Oum Koulthoum

Oum Koulthoum

Oum Kalsoum

Oum Kalsoum
أم كلثوم
Umm Kulthum4.jpg
Nom Oum Kalsoum Ibrahim al-Sayyid al-Beltagui
Naissance 31 Décembre 1904
Tmaïe El Zahayira (Égypte)
Décès 3 février 1975
Le Caire (Égypte)
Profession(s) chanteuse, musicienne, actrice
Type de voix contralto-mezzosoprano
Années actives 1923-1973

Oum Kalsoum (en arabe égyptien أم كلثوم - Om Kalsoum), de son vrai nom Oum Kalsoum (Fatima est le prénom de sa mère) Ibrahim al-Sayyid al-Beltagui, née à Tmaïe El Zahayira en Égypte (la date précise de naissance demeure inconnue) et décédée le 3 février 1975 au Caire, est une cantatrice, musicienne et actrice égyptienne.

Surnommée l'« Astre d'Orient »[1], elle est considérée, plus de trente ans après sa mort, comme la plus grande chanteuse du monde arabe[2],[3]. Dotée d'un registre de contralto et de mezzosoprano, elle est connue pour sa voix puissante et ses chants consacrés à la religion, l'amour et la nation égyptienne[4]. Elle est également connue comme la « cantatrice du peuple » après s'être engagée dans des œuvres caritatives.

Son nom en arabe أم كلثوم (qui est celui de la troisième fille de Mahomet et Khadija) a été translittéré de plusieurs façons en alphabet romain. Les différentes versions existantes sont Oum Kalsoum en français, Umm Kulthum en anglais.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

La date de naissance d'Oum Kalsoum n'est pas clairement établie[1]. Certaines sources citent 1898[2], 1902 ou 1908[5] alors que les registres de la province d'Ad Daqahliyah indiquent la date du 4 mai 1904 comme celle de sa naissance. Cependant, il n'était point rare, à cette époque là, et surtout dans les régions rurales, d'enregistrer les enfants plusieurs mois ou années après leur naissance. Il est donc fort probable qu'Oum Kalsoun fût née durant les toutes premières années du 20ème siècle. Oum Kalsoum nait dans une famille pauvre de trois enfants. Sa sœur Sayyida est de dix ans plus agée et son frère Khalid de un an. Sa mère Fatma al-Malījī est femme au foyer et son père, al-Shaykh Ibrāhīim al-Sayyid al-Baltājī, est imam. Afin d'augmenter les revenus de la famille, il chante régulièrement des chants religieux lors de mariages ou de divers cérémonies dans son village et aux alentours[6]. La famille vit dans la petite ville de al-Sinbillawayn, dans le delta du Nil[7].

C'est en écoutant son père enseigner le chant à son frère aîné qu'Oum Kalson appris à chanter. Elle apprenait certaines chansons par cœur et lorsque son père se rendit compte de ce qu'elle savait ainsi que de la puissance de sa voix, il lui demanda de se joindre aux leçons. Très jeune, la petite fille montre des talents de chanteuse exceptionnels, au point qu'à 10 ans, son père la fait entrer - déguisée en garçon - dans la petite troupe de cheikhs qu'il dirige pour y chanter durant les Mawlid et d'autres fêtes religieuses[3]. À 16 ans, elle est remarquée par un chanteur alors très célèbre, Cheikh Abou El Ala Mohamed, et par un joueur de luth, Zakaria Ahmed, tous deux l'invitant à les accompagner au Caire. Elle attendra d'avoir atteint l'âge de 16 ans pour répondre à l'invitation, et pour se produire - toujours habillée en garçon - dans de petits théâtres, fuyant soigneusement toute mondanité.

Succès

Très vite, deux rencontres déterminent sa vie. Celle de Ahmed Rami tout d'abord, un poète qui lui écrira 137 chansons et l'initiera à la littérature française, qu'il a étudiée à la Sorbonne. Mohamed El Qasabji, ensuite - virtuose du luth, lui ouvre le Palais du théâtre arabe, l'occasion pour Oum Kalthoum de premiers grands succès (L'amoureux est trahi par ses yeux). En 1932, sa notoriété est telle qu'elle entame sa première tournée orientale : Damas, Bagdad, Beyrouth, Tripoli, etc. Cette célébrité lui permet également, en 1948, de rencontrer Gamal Abdel Nasser, qui ne cache rien de son admiration et qui officialise en quelque sorte l'amour de l'Égypte pour la chanteuse, amour réciproque puisque Oum Kalsoum donnera de nombreuses preuves de son patriotisme.

1965

Parallèlement à sa carrière de chanteuse, elle s'essaie au cinéma (Weddad, 1936 ; Le chant de l'espoir, 1937 ; Dananir, 1940 ; Aïda, 1942 ; Sallama, 1945 et Fatma, 1947) mais délaisse assez vite le septième art, le face-à-face émotif avec le public lui faisant cruellement défaut. En 1953, elle épouse un homme qu'elle respecte et admire, son médecin depuis de nombreuses années, Hassen El Hafnaoui, en prenant soin d'inclure tout de même la clause du pouvoir à la dame qui lui permettrait de prendre elle-même la décision du divorce le cas échéant.

