Battle Royale (film)

Battle Royale (film)

Battle Royale

Titre original バトル・ロワイアル, Batoru rowaiaru
Réalisation Kinji Fukasaku (深作 欣二, Fukasaku Kinji)
Scénario Roman
Koushun Takami (高見 広春, Takami Kōshun)

Adaptation
Kenta Fukasaku (深作 健太, Fukasaku Kenta)
Acteurs principaux Tatsuya Fujiwara (藤原 竜也, Fujiwara Tatsuya)
Aki Maeda (前田亜季, Maeda Aki)
Tarō Yamamoto (山本 太郎, Yamamoto Tarō)
Takeshi Kitano(北野 武, Kitano Takeshi)
Masanobu Andō (安藤政信, Andō Masanobu)
Kou Shibasaki (柴咲コウ, Shibasaki Kō)
Pays d’origine Drapeau du Japon Japon
Sortie 2000
Durée Cinéma
114 min.
Version spéciale
122 min.

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Battle Royale (バトル・ロワイアル, Batoru rowaiaru?) est un film japonais réalisé par Kinji Fukasaku (深作 欣二, Fukasaku Kinji), sorti en 2000.

Ce dernier est particulièrement connu pour sa série de films Combat sans code d’honneur (仁義なき戦い, Jingi naki tatakai), qui, dans les années 1970, ont révolutionné le film de genre yakuza de par leur démonstration de l'ultra-violence et de la perte des valeurs morales du milieu.

Kinji Fukasaku était donc tout indiqué pour se charger de l’adaptation du roman du même nom, de Kōshun Takami (高見 広春, Takami Kōshun), paru en 1999 et fort d’un énorme succès commercial – fort d’une qualité qui ne sera pas démentie par cette adaptation ainsi que par le manga.

Sommaire

Synopsis

Dans un Japon futuriste, les adultes redoutent les adolescents japonais, enclins à la violence et à la désobéissance. D'où le vote de la loi Battle Royale. Le principe de ce « jeu » est très simple :
Une classe de troisième, tirée au sort, est envoyée chaque année lors du traditionnel voyage scolaire dans un lieu isolé (une île en l'occurrence), sur lequel les élèves doivent s'entretuer, et ce durant trois jours. Il ne doit rester qu'un survivant - faute de quoi les colliers dont sont munis les joueurs explosent -, qui pourra rentrer chez lui à l'issue du jeu.

La classe de 3eB du collège municipal de Shiroiwa, qui a « l'honneur » de combattre cette année, perd déjà deux des siens d’entrée de jeu alors que leur ancien professeur, portant le nom de Kitano キタノ (interprété par le très célèbre Takeshi Kitano (北野 武, Kitano Takeshi)), leur explique les règles. Chaque élève est ensuite lâché dans l'île avec son affect et l’obligation de rapidement prendre une décision quant à la suite des événements ; survivre seul, essayer de s'unir avec les autres pour trouver une solution, tuer pour être le dernier ou tout simplement se suicider.

Pour corser le jeu, les organisateurs ont inclus deux joueurs imprévus : le gagnant du Battle Royale d'il y a trois ans, Shôgo Kawada, qui s'est fait à nouveau enlever et est bien décidé à survivre, et Kazuo Kiriyama, dit Le Volontaire, qui s'est inscrit à Battle Royale dans le seul but de s’amuser.

C'est ainsi que les 38 élèves (hors les deux morts avant le début du jeu) vont devoir survivre et tuer pendant trois jours. Le film s’intéresse particulièrement au parcours dans l’île de Shûya Nanahara et Noriko Nakagawa, épris l’un de l’autre sans se l’être encore avoué, tous deux désireux de s’en sortir ensemble, avec un maximum de monde, sans tuer qui que ce soit.

Il ne reste, au troisième jour, plus que 4 survivants.

Alors que l'un des élèves parvient avec brio à pirater le système de surveillance des militaires, les colliers deviennent inutilisables et peuvent s'enlever. Shôgo Kawada, après avoir combattu Kazuo Kiriyama, fait croire qu'il tue ses nouveaux amis pour gagner, à savoir Noriko Nakagawa et Shûya Nanahara, cette ruse permettant à ce dernier de s'infiltrer dans le quartier général - l'école - et d'assassiner le professeur Kitano pour mettre fin au jeu.

Cependant, point de happy end, car à la fin du film Shôgo meurt des suites de ses blessures, tandis que Shûya et Noriko fuient, traqués, considérés comme de dangereux criminels.

Fiche technique

Distribution

Une adaptation

Battle Royale est décliné sur trois supports, à savoir un roman, un film et un manga.

