Augustin-Joseph de Mailly

Augustin-Joseph de Mailly
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Augustin Joseph de Mailly
Maréchal de mailly 2.jpg

Naissance 5 avril 1708
Villaines-sous-Lucé
Décès 25 mars 1794 (à 85 ans)
Arras
Origine Français
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Drapeau français Royaume des Français
Arme Maison militaire du roi de France
Grade Maréchal de France
Années de service 1726 - 1792
Conflits Guerre de Succession de Pologne

Guerre de succession d'Autriche

Commandement Inspecteur Général de la cavalerie et des dragons
Directeur-général des camps et armées
Faits d'armes siège de Kehl (1733)
Bataille de Weissembourg
Bataille de Pavie
Bataille de Rossbach
Défense de palais des Tuileries
Distinctions Croix de l'ordre de Saint-Louis Croix de Saint-Louis
Collier de Grand Croix de Malthe
Chevalier des ordres du roi (1776)
Ordre de Saint-Lazare
Autres fonctions Lieutenant général de Roussillon
Gouverneur d'Abbeville, Sénéchal et Grand bailli de Ponthieu
Famille Blason Maison de Mailly

Augustin-Joseph de Mailly, né le 5 avril 1708 à Villaines-sous-Lucé (Sarthe), et guillotiné le 25 mars 1794 à Arras (Pas-de-Calais).

Augustin-Joseph de Mailly est marquis d'Haucourt et baron de Saint-Amand. Il hérite en janvier 1744 des titres de comte de Mailly et de seigneur de Varennes à la suite de la mort de son cousin Louis de Mailly (1723-1743).

D’abord mousquetaire (1726), il sert dans la gendarmerie de 1733 jusqu'en 1764. Son avancement est rapide : brigadier le 20 février 1743, maréchal de camp le 1er mai 1745, lieutenant-général le 10 mai 1748, il est Inspecteur Général de la cavalerie et des dragons le 21 mai 1749, puis directeur-général des camps et armées. Du fait d’une disgrâce, il est éloigné de la cour et donc très longtemps lieutenant-Général, puis commandant en chef en Roussillon, où il est l’origine de grands travaux, du renouveau de l’université et où il joue un grand rôle au sein de la franc-maçonnerie catalane. Chevalier du Saint-Esprit le 26 mai 1776, il est fait maréchal de France le 13 juin 1783 et du fait de son âge, il est gouverneur d'Abbeville, sénéchal et Grand bailli de Ponthieu pas très loin de ces terres et de son château. Mais ce Mailly, qui a participé à bien des batailles lors des guerres de Louis XV, reçoit de Louis XVI, en 1790, le commandement d'une des quatre armées décrétées par l'Assemblée nationale (14e et 15e divisions militaires). C'est une tâche difficile et il donne sa démission le 22 juin, lorsqu'il apprend la fuite du roi, mais lors de la journée du 10 août 1792, malgré son grand âge, il vient se placer aux côtés du monarque menacé. Rescapé du carnage qui suit la prise du palais des Tuileries et aux massacres de Septembre, il est arrêté dans son château, puis guillotiné en 1794 à Arras, à l'âge de 87 ans. Il s’écrie sur l'échafaud : Je meurs fidèle à mon roi, comme l’ont toujours été mes ancêtres.

Sommaire

Biographie

Sa famille

Blason des Mailly.

Augustin-Joseph de Mailly est l’héritier de l'une des plus anciennes familles de la noblesse du royaume, la Maison de Mailly, dont les armes sont : D’Or à 3 maillets de sinople posés 2 et 1[1], pour la branche aînée picarde. Leur devise est : Hongne qui vourra et leur cri : Mailly ! Mailly !

Augustin-Joseph est le fils de Joseph de Mailly (1677-1755), marquis d'Haucourt, mais seigneur aussi d'Assigny, de Guillencourt, de Brunvil, de Bivil, de Villedieu, de Cany, de Saint-Michel-d'Halescourt et Grumesnil, baron de Saint-Amand. Dans sa jeunesse, il a été page de la Petite Écurie du roi (1691). Sa mère, Louise-Madeleine-Josèphe de La Rivière, est dame de La Roche-de-Vaux-Corbuon et du Bois-de-Macquessy, de Requeil, de Flacé et d'Estival.

