Pierre Dubuc de Rivery

Pierre Dubuc de Rivery

Colonel de la marine royale française, Pierre du Buc, IIIe du nom, chevalier, sieur de La Caravelle fonda l'une des toutes premières dynastie de planteurs de sucre de la Martinique, après avoir été l'un des héros de la guerre de 1658 contre les indiens caraïbes puis de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, dans les Antilles. C'est son petit-fils François-Henri qui portera le nom du Buc de Rivery, lui même grand-père de la célèbre Sultane Validé Aimée du Buc de Rivery. C'est d'ailleurs le père d'Aimée du Buc de Rivery (Henri Jacob) qui va gérer le domaine du château du Buc situé sur la presqu'île de La Caravelle pendant l'absence du Maître d'Habitation Monsieur Pierre IV Balthazard du Buc de Bellefonds (son cousin).

Sommaire

Le fils d'un colon de la première vague

Né en juin 1640 au château de Guéville alias Guesville à Trouville-La-Haule, dans l'Eure (Haute-Normandie) à 20 km au sud de Rouen, Pierre III du Buc, dit « planteur-sucrier Dubuc » s'engage à 14 ans comme cadet dans le "Régiment du Grand Maître de Malte" (de 1654 à 1657) où il devint lieutenant. Puis il tua en duel en 1657, à l'âge de 18 ans, son cousin le chevalier Antoine de Biencourt, ce qui l'oblige à fuir et à s'embarquer à Dieppe comme engagé volontaire dans la marine, pour Saint-Christophe aux Antilles, d'où il repart immédiatement pour la Martinique, que son père Jean VI du Buc avait fréquenté 20 ans plus tôt. Il subit la dérogeance en 1657 c'est-à-dire qu'il perd sa noblesse à cause du duel. En effet, les duels sont interdits en France depuis l'époque de Richelieu. Il n'est donc plus noble à cause de son affaire de duel. Cependant, il est réanobli le 6 mars 1702 par le Conseil Souverain de La Martinique, ses Lettres de Noblesse étant enregistrées le 21 juillet 1701 par le Parlement de Paris, et le 23 août 1701 par la Chambre des Comptes. Plus tard, après des procès avec leurs cousins du Buc de Normandie, ses descendants sont autorisés devant Maître Baudoin, notaire à Mantes-La-Jolie, le 1er juillet 1780 et par Lettres Patentes signées du Roi du 31 mai 1782 à relever le blason des du Buc de Normandie maintenus de noblesse en 1666: les du Buc de la Martinique, étant cadets, porteront « d'argent à la bande d'azur » et les du Buc de Normandie, étant aînés, porteront « d'or à la bande d'azur ». Les du Buc de la Martinique apporteront les preuves de noblesse reçues par d'Hozier, généalogiste du Roi, pour les écoles royales militaires en 1777. La confirmation de noblesse immémoriale des descendants de Pierre du Buc est déclarée solennellement en 1769 grâce à Monsieur le duc de Choiseul, Secrétaire d'État aux Affaires Étrangères, puis enregistrée par le Parlement de Paris le 23 janvier 1770, toutes ces démarches étant aménagées par le Maréchal de Broglie[1].

En 1636 son père Jean VI François du Buc du Fontenil, seigneur du Pacquerel, du Fontenil, de Bretagnolles, de Graveron-Semerville... et sergent royal, avait fait partie du groupe de 15 personnes, dont Jean du Plessis d'Ossonville, Constant d'Aubigné, et Charles Liènard de l'Olive, mené par le futur général Jacques Dyel du Parquet, qui arrive à Saint-Pierre de la Martinique. Jean VI François du Buc du Fontenil était marié à Jeanne L'Huillier[2]. Duplessis d'Ossonville, de l'Olive, et du Buc repartent pour la Guadeloupe[3].

La guerre de 1658 contre les indiens caraïbes

Les « indiens » autochtones vivent dans la moitié nord-est de l'île, la région nommée alors Cabesterre ou Capesterre ("Terres des caps"), qui recouvre le nord atlantique et le centre de la Martinique et comprend les communes actuelles du François, du Robert, de Trinité, du Gros-Morne, de Sainte-Marie, du Marigot, du Lorrain, de Basse-Pointe et de Macouba. Une carte d'époque montre que la moitié de la Martinique est encore aux mains des indiens en 1657[4].

En 1658, à la mort du général Jacques Dyel du Parquet, qui avait acheté l'île en 1651, Marie-Bonnard, veuve de Dyel du Parquet, entreprend des démarches pour assurer la possession de l'île à ses fils Jean-Jacques Dyel d'Esnambuc (huit ans) et Louis Dyel du Parquet (cinq ans) et se fait nommer régente, s'attirant la haine des colons normands.

