Bibliothèque d'Alexandrie

Bibliothèque d'Alexandrie

31°12′32″N 29°54′33″E / 31.20889, 29.90917

La bibliothèque d'Alexandrie, fondée à Alexandrie, en Égypte, en -288 et définitivement détruite au plus tard en l'an 642, était la plus célèbre bibliothèque de l'Antiquité.

Elle ne doit pas être confondue avec la Bibliotheca Alexandrina fondée en 1995.

Sommaire

Histoire

Évocation de la bibliothèque d'Alexandrie

Ayant reçu l'Égypte en partage à la mort d'Alexandre, Ptolémée, un de ses généraux, devenu Pharaon sous le nom de Ptolémée Ier Sôter, s'attacha à faire d'Alexandrie la capitale culturelle du monde hellénistique, à même de supplanter Athènes.

En 288 avant notre ère, à l'instigation de Démétrios de Phalère[1], tyran d'Athènes de 317 à 307, exilé à Alexandrie et disciple d'Aristote, il fit construire un musée (Museîon, le « Palais des Muses ») abritant une université, une académie et la bibliothèque (estimée à 400 000 volumes[2] à ses débuts, et jusqu'à 700 000 au temps de César[3],[4]). Située dans le quartier des palais royaux (basileia) — Épiphane de Salamine la place au Broucheion[5] —, celle-ci a pour objectif premier de rassembler dans un même lieu l'ensemble du savoir universel. La constitution du fonds s'opéra essentiellement par achat mais également par saisie ou ruse : Ptolémée aurait ainsi demandé à tous les navires qui faisaient escale à Alexandrie de permettre que les livres contenus à bord soient recopiés et traduits ; la copie était remise au navire, et l'original conservé par la bibliothèque[6]. Le fonds s'enrichit également par la copie d'exemplaires acquis ou prêtés.

La bibliothèque ne commença à fonctionner que sous Ptolémée II Philadelphe[7] qui, selon Épiphane, aurait demandé « aux rois et aux grands de ce monde » qu'ils envoient les œuvres de toutes les catégories d'auteurs[5] et aurait fixé un objectif de 500 000 volumes[8].

Le musée devint un centre académique de hautes recherches où les savants étaient défrayés par le prince et où ils trouvaient les instruments, collections, jardins zoologiques et botaniques nécessaires à leurs travaux.

La traduction en grec de tous ces ouvrages fut un travail colossal qui mobilisa la plupart des intellectuels et savants de chaque pays ; il fallait que ces hommes maîtrisassent à la perfection leur propre langue ainsi que le grec. La bibliothèque fut dirigée par des érudits comme Zénodote d’Éphèse, puis Aristophane de Byzance, Aristarque de Samothrace et Apollonios de Rhodes[9]. Dès Zénodote, une attention toute particulière est accordée à l'édition des grands classiques de la littérature grecque, notamment des poèmes homériques[10] : afin de proposer une édition du texte la plus fidèle possible, les vers à l'authenticité contestée sont marqués d'un obèle, trait horizontal placé à gauche du vers. C'est également au sein de la Bibliothèque qu'à l'instigation du souverain lagide Ptolémée II Philadelphe[11], sans doute vers 281[12], fut traduit en grec le Pentateuque hébreu, donnant naissance à la Septante ; selon la légende, six représentants de chaque tribu juive s'enfermèrent sur l'île de Pharos pour accomplir cette traduction et auraient exécuté la traduction en soixante-douze jours.

Le poète grec Callimaque de Cyrène[13], qui selon la tradition aurait d'abord été simple grammatikos, enseignant la lecture et l'écriture, fut reçu par Ptolémée II et donna des leçons de poésie dans le Musée : il eut Apollonios de Rhodes et Aristophane de Byzance comme disciples. Successeur de Zénodote au poste de bibliothécaire d'Alexandrie à la mort de celui-ci, tout en continuant à donner des cours, il rédigea le premier catalogue raisonné de la littérature grecque, les Tables (Pinakes) des personnalités dans chaque branche du savoir et liste de leurs écrits, couvrant quelque cent vingt rouleaux d'inventaire classé par ordre alphabétique et par genre.

