Palais Bourbon

Palais Bourbon
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Palais Bourbon
Le Pont de la Concorde sur la Seine, le palais Bourbon et, à l’arrière plan, le dôme de l’hôtel des Invalides.
Le Pont de la Concorde sur la Seine, le palais Bourbon et, à l’arrière plan, le dôme de l’hôtel des Invalides.
Présentation
Architecte Giardini
Pierre Cailleteau
Jean Aubert
Jacques V Gabriel
Date de construction 1722 - 1728
Destination initiale Hôtel particulier de Louise Françoise de Bourbon
Destination actuelle Assemblée nationale française
Protection Monument historique
Site web www.assemblee-nationale.fr/
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Île-de-France
Localité Paris
Coordonnées 48° 51′ 43″ N 2° 19′ 07″ E / 48.86194, 2.3186148° 51′ 43″ Nord
       2° 19′ 07″ Est
/ 48.86194, 2.31861
  

Géolocalisation sur la carte : Paris

(Voir situation sur carte : Paris)
Palais Bourbon

Le palais Bourbon[1] est le nom communément donné au bâtiment qui abrite l’Assemblée nationale française, situé sur le quai d'Orsay (l'hôtel du ministre des Affaires étrangères est mitoyen, mais les deux ensembles architecturaux ne communiquent pas), dans le 7e arrondissement de Paris, dans l’enfilade du pont de la Concorde et de la place de la Concorde. Il est gardé par le 2e régiment d'infanterie de la Garde Républicaine.

(M) Ce site est desservi par les stations de métro Assemblée nationaleConcorde et Invalides.

Sommaire

Histoire

Palais de la duchesse de Bourbon

La façade nord initiale du palais, à l’époque de la duchesse de Bourbon

...Le cardinal Louis de Bourbon Vendôme (1493-1557) est nommé évêque de Tréguier vers 1537 et c'est peut-être à cette époque qu'il fit bâtir à Paris l'Hôtel dit "de Bourbon" où il devait mourir, auprès du Louvre...

Le palais Bourbon a été construit pour Louise Françoise de Bourbon, Mademoiselle de Nantes, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan, qui avait épousé Louis III de Bourbon-Condé, duc de Bourbon et 6e prince de Condé.

La construction du bâtiment commence en 1722. Plusieurs architectes se succèdent, Giardini, Pierre Cailleteau dit Lassurance, tous deux prématurément décédés, puis Jean Aubert et Jacques V Gabriel qui termine les travaux en 1728. Il devient la propriété du prince de Condé qui l’agrandit en 1764. Il a alors la forme d’un vaste palais dans le style du Grand Trianon à Versailles et proche de l’hôtel de Lassay, construit simultanément et auquel il va bientôt être rattaché par une galerie.

Palais républicain

L’aménagement du siège des chambres basses parlementaires

Propagande allemande sur la façade du Palais Bourbon : « Deutschland siegt an allen Fronten » (« L'Allemagne est victorieuse sur tous les fronts »), pendant l’occupation allemande de Paris lors de la Seconde Guerre mondiale.
Galerie des fêtes ornée de peintures de François-Joseph Heim.

Confisqué en 1791, le palais « ci-devant Bourbon » est déclaré bien national. Il abrite en 1794 la future École polytechnique avant d’être affecté en 1795 au Conseil des Cinq-Cents. Un hémicycle est alors aménagé par les architectes Jacques-Pierre de Gisors et Emmanuel-Chérubin Leconte : de cette première salle des séances il ne reste aujourd’hui que le « perchoir » et la « tribune ». En 1809, l'hôtel de Lassay et le palais sont reliés par une galerie en bois transformée en galerie des fêtes en 1848[2]. À la Restauration, le palais ainsi que l’hôtel de Lassay sont officiellement restitués au prince de Condé, mais celui-ci est forcé de louer par un « bail de 3 ans » le palais à la Chambre des députés, avant que l’État n’en devienne définitivement propriétaire en 1827.

C’est entre 1827 et 1832 que le palais prend, dans son organisation intérieure, sa physionomie actuelle sous la direction de l’architecte Jules de Joly. Ces travaux comprennent alors : l’édification d’un nouvel hémicycle (conservé jusqu’à nos jours, quoiqu’ayant subi plusieurs modifications pour supporter les variations du nombre de députés au gré des différentes constitutions), l’avancement de la façade sud (côté cour) qui a permis de créer trois salons et l’édification, de la bibliothèque, accolée à l’aile Est et décorée par le peintre Eugène Delacroix. Du bâtiment originel subsistent deux élements seulement : le fauteuil du président de la chambre (dessiné par Jacques-Louis David pour le frère de l’empereur, Lucien Bonaparte) et le bas relief L’Histoire et la renommée, peint par Daumas[3].

