Veauville-lès-Quelles

Veauville-lès-Quelles

49° 44′ 24″ N 0° 42′ 24″ E / 49.74, 0.706666666667

Veauville-lès-Quelles
L'église Notre-Dame.
L'église Notre-Dame.
Administration
Pays France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Arrondissement Havre
Canton Ourville-en-Caux
Code commune 76730
Code postal 76560
Maire
Mandat en cours
Gérard Colin
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes de la Côte d'Albâtre
Démographie
Population 104 hab. (2008)
Densité 32 hab./km²
Géographie
Coordonnées 49° 44′ 24″ Nord
       0° 42′ 24″ Est
/ 49.74, 0.706666666667
Altitudes mini. 75 m — maxi. 145 m
Superficie 3,21 km2

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Veauville-lès-Quelles est une commune française, située dans le département de la Seine-Maritime et la région Haute-Normandie.

Sommaire

Géographie

Veauville-lès-Quelles est un village du pays de Caux

C'était au dernier recensement une commune de 103 habitants (580 en 1851) sur 321 ha à 125 mètres d’altitude, à 49°44’40 de Latitude Nord et 0°42’34 de Longitude Est, en Caux maritime.

Toponymie

Le nom de la paroisse est mentionné Wialvilla (sans date), Wiauvilla que dicitur la Willame d'Escalles en 1235 (d'après Guillaume d'Escales, seigneur du lieu), Veauville d'Escalles en 1337[1].

Nom en -ville au sens ancien de « domaine rural », précédé du nom de personne anglo-saxon ou norrois Wifel, fréquemment attesté en Angleterre, ex : Wivelsfield (Sussex) et au Danemark dans Vilsback (Wivaelsbaec 1231)[2].

Homonymie avec Veauville-les-Baons, autre commune du Pays de Caux.

La forme Veau- est liée à l'interprétation de Viau-, comme « un veau » en dialecte.

Le déterminant lès-quelles est une mauvaise graphique pour escalles, attesté en 1337 Veauville d'Escalles.

La forme escalles est un pluriel roman issu d'un pluriel anglo-scandinave en /s/, le terme escal- étant issu du norrois skali ou du vieil-anglais scala, habitation temporaire. Cf. les nombreux Scales en Angleterre.

On le retrouve dans de nombreux toponymes normands Écalles-Alix, Villers-Écalles, Touffrécal, Foucart-Escales, aujourd'hui Foucart, Écalgrain, etc. On trouve aussi exceptionnellement des exemples dans le Boulonnais et le Calaisis, régions ayant connu une colonisation saxonne, mais pas ailleurs.

Histoire

Le nom d’Escales rappelle l’ancienne famille d’Escales qui précéda les La Rive, connus au XIIe et XIIIe siècles, et qui ont fourni des maires à la ville de Rouen.

Thomas La Rive (Ripa en latin médiéval) seigneur de Veauville et de Herville, possédait la première portion de la cure. La seconde appartenait à Lucas La Mallet, seigneur d’Auffay. En 1250, Guillaume de Houdetot, marié à Mlle de Ripa, devint le seigneur de Herville et de Veauville.

En 1381, Richard de Houdetot, chevalier chambellan du roy, bailli de Rouen, remit la possession de ces trois seigneureries. Le demi-fief d’Oherville était un démembrement du fief de Veauville, dont il continua à relever jusqu’au XVIe siècle, époque où l’aveu en fut rendu au roi.

En 1820, le hameau d’Attemesnil, actuellement sur le territoire de Carville-Pot-de-Fer fut rattaché provisoirement à Veauville. La population passa à 600 habitants.

Vie économique

À Veauville, comme ailleurs en pays de Caux, on trouvait des maisons de tisserands. En effet, jusqu’au début du XIXe siècle, le tissage se pratique à domicile. Les tisserands fabriquaient des tissus à partir du lin du plateau et de l’élevage de la vallée. Le Lin cultivé était roui puis « écouché » ou teillé au moulin flamand.

Du côté nord, Le métier était souvent installé au fond de la grande pièce de la chaumière (la « chambre à cacher »). Il était éclairé par des « verrines », petites vitres encastrées entre les colombes et scellées avec du terrage (torchis). De l’aube aux dernières lueurs du jour, les tisserands manœuvraient les navettes (« les cacheux d'navettes »), assis sur une planche de bois posée sur les montants du métier. Ces métiers à tisser rustiques étaient très souvent fabriqués par les menuisiers locaux. Peu à peu, ces tisserands ont émigré vers les vallées industrialisées du secteur ; les filatures et usines de tissage ont remplacé les métiers qui ont disparu définitivement vers 1935.

Les produits finis étaient portés chez des collecteurs à Anvéville, Envronville, Beuzeville, etc. qui livraient les tissus dans les grandes villes voisines voire les pays frontaliers tels que l’Allemagne. En retour les négociants passaient les commandes suivantes et fournissaient les écheveaux de fils nécessaires car les usines avaient déjà remplacé les fileuses à domicile.

