Pourim katan

Pourim katan
Pourim katan et
Chouchan Pourim katan
Esther Mordechai Purim.jpg
Esther et Mardochée rédigeant la seconde missive de Pourim
(Arent de Gelder, 1685)

Observé par le judaïsme rabbinique
Signification Date officielle du miracle de Pourim des années embolisimiques.
Date 14 & 15 adar I
Date 2011 17 et 18 février
Observances Joie, festin
Lié à Pourim et Chouchan Pourim.

Pourim katan (hébreu : פורים קטן « petit Pourim ») et Chouchan Pourim katan (hébreu : שושן פורים קטן « petit Pourim de Suse ») sont deux festivités juives mineures, d’institution rabbinique.

Observées les quatorzième et quinzième jours du premier mois d’adar lors des années embolismiques du calendrier juif, ces dates sont marquées par quelques coutumes de joie, dont l’omission du tahanoun et la tenue d’un festin. Elles ont généralement lieu au cours du mois de février dans le calendrier grégorien.

Sommaire

Pourim katan et Chouchan Pourim katan dans les sources juives

Dans la Mishna et les Talmuds

Pourim katan et Chouchan Pourim katan sont nés des contingences relatives au calendrier hébraïque. La Bible prescrit en effet de célébrer Pessa'h au mois de l’Aviv[1] selon un calendrier lunaire de douze mois, qui présente un décalage d’environ onze jours avec l’année solaire. Les Sages ont donc institué l’intercalation d’un second mois d’adar[2] afin que Pessa'h ait toujours lieu au printemps[3]. Or, les quatorzième et quinzième jours du mois d’adar célèbrent d’ordinaire le miracle de Pourim, relaté dans le Livre d’Esther et observé par diverses coutumes et ordonnances.

Devisant de la prescription de lire le rouleau d’Esther, ils décrètent qu’elle doit être obligatoirement réalisée au second mois d’adar et non au premier[4]. En effet, bien que le Livre d’Esther date le miracle du douzième mois à compter de nissan[5] (soit au premier des deux mois d’adar), les Sages ont voulu « rattacher la délivrance de Mardochée à celle de Moïse[6],[7] ». Ils ont par ailleurs tiré du commandement de la lire « chaque année » qu’elle n’était lue qu’une fois par an[6].

Les Sages distinguent encore le premier adar du second par le fait que la prescription de donner aux pauvres n’est en application qu’au second mois[4]. Les rabbins, élaborant sur cette clause, en concluent que, bien qu’inégaux du point de vue des manifestations positives de joie (dons aux pauvres, envois de colis alimentaires entre amis), les fêtes du premier mois sont égales aux fêtes du second mois eu égard à l’interdiction des manifestations de tristesse (jeûne, oraison funèbre, …)[6].

Dans la littérature ultérieure

Les autorités médiévales, se conformant au dit de leurs prédécesseurs de l’ère talmudique, préconisent l’omission de passages austères dont le Tahanoun (« office de supplications ») dans les offices de prière de ces jours. Cependant, si Moïse Maïmonide interdit toute manifestation d’affliction pendant les deux jours mineurs, que l’on célèbre d’ordinaire la fête de Pourim (majeure) pendant un jour ou deux[8], Jacob ben Asher décide que cette abstention ne doit être respectée que le jour correspondant à celui de la lecture du rouleau d’Esther, au second mois d’adar[9]. Les usages varient également dans les communautés ashkénazes sur l’omission d’autres passages que le tahanoun (dont le psaume 20), sur la récitation de ces passages ou, s’il y a lieu, du tzidkatekha lors de l’office de min'ha du treize adar[10],[11],[12], etc.

Le Maharil signale en outre qu’on tient un Yehiel de Paris[14] et Jacob ben Asher le rapporte également, au nom d’Isaac Alfassi (lequel n’aurait cependant festoyé que le quatorze adar)[9] mais Moïse Isserlès le récuse, écrivant qu’on veillera seulement à mieux manger en ce jour qu’à l’ordinaire[15]. Les maîtres du hassidisme, si prompts à fêter Chouchan Pourim avec autant d’ardeur que Pourim, s’en tiennent à la décision du Rav Isserlès, peut-être parce qu’Isaac Louria n’évoque pas Pourim katan dans ses enseignements[16]. Les rabbins ont également débattu s’il fallait tenir ce festin pendant un jour ou deux[17] et s’il ne devait pas, malgré la décision du Choulhan Aroukh, s’accompagner d’envoi de colis alimentaires aux amis et de dons aux pauvres car ceux-ci doivent, selon Maïmonide, primer sur le festin[18].

L’interdiction des oraisons funèbres et des jeûnes en ces jours ne font pas davantage l’unanimité. Joseph Caro tranche en ce sens dans le Choulhan Aroukh mais signale que certains les autorisent[15], dont Jacob ben Asher[9] et lui-même dans un ouvrage antérieur au Choulhan Aroukh[19]. Moïse Isserlès appuie la première opinion mais divers commentaires témoignent de la persistance du débat sur la question jusqu’au XIXe siècle au moins[20].