Quelques différences sont notables entre l’adaptation cinématographique et le roman originel :

  • Le statut de deux personnages : Kazuo Kiriyama et Shôgo Kawada. Dans le livre, ce sont deux élèves faisant partie intégrante de la classe, alors que dans le film ils sont étrangers aux protagonistes, parachutés dans le jeu afin de le pimenter.
  • Dans le livre ainsi que dans le manga, le lecteur suit la plupart des élèves de cette classe, passant en permanence de la vue subjective de l’un à la vue subjective de l’autre. On y apprend leur passé, leurs motivations, leurs pensées et leurs ressentis. Dans le film, à part quelques scènes ne nous permettant pas toujours de comprendre ce qui se joue émotionnellement, on n’apprend pas grand-chose du parcours de la plupart des personnages. Il se concentre surtout sur Shûya Nanahara et Noriko Nakagawa, déjà très importants dans l’œuvre originale, et qui se voient ici parachutés au rang de protagonistes. Ainsi, la psychologie et la profondeur de la plupart des personnages restent hermétiques à celui qui se contente du support visuel.
  • Il est également à noter que chaque support possède son ambiance propre. Si le livre fait ressentir au lecteur toute la pesanteur absurde de la situation et si le manga met en avant le gore et le sexe, le film, lui, met l’accent sur la violence gratuite et brutale, violence fort chorégraphiée lors des scènes de combat où la caméra se fait virevoltante, au rythme des mouvements des personnages.
  • Contrairement au roman qui attribue aux élèves de véritables armes pour la plupart, le film leur attribue de nombreuses armes fantaisistes, voire parfaitement inutiles (jumelles, éventail, mégaphone...). Le manga n'en contient que peu (seulement quatre élèves reçoivent ces armes inutiles, allant de cordes de guitare jusqu'aux fléchettes en passant par un boomerang et une fourchette). De plus, dans le roman, la moitié des élèves reçoit divers revolvers, pistolets, mitraillettes ou fusils, contrairement aux douze du film.

Battle Royale : un jeu bien cruel

La loi Battle Royale

Article 1 - But de Battle Royale

Battle Royale a été instituée dans le but de former une nation saine de corps et d'esprit.

Article 2 - Participants à Battle Royale

Battle Royale est destinée une fois par an à une classe choisie parmi toutes les classes de lycée du pays.
Cette loi s'applique à toute la population sans distinction de sexe, de race, de religion ou de condition sociale.

Article 3 - Orientation générale de Battle Royale

Toutes les personnes soumises à cette loi doivent se battre joyeusement, en s'amusant et avec combativité, en appréciant leur immense chance d'avoir été sélectionnées à ce jeu.

Article 4 - Obligation imposée aux participants à Battle Royale

Tous les participants à Battle Royale ont pour obligation de se battre loyalement (cependant, tous les coups sont permis).
Aucun d'entre eux ne doit refuser le jeu ou tenter de l'entraver sous peine de mort immédiate.

Article 5 - Mesures judiciaires spéciales pour les participants à Battle Royale

Les participants à Battle Royale sont exempts de toute punition judiciaire et sont autorisés à commettre des meurtres sur les autres participants, à provoquer des incendies et à se servir d'armes de toute nature, y compris les matières médicamenteuses. Cependant il leur est interdit de se révolter contre le professeur superviseur et contre les membres du comité, d'entraver leur action ou de se venger contre eux. Ceux qui commettent de tels actes seront sévèrement punis.

Article 6 - Gagnant de Battle Royale

Battle Royale se conclut par la victoire d'un seul et unique gagnant : le seul survivant. Aucune dérogation à cette règle n'est possible.

Article 7 - Vie du gagnant de Battle Royale

Le gagnant de Battle royale revient à la vie normale (moderne). Le gouvernement lui donne une 'prime' en récompense de ses efforts sur le terrain. Il est réaffecté dans une autre région que celle où il habitait précédemment avec interdiction de divulguer des informations concernant la loi B.R. (Battle Royale) sous peine de poursuites judiciaires.

Article 8 - Professeur-superviseur de Battle Royale

Les responsables administratifs de Battle Royale sont placés sous l'autorité du professeur superviseur. Celui-ci est choisi au sein du Comité de promotion de la loi Battle Royale, sur recommandation de ses membres. Il est habilité à transgresser toutes les lois dans le but de faire progresser efficacement le jeu. Cependant, l'État et le Comité ne sont pas responsables de sa survie.

Article 9 - Indemnité aux familles des perdants de Battle Royale

Les familles des perdants recevront une indemnité de compensation. Cette mesure est soumise à une règlementation spécifique.