Au début du IIe siècle, sur l'autre rive de la mer Méditerranée, Eumène II de Mysie fonda la bibliothèque et centre de recherche de Pergame, en faisant une concurrente à la bibliothèque d'Alexandrie[14]. Cette concurrence aurait pu stimuler le développement de la bibliothèque, mais aussi également l'affaiblir, car les Ptolémées était en pleine décadence pendant ce siècle.

Vers 145, Ptolémée VIII Évergète II expulsa les savants (« philologues ») d'Alexandrie[15]. Il est possible que le fonctionnement de la bibliothèque fût interrompu pendant un certain temps. Des volumes auraient pu être emportés par les savants et leurs disciples. D'autres pertes auraient pu être occasionnées par les pillages des miliciens et par négligence de surveillance.

Destructions de la bibliothèque

Contexte scientifique du débat

Les sources sont extrêmement limitées et les positions des historiens toutes aussi tranchées les unes que les autres[16].

La seule certitude est qu'aucune trace matérielle de la bibliothèque d'Alexandrie n'a été, à ce jour, identifiée ou retrouvée. L'absence d'élément matériel met donc les chercheurs dans l'impossibilité de valider, infirmer ou corroborer les dires des sources qui, au fil du temps, ont pu être manipulées, incomprises ou interprétées (dans un sens ou un autre).

Résumé des différentes hypothèses

L'évêque d'Alexandrie Theophilus, une bible en main, se tenant debout triomphalement sur le Sérapéum. Le dieu Sarapis est représenté couronné à l'intérieur du temple (en bas de l'image). Illustration en marge d'une chronique écrite à Alexandrie au début du Ve siècle.

Des hypothèses sur la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie :

  • la guerre civile romaine entre César et Pompée (env. -50) ;
  • les conflits de primauté politique et religieuse entre paganisme et christianisme (250350) ;
  • les conséquences de la conquête arabe (env. 650) ;
  • plusieurs destructions.

La guerre civile à Rome entre César et Pompée

Article détaillé : Guerre civile de César.

À la fin de la guerre civile entre César et Pompée, après la bataille de Pharsale en -48, César, vainqueur, pourchassa son rival jusqu'à Alexandrie où il le trouva assassiné sur ordre du jeune Ptolémée XIII. Une guerre s'engagea alors entre Ptolémée et César, ce dernier voulant venger le sort réservé à Pompée. Le général romain sortit vainqueur de l'affrontement, et détrôna le jeune souverain au profit de Cléopâtre VII et du plus jeune de ses frères. En -47, les troupes de Jules César incendient la flotte d'Alexandrie ; le feu se serait propagé aux entrepôts et aurait détruit une partie de la bibliothèque. Cet incendie et les différents affrontements (antérieurs ou postérieurs) auraient mené à la perte d'environ 40 000 à 70 000 rouleaux dans un entrepôt à côté du port (et non pas dans la bibliothèque elle-même)[17].

Une bibliothèque de 200 000 rouleaux fondée à Pergame par les Attalides fut mise à contribution pour les remplacer, ainsi que la bibliothèque du gymnase de Ptolémée, à Athènes. En outre, César construisit justement une nouvelle bibliothèque, le Césaréum, ce qui rend donc fort peu plausible l'hypothèse de la destruction de la totalité de la collection.

Les conflits de primauté politique et religieuse entre paganisme et christianisme

Les tensions croissantes entre le pouvoir impérial romain païen et l'influence religieuse et politique grandissante des chrétiens ont suscité des affrontements qui se sont traduits, par exemple, par l'Édit de Théodose en 391 ordonnant, entre autres, la destruction des temples païens. L'hypothèse avancée par certains auteurs est que la bibliothèque d'Alexandrie aurait finalement disparu au cours de ces différents affrontements[18],[19].