Les débuts de sa carrière militaire

Augustin Joseph de Mailly est d’abord un grand militaire. Mousquetaire en 1726, enseigne dans le Régiment de Mailly Infanterie en 1726, il est guidon de la compagnie des gendarmes de la reine. Le 18 mars 1728, il devient capitaine des gendarmes écossais. Le capitaine de Mailly fait les campagnes de Westphalie, de Bohême et de Flandre.

Il est lieutenant-colonel de la compagnie des gendarmes de la reine en mars 1733, puis Sous-Lieutenant de la compagnie des chevau-légers de Berri, avec rang de mestre de camp de la cavalerie en mars 1734.

Ses exploits lui valent en 1740 la croix de Saint-Louis, à l’âge de 32 ans, ce qui est exceptionnel.[réf. nécessaire] En janvier 1742, Augustin Joseph de Mailly est nommé capitaine-lieutenant de la compagnie des gendarmes écossais, sur la démission du comte de Rubempré, puis il a le grade de brigadier des armées du roi, février 1743.

Après la campagne de Bohême à Weissembourg, en 1744, il charge, à la tête de 150 gendarmes, un corps de cavalerie et d'infanterie qui avait culbuté deux régiments français, et le force à la retraite. Une pension de 3000 livres lui est accordée pour cette action brillante[réf. incomplète][2].

Maréchal de camp, le 16 août 1745, en Flandre, sans avoir d'expérience du commandement de grandes unités. Il participe à la Guerre de Succession d'Autriche aux côtés du chevalier de Belle-Isle et concourt à préserver la Provence de l'invasion étrangère. Il continue de se signaler, et surtout à la bataille de Pavie(1745) où, séparé de l'armée française, il la rejoint en perçant un corps considérable de cavalerie ennemie auquel il enlève 4 canons et 150 prisonniers.

Le roi lui conserve la compagnie des gendarmes écossais, en faveur de son fils. Il passe ensuite en Italie, où, après la bataille de Plaisance (1746) et le combat du Tidon, il est chargé de l'inspection de la cavalerie, d'où s'étant trouvé, la campagne d'après, à l'affaire d'Exiles, où il commande une des colonnes des troupes, le roi lui donne le gouvernement d'Abbeville, le crée lieutenant-général de ses armées, en mai 1748. Il est inspecteur général de la cavalerie et des dragons en mars 1749[3].

Gouverneur du Roussillon

Sa maîtresse Marie Leszczyńska ?.

Le Cocu du Roi

En 1749, Joseph-Augustin de Mailly a, paraît-il, une aventure avec la reine Marie Leszczyńska, épouse de Louis XV, mais ce n’est pas lui qui est surnommé Le Cocu du Roi, mais son cousin, Louis-Alexandre de Mailly, dont la femme, Louise Julie de Mailly-Nesle, est la favorite du roi.[réf. nécessaire] Nous ne trouvons d’ailleurs que des sources récentes, pour étayer les faits. La reine Marie Leszczyńska est aux yeux de ses contemporains une femme pieuse et une victime, qui ose à peine révéler à son père le comportement de son mari. En 1749, la reine a 46 ans et a donné 10 enfants au roi.

En tous les cas, le futur maréchal est éloigné de la cour et envoyé à Perpignan, où il devient gouverneur du Roussillon en 1749. Certains Catalans remarquent que L'auguste qualité de cocu du Roi ne l'a pas exempté de cette proscription et que les infidélités de la reine font le bonheur de Perpignan. En réalité cet éloignement, dans cette province à l’époque lointaine et de peu de rapports est certainement dû aux rapports conflictuels entre d'une part Mailly et Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson, ami de Mailly et père de son gendre et d'autre part Madame de Pompadour et Henri Léonard Jean Baptiste Bertin.[réf. nécessaire]

Perpignan

La régénération politique du peuple roussillonnais, ainsi entreprise dès les dernières années du règne de Louis XIV, est entièrement consommée sous celui de Louis XV, par l'intervention du duc de Noailles, Adrien Maurice de Noailles, gouverneur général, et du comte de Mailly, commandant de la province, qui prennent vivement à cœur, le dernier surtout, le bien-être du pays qui leur est donné en garde. Alors on voit le Roussillon purgé de tous les vagabonds et déserteurs de la Catalogne et du Languedoc, que la négligence des délégués du pouvoir avait laissés jusque-là pulluler dans ce pays dont ils étaient le fléau. Mailly fonde des hôpitaux, des manufactures et des foires[4].

