Theodore Simon Jouffroy

Theodore Simon Jouffroy

Théodore Simon Jouffroy

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Théodore Jouffroy
Parlementaire français
Naissance 6 juillet 1796
Décès 1er mars 1842
Mandat Député (1831-1842)
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Circonscription Doubs
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Monarchie de Juillet

Théodore Simon Jouffroy, né aux Pontets (Doubs (département)|Doubs) le 6 juillet 1796 et mort à Paris le 1er mars 1842, est un philosophe et un homme politique français. Il développe au début du XIXe siècle la question psychologique au sein de l'école éclectique française dirigée par Victor Cousin.

C’est l’arrière-grand-père de l’écrivain Alain Jouffroy[1].

Sommaire

Biographie

Formation

Il est le fils d’un cultivateur, négociant en fromages et percepteur. Il fait ses premières études à Nozeroy en 1805-1807, puis de 1807 à 1811 au collège de Lons-le-Saunier. Il fait sa rhétorique au lycée de Dijon. Élevé dans la religion catholique, il tombe dans l'incrédulité lors de ses études à l'École normale supérieure où il entre en 1813[2].

Élève de 1815 à 1822 de Victor Cousin, il est nommé élève répétiteur à l’École normale supérieure en 1815, soutient ses thèses de doctorat le 12 août 1816 et il est reçu docteur ès-lettres. La thèse principale porte sur le sentiment du beau et du sublime; elle fait référence à Emmanuel Kant et Moses Mendelssohn. La thèse complémentaire en latin porte sur la causalité.

Le philosophe

Il est nommé chargé de conférences pour la philosophie en 1818 à l'École normale supérieure. Il obtient l’agrégation et assure également des cours au collège Bourbon. Pendant l’été 1820, avec un condisciple Paul-François Dubois, il fait un voyage en Suisse à pied et visite à Berne l'Institut d'Hofwil dirigé selon les principes pédagogiques de Johann Heinrich Pestalozzi, inspirés de la pensée rousseauiste d'une éducation concrète, orientée sur le travail pratique et respectueuse des spécificités de l'enfant.

Destitué en 1822 lorsque École normale supérieure est fermée comme foyer d’idées libérales, il ouvre chez lui un cours privé de philosophie, très suivi, et collabore comme journaliste au Globe, au Courrier français, à l'Encyclopédie moderne[3]. Son article Comment les dogmes finissent, publié dans le Globe en 1825, où il réfléchit sur la mort des religions, a un particulier retentissement.

Influencé par le cours sur le beau donné par Victor Cousin en 1818, il développe son propre cours d'esthétique en 1826, qu'il donne chez lui (dans la rue du Four) et qui ne sera publié qu'après sa mort en 1843.

Il est réintégré maître de conférences à la réouverture de l’École normale supérieure en 1828 ; il est élu professeur de philosophie ancienne au Collège de France de 1832 à 1837. Il est élu le 6 avril 1833 à l'Académie des sciences morales et politiques.

Il démissionne en 1837 de son poste au Collège de France pour être nommé à la chaire de philosophie à la Faculté des Lettres de Paris où il enseigne jusqu’en 1839, tout en étant, comme le veut la tradition, bibliothécaire de la Sorbonne. Il est nommé membre du Conseil royal de l’Instruction Publique en 1840, président du jury d’agrégation en 1838, 1840 et 1841.

Il contribue à faire connaître les philosophes écossais en traduisant Dugald Stewart (Esquisse de philosophie morale, 1825) et les Œuvres complètes de Thomas Reid publiées de 1826 à 1838.

Il avait épousé en 1833 Marie Charlotte Mouret, fille d’un colonel d’infanterie ; ils eurent deux enfants.

Jouffroy avait toujours été de santé fragile ; il doit se mettre en congé à partir de 1839 pour maladie de poitrine.

