C'est arrivé près de chez vous

C'est arrivé près de chez vous

C'est arrivé près de chez vous

Réalisation Rémy Belvaux
André Bonzel
Benoît Poelvoorde
Scénario Rémy Belvaux
André Bonzel
Benoît Poelvoorde
Vincent Tavier
Acteurs principaux Benoît Poelvoorde
Pays d’origine Drapeau de Belgique Belgique
Sortie 1992
Durée 95 min

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

C’est arrivé près de chez vous est un faux documentaire belge noir et blanc de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde sorti en 1992.

Sommaire

Synopsis

Film belge culte des années 1990, C’est arrivé près de chez vous met en scène une petite équipe de journalistes qui tournent un reportage sur Ben, un homme qui a la particularité de tuer pour gagner sa vie.

Il s'attaque principalement aux personnes de la classe moyenne et aux personnes âgées, préférant « travailler petit mais que ça rapporte beaucoup ». Ce film se veut une parodie cynique de la célèbre émission Strip-tease (documentaires belges d'un genre nouveau dans lesquels les journalistes s'effacent pour laisser parler les protagonistes seuls et les mettre à nu). Il comporte également de nombreux points communs avec le thriller Henry, portrait d'un serial killer, réalisé en 1986 et sorti en 1990, dont l'usage de la caméra subjective pendant les meurtres, l'humour noir, les dialogues "décalés", etc.

Le film use abondamment d’un humour très noir, choquant par sa violence mais contrebalancé par un ton exagérément sérieux rendant le tout burlesque.

Résumé et présentation du personnage principal

Ce faux documentaire, bien trop exagéré pour qu’il puisse paraître vrai, est dirigé par Rémy (interprété par Rémy Belvaux) qui interroge Ben (Benoît Poelvoorde) sur sa « vie professionnelle ». Mais bien souvent, Rémy se contente d'écouter les monologues-fleuves de celui-ci. Au fil de l'histoire, Rémy devient son ami et ensuite son complice. L'équipe est aussi composée d'un caméraman et d'un preneur de son qui sont assassinés pendant le reportage lors de fusillades entre Ben et des ennemis du milieu.

Ben assassine comme d’autres vont à l’usine : tuer, c'est son métier. Il exécute sans plaisir, sans remords non plus. Commettre un assassinat n'est pas une chose importante à ses yeux. Par exemple, il se plaint des fraudes des chefs de chantiers juste après avoir assassiné un veilleur de nuit (« un veilleur noir, pour qu'on le voie moins la nuit »), ou encore il parle de cinéma (« Ça ne vous rappelle rien ? Le Vieux Fusil, Philippe Noiret... bon film ça ») après avoir assassiné un homme et sa femme.

Ben est aussi poète. Il improvise par exemple un poème sur les pigeons (« Pigeon, oiseau à la grise robe / Dans l'enfer des villes / À mon regard tu te dérobes / Tu es vraiment le plus agile ») en pleine fusillade ou un autre sur la mer du Nord (inspiré de la chanson de Jacques Brel Le Plat Pays) au restaurant.

Il semble cultivé, principalement concernant l'art et le cinéma, et a son mot à dire sur tout : (A propos des logements sociaux : « Qu'est-ce qui te choque la première fois que tu vois ça ? La première chose qui te saute aux yeux ? Les briques ! C'est les briques rouges ! Mais le rouge, c'est la couleur de quoi ? Le rouge, c’est la couleur du sang, le rouge, c'est la couleur des Indiens, c'est la couleur de la violence ! »).