Mailly commence, après la paix avec l'Espagne, à négocier les rectifications de frontières. Il conclut avec l'Espagne, en 1750, un traité particulier qui fixe les limites des deux royaumes. Rénovateur de l’urbanisme de la ville des rois de Majorque, Mailly fonde le premier théâtre du Roussillon dans les locaux de la Loge.

Les catholiques ne sont pas oubliés. Ils le remercieront pour la fondation des prix d'émulation, celle de douze places pour l'entretien des pauvres, et plusieurs autres établissements aussi utiles que glorieux, en l'an de grâce 1784. D’ailleurs une première chanoinie d'honneur héréditaire est créé pour Monseigneur le comte de Mailly, marquis d'Haucourt et ses hoirs et successeurs chefs de sa Maison, dans l'église cathédrale de Perpignan, à perpétuité[5]. Une académie militaire, à l’initiative du futur maréchal de Mailly, agissant pour le roi, est créé pour former de jeunes nobles au service du roi le 15 juin 1751.

L'université de Perpignan au XVIIIe siècle.

En bon franc-maçon du XVIIIe siècle, vecteur de la pensée des Lumières, il rénove l'université, entre 1760 et 1763, fait bâtir de nouveaux bâtiments à Perpignan pour pallier la ruine de l'ancienne.

Port-Vendres

Le port de Port-Vendres au XVIIIe siècle.

Louis XVI, véritable restaurateur de notre marine de guerre et commerciale, confie au général de Mailly l'installation d'un port puissant et fortifié qui, sans pour autant négliger Collioure, siège d'une amirauté depuis 1691, soit capable d’assurer enfin un trafic régulier avec l'Europe entière, de l'Espagne à la Suède, d'Écosse à l'Italie, de la côte catalane à l'Orient et aux ports barbaresques, voire jusqu'aux Indes lointaines et jusqu'aux Amériques.

Augustin Joseph de Mailly fonde Port-Vendres qu’il veut comme Perpignan la représentation idéale d’une ville maçonnique. Pour faire de Port-Vendres un véritable port profond et à l'abri des vents, il faut faire sauter certains blocs de rochers encombrant le chenal pour dégager la rade et permettre aux bâtiments de commerce d'approcher jusqu'aux quais. Outre le port moderne, en 15 années (1770-1785), il complète la ville, trace et perce quelques petites rues, construit de nouvelles habitations sur un plan uniforme, rectifie des alignements, construit des quais et des débarcadères commodes.

Pour marquer d'un symbole la naissance de Port-Vendres, et à la demande même des habitants d'alors, Louis XVI permet à la Province de faire ériger à sa gloire le premier monument élevé en France en son honneur, l'obélisque de Port-Vendres.

À Perpignan, son influence devient vite considérable. Toute l'élite catalane se presse dans les salons de ce frère de La Sociabilité.

Le 2 octobre 1753, le maréchal de Noailles, en querelle avec Mailly, réussit à faire le faire révoquer de son commandement. En novembre 1753, Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, grand ennemi de Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson, profite d'une absence qu'il a faite à Paris pour obtenir du roi l'exil du comte de Mailly, beau-père de M. de Voyer, son fils, et ci-devant commandant en Roussillon. Le 1er mars 1754 le roi casse le comte de Mailly d'Haucourt pour avoir trop répandu son mémoire que René Louis de Voyer de Paulmy d'Argenson juge apologétique. Ce mémoire est très gros et tient en un volume. Il a coûté beaucoup d'argent à cet officier général qui en fait tirer un grand nombre de copies. Ses amis le diffusent.

