Concile de Bale

Concile de Bale

Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome

Le XVIIe concile œcuménique de l'Église catholique commence à Bâle le 23 juillet 1431. Transféré par Eugène IV à Ferrare en 1437 puis à Florence en 1439, il se termine à Rome en 1441.

Sommaire

Bâle

Bâle vers 1490

Le concile de Constance (1414-1418) a résolu la crise du Grand Schisme d'Occident. Par son décret Frequens du 9 octobre 1417, il s’est déclaré institution permanente de l’Église, devant se réunir périodiquement et chargé du contrôle de la papauté[1]. Le concile de Pavie-Sienne ouvert en 1423, se révèle infructueux et est vite dissout au début de l'année suivante. L'affaire de la réformation est renvoyée au concile général qui doit se tenir sept ans après, et pour lequel le pape Martin V désigne la ville de Bâle[2].

L'ouverture du concile de Bâle est prévue pour le 3 mars 1431 ; Martin V étant mort peu avant, Gabriele Condulmer est élu pape ce jour là et prend le nom d'Eugène IV. Giuliano Cesarini, cardinal de Saint-Ange et légat en Allemagne doit présider le concile, mais aucun prélat n'était encore arrivé à Bâle et le concile est ouvert par Jean de Polémar, chapelain du pape, et Jean de Raguse, procureur général des Dominicains, délégués par le cardinal Cesarini le 23 juillet[3].

Premier conflit avec le pape

Le 14 décembre, le concile s’affirme supérieur au pape et confirme le décret Frequens rendu à Constance[4]. Le 18 décembre, Eugène IV, prétextant une faible participation, dissout le concile de Bâle et le transfére à Bologne, mais appuyé par l'empereur Sigismond, il continue à siéger[3].

Le 29 avril 1432 les pères du concile somment le pape de révoquer la bulle de dissolution, sinon il procèderont « selon le droit divin et humain, pour le bien de l’Église ». Le concile ouvre un procès contre le pape le 6 septembre suivant[5]. Le 13 juillet 1433 le concile retire au pape le droit de conférer les hautes dignités ecclésiastiques et lui donne soixante jours pour se rétracter[6]. Le 29 juillet, le pape déclare nul et non avenu tout ce que décidera le concile contre lui[7].

Le 15 décembre 1433, Eugène IV doit reconnaître la nullité de sa décision et la légitimité du concile par la bulle Dudum Sacrum[8]. Le 26 juin 1434, le concile réaffirme solennellement sa supériorité au pape[9].

Les compacta : résolution de la crise hussite

En Bohême, la nouvelle croisade contre les hussites convoquée par le pape Martin V est écrasée en août 1431[10]. Le concile de Bâle se montre prêt à négocier le 15 octobre, ce qui donne à la cour romaine un motif d'opposition contre le concile qui remet en cause la condamnation des Hussites à Constance.

Le 6 janvier 1433, la délégation hussite arrive à Bâle et engage la discussion sur la Déclaration des Quatre Articles le 16. Les Hussites modérés ratifient les Compacta à la diète de Prague le 2 janvier suivant. Les plus extrémistes, les taborites, rejettent ses accords, mais sont battus par une armée de barons et de pragois (modérés) dès le 6 mai puis sont écrasée à la bataille de Lipany le 30 mai. Leur chef Procope Holy y est tué. Les utraquistes et les plus modérés des taborites reformulent les Quatre Articles qui le limitent à la seule communion des deux espèces. Le 30 novembre, une délégation du concile signe à Prague des Compacta (accords) négocié avec la délégation hussite (prédication libre, utraquisme, correction publique des péchés, acceptation des sécularisations déjà accomplies)[8].

Le schisme

Le pape Eugène IV entouré de prélats, dont Enea Silvio Piccolomini, secrétaire de l'antipape Eugène IV, rallié à Eugène IV en 1445, fresque de Pinturicchio

Les quatorze premières sessions du concile de Bâle se déroulent du 15 février 1432 au 14 novembre 1433. C'est à partir de la seizième session (5 février 1434), après la réconciliation avec le pape, que ce concile devient véritablement canonique. C'est lors de de la trente-quatrième session, le 25 juin 1439 que le concile devient schismatique.