Gustave Le Bon soutient cette hypothèse :

« Sous la domination romaine, Alexandrie reprit un nouvel essor, et devint bientôt la seconde ville de l'Empire romain ; mais cette prospérité devait être éphémère encore. Elle se laissa envahir par la manie des querelles religieuses, et, à partir du troisième siècle, les émeutes, les révoltes s'y succédèrent constamment, malgré les sanglantes répressions des empereurs. Quand le christianisme devint la religion officielle, l'empereur Théodose fit détruire, comme nous l'avons dit, tous les temples, statues et livres païens. »

— La Civilisation des Arabes, Livre III, 1884, rééd. de 1980, p. 468

Toutefois,des études menées par de nombreux historiens réfutent cette version. Il faut en effet savoir qu'elle fut rédigée lors d'une période de profond anticléricalisme.

Les conséquences de la conquête arabe

Dès 1203, Abd al-Latif, historien arabe[20], puis Ibn al Kifti[21] et plus tard Ibn Khaldoun[22] imputent la destruction de la bibliothèque au calife Omar qui aurait donné en 642 l'ordre de détruire la bibliothèque à son chef militaire 'Amr Ibn al-'As.

Ibn Khaldoun relate les faits de la façon suivante :

« Que sont devenues les sciences des Perses dont les écrits, à l’époque de la conquête, furent anéantis par ordre d’Omar ? Où sont les sciences des Chaldéens, des Assyriens, des habitants de Babylone ? […] Où sont les sciences qui, plus anciennement, ont régné chez les Coptes ? Il est une seule nation, celle des Grecs, dont nous possédons exclusivement les productions scientifiques, et cela grâce aux soins que prit El-Mamoun de faire traduire ces ouvrages.
[…] Les musulmans, lors de la conquête de la Perse, trouvèrent dans ce pays, une quantité innombrable de livres et de recueils scientifiques ; [leur général] Saad ibn Abi Oueccas demanda par écrit au khalife Omar ibn al-Khattab s’il lui serait permis de les distribuer aux vrais croyants avec le reste du butin. Omar lui répondit en ces termes : “Jette-les à l’eau ; s’ils renferment ce qui peut guider vers la vérité, nous tenons de Dieu ce qui nous y guide encore mieux ; s’ils renferment des tromperies, nous en serons débarrassés, grâce à Dieu !” En conséquence de cet ordre, on jeta les livres à l’eau et dans le feu, et dès lors les sciences des Perses disparurent. »

— Prolégomènes, 3e partie, éd. Quatremère, trad. de Slane, p. 89-90 et 125.

Cette historiographie est admise par la plupart des auteurs, selon Martine Poulain ou Luciano Canfora[23],[24], mais rejetée par Gustave Le Bon au XIXe siècle[25] et plus récemment par Mustapha El-Abbadie qui considère que cette relation est un faux fabriqué par les Croisés pour jeter le discrédit sur les Arabes[26].

Plusieurs destructions

Pour le site du gouvernement égyptien : « En 47 av. J.-C., les troupes de Jules César incendièrent la flotte d’Alexandrie ; le feu se serait propagé aux entrepôts et aurait détruit une partie de la bibliothèque. Reconstruite, elle fut à nouveau détruite cinq ou six fois, la dernière en 642 par le général ’Amr Ibn al-’As, sur l’ordre du calife Omar[27]. »

Évocations artistiques

  • En 1723 Haendel dans son opéra Giulio Cesare évoque l'incendie qui détruisit la bibliothèque d'Alexandrie.
  • En 2002, l'astrophysicien et écrivain Jean-Pierre Luminet a publié Le bâton d'Euclide : le roman de la bibliothèque d'Alexandrie (éditions Jean-Claude Lattès) se fondant sur l'hypothèse de la destruction de la bibliothèque lors de la conquête arabe, met en scène trois personnages, dont Hypatie, qui tentent de défendre la bibliothèque.
  • En 2010 (date de sortie en France), la bibliothèque d'Alexandrie est au cœur du film fictif Agora, réalisé par Alejandro Amenábar, qui suit le destin d'Hypatie, femme de sciences et de philosophie. Le film se fonde sur l'hypothèse de la destruction par les chrétiens de la plus grande partie des œuvres lors de la fermeture du Sérapéum d'Alexandrie qui abritait une annexe de la bibliothèque.