Louis Phélypeaux de Saint-Florentin, secrétaire d'État à la Maison du Roi, mande le comte de Mailly chez lui pour lui ordonner de partir dès la nuit suivante pour ses terres, sans qu'il y ait pour cela de lettre de cachet expédiée, et il est parti. Sa maîtresse, la marquise de Blanes et son mari, se répandaient en discours contre le gouvernement. Ils sont proscrits eux-aussi.

La guerre à nouveau

La disgrâce de Mailly dure peu, car il est chargé d'aller complimenter en Espagne, de la part du roi, l'Infante Marie-Thérèse-Raphaëlle de Bourbon, après quoi il lui à l'honneur de la recevoir à son partage, et de lui faire les honneurs de sa province de Roussillon.

Pendant la guerre de Sept Ans, Joseph-Augustin de Mailly passe aux armées d'Allemagne. Il se trouve à la bataille de Hastenbeck (27 juillet 1757) et est blessé à la tète d'un coup de sabre et fait prisonnier, par suite de sa blessure qui l'a laissé sans connaissance à la bataille de Rossbach la même année.

Frédéric de Prusse, le despote éclairé, dont le comte de Mailly est le prisonnier de guerre est son ami[6], mais il n’est échangé qu’au bout de deux ans. Pour le remercier de ses exploits ses terres de Rainerai, Esclainvilliers, Mongival, Sotteville, etc. sont unies et érigées en comté de Mailly, par lettres-patentes données au mois de janvier 1744...

Quand Joseph-Augustin de Mailly recouvre sa liberté, il rejoint encore l'armée et fait avec succès les campagnes d'Allemagne de 1760, 1761, 1762. La paix revient et met un terme à ses travaux militaires. Il reprend son commandement du Roussillon.

Joseph-Augustin de Mailly est nommé en 1771 directeur-général des camps et armées des Pyrénées et des côtes de la Méditerranée. Louis XVI roi le nomme chevalier de ses ordres et le crée, en 1783, maréchal de France. Le maréchal de Mailly est membre de l'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens.

La journée du 10 août 1792

Louis XVI traversant les rangs des troupes défendant le palais des Tuileries avec Augustin-Joseph de Mailly, maréchal de France, avant les combats de la journée du 10 août 1792.

Quand l’on présente à M. de Mailly les remontrances du clergé assemblé en 1770 qui disent à Louis XV que les écrits du temps conduiront la France à une révolution plus terrible que celles d'Angleterre ; il répond : Sachez que si jamais l'esprit du temps nous conduit à la nécessité de défendre le trône, nous mourons tous avant le roi[7].

Couvert de gloire et de blessures dans toutes les guerres, le vieux maréchal a 81 ans en 1789. Il n’est pas allé combattre aux côtés des Américains, qu’il a pourtant soutenu avec enthousiasme.[réf. nécessaire] Certes Augustin-Joseph de Mailly n’apprécie pas du tout d’être obligé de supprimer ses fières armoiries, mais il se pose des questions et en posent aux autres aristocrates. Il se demande si on n'a pas commis une faute à Versailles, quand on a perdu de vue cette classe de Français qui triomphe aujourd'hui avec tant de cruauté. Cette classe tenoit de la nature ses talens, et ses richesses de son industrie. On n a peut-être pas fait assez d'estime à la cour de pareils avantages; et le cœur des Français, qui est fier et peu endurant ne souffrant point le mépris impunément, en est demeuré vindicatif et ulcéré ; mais il y a dans la nation quelque chose de grand et de permanent que la classe des insurgés ne sait pas et ne peut pas faire : gouverner. Le tiers-état a renversé un heureux régime ; mais le régime qu'il a substitué le renversera; car les Français sont industrieux : et dans dix ans vous verrez la monarchie se relever plus glorieuse et plus puissante[8]. Quand il voit en 1790 quelques nobles émigrer à Londres, il ne peut contenir son indignation : Voulez- vous connoitre les dispositions des Anglais pour le roi et la reine de France ? Lisez les libelles de madame de la Motte publiés à Londres contre la reine.

