Armand de Camboust, duc de Coislin

Armand de Camboust, duc de Coislin

Armand de Camboust

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Coislin.

Armand de Camboust, duc de Coislin, né le 1er septembre 1635 à Paris et mort le 16 septembre 1702, est un militaire français.

Fils du colonel des Gardes suisses, il est élu membre de l'Académie française en 1652 à l'âge de 16 ans et demi. Il en meurt doyen, et son fauteuil est occupé successivement par ses deux fils, Pierre et Henri-Charles. Sa fille Madeleine-Armande du Cambout de Coislin, est duchesse de Sully

Il est lieutenant général des armées du roi, duc et pair de France.

Description par Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon dans ses célèbres Mémoires

« Le duc de Coislin mourut fort peu après, qui fut une grande affliction pour le cardinal son frère, et une perte pour tous les honnêtes gens. C'était un très petit homme sans mine, mais l'honneur, la vertu, la probité même et la valeur même, qui, avec de l'esprit, était un répertoire exact et fidèle avec lequel il y avait infiniment et très curieusement à apprendre, d'une politesse si excessive qu'elle désolait, mais qui laissait place entière à la dignité. Il avait été lieutenant général avec réputation et mestre de camp général de la cavalerie après Bussy-Rabutin, de la disgrâce duquel il ne voulut pas profiter pour la fixation du prix, et qu'il vendit et quitta le service brouillé avec M. de Louvois. C'était, avec tant de bonnes qualités qui lui conservèrent toujours une véritable considération et de la distinction du roi, un homme si singulier que je ne puis me refuser d'en rapporter quelques traits.


Un des rhingraves, prisonnier à un combat où se trouva le duc de Coislin, lui échut; il lui voulut donner son lit, par composition un matelas. Tous deux se complimentèrent tant et si bien qu'ils couchèrent tous deux par terre des deux côtés du matelas. Revenu à Paris, le rhingrave, qui avait eu liberté d'y venir, le fut voir. Grands compliments à la reconduite; le rhingrave, poussé à bout, sort de la chambre et ferme la porte par dehors à double tour. M. de Coislin n'en fait point à deux fois; son appartement n'était qu'à quelques marches du rez-de-chaussée; il ouvre la fenêtre, saute dans la cour et se trouve à la portière du rhingrave avant lui, qui crut que le diable l'avait porté là. Il était vrai pourtant qu'il s'en démit le pouce; Félix, premier chirurgien du roi, le lui remit. Étant guéri, Félix retourna voir comment cela allait, et trouva la guérison parfaite. Comme il sortait, voilà M. de Coislin à vouloir lui ouvrir la porte, Félix à se confondre et à se défendre. Dans ce conflit, tirant tous deux la porte, le duc quitta prise subitement et remue sa main; c'est que son pouce s'était redémis; et il fallut que Félix y travaillât sur-le-champ. On peut croire qu'il en fit le conte au roi, et qu'on en rit beaucoup.


On ne tarirait point sur ses civilités outrées. Nous le rencontrâmes à un retour de Fontainebleau, Mme de Saint-Simon et moi, à pied avec M. de Metz, son fils, sur le pavé de Ponthierry, où son carrosse s'était rompu; nous envoyâmes les prier de monter avec nous. Les messages ne finissant point, je fus contraint de mettre pied à terre malgré la boue, et de l'aller prier de monter dans mon carrosse. M. de Metz rageait de ses compliments, et enfin le détermina. Quand il eut consenti, et qu'il n'y eut plus qu'à gagner mon carrosse, il se mit à capituler et à protester qu'il n'ôterait point la place à ces demoiselles; je lui dis que ces demoiselles étaient deux femmes de chambre, bonnes de reste à attendre que son carrosse fût raccommodé, et à venir dedans; nous eûmes beau faire, M. de Metz et moi, il lui fallut promettre qu'il en demeurerait une avec nous. Arrivés au carrosse, ces femmes de chambre descendirent, et pendant les compliments, qui ne furent pas courts, je dis au laquais qui tenait la portière de la fermer dès que je serais monté, et d'avertir le cocher de marcher sur-le-champ. Cela fut fort bien exécuté; mais à l'instant voilà M. de Coislin à crier qu'il s'allait jeter si on n'arrêtait pour prendre cette demoiselle, et tout aussitôt à l'exécuter si étrangement que j'eus peine à me jeter à temps à la ceinture de ses chausses pour le retenir; et lui, le visage contre le panneau de la portière en dehors, criait qu'il se jetterait, et tirait contre moi. À cette folie, je criai d'arrêter; il se remit à peine et maintint qu'il se serait jeté. La demoiselle femme de chambre fut rappelée, qui, en allant au carrosse rompu, avait amassé force crotte qu'elle nous apporta et qui pensa nous écraser, M. de Metz et moi, dans ce carrosse à quatre.  »
[1]

...

