Discours À La Lanterne

Discours À La Lanterne

Discours à la lanterne

Le Discours à la lanterne est une brochure rédigée par Camille Desmoulins en 1789.

La France libre et ses autres pamphlets firent connaître Camille Desmoulins à l'élite politique qui le reconnurent comme un des leurs. Mais il désirait plus encore : écrire une brochure qui lui amènerait le succès auprès du peuple.

Sommaire

Origine du titre de cette brochure

Camille Desmoulins donna sa voix à l'objet le plus sinistre qui officia dans les rues de la capitale avant la création de la guillotine. A l'angle de la rue de Grève et de la rue de la Vannerie, au-dessus d'une boutique d'épicier, se trouvait une branche de fer, la lanterne qu'elle soutenait autrefois ayant disparue. Ce fut à cet endroit que les émeutiers amenèrent pour les pendre un espion du gouverneur de la Bastille, Joseph Foullon de Doué, l'adjoint au ministère de la Guerre qui fut accusé d'avoir voulu affamer les Parisiens, et le boulanger François. Bientôt pour faire connaître aux contre-révolutionnaires le sort qu'il leur était réservé on criera, on chantera : «Les aristocrates à la lanterne !»

Contenu de la brochure

Dans cette brochure, Camille Desmoulins signala les ennemis de la Révolution et les amenant pour ainsi dire, remarque t-on, au pied de la potence improvisée. Dans son Discours à la lanterne, il entraîna les Parisiens dans la violence populaire et au déchaînement. Lors des massacres de septembre 1792, il en eût des regrets en disant : «C'est un grand mal que le peuple se familiarise avec ces jeux» . Dans cette brochure il attaquera Jean Paul Marat reprochant à ce dernier la facilité avec laquelle il envoie le peuple exécuter ceux qu'il avait disgracié. Camille Desmoulins dans sa brochure attestera de la psychose contre-révolutionnaire. Il y appellera à la Terreur mais de façon équivoque. La justice populaire expéditive semble lui avoir donné des regrets, avait-il une préférence pour la justice légale ? En étudiant ses pamphlets ici et là on pourrait trouver des preuves allant dans ce sens, sans qu'ils soient pleinement persuasifs. Le Discours à la lanterne ne fut en aucun cas une dénonciation lamentable. Un vrai souffle patriotique anima Camille Desmoulins, dans ce livre il célèbrait contre ses détracteurs la démocratie naissante et ses futures réalisations.

Quelques extraits du Discours à la lanterne

«Puisque la trahison est avérée, pourquoi s'enquérir si peu des traîtres ? Je le dirai avec la modération qui sied à une lanterne, mais aussi avec la franchise qui convient dans un pays libre et remplissant le rôle de vigilance qu'on doit attendre de mon ministère et l'œil du grand Justicier de France ; nous tenons Besenval, d'Espremesnil, Maury, le duc de Guiche ; tant mieux s'ils se trouvent innocents ! Mais je n'aime point qu'on eût relâché Cazalès. Sa personne est sacrée, dit-on. Je n'entend point ce mot là. Veut-on dire du sieur Cazalès comme la loi romaine, c’est-à-dire, le flatteur Ulpien le disait du Prince : il est au-dessus des lois. Cela est faux : il n' y a de sacré et d'inviolable que l'innocence ; elle seule peut braver la Lanterne».

«A qui fera-t-il croire (le maire de Paris, Jean-Sylvain Bailly) que la plate-forme de Montmartre n'ait pas été destinée uniquement à nous froudroyer et qu'elle puisse servir à un autre usage ? Bons Parisiens, il y avait donc contre vous une conspiration exécrable. La conjuration des poudres, dont la découverte est célébrée à Londres par une fête anniversaire, était mille fois moins constatée, et vous n'avez échappé au meurtre que par votre courage, parce que les scélérats, les traîtres sont toujours lâches, qu'ils ne sont animés que par l'égoïsme et le vil intérêt et que d'une passion basse il ne peut naître de grandes choses ; au lieu que le patriotisme, c’est-à-dire l'amour des frères et l'oubli de soi-même, enfante des actions héroïques».

«Il est temps, dit Camille Desmoulins, faisant parler la Lanterne, que je me mêle à ces éloges de justes plaintes. Combien de scélérats viennent de m'échapper ! Non que j'aime une justice expéditive ; vous savez que j'ai donné des signes de mécontentement lors de l'ascension de Foulon et de Berthier, j'ai cassé deux fois le fatal lacet. J'étais bien convaincu de la trahison et des méfaits de ces deux coquins, mais le Menuisier mettait trop de précipitation dans l'affaire. J'aurais voulu un interrogatoire et la révélation de nombreux faits. Au lieu de constater ces faits, aveugles Parisiens, peut-être aurez-vous laissé dépérir les preuves de la conspiration tramée contre vous et tandis qu'elle n'a prêté son ministère qu'à la justice et à la Patrie, qui le demandaient, vous avez déshonoré la Lanterne».

«On accuse la génération de tout renverser et de ne rien édifier. Mais ne faut-il pas avoir détruit la Bastille avant de rien élever sur son emplacement ? Déjà maint architecte s'évertue à imaginer un palais digne des augustes représentants de la nation [...] Le conseil permanent de la nation étant alors sédentaire à Paris, cette ville recouvrera enfin, par la transmigration des bureaux, ce surcroît de richesse, de santé et d'embonpoint qu'elle ne cessait de regretter depuis que le roi l'avait comme dédoublée pour créer Versailles. Ce bienfait, si grand n'est pas le seul dont la Révolution doit enrichir la capitale. Comme ce n'est pas, ainsi que les autres, une ville qui appartienne en propre à ses habitants ; que Paris est plutôt la patrie commune, la mère-patrie de tous les Français, il n'est aucune cité dans le royaume qui ne s'intéresse à sa splendeur et toutes les provinces s'empresseront d'y accourir. L'industrie et l'activité parisienne, secondées de cette conspiration unanime du reste de la nation à embellir la métropole, y créera des merveilles et M. Mercier ne mourra pas, je l'espère, sans voir ce qu'il a tant souhaité, Paris PORT. Oui, Paris port, et tellement port que la galère d'Hyéron y pourrait manœuvrer et je prétends voir passer ici en revue à M. de La Fayette, l'infanterie parisienne, la cavalerie parisienne, l'artillerie parisienne et la marine parisienne».

Sources

  • Camille Desmoulins de Jean-Paul Bertaut
  • Portail de la Révolution française Portail de la Révolution française
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