Bombardement strategique

Bombardement strategique

Bombardement stratégique

Le bombardement stratégique a pour but d'attaquer les structures de commandement politique et militaire d'un ennemi, son complexe militaro-industriel et son économie en détruisant ses mines, ses usines, ses infrastructures voire ses villes.

Bombes montées sous un biplan de la Luftwaffe en novembre 1917.
Bombardier italien Caproni Ca.36 de la Première Guerre mondiale.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, les avions et les Zeppelins sont utilisés pour larguer des engins explosifs sur l'ennemi. Environ un an après apparaissent les premiers avions spécialisés dans le bombardement. C'est l'apparition du bombardement tactique dont le but est de frapper directement les troupes ennemies, les points forts ou les équipements généralement à une distance relativement courte de la ligne de front. Parfois, ils attaquaient systématiquement les ressources vitales de l'ennemi, ce fut le premier bombardement stratégique.

Les bombardiers stratégiques sont donc de gros avions à long rayon d'action tandis que les bombardiers tactiques sont plus petits. Les bombardiers stratégiques attaquent plutôt les cibles comme les centres de commandement, bâtiments administratifs, usines, les chemins de fer, les installations de communication ou bien encore les raffineries de pétrole ou les villes, et ont pour but de gêner ou d'empêcher les communications et les approvisionnements adverses, ou de saper le moral de la population ennemie, soutien indispensable de l'armée présente au front. Le bombardement tactique attaque les concentrations de troupes, les aérodromes, les réserves de munitions, a pour but d'empêcher l'adversaire d'attaquer ou de se défendre, et fait directement partie des troupes combattantes. Mais la distinction ne tient ni vraiment dans le type de l'avion, ni dans la cible : le bombardement tactique veut détruire les forces armées de l'adversaire, le bombardement stratégique veut anéantir la structure économique d'un pays. Ainsi, par exemple, les armes nucléaires rentrent plutôt dans ce type de catégorie, dans sa forme ultime.

Un des premiers raids de la 8th USAAF sur l'Allemagne, en 1943 avec un B-17. La cible est l'usine aéronautique Focke-Wulf de Marienbourg. La 8th perd 80 bombardiers et 800 hommes dans l'opération.

Sommaire

Histoire et origines

Apparition

Dans la période de l'entre-deux-guerres, les militaires ont compris que le bombardement était une façon logique d'employer les avions. En Europe, le général italien Giulio Douhet affirmait que le principe de base du bombardement stratégique était l'offensive et qu'il n'y avait aucune défense possible contre un bombardement massif ou une attaque aux armes chimiques. Il trouva des disciples en France, en Allemagne et aux États-Unis où des extraits de son livre 'Il Dominio dell'Aria (1921) furent publiés.

Mais les stratèges militaires surestimèrent les dommages que pourraient causer une poignée de bombardiers et sous-estimèrent la résistance des populations.

L'invasion de la Chine

Enfant chinois pleurant dans les décombres de Shanghai après le bombardement de la ville par le Service aérien de la marine impériale japonaise le 28 août 1937.

Déterminé à assurer son expansion en territoire chinois, le quartier général impérial japonais autorisa de 1937 à 1945 le bombardement stratégique des villes chinoises. Les raids furent exécutés de façon indépendante par le Service aérien de l'armée impériale japonaise et celui de la Marine. Les zones les plus éprouvées furent les grandes villes comme Shanghai (bombardée dès l'été 1937) et Chongqing, qui subit pas moins de 268 raids entre 1939 et 1942, causant la mort de plus de 5000 civils au cours des deux premiers jours. [1]

À l'automne 1937, la violence des bombardements à l'encontre de Nanjing et de Guangzhou, où les bombes incendiaires visaient principalement des objectifs civils, entraîna une résolution de blâme du Comité aviseur pour l'Extrême-Orient de la Société des Nations à l'encontre du Japon. Lord Cranborne, le sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères de Grande-Bretagne, émit sa propre déclaration d'indignation. « Les mots ne peuvent exprimer le sentiment de profonde horreur avec lequel la nouvelle de ces raids a été reçue par le monde civilisé. Ils sont souvent dirigés contre des endroits éloignés de la zone d'hostilité réelle. L'objectif militaire, s'il existe, semble prendre une place secondaire. Le but principal semble être d'inspirer la terreur par le massacre des civils... » [2]

Début de la guerre en Europe

Les Allemands, contrairement aux Britanniques, abandonnèrent l'idée de produire des bombardiers stratégiques. Par la suite, l’intégration de la Luftwaffe à l'armée allemande, ainsi que les bénéfices de l'expérience pratique de la guerre moderne en Espagne firent que les Allemands utilisèrent leurs bombardiers comme artillerie aéroportée pour l'armée, avec des chasseurs pour les escorter. Lorsque la guerre commença, les trois grandes puissances européennes (la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne) se lancèrent dans le bombardement stratégique. Les Stukas allemands et les bombardiers de classe moyenne étaient très efficaces pour cette mission, quoique peu véloces dans le combat aérien. L'Armée de l'air française déchirée par des conflits internes était incapable d'employer correctement son grand nombre d'avions modernes.