Les mécontents, dirigés par Médéric Rolle sieur de Gourselas, que du Parquet avait choisi comme lieutenant en 1653, forcent Mme du Parquet à expulser son bras droit M.de Maubrey vers Antigua puis l'emprisonnent, mais la cohabitation avec les Amérindiens dégénère[5].

À la suite d'une altercation, il fut convenu d'attaquer avec six cents hommes les indiens qui avaient constamment occupé la Capesterre, avec la bénédiction du père Bonin, supérieur des Jésuites, et du Père Boulongne, dominicain. Après la victoire contre les indiens, Médéric Rolle sieur de Gourselas fit arrêter ses lieutenants, Beausoleil, les deux frères Vigeon et de Plainville.

Pierre III du Buc participa à plusieurs de ces expéditions contre les indiens caraïbes, notamment aux combats de la Case du Borgne, près de la ville de Sainte-Marie de la Martinique. Les Caraïbes sont chassés et repoussés au sud de la Rivière du Galion. « Le planteur-sucrier Dubuc » s'installe au Cul-de-sac de la Trinité où il fonde un village et la première sucrerie: il vient d'avoir en récompense les concession du Marigot et de La Caravelle[4]. Engagé dans la milice de Trinité pour y chasser les premiers habitants, il fut récompensé par le don d'un terrain à Trinité[6].

La collection de plantations de cacao et de sucre

Vers 1666, Pierre III du Buc a obtenu une première concession, mitoyenne aux moines jacobins, au Marigot, sur les territoires conquis dans la région sauvage "nord atlantique" de l'île. Il s'y initie à la culture du cacao[7]. En 1671, il obtient des terres sur la presqu'île de la Caravelle, où il achète la sucrerie Gaillard (qui deviendra l'habitation Duferret) sur les hauteurs sud-ouest de la commune de Trinité. Puis, entre 1677 et 1701, il achète les habitations sucrières Desmarinières au sud de Trinité, Spoutourne au centre de la Presqu'île de la Caravelle, la Camille, Grands Fonds Galion, Galion au sud de Trinité, Pointe Marcussy et Blin.

La carrière militaire après 1688

Sa carrière rebondit après la Glorieuse Révolution anglaise de 1688, qui déclenche une guerre franco-anglaise aux Antilles. Fait lieutenant de milice en 1689, puis capitaine en 1691 et enfin colonel, on le retrouve dans les combats de 1691 et 1692 contre les Anglais, dans plusieurs îles des Antilles, dont Saint-Domingue aux côtés du gouverneur Begon. Il est anobli en 1702 et meurt à 68 ans en 1708.

La dynastie des chevaliers du Buc

Pierre III du Buc s'est marié en 1671 à la veuve Renée Blondeau du Clos dont il eut 2 enfants : Jean IX du Buc de L'Étang né en 1672, futur officier supérieur de marine, héros de plusieurs batailles contre les anglais dans les années 1703, à la tête de 500 hommes, et chef du Gaoulé; et Balthazard du Buc de Bellefonds né en 1675, agriculteur-planteur, producteur de cacao-café-tabac, esclavagiste, négociant triangulaire, officier de Milice[1]. Son petit-fils, et fils aîné de Balthazar, Louis du Buc du Galion, né en 1695, sera le fondateur et constructeur en 1725 de l'habitation « La Caravelle », dit le « Château Dubuc », dont nous pouvons visiter les ruines aujourd'hui (3e site le plus visité de la Martinique).

Pierre III du Buc s'est marié, en secondes noces, en 1687 avec Françoise Thérèse Gombault, de laquelle il aura 3 nouveaux enfants : deux filles et un fils Baudouin, Maître d'Habitation Le Pain de Sucre à La Chapelle-Sainte-Croix près de Saint-Pierre, capitaine de milice[4].

Lors des journées du patrimoine en septembre 2010, son portrait ainsi que les portraits des autres membres de sa famille ont été présentés au public pour la première fois au château du Fontenil dans l'Orne par les descendants de cette lignée normande-martiniquaise (1).

Notes et références

(1) article du journal normand "Le Réveil" daté du 22 septembre 2010.

Voir aussi

Bibliographie

  • Si la Martinique m'était contée... à travers l'histoire des chevaliers du Buc de la Normandie à la Martinique...en passant par la Turquie (Édition DU BUC) par Y. B. du Buc de Mannetot, 2008.
  • Voyage aux Caraïbes, par Jean-Baptiste Labat, 1694.
  • La Nuit du Sérail, par Michel de Grèce, 1982.

Liens externes


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