Le maréchal de Mailly refuse d'émigrer ; l'idée d'un roi abandonné à Paris sans clergé et sans noblesse est pour lui une absurdité révoltante. Louis XVI a de son côté pour M. de Mailly une espèce de vénération. En 1790, c’est donc tout naturellement à ce vieux serviteur de la couronne qui a su se faire aimer du peuple en Roussillon, qu’il donne le commandement d'une des quatre armées décrétées par l'assemblée nationale et celui des 14 et 15e divisions militaires[9].

Mais l'assemblée ayant exigé un serment civique, le maréchal de Mailly donne sa démission.

Dès qu'il apprend au 9 août, les dangers qui environnent la famille royale, oubliant son grand âge et ne consultant que son zèle, il se rend aux palais des Tuileries. Quelqu’un crie : Huissier, ouvrez à la noblesse française. Là-dessus entre le vieux maréchal avec des centaines de gentilshommes[10]. Les maréchaux Charles Juste de Beauvau-Craon et de Mouchy sont là aussi avec Mailly.

Louis passe ses troupes en revue. Marie-Antoinette lui donne un pistolet qu'elle prend à la ceinture de Bachmann et lui dit : Monsieur, c'est le moment de vous montrer. Mailly, saluant le roi de son épée, ajouta : Sire, nous voulons relever le trône ou mourir à vos côtés. Jurez de nous commander. Le roi se couvre, tire l'épée et le promet. Augustin-Joseph de Mailly se voit confier par Louis XVI le commandement des troupes qui défendront les Tuileries le lendemain, le 10 août 1792.

Son problème est de faire de différents corps divisés d'opinions et d'intérêts, une garnison. La vue des nobles occasionne des murmures, et l'espèce de préférence qu'on leur donne déplaît. Leurs habits noirs et leur armement excitent la colère des gardes nationaux. Et puis leur commandant-général, Galiot Mandat de Grancey, a été massacré devant l’hôtel de ville. Même les grenadiers du bataillon des Filles-Saint-Thomas et de quelques autres bataillons fidèles au roi et à la constitution hésitent à tirer sur d’autres gardes nationaux. Les Suisses ne lui obéissent que par respect pour son grade, car ils ont normalement leur propre commandement. Et puis il y a les gendarmes. Le maréchal de Mailly s'avance près de leur commandant, et lui touchant la main comme pour l'éprouver et crie : Vivent les grenadiers français! Il répond par un : Vive mon général !. Mailly se confie à cette assurance. La reine aussi[11]... Finalement, seuls, Vioménil et Castelja, Clermont d'Amboise, Puy-Ségur et Pont-1'Abbé sont des militaires français et des royalistes.

Les royalistes du château, voyant les révolutionnaires s’approcher, se préparent au combat. Le vieux maréchal Mailly, parcourant les rangs et les divisions, ne leur disant plus que ces mots : Vaincre ou mourir, Messieurs, vaincre ou mourir !

Charles-Élie de Ferrières écrit dans ses Mémoires qu’un tiers des gentilshommes répandus dans les appartements, voyant partir le monarque, le suiventt. Il ajoute : Ce qui reste de brave noblesse, ferme autour de Mailly, lui demande ses ordres et veut lui obéir. Le maréchal, voyant mutiler son parti, dit à ce qui l'environne : Voilà le reste des braves, voilà le reste de la noblesse. Le poste d'un général et de ses compagnons d'armes est dans le lieu où la couronne est attaquée et en péril.

Les Suisses, hommes de discipline, commandés par des officiers qui ont au plus haut degré le sentiment du devoir et de l’honneur militaires, attendent un ordre du roi avant de quitter leur poste. Le maréchal de Mailly, gouverneur du château, ne leur a donné que cette consigne : Ne vous laissez pas forcer[12].