Le bâtiment n’a pas subi de modifications majeures depuis lors, seulement des rajouts :

  • redevenu une propriété de l’État en 1843, l’hôtel de Lassay est alors alloué au président de la chambre basse et relié au palais par une grande salle des fêtes.
  • au XXe siècle, les combles ont été aménagés pour gagner de nouveaux espaces de travail, tandis qu’une usine électrique, des parcs de stationnement souterrains et une régie audiovisuelle ont été installés.
  • la mise en place d’une « cité Assemblée nationale » qui couvre aujourd’hui une surface au sol de 124 000 m2 pour près de 9 500 locaux, elle comprend, outre le palais Bourbon, trois immeubles réservés aux bureaux des députés et de leurs collaborateurs (l'immeuble Jacques Chaban-Delmas, bâtiment de 8 étages et 5 niveaux en sous-sol relié au palais par un passage souterrain et construit en 1974, au 101 rue de l’Université, un autre boulevard Saint-Germain, acquis en 1986, et un dernier, acheté en 2002, rue Aristide-Briand). Ces immeubles abritent les bureaux-chambres de la majeure partie des députés, une grande salle de conférence, des salles de réunions, un restaurant, etc.

L’hémicycle est surélevé, à l’inverse du palais : ainsi, pendant la crue de la Seine de 1910, la salle n’est pas inondée et les députés continuent à siéger[3].

Les Assemblées y ayant siégé

Le palais Bourbon a accueilli, à partir de 1795, toutes les chambres basses des parlements français, à l’exception d’une courte période de 1871 à 1879 (période pendant laquelle elle siège au château de Versailles, suite à l’insurrection de la Commune de Paris) puis après la fuite du gouvernement et du Parlement à Bordeaux puis à Vichy durant la Seconde Guerre mondiale en 1940 :

La symbolique du décor

La façade nord de Poyet sous l’Empire

C’est Napoléon Ier qui, sur les plans de l’architecte Bernard Poyet, fait modifier entre 1806 et 1810 la façade nord, élevant douze colonnes en temple grec destinées à faire le pendant de celles de l’église de la Madeleine sur la rive droite. L’imposant fronton triangulaire allégorique est sculpté à l’origine par Antoine Chaudet et représente Napoléon Ier à cheval offrant au Corps législatif les drapeaux conquis à Austerlitz. Au retour des Bourbons sur le trône, les bas-reliefs sont martelés et remplacés par une scène magnifiant la Charte constitutionnelle octroyée aux Français par Louis XVIII, scène sculptée par Évariste Fragonard. À son tour, la monarchie de Juillet remplacera ce fronton par l’actuel : la France, drapée à l’antique, debout devant son trône, accompagnée de la Force et de la Justice, appelant l’élite à la confection des lois, œuvre de Jean-Pierre Cortot.

La façade nord aujourd’hui, avec au 1er plan, de g. à d., les statues de Sully et de Michel de L'Hospital, et au second plan celle d’Athéna

Les quatre statues au pied de l’escalier sont celles de quatre grands commis de l’État censés symboliser les fonctions du législateur et l’organisation de l’administration :

La colonnade est restaurée lors des grands travaux du bicentenaire de la Révolution française en 1989, et à cette occasion les quatre statues sont remplacées par des moulages.

La symbolique du fronton est également héritée de la mythologie gréco-romaine : l’escalier est flanqué de part et d’autre par deux statues d’Athéna (déesse de la sagesse associée à la démocratie athénienne, par Philippe-Laurent Roland et pris sur le modèle de la Giustiniani Minerva du temple de Minerve Medica conservée au musée du Vatican) et de Thémis (titanide symbolisant la justice, portant dans sa main gauche une balance, par Jean-Antoine Houdon). À cela il faut ajouter les deux bas-reliefs qui ornent chaque côté de la façade, commandés en 1837, qui représentent à droite Prométhée animant les Arts (architecture, sculpture, peinture, musique et poésie) par François Rude et à gauche l’Instruction publique (Minerve ou Athéna enseignant l’alphabet à de jeunes enfants, entourée des neuf muses et des représentants de l’enseignement religieux) par James Pradier.