Chez Ben transparaissent racisme et homophobie, manifestés avec une grande candeur (« …typiquement dans l'esprit des habitations japonaises, parce que ces gens-là, malgré tous leurs défauts, avaient compris beaucoup de choses ! » ; « Les Noirs s'entendent très bien avec les animaux, c'est connu… Ils ont une façon de leur parler. » ; « [Il est] compétent, mais dissipé, comme tous les Méditerranéens. » ; « Tu ne trouves pas qu'il y a beaucoup d'homosexuels dans votre milieu ? Dans le milieu du spectacle… Il y en a beaucoup plus que dans les milieux normaux je trouve… Je vous regardais la fois passée tous les trois… Vous n'êtes pas homosexuels ? Tu es sûr, Rémy ? Mais tu peux l'être, tu sais, ça ne me dérange pas… »).

Par delà les dialogues du film, l’humour noir, et de légèreté apparente des personnages on peut entrevoir une réflexion sur le voyeurisme, la manipulation des images, la complaisance des équipes de tournage.

Cocktail Petit Grégory

Dans une séquence du film, le tueur invite les reporters faisant un film à son sujet à boire un Petit Grégory. Chacun remplit son verre d'une « larme de gin » et d'une « rivière de tonic », puis y jette "la p'tite victime": une olive attachée par une ficelle à un morceau de sucre. Le sucre se dissout alors progressivement dans l'alcool, laissant au bout d'un temps plus ou moins long l'olive remonter à la surface. Le premier chez qui l'olive remonte à la surface a perdu : il doit payer l'addition et boire son verre cul sec.

Ce cocktail fait clairement référence à l’affaire Grégory, du nom d'un enfant de quatre ans retrouvé noyé pieds et mains liés dans une rivière des Vosges, en 1984. L'olive lestée du sucre symbolise le petit Grégory lesté de pierre (le tueur rappelant d'ailleurs à ses compagnons ses explications données en début de film sur combien de fois son poids un corps doit être lesté pour couler sans remonter).

Fiche technique

Distribution

  • Benoît Poelvoorde : Ben
  • Rémy Belvaux : Rémy (journaliste)
  • André Bonzel : André (caméraman)
  • Jacqueline Poelvoorde-Pappaert : la mère de Ben
  • Nelly Pappaert : la grand-mère de Ben
  • Hector Pappaert : le grand-père de Ben
  • Jenny Drye : Jenny
  • Malou Madou : Malou
  • Willy Vandenbroeck : Boby
  • Rachel Deman : Mamie Tromblon
  • André Laime : vieil homme alité
  • Edith Lemerdy : infirmière
  • Sylviane Godé : femme violée (Martine)
  • Zoltan Tobolik : mari de la femme violée
  • Valérie Parent : Valérie
  • Alexandra Fandango : Kalifa
  • Riccardo Cotica : Le Gamin qui se fait étouffer
  • Olivier Cotica : Bénichou (fils de Kalifa - Ben laisse planer le doute quant à sa paternité)
  • Jean-Marc Chenut : Patrick (preneur de son n° 1)
  • Alain Oppezzi : Franco (preneur de son n° 2)
  • Vincent Tavier : Vincent (preneur de son n° 3)
  • David Gouyon : Victime (non crédité au générique)
  • Clinet Dorian : Garçon au revolver (non crédité au générique)