Article 10 - Dispositions complémentaires au règlement de Battle Royale

Afin d'assurer le bon déroulement de Battle Royale, certaines dispositions complémentaires pourront être décrétées en cas de nécessité.

L'organisation du jeu

Les élèves sont emmenés de force sur un lieu quelconque dont les habitants ont préalablement été expropriés (s’il n’est pas désert à la base), où se déroule l'épreuve.

Chaque élève porte autour du cou un collier électronique, ne craignant ni l'eau ni les chocs électriques, et permettant entre autres aux organisateurs de :

– entendre les conversations grâce à un micro incorporé ;
– localiser chaque survivant grâce à un système de géolocalisation ;
–surveiller le pouls de chacun pour connaître à tout moment son état de santé et l'heure de la mort le cas échéant ;
–faire exploser ce collier avec son porteur si celui-ci tente de l'enlever, ou s’il se trouve dans une zone interdite.

Le jeu se déroule sur trois jours, à l'issue desquels les colliers des survivants, s’il venait à y en avoir plus d’un, explosent en même temps.

Au début du jeu, chaque élève reçoit un paquetage contenant des vivres (une miche de pain et deux bouteilles d'eau), une carte de l'île, une boussole, une lampe de poche et une arme ; chaque paquetage contient une arme différente et ils sont attribués au hasard.

Toutes les six heures, le professeur en charge de la classe s'adresse aux élèves survivants via des haut-parleurs disposés un peu partout sur l'île pour leur donner le compte-rendu des morts et les heures à partir desquelles certaines zones sont à éviter, sous peine de voir leur collier exploser. Cela a pour but de resserrer le terrain et d'intensifier le jeu.

Les armes

Parmi les différentes armes attribuées aux élèves, un tiers environ sont des armes à feu. On trouve aussi des armes blanches, ainsi que divers objets avec plus ou moins d'utilité. Ainsi la chance, lors du tirage du sac, a pour but de compenser la faiblesse physique de certains. Voici la liste des armes :

Liste des élèves

La biographie des personnages provient essentiellement du manga et du roman qui comportent des flashback. Le film nous laisse très peu d'informations sur les élèves, il nous montre le jeu.

Garçons Filles
Numéro Nom Numéro Nom
G-01 Yoshio Akamatsu F-01 Mizuho Inada
G-02 Keita Iijima F-02 Yukie Utsumi
G-03 Tatsumichi Ôki F-03 Megumi Etô
G-04 Toshinori Oda F-04 Sakura Ogawa
G-05 Shôgo Kawada F-05 Izumi Kanai
G-06 Kazuo Kiriyama F-06 Yukiko Kitano
G-07 Yoshitoki Kuninobu F-07 Yumiko Kusaka
G-08 Yôji Kuramoto F-08 Kayoko Kotohiki
G-09 Hiroshi Kuronaga F-09 Yûko Sakaki
G-10 Ryûhei Sasagawa F-10 Hirono Shimizu
G-11 Hiroki Sugimura F-11 Mitsuko Sôma
G-12 Yutaka Seto F-12 Haruka Tanizawa
G-13 Yûichirô Takiguchi F-13 Takako Chigusa
G-14 Shô Tsukioka F-14 Mayumi Tendô
G-15 Shûya Nanahara F-15 Noriko Nakagawa
G-16 Kazushi Niida F-16 Yuka Nakagawa
G-17 Mitsuru Numai F-17 Satomi Noda
G-18 Tadakatsu Hatagami F-18 Fumiyo Fujiyoshi
G-19 Shinji Mimura F-19 Chisato Matsui
G-20 Kyûichi Motobuchi F-20 Kaori Minami
G-21 Kazuhiko Yamamoto F-21 Yoshimi Yahagi

Musique et bande originale

La musique du film, composée et arrangée par Masamichi Amano (天野 正道, Amano Masamichi), est interprétée par l'orchestre philharmonique de Varsovie[1].

Amano a choisi de mêler habilement compositions originales et compositions connues de la musique classique européenne des XVIIIe et XIXe siècles.

Commentaires

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On peut classer ce film dans le genre « film d’anticipation ». En effet, il se déroule dans un futur proche, au cœur d’un pays qui n’est pas nommé dans le film et qui a décidé d’adopter des mesures extrêmes face aux adolescents. On peut y voir une mise en garde contre le délitement de la cellule familiale et du sacro-saint modèle nippon, grand problème au cœur de cette société qui, depuis l’après-guerre, a du mal à se trouver.