La Luftwaffe fit du bombardement stratégique avec ses bombardiers moyens ; du 24 au 26 septembre 1939, la ville de Varsovie fut frappée par une attaque faisant près de 20 000 morts.

Le bombardement de Rotterdam par la Luftwaffe, le 14 mai 1940 qui fit 900 morts (30 000 morts annoncé dans les 1er chiffres) et des destructions considérables fit capituler les Pays-Bas.

Après la reddition de la France, ce fut la bataille d'Angleterre. La majeure partie de la bataille fut presque entièrement tactique : la Luftwaffe devait préparer la voie pour l'invasion par l'armée de terre, ou à défaut détruire les capacités de résistance de la Royal Air Force afin d'amener le Royaume-Uni à conclure une paix négociée.

Les Allemands se mirent à bombarder directement les villes, particulièrement Londres, ne réalisant pas combien ils avaient été près de leur but. D'autres villes comme Liverpool, Bristol, Belfast et Cardiff furent également durement touchées, voire prises volontairement pour cible, l'objectif en réduisant une ville comme Coventry en poussière étant de terroriser la population et de la pousser à appeler son gouvernement à négocier. Le principal but était tactique : la destruction des ports et des installations industrielles, mais miner le moral de la population était aussi un des buts majeurs.

Peu à peu, devant faire face à de nombreuses pertes d'avions, aux canons de DCA et aux accidents, la Luftwaffe s'engagea dans des bombardements nocturnes.

L’année suivante, les Britanniques développèrent le radar. Dans le camp opposé, les scientifiques allemands improvisèrent des aides par radionavigation afin d'aider les pilotes à trouver leurs cibles dans le noir. Enfin, le travail des casseurs de codes à Bletchley Park permit aux Britanniques de prévenir les attaques allemandes en surveillant leurs transmissions et donc de concentrer leurs défenses aux endroits visés.

La revanche britannique

Les Britanniques répliquèrent avec leur propre campagne de bombardements nocturnes mené par la Royal Air Force Bomber Command qui commença symboliquement en 1940 pour culminer de façon massive à la fin de la guerre. Mais à cause d'une visée peu précise, ces campagnes eurent peu de succès. Deux mesures furent prises : au lieu de viser précisément des cibles particulières, les Britanniques se mirent à procéder à des bombardements dans des zones à forte concentration humaine afin de faire le plus de dégâts matériels et tuer le plus de travailleurs possibles, tout en cassant le moral des habitants. D'autre part, les équipages furent entrainés, les avions pourvus d'aides électroniques et une force d'« éclaireurs » fut créée afin de marquer les cibles pour les bombardiers Avro Lancaster.

L'Air Marshall Arthur Harris fut placé à la tête de la planification stratégique des bombardements sur le sol allemand [3].

L'Avro Lancaster devient le fer de lance du Bomber Command comme lors du bombardement de Dresde.

Les bombardiers quadrimoteurs lourds étaient produits en série au Royaume-Uni, dans une telle proportion que d'autres secteurs vitaux de l'industrie d'armement manquaient de ressources. Jusqu'en 1944, les effets de ces bombardements sur la production allemande étaient relativement faibles et ne justifiaient pas cette mobilisation des ressources pour les bombardiers. Mais cet effet devint de plus en plus significatif : chaque destruction allégeait quelque peu la tâche des Soviétiques sur le Front de l'Est. Pour les bombardements de nuit britanniques, 40% des équipages localisaient leur cible.

Les États-Unis firent leur entrée sur le théatre Européen des opérations à partir de la fin 1942 pour commencer leur propre campagne de bombardements stratégiques avec la 8th USAAF et sur le théatre Méditerranéen des opérations avec la 15th USAAF à partir de 1943 qui se faisait de jour. Les avions américains avaient un chargement plus faible, mais plaçaient leurs bombes de manière plus précise sur les cibles avec pour les bombardements de jour, 60 % des équipages qui trouvaient leurs objectifs. L'USAAF d'ailleurs clamait qu'elle faisait du bombardement de précision de cibles militaires. En réalité, ces campagnes étaient très meurtrières pour la population.