Collections de l’Assemblée nationale

Il abrite une très précieuse bibliothèque dont le fonds fut constitué à partir des biens confisqués chez les aristocrates émigrés. Parmi ses richesses, les minutes du procès de Jeanne d’Arc, des manuscrits de Jean-Jacques Rousseau, la collection des bustes de parlementaires en terre cuite d’Honoré Daumier (les « célébrités du juste-milieu ») et le Codex Borbonicus, un codex indigène du Mexique central.
La bibliothèque a été décorée au XIXe siècle par Eugène Delacroix. Le peintre y a incarné, en cinq coupoles et une vingtaine de pendentifs, la Science, la Philosophie, la Législation, la Théologie et la Poésie, représentées dans des scènes allégoriques chaudes en couleurs.

L'attentat du 9 décembre 1893

Reconstitution de l'attentat, illustration parue dans Le Petit Parisien

Le 9 décembre 1893, vers 16h, l'anarchiste Auguste Vaillant lance une bombe de forte puissance dans l'hémicycle, son objectif est de venger la mort de l'anarchiste Ravachol (qui avait été condamné à mort et exécuté le 11 juillet 1892 après avoir mené une série d'attentats), ainsi que de dénoncer la répression menée par le gouvernement de Jean Casimir-Perier contre les militants anarchistes.

Un article du Figaro daté du 10 décembre 1893 décrit l'attentat :
« La bombe a été lancée de la seconde tribune publique située à la droite du président de la Chambre, au deuxième étage, et a éclaté à la hauteur de la galerie du dessous, emportant dans un immense tourbillon tout ce qu'elle rencontrait devant elle. Plusieurs députés ont été renversés ; l'abbé Lemire est projeté sur le sol, il est atteint par un projectile derrière la tête et reçoit une blessure profonde. D'autres députés sont blessés : MM. de Lanjuinais, Leffet, le baron Gérard, Sazenove de Pradine, de Montalembert, Charpentier, de Tréveneue. On les entoure, on les emporte dans les bureaux pour leur donner les premiers soins. M. Ch. Dupuy, au fauteuil, a eu le cuir chevelu déchiré par un clou. »

La bombe est remplie de clous, de morceaux de zinc et de plomb, et fait 50 blessés, on ne déplore aucune victime.

Les conséquences de cet attentat sont doubles, tout d'abord, Vaillant est condamné à mort et guillotiné le 5 février 1894 (après que le président Sadi Carnot décida de ne pas le gracier), ensuite, cette série d'attentats engendre l'adoption des Lois scélérates visant à réprimer les mouvements anarchistes.

Endroits insolites

Une cellule, baptisée cellule de dégrisement, ou petit local existait au début du XXe siècle. Cette cellule était destinée aux députés, et était constituée de deux pièces, confortablement aménagées. Son dernier locataire fut le Comte Armand Léon de Baudry d'Asson (député royaliste de la Vendée de 1876 à 1914), en novembre 1880, qui y fut amené de force par une vingtaine de soldats, sur l'ordre du Président de la Chambre des Députés Léon Gambetta (de 1879 à 1881)[4], après avoir traité le gouvernement Ferry de « gouvernement de voleurs ». Cette pièce n'existe plus aujourd'hui, transformée en deux bureaux affectés à deux députés.

Une autre cellule a été découverte en mai 2010, fermée par des barreaux et une porte de bois, qui était emmurée depuis plusieurs années. Elle mesure 2 mètres sur 1,5 mètre, et comporte un banc en pierre, et se trouve à proximité de l'hémicycle[4].

Évènement notables s’étant déroulés au Palais Bourbon

Références et sources

  1. On écrit « palais Bourbon » (avec une minuscule) quand on parle du lieu et « Palais-Bourbon », avec un trait d’union et double majuscule, lorsqu’on désigne par métonymie l’institution de la République, une façon différente de désigner l’Assemblée nationale.
  2. Le jour de l'ouverture de la session, le Président de l'Assemblée traverse cérémonieusement cette galerie entre une double haie de tambours de la Garde républicaine pour rejoindre l'hémicycle.
  3. a, b et c Béatrice Houchard, « Le cœur de la démocratie bat encore dans l’Hémicycle », in Le Figaro, mardi 2 août 2011, page 4.
  4. a et b http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/05/27/un-cachot-decouvert-dans-les-murs-de-l-assemblee_1364015_3224.html#xtor=RSS-3208
  5. Session ordinaire de 1998-1999 - 76e jour de séance, 196e séance - 2e SÉANCE DU MARDI 23 MARS 1999 sur le site de l'Assemblée nationale

Voir aussi

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Bibliographie

Liens externes


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