Cinq Martyrs du lycée Buffon

Cinq Martyrs du lycée Buffon

Les Cinq martyrs du lycée Buffon sont cinq lycéens du lycée Buffon, résistants fusillés par les nazis au stand de tir de Balard, à Paris (15e), le 8 février 1943.

Sommaire

Composition du groupe

  • Jean-Marie Arthus (né à Lausanne, Suisse, le 2 avril 1925, de parents français). Son père, veuf en 1940, était médecin psychiatre.
  • Jacques Baudry (né le 7 avril 1922). Fils unique d'un professeur d’économie, il habite au 247 rue de Vaugirard. Entré au lycée Buffon en 1932, il réussit son baccalauréat et prépare, en 1940, le concours aux grandes écoles.
  • Pierre Benoît (né à Nantua le 7 mars 1925). Son père est officier de police et sa mère directrice d’école maternelle. Il habite au 6 Square Desnouettes.
  • Pierre Grelot (né le 16 avril 1923). Fils d’un ingénieur-dessinateur au ministère des PTT, il habite 11 bis rue de Pondichéry. Il est au lycée Buffon depuis la 3e ; il entre en 1940 en 1re B et se destine à l’enseignement de l’espagnol.
  • Lucien Legros (né le 11 juin 1924). Fils d’un chef de bureau du ministère des Finances, il habite 28 rue des Plantes dans le 14e. Entré au lycée Buffon depuis la 6e, il est passionné par la poésie, la peinture et c’est aussi un excellent pianiste.

Il y a en fait un sixième homme, âgé de 13 ans lors du premier acte de résistance commis par ce groupe : Michel Agnellet, encore vivant aujourd'hui grâce au silence de ses camarades sous la torture.

Histoire

Après la défaite dans la Bataille de France et la signature de l'armistice le 22 juin 1940, des groupes de résistance naissent ; des actes de résistance, individuels ou collectifs, se font de plus en plus nombreux. Dans les facultés et les lycées parisiens, la rentrée scolaire s'effectue dans une atmosphère lourde. Des tracts commencent à circuler, des slogans anti-allemands apparaissent sur les murs. Au lycée Buffon, entre autres, un mouvement de résistance se forme chez les enseignants comme chez les élèves. Le 11 novembre 1940, des lycéens sont présents dans le cortège des étudiants venus fleurir la tombe du Soldat inconnu lors de la manifestation patriotique organisée à l'arc de Triomphe.

Jean-Marie Arthus (15 ans en 1940), Jacques Baudry (18 ans), Pierre Benoît (15 ans), Pierre Grelot (17 ans) et Lucien Legros (16 ans), s'efforcent de faire comprendre aux autres lycéens que la guerre n'est pas finie ; qu'il faut lutter contre l'armée d'occupation. Ils installent une petite imprimerie chez l'un d'entre eux et distribuent des tracts, collent des papillons. Le groupe s’organise, ils prennent des pseudonymes : Marchand, André, Francis, Paul, Jeannot, et cachent également leurs premières armes. Les services de renseignements généraux s'inquiètent des activités de ces jeunes gens dont ils ne connaissent pas encore l'identité.

En 1941, les groupes et les réseaux de résistance se développent ; les attentats et les sabotages se multiplient contre l'occupant dont les mesures de répression s'intensifient. Les cinq lycéens décident de s'engager dans la résistance armée en adhérant aux Francs-tireurs et partisans (FTP).

En avril 1942, un professeur de lettres du lycée Buffon, Raymond Burgard, fondateur du mouvement de résistance "Valmy", est arrêté à son domicile par l'Abwehr. La réaction de ses élèves est immédiate. Ils décident de protester publiquement. Durant les vacances de Pâques, ils organisent une manifestation qui se déroule le jeudi 16 avril 1942, jour de la rentrée. À la récréation du matin, une cinquantaine d'élèves d'autres établissements, conduits par Lucien Legros, force l'entrée du lycée Buffon et rejoint le groupe de Buffon, mené par les quatre autres. La manifestation d’une centaine de lycéens se dirige vers "la cour des grands" en criant : « Libérez Burgard » et en chantant la Marseillaise. Dix minutes après les élèves commencent à se disperser mais un agent du lycée a fait fermer les issues et prévenir la police. Les cinq réussissent à s'enfuir, mais Legros et Benoît sont reconnus et dénoncés aux autorités. Ils sont désormais fichés comme « jeunes gens très dangereux » par les services de police, et obligés de vivre dans la clandestinité.