Les navettes utilisées dans les chaumières étaient souvent en buis, les œillets et autres pièces métalliques en fer. Lorsque les navettes étaient endommagées, les tisserands les faisaient réparer. On y greffait des petites pièces du même bois pour les rendre à nouveau utilisables.

On tissait des siamoiseries ou siamoises, tissus dont la trame était en coton et la chaîne en lin, des mouchoirs, des draps pour les lits, des burnous, etc.

C’est pourquoi entre 1910 et 1950 les nombreux moulins de la vallée de la Durdent s’étaient reconvertis dans le teillage du lin ; de vieux fours abandonnés aujourd’hui, étaient utilisés pour rouir artificiellement le lin, c’est-à-dire isoler les fibres textiles du reste de la plante.

La vallée de la Durdent était au XIXe siècle très active, commerciale et industrielle puisque en 1870, il fut demandé la construction d’une ligne de chemin de fer Yvetot-Cany suivant la vallée. C’est un autre tracé entre Beuzeville-la-Grenier et Fécamp qui fut retenu par l’administration des chemins de fer. Les « usiniers » de la vallée furent obligés de porter leurs produits ou retirer les marchandises à la gare dite de Grainville-la-Teinturière ou celle de Cany.

Les vieillards racontent que l’ancienne rivière de Saint-Valéry, sortie des coteaux de Néville, fut bouchée avec des balles de laine, parce qu’elle était l’objet d’un culte idolâtrique. Ce qui ramène à l'élevage ovin que l'on pratiquait pour tisser également la laine dans la région, avant que celle-ci ne soit concurrencée par le coton, dont les ports du Havre et de Rouen sont devenus de grands importateurs à partir du XVIIe siècle.

Intercommunalité

Gérard Colin, maire de Veauville-lès-Quelles, est le président de la Communauté de communes de la Côte d'Albâtre depuis 2008.

Démographie

Évolution démographique
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2008
130 148 99 98 86 102 105 104
Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes

Lieux et monuments

  • L’église Notre-Dame

Elle a été reconstruite au XIXe siècle en brique et silex, mais elle possède une façade à fronton du XVIIe siècle. Elle remplace un édifice antérieur du XIIIe siècle qui était consacré à saint Aignan.

On dit qu'un Clercy de Mathonville a dépensé près de 100.000 francs de l’époque à l’embellissement de l’église. Le clocher est précédé d’un fronton grec, en pierre blanche, supporté par quatre colonnes de granit. Deux niches renferment saint Pierre et saint Paul, les gardiens de l’église. Le chœur et la nef forment la croix, dont les bras montrent les chapelles de la Sainte-Vierge et des Saints-Anges.

Le principal ornement de cette église est le maître-autel, en marbre noir et blanc. Le tabernacle, aussi de marbre, fermé avec une porte de cuivre, sert de piédestal à une grande statue en marbre de Notre-Dame, patronne de la paroisse. À droite et à gauche sont deux anges d’albâtre. Le chœur est fraîchement orné, marbré dans ses murs comme dans ses lambris ; le pavage est un échiquier noir et blanc. Le porte-christ est une guirlande finement sculptée sur bois, dans le goût des porte-christs du XVIIIe siècle. Le baptistère est en marbre ; dans la nef est un tableau de la crucifixion, de l’école de Jouvenet.

Dans le cimetière, près du chœur, est la tombe commune de MM. J.-P. et A.-L. de Clercy, chevaliers de Saint-Louis et lieutenants-colonels, tous deux morts octogénaires, l’un en 1834, l’autre en 1842. Ce dernier étant le bienfaiteur de l’église.

Monsieur de Clercy de Mathonville avait réuni, dans le même endroit, le cimetière, l’église, la croix, le presbytère, la mairie et les écoles.

Le clocher, entre le chœur et la nef selon la tradition normande, ressemblait à celui de Hautot-Saint-Sulpice. Il a été déplacé deux fois depuis 1780. D’abord, il fut mis au côté de l’église, sur la chapelle seigneuriale de Monsieur de Clercy. Une inscription conserva quelque temps la mémoire de cette translation. Puis il a été mis au portail dans le remaniement général de l’église. Toujours, le seigneur a été maître de l’église.

Au XIIIe siècle, les héritiers d’un sire « de la Rivière », étaient patrons-présentateurs de la cure. Une des filles de ce gentilhomme ayant épousé le seigneur de Hotot, porta le bénéfice dans cette maison. Aussi le sire de Hotot y présentait-il au droit de son épouse, lorsque Rigaud rédigea son pouillé. Le bénéfice comptait alors 40 paroissiens et valait 40 livres au curé Rémy. En 1738, il y avait 50 feux.

Cette église possède aux archives historiques de notre département une liasse contenant des contrats, des titres de biens et de rentes, des baux et des parchemins du XVIIe et du XVIIIe siècle.

L’église fut agrandie et transformée : les travaux commencèrent en 1836 sous la gestion de l’abbé Saint-Yves. En 1856, une nouvelle cloche fut acquise. Elle pèse 850 kilos et fut baptisée Marie-Eugénie. En 1883, le presbytère endommagé fut reconstruit la même année. En 1996, la restauration de l’église commença par des travaux de remise en état de toiture.

