système totalitaire qu'il représente. Le film puise aussi largement chez George Orwell (1984) et s'inspire également du film Matrix (costumes, chorégraphies des combats…).
  • Le film Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, palme d’or à Cannes, fait explicitement référence au roman : le titre est inspiré du fait que le cri d’alarme à lancer à la société abêtie n’est plus fait par le papier (et donc les intellectuels) mais par cet événement du 11 septembre 2001 qui doit permettre à la population de ne pas voter pour George Walker Bush aux élections présidentielles de 2004 (ce qui fut un échec de ce côté). Moore considère que les intellectuels de gauche américains ont trahi leur mission. Ray Bradbury a exprimé sa colère au fait que Moore ait pastiché le titre de son roman sans sa permission, mais il ne peut le poursuivre en justice parce qu’il n’avait pas placé le titre sous copyright.
  • Une bande dessinée de Donald Duck (parue dans Mickey Parade[3]) pastiche le roman sous le titre de La Brigade du Silence (en version française). Dans cette histoire, Donald fait partie d’une brigade de pompiers qui doivent brûler tous les instruments de musique sous l’ordre de Picsou qui prétend que la musique rend triste.
  • Dans le dessin animé Les Simpson, Lisa Simpson croise la route de Timothy, le révérend de l'église de Springfield, en camionnette qui lui demande si elle a un livre à lui conseiller. Elle lui propose Fahrenheit 451 et on voit tout de suite après l'arrière du véhicule portant l'inscription « livres à brûler » et des flammes à travers les vitres arrières.

Notes et références

Voir aussi


Précédé par Fahrenheit 451 Suivi par
L'Homme démoli de Alfred Bester
Prix Hugo du meilleur roman
1954 (attribué en 2004)
They'd Rather Be Right de Mark Clifton et Frank Riley
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