Loin de cesser, l'activité des cinq amis s'intensifie. Le groupe passe à la lutte armée. En moins de trois mois, ils participent à deux attentats (rue de l'Armorique et quai Malaquais) sans faire de victimes. Ils lancent des grenades (quai de Tokyo) contre un amiral allemand et ses invités au cours d'une réception, occasionnant des dégâts minimes. Les 3 et 4 juin 1942, Legros, Arthus, Baudry et Grelot sont arrêtés sur dénonciation par la Brigade Spéciale no 2 des Renseignements généraux. Seul Benoît parvient à s'échapper.

Le 17 juin 1942, ils comparaissent devant le tribunal spécial de Paris pour avoir participé à la manifestation de la rue de Buci sous les accusations de « pillage, tentative d'homicide volontaire et association de malfaiteurs ». La sanction est sans appel : travaux forcés à perpétuité. Toutefois étant compromis dans des attentats contre les troupes d'occupation, ils sont remis aux autorités militaires allemandes.

Pierre Benoît rejoint un groupe FTP à Moret-sur-Loing, près de Fontainebleau (au camp de Calvaire) où il poursuit la lutte. Il participe à des sabotages des voies ferrées, à la désorganisation des convois allemands, à la récupération des tickets de ravitaillement dans les mairies, à des attentats contre des collaborateurs. Signalé par les renseignements généraux et les services de police comme « chef terroriste très dangereux, toujours armé et se sachant recherché », il est activement recherché dans toute la France. Il tombe entre les mains de la police française, le 28 août 1942, près de la gare Saint-Lazare. Après avoir été longuement interrogé et torturé, il est livré à la Geheime Feld Polizei. Il retrouvera ses quatre compagnons à la prison de la Santé.

Le 15 octobre 1942, après un nouveau procès, les cinq jeunes sont condamnés à mort par le tribunal de la Luftwaffe et transférés à la prison de Fresnes. Baudry et Legros tentent à deux reprises de s'évader mais sont repris et mis aux fers. Le 8 février 1943, vers 11 heures du matin, les cinq lycéens sont fusillés au stand de tir de Balard (Paris 15e) et leur corps jetés dans une fosse commune du cimetière parisien d'Ivry-sur-Seine.

Les familles

En août 1942, les attentats se multiplient, le général Carl-Heinrich von Stülpnagel fait arrêter 100 personnes comme otages, dont les familles des cinq lycéens ; le docteur Arthus, madame Grelot et Jacques (son fils aîné), monsieur Legros et Jean (son fils), monsieur et madame Benoît. Ils sont conduit au fort de Romainville. Ils ne doivent leur salut qu'à l'intervention immédiate d'un haut fonctionnaire ami de Monsieur Legros. La famille Baudry absente de Paris échappe à cette rafle. Le 11 août 1942, 88 otages sont fusillés au mont Valérien.

Après la guerre

Après la guerre, Jean-Marie Arthus, Jacques Baudry, Pierre Benoît, Pierre Grelot et Lucien Legros ont été décorés à titre posthume de la Légion d'honneur, de la Croix de guerre et de la Médaille de la Résistance et cités à l'Ordre de la Nation.

En 1952, leurs corps sont incinérés et l'urne contenant leurs cendres est placée dans la crypte de la chapelle de la Sorbonne au côté de douze universitaires-résistants.

Mémoire

Il existe :

En 1959, la Poste française a émis un timbre honorant les cinq lycéens[1].

Une pièce de théâtre écrite en 2006 par Jean-Charles Raymond met en scène Lucien Legros : Un autre 11 septembre, premier acte de Résistance, interprété par la compagnie La Naïve.

En octobre 2007, le téléfilm La vie sera belle, retraçant leurs faits d'armes, passe à la télévision à une heure de grande écoute.

Notes et références

Liens internes

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Cinq Martyrs du lycée Buffon de Wikipédia en français (auteurs)

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