Les pertes aériennes furent lourdes pour les forces de bombardement ou comme pour le bombardement de Nuremberg, des centaines d'appareils furent perdus, pas moins de 44 % des pilotes engagés dans ces opérations y perdirent la vie.

Les régions allemandes industrielles comme la Ruhr ainsi que les villes comme Hambourg (lors de l'Opération Gomorrah en juillet 1943) puis Dresde (en février 1945) subirent ces tempêtes de feu faisant à chaque fois des milliers, voire des dizaines de milliers de morts, surtout civils.

Les pays occupé par les forces de l'Axe furent également bombardé pour géner l'industrie de guerre et les communications ennemis. Plus de 67 000 français ont été victimes de ces raids aériens, un millier en 1942, près de 5 500 morts en 1943 dont la moitié pour le seul mois de septembre et toutes les autres victimes au cours de l'année 1944 et particulièrement en mai, lors des pilonnages intensifs contre les réseaux ferroviaire, lors de l'opération Chattanooga Choo-choo [4], qui précédèrent le débarquement de Normandie.[5]

Campagnes du Pacifique

Boeing B-29 Superfortress dans un lâcher de bombes sur le sol du Japon en 1944 ; cet avion était le seul détenant un rayon d'action suffisant pour frapper l'archipel depuis les îles alors sous contrôle américain ou depuis la Chine.

L'introduction du B-17 ne fut pas significative sur les cieux de l'océan Pacifique à un moment où la chasse nippone n'était pas encore anéantie. Il fallut attendre le Superfortress et son long rayon d'action pour pouvoir effectuer des bombardements significatifs à partir de 1944 sur des villes industrialisées des îles de la métropole japonaise. Il s'agissait du premier bombardier stratosphérique avec cabine pressurisée pour la haute altitude. Le général Curtis LeMay développa les capacités d'un tel avion, compte tenu de contraintes techniques nouvelles rencontrées à ces altitudes. Les munitions employées furent des bombes incendiaires, introduisant l'emploi du napalm sur les maisons de bois (construction traditionnelle) de Tokyo le 24 novembre 1944 par un raid massif. Il continua d'exercer une influence sur l'U.S. Air Force après-guerre dans le cadre du SAC.

Bien que n'ayant reçu lors d'une relativement brève campagne de bombardement qu'aux alentours de 160 000 tonnes de bombes, soit un dixième du tonnage de munitions largués lors des diverses campagnes de bombardement de cette guerre, le Japon comptabilise 58 % des 860 000 victimes civils tués en Allemagne, Royaume-Uni et Japon par des bombes lors de la guerre[6].

À la fin de la Seconde Guerre mondiale : la politique de la terreur

L'exemple du bombardement de Dresde en février 1945, en est l'exemple typique : le but du commandement était réellement d'anéantir une ville (le bombardement fit plus de 35 000 morts en quelques nuits), pensant avancer ainsi de quelques mois la fin de la guerre. Les bombardiers américano-britanniques procédaient par tapis de bombes : volant en formation serrée et larguant leurs bombes en même temps indistinctement, afin d'aplatir la ville. Inutile de préciser la terreur ressentie par la population sous un tel déluge de feu et d'acier (voir à ce sujet Cavanna, Les Ruskoffs) ; cependant celle-ci semble avoir été plus résolue après qu'avant le bombardement.

Attaques de centres urbains

C'est l'impact des attaques délibérées des centres urbains qui fait débat, aspect le plus critiqué des opérations alliées quant à leur efficacité rapportée à leur coût humain et culturel. Dès 1940, les raids de la Luftwaffe sur le Royaume-Uni, qui renforcèrent plutôt la détermination des Britanniques à résister, aurait dû semer le doute sur cette méthode. Les bombardiers du maréchal Harris commencent à frapper massivement le Reich à partir de 1942, avec des moyens à côté desquels ceux du terrible blitz de 1940 semblent bientôt dérisoires. Au total, 1 350 000 tonnes de munitions ont été lâchées sur l'Allemagne entre 1942 et 1945, soit, si l'on retranche l'acier, 450 000 tonnes d'explosif, ce qui représente l'équivalent en puissance de 25 fois la bombe atomique lâchée sur Hiroshima.