Carrière politique

Il est député du Doubs de 1831 à 1842, élu de l’arrondissement de Pontarlier en tant que libéral[4]. Il est partisan de la conquête de l’Algérie et de la défense des droits des peuples par la France.

Œuvres

  • Le sentiment du beau est différent du sentiment du sublime ; ces deux sentiments sont immédiats, Paris, C. F. Patris, 1816 (thèse ès-lettres).
  • De Causalitate. Dissertatio philosophica, Paris, C. F. Patris, 1816 (thèse complémentaire)
  • Le Sens commun et la philosophie, Paris, J. Tastu, 1824.
  • Problèmes de la destinée humaine, Paris, Claveau, 1830.
  • Lettre à MM. les électeurs de l'arrondissement de Pontarlier, Besançon, C. Deis, 1831.
  • Mélanges philosophiques, Paris, Paulin, 1833 : recueil de textes extraits pour la plupart de diverses revues et publications, de 1823 à 1830, dans Le Globe, L’Encyclopédie moderne, la Revue européenne. 3e édition, 1860, sur Google Livres
  • Cours de droit naturel, Paris, Prévost-Crocius, 2 vol., 1834, sur Gallica
  • Sur le Scepticisme de notre époque, Paris, Prévost-Crocius, 1834
  • article « La politique de la France en Afrique », dans la Revue des Deux Mondes, tome 14, 1838, sur Wikisource
  • Nouveaux mélanges philosophiques, 1842 (posthume)
  • Cours d’esthétique, 1843 (posthume)
  • Correspondance de Théodore Jouffroy publiée avec une étude sur Jouffroy par Adolphe Lair, Perrin et Cie, 1902
  • Pierre Poux. Le Cahier vert de Théodore Jouffroy, Paris, Les Presses Françaises, 1924 : rééd. de Comment les dogmes finissent et lettres inédites, 1822-1836.

Bibliographie

Notes

  1. « Mon arrière-arrière-grand-père, Théodore Jouffroy, était philosophe. Je descends de lui directement. C'était un homme merveilleux qui est mort très jeune de tuberculose – c'était le sida de l'époque, beaucoup de monde en mourait - qui a écrit un texte fantastique qui tient le coup aujourd'hui et qui s'appelle Comment les dogmes finissent. C'est-à-dire comment une croyance humaine, quelle qu'elle soit, prolifère, se répand, se partage, se confond avec un parti ou avec une église, devient dominante, dogmatique, exterminatrice, et périclite pour faire place à une autre croyance et ça recommence. » Alain Jouffroy, dans une interview sur le site ArtRéalité, 2005-2006.
  2. Dans un passage des Nouveaux mélanges philosophiques, il décrit cette crise : « Je n'oublierai jamais la soirée de décembre où le voile qui me dérobait à moi-même ma propre incrédulité fut déchiré [...] Les heures de la nuit s'écoulaient et je ne m'en apercevais pas ; je suivais avec anxiété ma pensée qui, de couche en couche, descendait vers le fond de ma conscience et, dissipant l'une après l'autre toutes les illusions qui m'en avaient jusque-là dérobé la vue, m'en rendait de moment en moment les détours plus visibles. En vain, je m'attachais à ces croyances dernières, comme un naufragé aux débris de son navire ; [...] l'inflexible courant de ma pensée était plus fort [...] J'étais incrédule, mais je détestais l'incrédulité; ce fut là ce qui décida de la direction de ma vie. »
  3. La plupart des articles qu’il y publie seront repris dans ses Mélanges philosophiques en 1833. Voir Jean-Jacques Goblot, Le Globe, 1824-1830. Documents pour servir à l’histoire de la presse littéraire, Paris, 1993, avec p 97-103 une recension des articles de T. Jouffroy publiés dans le Globe.
  4. Il est élu successivement le 5 juillet 1831, le 21 juin 1834, le 4 novembre 1837 et le 4 avril 1840.

Liens externes


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