Observance de Pourim katan et Chouchan Pourim katan

Statut

Les quatorzième et quinzième jours du premier mois d’adar sont « aussi des jours de festin et de joie[21] » et leur caractère providentiel est le même que celui de Pourim[22]. Le jour est cependant plus librement ouvré[23] et les prescriptions propres à Pourim, dont la lecture du rouleau d’Esther, n’ont pas cours[15] ; il n’y a, par conséquent, pas lieu de réciter la bénédiction sur les miracles lors de l’action de grâce qui suit ces repas ni lors des prières quotidiennes mais on n’interrompt pas l’officiant ou l’orant qui aurait commencé à les réciter par erreur[24].

Festin

Il est d’usage de manger plus abondamment à Pourim katan et/ou à Chouchan Pourim katan (les ashkénazes le font au cours des deux jours[25], tandis que les séfarades ne le font que le jour correspondant à celui de la lecture du rouleau d’Esther au second mois d’adar[26]) afin de marquer la joie. Ce ou ces repas ne doivent cependant pas prendre l’ampleur du festin de Pourim[15].

Deuil et liturgie

Équivalents en caractère mais moins sévèrement observés, Pourim katan et Chouchan Pourim katan ne devraient pas donner lieu à des manifestations de tristesse. Les passages austères de la liturgie, dont le Tahanoun, certains psaumes et, à chabbat, tzidkatekha, sont par conséquent omis à partir de l’office de min'ha du treize adar[27].

Cependant, il est permis, dans certains cas, de prononcer une oraison funèbre[28] et d’entamer un jeûne volontaire (pour autant qu’on annonce vouloir jeûner en ces jours précis et non pour une occasion qui a fortuitement lieu lors de ces jours)[29]. Enfin, les endeuillés doivent, contrairement à Pourim[30], respecter tous les rites et lois du deuil[31].

Pourim katan dans les traditions non-rabbiniques

Les Karaïtes, adeptes d’un courant juif scripturaliste, observent Pourim lors du premier adar des années embolismiques[32].
Quant aux Samaritains, qui possèdent eux aussi un calendrier basé sur le cycle métonien, ils ne se basent que sur les six premiers Livres de la Bible, ignorant donc le Livre d’Esther, Pourim et a fortiori Pourim katan[33].

Notes et références

  1. Deutéronome 15:1 & T.B Rosh Hashana 21a
  2. Mekhilta derabbi Ishmael, parashat Bo, massekhta depis'ha 2
  3. T.B Sanhedrin 10-13
  4. a et b Mishna Meguila 1:4
  5. Esther 3:13, 8:9, 9:1, etc.
  6. a, b et c T.B. Meguila 6b ; cf. Hote 2010
  7. cf. Minhaggei Maharash MeNeustadt (édition Elfenbein, New York 1938), chap. 134
  8. Mishné Torah, hilkhot meguila 2:13
  9. a, b et c Arbaa Tourim Orah Hayim 697
  10. Sefer Maharil, Hilkhot Pourim, §1
  11. Isaac Tyrnau, Sefer Haminhaggim, Minhag shel kol hashanna, s.v. èlou yamim
  12. Minhaggei Harav Zalman Yanet s.v. adar
  13. Sefer Maharil, Hilkhot Pourim, §19
  14. Tourei Zahav Orah Hayim 697:2
  15. a, b, c et d Choulhan Aroukh Orah Hayim 697
  16. Min'hat Eliezer sur C.A. O.H. 697, cité in Ganut 2010
  17. Min'hat Itzhak, tome 10, n°58
  18. Tzitz Eliezer, tome 18, n°43; cf. Ktav Sofer, Yore Dea, n°136, citant le Mishné Torah, hilkhot meguila 2:17 ; voir Ganut 2010
  19. Beit Yossef Orah Hayim 697
  20. cf. Levoush Orah Hayyim 685:1 & Eliya Rabba 685:11
  21. Levoush Orah Hayyim, Minhaggim 13
  22. cf. (en) Sichah, Purim Katan, 5746 sur Chabad.org. Consulté le 9 février 2011 & (he) Ganut 2010
  23. Eliya Rabba 697:1, Bigdei Yesha, Hazon Ovadia, Pourim, p. 209, etc., cités in Hote 2010
  24. Mishna Beroura 697:1, d’après Maguen Avraham 697:1 ; cf. Hote 2010
  25. Eliya Rabba 697:2, cf. Hote 2010 & Ganut 2010
  26. Hazon Ovadia, Pourim, p. 209, cité in Hote 2010
  27. C.A. O.H. 697 & Choulhan Gavoha 697:3, cités in Hote 2010
  28. Mekor Hayim 687, cité in Hote 2010
  29. Mishbetzot Zahav 697:1 & Mishna Beroura 697:3, cités in Hote 2010
  30. cf. C.A. O.H. 696:5
  31. Eliya Rabba 697:1, Mishbetzot Zahav 697:1 & Mishna Beroura 697:3, cités in Hote 2010
  32. Encyclopedia Judaica 2008
  33. Samaritans 2004

Annexes

Bibliographie



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