L’attaque commence. Le maréchal de Mailly, perdu au château dans la mêlée, pendant ces massacres, donne des ordres et se bat. Il remonte, et traverse les appartements au milieu des boulets, accompagné de M. de Pomar, officier général qui a servi sous lui. Ils vont descendre l'escalier de la reine afin de gagner le Pont Royal, lorsqu'ils sont attaqués par un peloton d'insurgés, qui, à coups de hache, terminent la vie de M. de Pomar. Son corps est défenestré[13].

Ses arrestations et son exécution

Vestiges de la citadelle de Doullens, où le vieux maréchal de France est détenu.
Joseph Le Bon, posté entre les deux guillotines d'Arras et de Cambrai, sera à son tour condamné à mort à Amiens.

Augustin-Joseph de Mailly n’est pas massacré le 10 août 1792. Charles-Élie de Ferrières écrira : La figure du maréchal arrêtant la main d'un fédéré qui a le bras levé pour le tuer, cet homme lui demande qui il est, le saisit, affecte de le maltraiter, lui dit de garder le silence, divise la foule, et le conduit sain et sauf dans son hôtel particulier. Il ne l’emmène donc pas au conseil exécutif en train de se créer[14].

Le maréchal dit à son sauveur : Mon ami, je vous remercie, retournez-vous-en ; voilà un assignat de 300 livres et il lui demande son nom. Mais l’homme refuse et lui dit qu’il est fier d’avoir sauvé un honnête homme... le maréchal de Mailly.

Échappé à ce danger, le maréchal est cependant dénoncé puis arrêté peu de jours après sa fuite et conduit devant la section, qui veut l'envoyer à la prison de l'Abbaye. Son passé, son âge, sa figure vénérable et ses idées généreuses du temps des Lumières, font qu’un commissaire réussit à s’y opposer. Le maréchal échappe donc de peu aux massacres de Septembre dans cette prison.

Le maréchal de Mailly, la maréchale et leur fils, Adrien, encore au berceau, se réfugient, dans leur château de Mareuil-Caubert, près d’Abbeville. Mais Augustin-Joseph voulant fuir les massacres à Paris a fait un mauvais choix. Le représentant du peuple André Dumont, le fait jeter en prison, comme tant d’autres, le 26 septembre 1793. Madame la maréchale, pleine de courage, demande à partager avec lui les douleurs et les dangers. Ils sont enfermés dans la citadelle de Doullens pendant quatre mois. Joseph Lebon, autre représentant du peuple, termine les jours glorieux du maréchal de Mailly en l'envoyant à l'échafaud, à Arras[15] . Ce vieillard a la force de s'écrier avec assurance à l'âge de quatre-vingt-sept ans, en fixant l'instrument de sa mort : Vive le roi ! Je le dis comme mes ancêtres[16].

Mariage et descendance

Augustin-Joseph de Mailly se marie le 20 avril 1734 avec Constance Colbert de Torcy (1710-1734), nièce du grand Colbert, fille de Jean-Baptiste Colbert de Torcy, secrétaire d'État aux Affaires étrangères et de Catherine Félicité Arnauld de Pomponne, elle-même fille du ministre Simon Arnauld de Pomponne. Sa dot est 200.000 livres, six seigneuries, deux châtellenies et en partie deux baronnies... Constance Colbert est janséniste comme sa mère et ses sœurs[17]. Ce mariage se fait en présence, du roi, Louis XV, de François, comte de Mercastel, cousin au troisième degré du marié, et de sa femme Marie Jeanne Poisson du Mesnil. Ils ont trois filles :

Veuf en 1734, Augustin-Joseph de Mailly se remarie le 26 février 1737 avec Michelle de Séricourt, fille de Charles Timoléon de Séricourt et de Marie Michelle de Court de Bonviller. Elle est marquise d’Esclainvilliers et héritière en partie de cette maison, l’une des plus anciennes de Picardie[19]. Son beau-père est brigadier des armées du roi. Michelle de Séricourt décéde le 28 février 1778 à Mailly. Sa pierre tombale nous dit d’elle : Elle soutint l'illustration de sa naissance et de son rang, par des qualités précieuses et d'éminentes vertus, qui avoient pour base une religion éclairée, une piété tendre et sincère, esprit sage, jugement droit et sûr, prudence et franchise, mœurs douces et simples, politesse noble et attentive, constamment dirigée par une bonté d'âme qui se peignoit dans le regard, le ton de voix, les paroles. Elle eut tous ses voisins pour amis. Le respect qu'elle inspiroit se changeoit bientôt en un véritable attachement. Tous ses vassaux la chérissoient comme une protectrice et une bienfaitrice toujours occupée de leurs intérêts et de leurs besoins. Ils ont un fils :