La bibliothèque moderne

Article détaillé : Bibliotheca Alexandrina.

Notes et références

  1. Selon la Lettre d'Aristée, 9 : « […] Δημήτριος ὁ Φαληρεὺς ἐχρηματίσθη πολλὰ διάφορα πρὸς τὸ συναγαγεῖν, εἰ δυνατόν, ἅπαντα τὰ κατὰ τὴν οἰκουμένην βιβλία· » (« […] Démétrios de Phalère reçut des sommes importantes pour réunir, au complet si possible, tous les ouvrages parus dans le monde entier »).
  2. Un volume correspondait à un rouleau constitué d'une série de feuilles de papyrus collées les unes aux autres (cf. Alain Blanchard, « Les papyrus littéraires grecs extraits de cartonnages : études de bibliologie, » dans M. Maniaci – P. F. Munafò (eds.), Ancient and Medieval Book Materials and Techniques (Erice, 18-25 September 1992), 1, Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1993, p. 37-39.
  3. Ammien Marcellin, XXII, 16 : « in quo bybliothecae fuerunt inaestimabiles: et loquitur monumentorum ueterum concinens fides septingenta uoluminum milia, Ptolomaeis regibus uigiliis intentis conposita bello Alexandrino, dum diripitur ciuitas sub dictatore Caesare, conflagrasse ».
  4. Aulu-Gelle, Nuits attiques, VI, 17 : « Ingens postea numerus librorum in Aegypto ab Ptolemaeis regibus uel conquisitus uel confectus est ad milia ferme uoluminum septingenta ».
  5. a et b De mensuris et ponderibus, PG XLIII 252.
  6. Galien, Galeni In Hippocratis Epidemiarum librum III commentaria III, Corpus Medicorum Graecorum V, 10, 2, 1, p. 78-80 (traduction de Jean-Luc Fournet, dans Pascale Ballet, La vie quotidienne à Alexandrie (331-30 av. J.-C.), Hachette, collection « Pluriel », 2003, p. 120) :
    « On raconte que Ptolémée, alors roi d'Égypte, était si fier de ses livres, qu'il avait ordonné que les livres de toute personne qui débarquait lui soient apportés, qu'on en fasse une nouvelle copie sur papyrus, que ce soit la copie qui soit restituée à leur propriétaire […], qu'on dépose les livres saisis dans les bibliothèques et qu'on y appose la mention “des navires”. […] Ce Ptolémée mit beaucoup d'ardeur dans l'acquisition de tous les livres anciens comme en témoigne bien le récit de ce qu'il fit aux Athéniens : leur ayant versé une caution de quinze talents d'argent en échange des exemplaires de Sophocle, d'Euripide et d'Eschyle pour en faire une unique copie avant de les rendre immédiatement en parfait état, il fit copier à grands frais sur le plus beau des papyrus ; il garda ce qu'il avait reçu des Athéniens et leur renvoya les copies, les invitant à garder les quinze talents et à accepter, à la place des anciens exemplaires qu'ils lui avaient donnés, les neufs. »
  7. Nina L. Collins, The Library in Alexandria and the Bible in Greek (Supplements to Vetus Testamentum, vol. LXXXII), Brill Academic Publishers, 2000, p. 110-114.
  8. W. W. Tarn, « Ptolemy II », The Journal of Egyptian Archaeology, 14(3/4), 1928, 246-260.
  9. Leur succession est relativement bien connue grâce à deux sources : d'une part, la Souda byzantine, mais également un papyrus trouvé à Oxyrhynque et datant de l'époque romaine, P. Oxy., X, 1241, col. II (p. 99-108) ; si le début du texte est altéré — les deux premiers épimélètes (Zénodote d'Éphèse et Callimaque) n'y figurent pas —, la liste couvre les règnes allant de Ptolémée III Évergète à Ptolémée IX Sôter II :