« C'était la vérité même que le duc de Coislin. Il était fort des amis de mon père, il me recevait avec bonté, amitié, et parlait volontiers devant moi. Je lui ai ouï faire ce récit entre beaucoup d'autres anecdotes curieuses, et ce récit même plusieurs fois à moi, puis devant moi à d'autres personnes. C'était un homme tellement sensible, que le cardinal son frère obtint sa survivance de premier aumônier pour l'abbé de Coislin, sans avoir jamais laissé apercevoir à son frère qu'il songeât à la demander, dans la crainte que, s'il était, refusé, il n'en fût trop fortement touché; et qu'il avait aussi obtenu du roi, par la même raison, de ne jamais refuser son frère pour Marly, en sorte qu'il ne demandait jamais sans y aller. La vérité est qu'il n'en abusait pas. Il n'était pas fort vieux, mais perdu de goutte, qu'il avait quelquefois jusqu'aux yeux, au nez et a la langue, et dans cet état sa chambre ne désemplissait pas de la meilleure compagnie de la cour et de la ville, et dès qu'il pouvait marcher, il allait à la ville et à la cour, où il était aimé généralement et, considéré et compté. Il était fort pauvre, sa mère très riche l'ayant survécu. Il ne laissa que deux fils et la duchesse de Sully, et il vit toute la fortune de son frère et de son second fils.  »

Lien externe

Notes et références


Précédé par
Claude de L'Estoile
Fauteuil 32 de l’Académie française
1652-1702
Suivi par
Pierre de Camboust, duc de Coislin
  • Portail de la France du Grand Siècle (1598-1715) Portail de la France du Grand Siècle (1598-1715)
Ce document provient de « Armand de Camboust ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Armand de Camboust, duc de Coislin de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Pierre de Camboust, duc de Coislin — Pierre de Camboust Pierre de Camboust, duc de Coislin (1664 1710), fils d Armand de Camboust, duc de Coislin, était duc et pair de France. Il hérita en 1702, de tous les titres de son père, y compris son fauteuil à l Académie française, et à sa… …   Wikipédia en Français

  • Armand De Camboust — Pour les articles homonymes, voir Coislin. Armand de Camboust, duc de Coislin, né le 1er septembre 1635 à Paris et mort le 16 septembre 1702, est un militaire français. Fils du colonel des Gardes suisses, il est élu membre de… …   Wikipédia en Français

  • Armand de Camboust — Pour les articles homonymes, voir Coislin. Armand de Camboust, duc de Coislin, né le 1er septembre 1635 à Paris et mort le 16 septembre 1702, est un militaire français. Fils du colonel des Gardes suisses, il est élu membre de… …   Wikipédia en Français

  • Coislin — Cette page d’homonymie répertorie les différents sujets et articles partageant un même nom. Coislin est le nom d une seigneurie située sur la commune de Campbon (Loire Atlantique). La Famille du Cambout qui hérita des château et terre de Coislin …   Wikipédia en Français

  • Armand du Cambout — Pour les autres membres de la famille, voir : Famille du Cambout de Coislin. Armand du Cambout de Coislin …   Wikipédia en Français

  • Duke of Coislin — (Fr.: duc de Coislin) was a title of nobility in the peerage of France created by Louis XIV of France in 1665 for Armand de Camboust. List of Dukes of Coislin, 1665 1732 From To Duke of Coislin Relationship to predecessor 1665 1702 Armand de… …   Wikipedia

  • Pierre de Camboust — Pierre de Camboust, duc de Coislin (1664 1710), fils d Armand de Camboust, duc de Coislin, était duc et pair de France. Il hérita en 1702, de tous les titres de son père, y compris son fauteuil à l Académie française, et à sa mort en 1710, c est… …   Wikipédia en Français

  • Pierre de camboust — Pierre de Camboust, duc de Coislin (1664 1710), fils d Armand de Camboust, duc de Coislin, était duc et pair de France. Il hérita en 1702, de tous les titres de son père, y compris son fauteuil à l Académie française, et à sa mort en 1710, c est… …   Wikipédia en Français

  • Henri-Charles de Coislin — Pour les autres membres de la famille, voir : Famille du Cambout. Henri Charles de Coislin Portrait d Henri Charles de …   Wikipédia en Français

  • Henri-Charles De Coislin — Pour les articles homonymes, voir Coislin. Henri Charles du Camboust, duc de Coislin (1710), est un prélat français né à Paris le 15 septembre 1665 et mort le 28 novembre 1732, neveu de Pierre de Coislin. Biographie Fils d’… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”