  • Louis Marie de Mailly (1744-1795), comte de Mailly d'Haucourt, duc de Mailly (2 février 1777), capitaine des gendarmes écossais, gouverneur d'Abbeville, brigadier de cavalerie 1780, maréchal des camps 1781, président de la noblesse du bailliage de Péronne et député du gouvernement de Péronne aux États Généraux de 1789. Il se marie en 1762 avec Marie Jeanne de Talleyrand-Périgord (1747-1792), fille de Gabriel Marie de Talleyrand-Périgord, comte de Périgord, gouverneur et grand-bailli de Berri, gouverneur des villes de Bourges et d'Issoudun, menin de monseigneur le Dauphin, lieutenant général des armées du roi, gouverneur de Picardie, commandant en chef en Languedoc et de la princesse Marie Françoise Marguerite de Talleyrand-Périgord[20]. Elle est dame du palais en 1771, puis nommée Dame d'Atours de la Reine Marie Antoinette en 1775 pour replacer la duchesse de Cossé. Elle est chargée de la garde-robe de la souveraine jusqu'en 1781, quand Marie Antoinette donne cette charge à la comtesse d'Ossun [21]. Ils n’ont pas d’enfant. Elle meurt en 1792. Il se remarie avec sa cousine Marie Anne de Mailly-Rubempré (1732-1817), qui est une femme âgée, en 1793. Il meurt en 1795 à 49 ans, car il a toujours été d’une santé fragile.
Sa troisième épouse, Marie Blanche Félicité de Narbonne-Pelet.

À nouveau veuf en 1778, Augustin-Joseph de Mailly, voyant qu’il n’a pas de postérité mâle, se remarie le 6 avril 1780 avec Marie Blanche Félicité de Narbonne-Pelet (1763-1840) qui a quinze ans et lui soixante dix. Quand il épouse mademoiselle de Narbonne-Pelet, il veut connaître à fond et en secret l'histoire de sa famille, consultant les différents auteurs qui travaillaient à l'histoire de la France Méridionale. Le roi dit-il à l'un d'eux, a demandé à M. de Narbonne s'il est Pelet, et il lui a répondu en présence de beaucoup de courtisans : Sire, il est aussi certain que je suis Pelet, qu’il l'est que Sa Majesté Louis XVI est Capet. Cette réponse est agréable au maréchal de Mailly. Mais il voulut connoître les bases d'une pareille assurance ; et quand il se fut bien convaincu par des monumens, que l'histoire de la maison de Narbonne-Pelet descend des vicomtes qui régnaient en souverains sur la ville de Narbonne et autres possessions du Languedoc. Comme je suis content, dit-il, de la bonne réponse faite au roi par M. de Narbonne ! Le roi la méritait. M. de Mailly, dans un âge très avancé, épouse mademoiselle de Narbonne-Pelet. Madame la maréchale de Mailly, dès ce moment, s'occupe avec beaucoup de sollicitude et de tendresse du bonheur d'un époux aussi vertueux. Elle s'en occupe dans les beaux jours de la monarchie comme dans les cachots de la révolution qu'elle va vouloir partager avec lui[22]. Marie Blanche Félicité de Narbonne-Pelet est la fille d’un brigadier des armées du roi et de Marie Anne Pauline de Ricard. Ils ont un fils :

Dans le Roussillon, Augustin-Joseph de Mailly a une liaison avec Maria Delpas y de Ros, marquise de Blanes. La marquise de Blanes est la dernière à posséder la seigneurie de Néfiach, érigée en baronnie depuis 1719. Elle sera chassée en 1793 de son domicile, après la brève incursion des Espagnols, qu’elle avait accueillis comme des libérateurs.