    « […] Apollonios, fils de Silleos, d'Alexandrie, appelé le Rhodien, l'élève de Callimaque ; il [était aussi le précepteur du troisième] roi. Lui succédèrent Eratosthène, puis Aristophane, fils d'Apelle, de Byzance, et Aristarque ; puis Apollonios d'Alexandrie surnommé l'Eidographe [le « classificateur »] ; puis Aristarque, fils d'Aristarque, d'Alexandrie, mais originaire de Samothrace ; il [devint] aussi le précepteur des enfants de Philomètôr. Il fut suivi par Cydas, du corps des lanciers ; c'est sous le neuvième roi que se situe l'acmé des grammairiens [grammatikoi] Ammonios, Zénodote, Dioclès et Apollodore. »
  10. Jean Irigoin, « Les éditions de poètes à Alexandrie », dans Gilbert Argoud et Jean-Yves Guillaumin (eds.), Sciences exactes et sciences appliquées à Alexandrie. Actes du colloque international de Saint-Étienne (6-8 juin 1996), Saint-Étienne, Publications de l’Université de Saint-Étienne (Centre Jean-Palerne), 1998, p. 405-413.
  11. Nina L. Collins, op. cit., ch. V, « Who wanted a translation of the Pentateuch in Greek? », p. 115-181.
  12. Nina L. Collins, op. cit., p. 56-57.
  13. Claude Meillier, Callimaque et son temps. Recherches sur la carrière et la condition d'un écrivain à l'époque des premiers Lagides, Université Lille-III, 1979.
  14. Leonard Whibley, A Companion to Greek Studies, 1916, tr. 123.
  15. Pierre Jouguet, L'impérialisme macédonien et l'hellénisation de l'Orient, Paris, Albin Michel, 1972, p. 281.
  16. Cf. M. Poulain dans sa recension de l'ouvrage de M. El-Abbadie, et G. Leroux : « La référence antique n'est pas facile à établir, car nous ne savons presque rien de l'édifice construit par les Ptolémées. Il faut souhaiter à Jean-Yves Empereur d'avoir pour l'ancien musée le flair qu'il a eu pour le phare, car pour l'heure aucun vestige important n'a pu être mis au jour et les hypothèses sur la destruction de la bibliothèque présentent toutes des difficultés en apparence insurmontables. » (« La nouvelle Alexandrie », Bulletin de la Société des études anciennes du Québec, no 64, automne 2004, p. 18)
  17. Selon L. Canfora, ce seraient 40 000 rouleaux de papyrus — des copies destinées à l'exportation et entreposées au port — qui auraient brûlé.
  18. Cf. Ed. Gibbon, ch. 28 et El-Abbadie, Vie et destin de l'ancienne Bibliothèque d'Alexandrie ; voir également la recension de ce dernier ouvrage par Martine Poulain, BBF, 1994, no 1, p. 99-100.
  19. Cf. compte-rendu de l'ouvrage de L. Canfora.
  20. Silvestre de Sacy, Relation de l'Égypte par Abd-Allatif, p. 183
  21. Ibn al Qifti’s Ta’rih al-Hukama, von Dr Julius Lippert, Leipzig 1903, in-8, p. 8 de l’introduction
  22. Prolégomènes, 3e partie, Ed. Quatremère, trad. de Slane, p. 89-90-125
  23. Selon M. Poulain dans sa recension de l'ouvrage de El-Abbadie : « Malgré les limites des sources, les historiens estiment en effet généralement qu'Alexandrie fut détruite lors des invasions arabes du VIIe siècle sur ordre du calife Omar, qui aurait écrit à son général Amr, incertain sur l'attitude à tenir envers la bibliothèque : “À propos des livres que tu mentionnes, si ce qui s'y trouve écrit est conforme au Livre de Dieu, ils ne sont pas nécessaires ; si ce n'est pas conforme, ils sont inutiles. Détruis-les donc”. Amr ordonna donc de distribuer les livres aux bains d'Alexandrie et de les utiliser comme combustibles pour le chauffage ; il fallut six mois pour les brûler. », raconte lbn Al-Qifti au XIIIe siècle dans son Histoire des sages.
  24. D'après M. Desgraves dans sa recension de l'ouvrage de L. Canfora :
    « Selon L. Canfora, la bibliothèque ne fut pas détruite pendant l'incendie de la ville, au moment de la campagne de César en Égypte, mais les rouleaux furent sacrifiés, au VIIe siècle de notre ère, par l'émir Amrou Ben Al-As, sur l'injonction du calife de Bagdad. »