Autour du film

  • Ce film est le premier de Benoît Poelvoorde, qui ne se destinait pas à une carrière d'acteur.
  • La première version était à l'origine le film de fin d'études de Rémy Belvaux à l'INSAS, école belge de cinéma. Des séquences supplémentaires furent tournées par la suite pour allonger sa durée et rendre possible une sortie en salle.
  • Par manque de moyens, le film a été tourné en noir et blanc, 16 mm (gonflé en 35 mm pour sa présentation au Festival de Cannes) et beaucoup d'acteurs ont joué gratuitement (la mère et les grands-parents de Benoît dans leurs propres rôles).
  • Les membres de la famille de Benoît savaient très peu de choses sur le contenu du film lorsque leurs scènes furent tournées. Notamment, ils ont fait croire à la mère de Benoît qu'ils tournaient un vrai documentaire sur son fils.
  • La scène du viol (où les protagonistes débarquent en pleine nuit violer une pauvre femme avant de la tuer ainsi que son mari, tout en chantant gaiement « C'est la ronde de nuit ! »), filmée crûment et sans tabou, a été coupée dans plusieurs versions exportées, notamment dans la version destinée aux É.-U., afin d'éviter la censure.[réf. nécessaire]
  • L'affiche originale montrait une tétine qui giclait d'une flaque de sang. Sur l'affiche française la tétine a été remplacée par un dentier. Actuellement l'affiche originale n'est plus censurée, elle est devenue la jaquette du DVD.
  • Le film a inspiré "Le tueur fou de Mouscron" en 1992. Un jeune homme avait alors semé la terreur dans la ville pendant plusieurs semaines en tirant au hasard sur des personnes, et en blessant plusieurs, dont une mortellement. Il avait entre autres tiré sur une dame qui habitait la maison qui a servi de décor dans la scène où le personnage principal abat toute une famille dans le film. Il a été prouvé au cours de l'enquête que le jeune homme n'avait finalement pas regardé ce film, et que c'est fortuitement qu'il aurait tiré sur cette maison qui a servi de lieu de tournage[1].

Le film a été tourné en particulier à :

Citations

Film

Exemples de poèmes extraits du film :

« Pigeon !
Oiseau à la grise robe,
Dans l'enfer des villes
À mon regard, tu te dérobes,
Tu es vraiment le plus agile. »

ou encore :

« Avec la mer du Nord
Le long des golfes clairs
Et des vagues dodues
Pour arrêter les vagues
Et des poissons volants, volant comme des goélands.
Et des planctons, en veux-tu, en voilà
Et des saumons rouges surgissant de l'au-delà !
Et les méduses amères
Et les algues pourpres
Et les goémons d'hiver
Rien... non rien ne m'empêchera de citer ton nom
Mer ! Mer ! Mer ! cruelle marâtre amère et les eaux qui (…) » (suite à quoi il vomit)

mais aussi :

« Mille feuilles se croisent
Dans un mouvement de vent brumeux,
De beaux marrons et de belles châtaignes
Rebondissent au sol sans qu'aucune ne m'atteigne.
Le froid crache son droit au dernier soubresaut estival
Qui d'une ultime caresse d'abandon
Chauffe mon corps engourdi par ce nouvel assaut.
Sans tambours ni trombones,
C'est lui, le voilà,
Le merveilleux automne... »

et enfin :

« Cinéma ! Cinéma !
De salle en salle et de film en film,
je t'ai donné mon existence.
Et toi Gabin,
Fils de Lucien,
Le cinéma a fait de toi,
Un bon gamin
“Cinéma, Cinéma” »

Presse

  • « Enfin un film qui pèse, hachant la vertu en morceaux, fouillant délicieusement nos nerfs et notre cerveau. Un pur délice antimédias, zigzaguant aux frontières de la morale, sombre à faire peur, cruel, dégueulasse, à mourir de rire. Un conte de fées pour époque incrédule. Mais sans fées. L'ogre est roi. » (Actuel, octobre 1992)
  • « C'est une violence virtuelle pour de vraies confessions de barjot qui, s'émoussant un peu sur la distance, trouvent leur jovial salut dans une absence totale de prétention. Ce film ne pisse pas très haut mais toujours au bon endroit, là, dans nos bénitiers. » (Libération, 11 août 1992)
  • « À force de vouloir être partout, à la fois dans le film et à côté, en commentateurs ironiques, ils finissent par être nulle part. Dans cette absence envahissante, on presse quelque chose d'immonde » (Le Monde, 6 novembre 1992)
  • « On ne voit plus qu'une bande de potaches hilares qui tournent en rond avec leur provoc facile et se vautrent dans le pipi-caca-vomi. » (Télérama, 11 novembre 1992)

Distinctions

Récompenses

Nominations

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Notes, sources et références


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