Œuvres

  • Histoire de la campagne de l’année 1734 en Allemagne, commandée par le maréchal de Berwick, et après sa mort par le maréchal d'Asfeld. Écrite par les officiers de l'état-major avec des Notes des différent partis qui la divisoient, et conservée dans les portefeuilles du comte de Mailly, mestre de camp de cavalerie dans cette année et depuis maréchal de France.
  • Lettre de M. le maréchal de Mailly au roi, sur l'administration intérieure qu'il a remplie en Roussillon, 1790, Notice n° : FRBNF36385059
  • Souvenirs du maréchal de Mailly, Le Mans, impr. de Leguicheux, 1895. Gr. in-8 ̊ (255 x 165), 111 p. Acq. 293637 –VIIIe, Notice n° : FRBNF32409343

Armoiries

Figure Blasonnement
French heraldic crowns - marquis v2.svg
Blason fam fr de Mailly.svg

D'or, à trois maillets de sinople.[24],[25]

Bibliographie

  • Le Maréchal de Mailly, portrait d’un homme des Lumières, Colloque Le siècle des Lumières en Roussillon, Archives Départementales des Pyrénées-Orientales - Université de Perpignan, 3 décembre 2004.
  • Duval, Jean-Yves, Le prix du sang bleu : Joseph-Augustin de Mailly, 1708-1794 / Jean-Yves Duval. - Paris : les Éd. le Sémaphore, 2000

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Sars de Solmont, Picardie
  2. Dictionnaire historique, ou histoire abrégée de hommes qui se sont fait..., p.402 et suivantes.
  3. Nouvelle biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter / sous la dir. de Mr. le Dr. Hoefer
  4. Pièces inédites sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, chapitre sur Mailly.
  5. Perpignan, en 1758, Bibliothèque héraldique de la France, de Joannis Guigard, p.390.
  6. Le Prix Du Sang Bleu - Joseph-Augustin De Mailly 1708-1794 Jean-Yves Duval.
  7. Pièces inédites sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, p.403.
  8. Le maréchal de Mailly dans ses calculs se trompe de deux ans !
  9. Supplément au dictionnaire historique, de François-Xavier Feller, p.162.
  10. Charles-Élie de Ferrières parle de 700, Pierre Dominique de 200. Ferrières inclut certains certainement dans ce nombre des domestiques et d’anciens membres de la Garde constitutionnelle du Roi, qui ne sont pas obligatoirement nobles et qui n'arrivent pas avec Mailly.
  11. Dictionnaire historique, ou histoire abrégée de hommes qui se sont fait... De François-Xavier Feller, 1832, p.403.
  12. Cadoudal, Georges de (1823-1885) : Le 10 août, Paris : Libraire de la Société bibliographique, 1875.
  13. Supplément au dictionnaire historique, de François-Xavier Feller, p.162.
  14. Dictionnaire historique, ou histoire abrégée de hommes qui se sont fait..., p.403 et Supplément au dictionnaire historique, de François-Xavier Feller, p.161.
  15. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, p.627.
  16. Pierre Mendès France au quotidien, de Simone Gros, p.77.
  17. Le conseil du roi; de Louis XII à la Révolution, page 201, de Roland Mousnier – 1970.
  18. Les Annales fléchoises et la vallée du Loir - page 327, 1904.
  19. Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire & la ..., de François Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, Badier, publié 1775, p.369.
  20. Source roglo et L'art de vérifier les dates ..., p.221.
  21. Connaissances de Versailles
  22. Pièces inédites sur les règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI..., p.399 et Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, suivi d..., p.626.
  23. Voir roglo.
  24. Johannes Baptist Rietstap, Armorial général : contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de l'Europe : précédé d'un dictionnaire des termes du blason, G.B. van Goor, 1861, 1171 p. [lire en ligne (page consultée le 16 nov. 2009)] , et ses Compléments sur www.euraldic.com
  25. Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, 1996, 204 p. (ISBN 2-86377-140-X) 

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Augustin-Joseph de Mailly de Wikipédia en français (auteurs)

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