  25. La Civilisation des Arabes, Livre III, 1884 rééd. de 1980, pages 466-467 : « Lorsque le christianisme devint la religion officielle de Constantinople, l'empereur Théodose fit abattre, en 389, tous les temples et statues des anciens dieux de l'Égypte, et tout ce qui pouvait rappeler ces derniers. Les monuments trop solidement construits pour pouvoir être détruits facilement eurent leurs inscriptions et leurs personnages martelés. L'Égypte est encore couverte des débris de cette fanatique dévastation. Ce fut un des plus tristes actes d'intolérance et de vandalisme qu'ait connus l'histoire. Il est regrettable d'avoir à constater qu'un des premiers actes des propagateurs de la religion nouvelle, qui venait de remplacer les anciens dieux de la Grèce et de Rome, fut la destruction de monuments que la plupart des conquérants avaient respectés depuis cinq mille ans.
    […] Quant au prétendu incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, un tel vandalisme était tellement contraire aux habitudes des Arabes, qu'on peut se demander comment une pareille légende a pu être acceptée pendant si longtemps par des écrivains sérieux. Elle a été trop bien réfutée à notre époque, pour qu'il soit nécessaire d'y revenir. Rien n'a été plus facile que de prouver, par des citations fort claires, que, bien avant les Arabes, les chrétiens avaient détruit les livres païens d'Alexandrie avec autant de soin qu'ils avaient renversé les statues, et que par conséquent il ne restait plus rien à brûler. »
  26. La recension dans le catalogue de la BNF de l'ouvrage de M. El-Abbadie par M. Poulain donne son argumentation contre ces historiens :
    « la soupçonnant d'être un faux fabriqué par les Croisés, visant à discréditer les Arabes et à les dépeindre comme des ennemis de la culture. Reste deux hypothèses possibles pour M. El-Abbadi : la destruction de la bibliothèque par les troupes de César, lors de la guerre qui l'oppose à Pompée en 48, ou lors des troubles qui virent l'empereur chrétien Théodose interdire les cultes païens, détruire les temples et aboutirent à la destruction du Sérapéum en 342. L'auteur attribue la responsabilité de la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie à ces deux événements conjugués : la bibliothèque royale aurait été détruite par les incendies provoqués par les troupes de César, et le “fanatique évêque d'Alexandrie” serait responsable de la destruction de la bibliothèque du Sérapéum. »
  27. Organisme général de l'information

Bibliographie

  • (fr) (ar) M. El-Abbadie, Vie et destin de l'ancienne bibliothèque d'Alexandrie, Paris, UNESCOA - PNUD, 1992, 248 p. (ISBN 92-3-202632-5) [[voir présentation en ligne]]  ;
  • Luciano Canfora (trad. par J.-P. Manganaro et D. Dubroca), La Véritable histoire de la Bibliothèque d'Alexandrie, Paris, Éd. Desjonquères, 1988, 214 p. (ISBN 2-904-227-245)  ;
  • Étienne-Louis Chastel, Destinées de la bibliothèque d'Alexandrie, Paris, 1876 [lire en ligne]  ;
  • Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain  ;
  • Pierre Jouguet, L'impérialisme macédonien et l'hellénisation de l'Orient, Paris, Albin Michel, 1972  ;
  • Isabelle Laborie, La Bibliothèque, catalogue d’exposition « La Gloire d’Alexandrie », Agde, 1998 ;
  • Claudine Le Tourneur d'Ison, « Le grand projet culturel des Ptolémée », dans Historia, no 767, novembre 2010, p. 30-35 .


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bibliothèque d'Alexandrie de Wikipédia en français (auteurs)

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