Le 18 septembre 1437, le pape Eugène IV, arguant de la nécessité de tenir un concile d’union avec les orthodoxes, transfère le concile de Bâle à Ferrare. Seul restent à Bâle les extrémistes : ils suspendent Eugène IV et désignent comme nouveau pape le comte de Savoie, Amédée VIII[8]. Il est intronisé 23 juillet 1440 dans la cathédrale de Lausanne et prend le nom de Félix V[11]. Les pères du concile de Bâle se séparent lors de quarante-cinquième session, le 16 mai 1443, prévoyant la tenue d'un nouveau concile général à Lyon dans trois ans[3].

Le noyau dur des prélats schismatiques reste à Bâle. L'antipape ne recrute que peu d'adhérents en dehors de ses propres états héréditaires, de ceux d'Alphonse V d'Aragon, de la Confédération Suisse et de certaines universités. L'Allemagne reste neutre, Charles VII de France se limite à assurer à son royaume un grand nombre de réformes décrétées à Bâle par la Pragmatique Sanction de Bourges du 13 juillet 1438. L'Angleterre et l'Italie restent fidèle à Eugène IV. En 1447, l'empereur Frédéric III, après des négociations avec Eugène, commande au bourgmestre de Bâle de ne pas délivrer de sauf-conduit aux pères du concile dans la ville impériale. Il signe avec le Saint-Siège le concordat germanique le 17 février 1448, lors de la diète d'Aschaffembourg. La Convention restitue au pape tous les droits que lui a enlevé le concile de Bâle et provoque l’indignation des clercs allemands qui pensent avoir été privé de leurs libertés traditionnelles[12].

Le 4 juillet 1448, les pères du concile quittent Bâle pour Lausanne. L'antipape, devant l'insistance de la France, finit par abdiquer le 7 avril 1449. Lors de sa deuxième session le 16 avril, le concile de Lausanne lève toutes les sentences prononcées par le concile de Bâle contre ceux qui ont soutenu Eugène IV. Celui-ci étant mort le 23 février 1447, les pères du concile reconnaissent son successeur Nicolas V en échange de la ratification par celui-ci de tout les décrets de Bâle et de Lausanne (bulle du 18 juin 1449. Le concile de Lausanne se réunit pour la dernière fois le 25 avril[13].

Ferrare-Florence

Le 8 janvier 1438 s'ouvre le concile de Ferrare, opposé à celui de Bâle[14]. Il déclare nulles toutes les décisions prises par le concile de Bâle. Celui-ci suspend le pape et prend en main le gouvernement de l’Église le 24 janvier. Eugène IV excommunie les pères du concile de Bâle le 15 février. Ceux-ci répliquent le 25 juin 1439 et déclarent hérétique Eugène IV et le déposent[15].

L'Union des Églises

Florence vers 1490

L'une des raisons du transfert à Ferrare est une requête des orientaux : l'Église d'Orient, qui cherche du soutien pour faire face à la menace turque, donne son accord pour participer à un concile œcuménique - ils n'avaient pas participé aux sessions du concile de Bâle -, sous réserve qu'il se situe sur les bords de la mer Adriatique, afin qu'en cas d'attaque turque les orientaux puissent retourner rapidement dans leur pays. Nicolas de Cues est envoyé en mission à Constantinople pour persuader les Grecs à assister au Concile.

Le 27 novembre 1437, la délégation grecque envoyée au concile de Ferrare et conduite par Jean VIII Paléologue embarque à Constantinople pour Venise. L'empereur est accompagné de 21 métropolites et évêques, dont le patriarche de Constantinople, et une suite d'archimandrites et de membres du clergé, jusqu'à concurrence d'environ 700. Marc d'Éphèse, Isidore de Kiev, Bessarion de Nicée et André, archevêque de Rhodes sont les personnalités les plus connues.

Elle arrive à Venise en février, puis à Ferrare en mars. Bessarion est désigné avec le métropolite d'Éphèse Marc Eugénikos pour défendre la position de l'Église grecque. Il prononce le discours inaugural le 8 octobre 1438. Si au départ il persiste à condamner l'addition du filioque au symbole de Nicée par l'Église latine, sa position évolue devant les arguments du dominicain Jean de Montenero, et il plaide pour la réconciliation des Églises devant la délégation grecque en avril 1439[16]. Le patriarche Marc d'Éphèse conteste pour sa part le rapprochement catholique-orthodoxe.