  • Le château de Mathonville

Selon toute vraisemblance, c'est dans ce château que naquit le bienheureux Thierry, premier abbé de Saint-Évroult. Thierry de Mathonville fut avant cela, moine de Jumièges. Ce fut un homme saint et savant. S’étant démis de sa charge en 1057, il partit pour Jérusalem et mourut à l’île de Chypre.

C’est Ordéric Vital qui nous apprend qu’il était Normand de naissance et du pays de Caux. « B. Theodoricus de Mathonvillâ, natione Normannus, ex Calogiensi provinciâ oriendus. » (cf. Neustria pia, page 97).

Thierry de Mathonville devait donc être le fils du seigneur du lieu. On ne sait rien d’autre avant qu’apparaisse à Veauville, Pierre de Clercy dont le père, Charles, était en 1503 seigneur de Bornambusc, près de Goderville, plain-fief de haubert tenu du roi.

Pierre de Clercy eut trois fils, Guillaume, Vivien et Pierre, et c’est du mariage du second avec Louise de Rély que sont issus Charles et Jacques de Clercy.

On suppose que Jacques fut l’auteur d’une partie des constructions du château de Mathonville : une partie basse utilisant largement le grès de la région est bien de cette époque. La partie haute du château, en briques, correspond à une réfection du XIXe siècle. Les douves ont disparu, mais un charmant pavillon servant de remise est particulièrement remarquable comme témoin d’une époque où fleurissait la pierre en bossage mise en valeur par une jolie couleur de la brique.

La vue, du côté de la plaine, porte loin, et deux petits pavillons (il n’en reste qu’un) encadraient cette longue perspective. Le colombier et d’autres petites constructions apportent un charme qui atténue l’impression d’austérité dû au grès. Du belvédère aménagé dans l’amusant clocheton édifié au-dessus de la toiture, on peut apercevoir la mer, à quatre lieues.

Né du mariage de Jacques de Clercy avec Anne Auber de Vertot, Jean de Clercy épousa Suzanne Quesnel et eut plusieurs enfants : François fut seigneur de Vertot et de Mathonville ; Jean-Baptiste, qui lui succéda, épousa en 1718 Catherine Paon de Baudribosc, et ce sont leurs armoiries accolées qui timbrent la porte de la petite église de Baudribosc. De leurs trois fils, deux moururent des blessures reçues à la bataille de Minden, en 1759. Le troisième, Jean-Baptiste-Louis de Clercy, épousa Anne-Françoise de Vaudretz qui lui donna cinq enfants, dont quatre furent chevaliers de Saint-Louis, comme le rappelle la pyramide élevée à droite de la porte de l’église de Veauville. L’aîné Jean-Baptiste-Philippe, épousa en 1785 Marie-Marthe-Victoire du Puy d’Arnouville et se fixa à Ermenouville dont il devint maire sous la Restauration. Son fils, Charles-Eugène de Clercy, épousa en 1810 Marie-Aimée-Claire de Caumont, née au château de Derchigny que sa mère Marie-Charlotte de Clieu (petite fille de Gabriel, gouverneur de la Guadeloupe) avait apporté au comte de Caumont. De leurs sept enfants, seuls deux eurent postérité : Mme de Malartic, grand-mère du comte de Montalembert, ancien vice-président du Sénat dont il fut longtemps le doyen, et Henri-Charles de Clercy dont la fille fut Mme de Beaunay [3].

Personnalités liées à la commune

Notes et références

  1. François de Beaurepaire (préf. Marianne Mulon), Les Noms des communes et des anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, A. et J. Picard, 1979, 180 p. (ISBN 2-7084-0040-1) (OCLC 6403150), p. 162.
    Ouvrage publié avec le soutien du CNRS
     
  2. François de Beaurepaire, Op. cité.
  3. Recherches historiques effectuées par Alain Gardeur avec la bibliographie et extraits suivants :
    • Jean Benoît Désiré Cochet, Les Églises de l’arrondissement d'Yvetot, Paris, Didron, 1853, 2e éd. (1re éd. 1852), 386 p. 
    • Pierre Jamme et Jean-François Dupont-Danican, Gentilshommes et gentilhommières en Pays de Caux.
    • Michel de la Torre, Seine Maritime.
    • Seine Maritime, Gallimard.
    • Guide Bleu Hachette.
    • Pierre Auger et Gérard Granier, Le Guide du Pays de Caux.
    • Entre ciel et eau... Héricourt en Caux par l’association Archives et vieilles pierres d'Héricourt-en-Caux.
    • Alain Raveneau, Le Livre de la Vache.
    • « Veauville-lès-Quelles », dans Le Patrimoine des communes de la Seine-Maritime, Charenton-le-Pont, Éditions Flohic, coll. « Le Patrimoine des communes de France », 1997, 1389 p. (ISBN 2-84234-017-5) 
    • Pays de Normandie.
    • Documentations du Syndicat d’initiative.

Voir aussi

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Veauville-lès-Quelles de Wikipédia en français (auteurs)

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