Il y eut environ 300 000 victimes civiles[7] et 150 villes détruites aux deux tiers, aux trois quarts ou aux quatre cinquièmes; la ville de Berlin est en grande partie détruite, le centre-ville un désert de ruines. En 1945, 20% des logements sont dits "inhabitables", ce qui est un taux relativement faible par rapport à d'autres cibles de l'aviation britannique. Les bombardements alliés se sont concentrés sur les quartiers centraux, mais ont épargné volontairement des zones proches des aéroports que l'on souhaitait utiliser après la fin des hostilités.

La notion d'« objectif militaire légitime » fut ainsi étendue jusqu’à être vidée de son sens : l'exemple de Dresde, illustre ville d'art incendiée le 13 février 1945 alors que le sort du régime hitlérien ne faisait plus guère de doute, faisant sans motif militaire sérieux plus de 35 000 victimes, est le plus connu (cette opération détient le record historique du plus grand nombre de personnes tuées en une fois en un même lieu, selon l'historien militaire américain Lt. Col. Mark A. Clodfelter, si l'on excepte les bombardements sur le Japon). Dresde, avant guerre, avait à peu près la réputation de Venise ou de Prague en matière culturelle.

Parmi les autres raids dont l’utilité est remise en cause, on peut citer ceux sur Pforzheim, le 23 février suivant, ville sans importance militaire réputée pour son horlogerie et ses églises, ou le 16 mars sur Wurtzbourg, vieille cité épiscopale baroque regorgeant de richesses artistiques, ou encore sur Potsdam, faubourg huppé de Berlin, équivalent de Versailles en France, attaqué quinze jours avant la fin du conflit, épargnant les châteaux[réf. nécessaire].

Les plus importantes atteintes au patrimoine furent ainsi concentrées dans les quatre derniers mois du conflit.

La volonté de satisfaire une opinion publique britannique assoiffée de représailles est démentie par des sondages effectués sur l'opportunité de ces attaques indiscriminées montrant que c'était ceux qui ne les avaient point subis en 1940 (les provinciaux) qui étaient les moins enclins au fair-play (Michael Walser, Guerres Justes et injustes).

Continuateur contemporain du bombardement stratégique, le B-52 est toujours employé malgré un âge antédiluvien (1952) pour des missions de bombardement stratosphérique dans l'arsenal américain.

Enfin, dernier débat : les attaques diurnes de cibles purement industrielles par les B-17 flying fortress américains pouvant voler hors de portée de la Flak auraient, des enquêtes ultérieures semblent le prouver, aussi bien contribué à la victoire que les raids britanniques de terreur. Néanmoins la « précision » américaine laissait à désirer. On a affirmé que les Américains ont fait moins de victimes civiles que les raids commandés par Harris, mais rien n'est moins sûr.

Il semble que rien ne puisse arrêter une bureaucratie dès qu'elle est lancée, que le régime soit démocratique ou non, en temps de paix ou en temps de guerre.[réf. nécessaire] Il ne faut pas non plus négliger l'influence des lobbies industriels et militaires : il y avait bien, alors, un véritable lobby du bombardement sur zone, grand consommateur de munitions, produites, larguées sur les villes allemandes et... dûment facturées au Ministère de la Défense. Enfin Harris était aux commandes, une méthode arrêtée, mise en œuvre et poursuivie : il est très hasardeux de changer constamment de stratégie. Enfin la désignation d'objectifs ennemis, simples taches sur une carte, devient vite une routine, une ville suivant l'autre au gré des ordres de mission et des conditions météo. D'ailleurs, vers la fin de cette campagne, le seul motif pour lequel une ville était désignée comme objectif n'était plus guère que le seul fait qu'elle « n'avait pas encore » été attaquée)[8].

Il faut rappeler, par souci d'équité, que l'impréparation des technocrates et des stratèges alliés consista aussi à envoyer le soldat britannique dans de très dangereuses missions, sans trop se poser de problèmes de sécurité opérationnelle : 10 % des victimes de ces bombardements sont des aviateurs britanniques, soit plus de 55 000 morts, dont certains, cueillis au sol par des civils assoiffés de vengeance, furent parfois lynchés dans des conditions atroces.

La reconstruction architecturale en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, malgré les énormes dégâts, se fit toutefois relativement rapidement en Allemagne de l'Ouest.

Le douhétisme, toujours d'actualité, ne s'est révélé économiseur de vies humaines qu'avec les armes de précision.