Au cours de la 16e session, le 10 janvier 1439, le pape propose aux Grecs de transférer le concile à Florence, la peste s'étant déclarée à Ferrare. Le concile reprend à Florence le 16[3].

Le 6 juillet 1439 Bessarion lit la version grecque du décret d'Union des Églises à Santa Maria del Fiore. La version latine est lue par le cardinal Giuliano Cesarini[16].

La délégation grecque s'embarque à Venise le 19 octobre 1439. Le métropolite de Moscou, Isidore de Kiev, adhère à l’union des Églises au nom de l’Église russe. De retour à Moscou en 1441, il échoue à imposer l'Union. Le prince Vassili III le fait enfermer dans un couvent et libère l’Église russe de la tutelle des Byzantins[17]. De son côte Bessarion échoue à imposer l'union à Constantinople. La masse du peuple byzantin est contre l’union des Églises et sa proclamation à Constantinople doit être remise jusqu’au 12 décembre 1452.

De 1439 à 1441, des religieux éthiopiens de Jérusalem participent au concile de Florence[18]. Le 5 février 1441 est signé un décret de réunion entre Rome et l'Église Jacobite[19].

Le 26 avril 1441, le concile est transféré de Florence à Rome. Il s'y tient deux sessions pendant lesquelles sont publiées des décrets concernant la réunion des Jacobites, des Syriens, des Chaldéens et des Maronites[19]

Voir aussi

Notes et références

  1. Les tribulations de l'ecclésiologie à la fin du Moyen Age, par Stefan Swieżawski Editions Beauchesne, 1997 (ISBN 2701013518 et ISBN 9782701013510)
  2. Histoire de l'Église, par François Joseph Xavier Receveur
  3. a , b , c  et d Dictionnaire universel et complet des conciles tant généraux que ... Par Adolphe-Charles Peltier, 1847
  4. Traicté de la différence des schismes et des conciles de l'Eglise, par Jean Lemaire de Belges, Jennifer Britnell Éditeur Librairie Droz, 1997 (ISBN 2600002308 et ISBN 9782600002301)
  5. Cours d'histoire des états européens, par Frédéric Schoell, Franz Xaver Zach édité chez Duncker et Humblot, 1830
  6. Dictionnaire géographique de la Bible, par Augustin Calmet, 1847
  7. Histoire Universelle de l'Esglise Catholique, par René François Rohrbacher Éditeur Gaume frères, 1858
  8. a , b  et c Histoire de l'empire d'Autriche, par Karl Heinrich Joseph Coeckelberghe-Duetzele Éditeur C. Gerold, 1845
  9. Vraie histoire des conciles, par Jean Louis Schonberg Éditeur La Baconnière, 1962
  10. Histoire de la guerre des Hussites et du Concile de Basle, par Jacques Lenfant Éditeur Chez Pierre Humbert, 1731
  11. Nouvelle encyclopédie théologique Éditeur J.P. Migne, 1854
  12. L'Europe au Moyen Age, par Henry Hallam
  13. Annales historiques du comté de Neuchatel et Valangin depuis Jules-César..., par Jonas Boyve, Gonzalve Petitpierre Éditeur E. Mathey, 1855
  14. Histoire des Français, par Jean-Charles-Léonard Simonde Sismondi Éditeur Dumont, 1837
  15. Histoire de la lutte des papes et des empereurs de la maison de Souabe, par Claude Joseph de Cherrier Éditeur Furne, 1858
  16. a  et b Centuriae Latinae, par Colette Nativel, Jacques Chomarat Librairie Droz, 1997 (ISBN 2600002227 et ISBN 9782600002226)
  17. La Russie et le Saint-Siège. études diplomatiques, de Paul Pierling
  18. Ethiopie, par Luigi Cantamessa, Marc Aubert
  19. a  et b Histoire universelle de l'Eglise Catholique, par René François Rohrbacher, Auguste-Henri Dufour Éditeur Gaume Frères, 1861
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