Ce film signe donc l’opposition entre le monde adulte et le monde adolescent. Cet antagonisme est d’ailleurs marqué par la musique, de la musique classique avec des airs très connus (comme le solennel et tragique Requiem de Verdi ou le doux Le Beau Danube bleu de Johann Strauss II) se retrouve sur l’ensemble du film, alors que les jeunes luttent sur l’île, en proie au jeu malsain auquel les adultes les réduisent, tandis qu’à la fin un morceau de musique « moderne » apparaît, accompagnant la fuite des deux jeunes héros, libres.

Les adultes sont effrayés par les jeunes, par leurs débordements, leur violence, leur rejet de toute autorité[2],[3]. Comme il est dit au début du film, de nombreux jeunes sèchent les cours. Non seulement cela, mais en plus ils agressent leurs professeurs. Kitano est l’incarnation de ces adultes qui rêvent d’une adolescence sage et attentive, comme l’est l’héroïne, qu’il divinise. Mais, au contraire, il se retrouve face à des salles de classe vides et à des élèves violents, qui vont jusqu’à l’agresser au couteau.

Les adolescents, eux, sont troublés par ces adultes démissionnaires et perdus. Ils n’ont pas de repères, ne peuvent s’appuyer sur leurs parents qui les chargent, jeunes, d’un terrible fardeau, à l’instar du héros et du comportement infantilisant de son père, jusqu’au suicide de ce dernier. Dans le livre, on se rend compte que de nombreux personnages sont en souffrance à cause de leur famille et du monde adulte en général, et que leur comportement en est la cause directe.

On peut donc dire que ce film dénonce l’éclatement de la cellule familiale au Japon[4],[5], la perte des valeurs, la perte des repères dans une société industrialisée transformant l’Homme en produit prêt à toutes les servilités pour trouver du travail.

On est également surpris par l'humour noir et grinçant de l’œuvre. À ce titre, il faut noter la prestation de la présentatrice du jeu, joyeuse, enjouée, moderne (elle porte des piercings), qui parle « jeune », aux « jeunes ». Elle est la caricature totale des présentatrices de télévision « kawaii » que l’on peut voir sévir sur les chaînes de télévision nippones. Elle représente ainsi l’intermédiaire nécessaire entre le professeur dépassé (fait ironique, Takeshi Kitano, avant d’être acteur ou réalisateur, était présentateur d’émissions de télévision) et les élèves. Comme s'il avait besoin de ce support pour se faire comprendre.

Un des thèmes forts du film est celui du passage à l'âge adulte. Les jeunes se remettent en question et cherchent leur place dans une société loin d'être accueillante. Leur découverte du sentiment amoureux s'accompagne d'une prise de responsabilités. Ainsi les mauvais garçons d'hier se rangent et deviennent plus protecteurs envers les filles, ou au contraire cherchent à tout prix à prouver leur virilité et font tout pour ne pas mourir puceaux. Leur comportement sur l'île n'est que le reflet du comportement d'un citoyen face à la société actuelle : de celui qui baisse les bras face aux difficultés à celui qui utilise des failles du système à son seul profit, en passant par le révolutionnaire armé et le couple pour lequel rien n'existe en dehors de leur amour, toutes les attitudes y passent. Après tout, comme le dit le méchant professeur : « C'est la vie, elle-même, qui est un jeu ».

On peut également interpréter cette œuvre comme étant une critique de l'extrême élitisme du système scolaire et d'études supérieures japonais, qui amène certains enfants, dès leur plus jeune âge, à jouer le jeu d'une compétition terrible pour entrer dans les meilleures universités[6],[7],[8],[9],[10].

En somme, malgré son apparence de film faisant l'apologie de la violence, de la vengeance et de la cruauté entre les individus, dénué de sens moral et guidé par le délire du réalisateur, Battle Royale possède une véritable morale qui s'établit sur toute la durée et possède une richesse particulière, très différente des standards du survival-horror américano-européen.

En 2009, ce film est considéré comme le meilleur film de l'année 2000 par Quentin Tarantino, qui a dû y trouver une certaine source d’inspiration pour son futur Kill Bill[11],[12].

Battle Royale lança également la carrière de plusieurs jeunes acteurs alors inconnus (ou presque), comme Kou Shibasaki (柴咲コウ, Shibasaki Kō) et Tatsuya Fujiwara (藤原 竜也, Fujiwara Tatsuya), et confirma la popularité de Masanobu Andō (安藤政信, Andō Masanobu) et de Aki Maeda (前田亜季, Maeda Aki).

Notes et références

Lors du premier bilan des meurtres, on reconnaît une référence à la série Le Prisonnier. En effet les haut-parleurs annonçant le sinistre bilan ne sont pas sans rappeler les haut-parleurs du village du prisonnier annonçant les informations publiques. De plus, la musique classique diffusée est elle aussi tirée de la même série Le Prisonnier.

Film interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salle.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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