Postérité

Prototype de bombardier Soukhoï T-4 supersonique soviétique durant la guerre froide. Ce projet ambitieux fut comme bien d'autres abandonné en raison de contraintes techniques et financières.
Une petite partie des Strike Eagles de l'USAF durant la guerre du Golfe de 1991, ces chasseurs-bombardiers biplace entrés en service en 1986 transportent une charge offensive pouvant dépasser les 10 tonnes contre 3 tonnes pour le Boeing B-17 Flying Fortress avec une précision démultipliée.
Test de la première bombe guidée par GPS le 10 février 1993 sur Eglin AFB. L'objectif souhaité par les militaires est une cible, une bombe au lieu des tapis de bombes autrefois nécessaires pour détruire un objectif.

L’échec, au moins relatif, du bombardement stratégique s’explique par les insuffisances techniques du matériel disponible jusqu’aux années 1960-1970. On ne pouvait concevoir qu’un bombardement quantitatif (« tapis de bombes »), avec un rendement unitaire très faible. Les choses ont commencé à changer à partir des années 1970, avec l’avènement des armes guidées avec précision et tirées à grande distance : la conception quantitative a cédé la place à une conception qualitative.

Dorénavant, la possibilité de frapper des cibles avec une quasi-certitude de succès et des risques très faibles permet de concevoir des opérations aériennes continues, de la zone de combat aux centres vitaux de l’adversaire. Le but est d’obtenir la paralysie stratégique : l’ennemi n’est pas nécessairement détruit, mais il ne peut plus manœuvrer. On s’attaque moins aux forces qu’aux structures de commandement, cela est théorisé depuis les années 1990 dans la théorie des cinq cercles.

La guerre du Golfe de 1991 a validé le concept, mais la guerre du Kosovo a montré ses limites (campagne plus longue que prévu pour un résultat ambigu).

Cette mutation a mis largement fin à l’opposition entre l’appui au sol et le bombardement stratégique. Les matériels ne sont plus aussi dissemblables : les avions d'attaque au sol et les bombardiers lourds sont remplacés par des avions de plus en plus polyvalents.

Les derniers véritables bombardiers « lourds » stratégiques actuels, des monstres de technologie d'une valeur exorbitante, tels le B-2 et le Tu-160, ont été conçus dans les années 1970 et 1980, seuls la Russie et les États-Unis en disposent.

L'USAF envisage de disposer d'un nouveau appareil vers 2018 mais toutes les pistes sont ouvertes, du drône de bombardement à l'avion spatial en passant par un bombardier « classique » subsonique.

Photographie aérienne réalisée après le bombardement afin d'attester des dommages sur le dépôt d'armes de Sremska Mitrovica dans le cadre de la guerre du Kosovo au printemps 1999.

Voir aussi

Références

  1. Herbert Bix, Hirohito and the Making of Modern Japan, p.364
  2. The Illustrated London News, Marching to War, 1933-1939, Doubleday, 1989, p.135
  3. vidéo Bombardements sur l'Allemagne, 1942 sur le site de France 2.
  4. (en) Pointblank, Noballs and the Chattanooga Choo Choo
  5. Comité Français des Fils & Filles de Victimes des bombardements de la seconde guerre mondiale.
  6. La Seconde Guerre Mondiale, John Campbell, Sélection du Reader Digest, 1990. ISBN 2709803267, page 174
  7. L'historien John Campbell estime que 35 % des 860 000 victimes civiles de bombardements sur le Royaume-Uni, le Japon et l'Allemagne sont originaire de ce dernier pays.
  8. « Une dévastation immense pourrait être produite si l'attaque tout entière était concentrée sur une seule ville importante autre que Berlin; l'effet serait grand si la ville n'avait été jusque là relativement peu touchée », Mémoire du maréchal Portal, présenté le 1er août 1944 à Winston Churchill in La grande histoire de la seconde guerre mondiale de Pierre Montagnn, éditions Pygamlion 1999, p.439

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Articles connexes

Bibliographie

  • Patrick Facon, Le bombardement stratégique, Paris, Éditions du Rocher, Collection L'art de la guerre, 1996. ISBN 2268021602
  • Joseph Henrotin, L'Airpower au XXIe siècle. Enjeux et perspectives de la stratégie aérienne, Bruxelles, Éditions Bruylant, Collection Réseau Multidisciplinaire d'Études Stratégiques, 2005
  • George Ribeill, Une saison en enfer, Dixmont, 2004. ISBN 2906446556
  • Antoine, Roger, Forteresses sur l'Europe, Bruxelles, Éditions Rossel, 1980
  • Jean-Claude Valla, La France sous les bombes américaines : 1942-1945, Librairie Nationale, 2001. ISBN 2911202449
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