Multipliant les concerts internationaux, elle vient en France à l'Olympia (Paris) en novembre 1967 ; et le président Charles de Gaulle lui envoie un télégramme de félicitations. Celle que l'on surnomme El Sett (la dame) commence à souffrir de graves crises néphrétiques.

Avec sa voix puissante et claire (Maria Callas aurait dit qu'Oum Kalsoum avait une voix incomparable - 14 000 vibrations/seconde), Oum Kalsoum chante la religion, l'amour et la nation égyptienne. Amie du président Jamal Abdel Nasser, elle constitue avec l'homme politique l'un des symboles les plus forts de l'unité nationale égyptienne. Peu après la guerre de 1967 avec Israël, elle donne une série de concerts nationaux et internationaux, dont elle reverse les bénéfices au gouvernement égyptien.

La diva reste également dans les cœurs comme la « Cantatrice du peuple », s'investissant dans des œuvres caritatives en faveur des plus déshérités en allant jusqu'à donner de l'argent aux plus pauvres. L'une de ses biographies note qu'elle aurait aidé plus de deux cents familles de paysans au cours de sa vie[réf. nécessaire]. Revendiquant ses propres origines paysannes, la chanteuse a toujours vécu sans ostentation, souhaitant rester proche de la majorité de ses compatriotes.

Décès et funérailles

Depuis 1967, Oum Kalsoum souffre de néphrite aiguë. En Janvier 1973, elle donne son dernier concert au Palais du Nil et les examens qu'elle pratiqua à Londres montrent qu'elle est inopérable. Aux États-Unis, où son mari la conduit, elle bénéficie un temps des avancées pharmaceutiques mais en 1975, rentrée au pays, une crise très importante la contraint à l'hospitalisation. La population de son petit village natal du delta psalmodie toute la journée le Coran. Oum Kalsoum meurt le 3 février 1975 à l'aube.

Ses funérailles se déroulent à la mosquée Omar Makram du Caire où sont célébrés les plus grands musulmans. Le corps devait initialement être porté jusqu'à un véhicule qui l'aurait amené à sa dernière demeure mais face à l'afflux de personnes venues pleurer la chanteuse, et contrairement à la tradition musulmane, les autorités ont repoussé les obsèques de deux jours. Les funérailles d'Oum Kalsoum ont déclenché des scènes de détresses collectives[8] et la foule venue saluer le corps a dépassé le nombre attendu. Des stars du cinéma, des poètes, des hommes d'affaires, des ambassadeurs, des ministres ainsi que de nombreux anonymes ont formé un cortège de plus d'1,5 km (pour environ trois millions de personnes[9]), formant le deuxième plus grand rassemblement d'Égypte, après les funérailles de Nasser[5]. Les Caïrotes se sont emparés du cercueil et l'ont promené pendant trois heures dans les rues du Caire avant de l'amener à la mosquée al-Sayyid Husayn, une des favorites d'Oum Kalsoum. Là, le cheïkh de la mosquée a répété les prières funéraires et a prié les porteurs d'amener le cercueil à sa tombe, arguant qu'Oum Kalsoum était une femme pieuse et qu'elle aurait voulu être enterrée rapidement comme le recommande la tradition musulmane [6]. Elle a été enterrée auprès de ses parents et de son frère, au Caire[3].

Voix et technique de chant

Il est difficile de mesurer correctement l'étendue de sa voix car nombre de ses chansons ont été enregistrées en direct et elle prenait soin de ne pas forcer sa voix à cause de la durée de ses performances.

Oum Kalsoum a acquis sa technique de chants durant son enfance lorsqu'elle récitait des versets du Coran, ce qui lui a permis de développer sa voix car ces récitations requièrent une sensibilité musicale de l'oreille et des techniques proches des méthodes utilisées pour entraîner les chanteurs d'opéra ou de chœurs[10].

Influence et héritage

Charles de Gaulle l'appelait « La Dame » et Maria Callas « La Voix Incomparable ». En Égypte et au Moyen-Orient, Oum Kalsoum est considérée comme la plus grande chanteuse et musicienne. Aujourd'hui encore, elle jouit d'un statut presque mythique parmi les jeunes égyptiens. Elle est également très populaire en Israël parmi les juifs et les arabes et ses disques se vendent encore à environ un million d'exemplaires par an.[réf. nécessaire]

En 2001, le gouvernement égyptien a inauguré le musée Kawkab al-Sharq ("étoile de l'Orient") en mémoire de la chanteuse. Le musée abrite une série d'effets personnels ayant appartenu à Oum Kalsoum, dont ses célèbres lunettes de soleil et écharpes mais également des photos, des enregistrements et d'autres objets d'archives[11].

Discographie

Filmographie

  • 1936 : Wedad d'Ahmed Badrakhan et Fritz Kramp
  • 1937 : Nashid al-Amal (Le Chant de l'espoir)
  • 1940 : Dananir d'Ahmed Badrakhan
  • 1942 : Aydah d'Ahmed Badrakhan
  • 1945 : Salamah de Togo Mizrahi
  • 1947 : Fatmah d'Ahmed Badrakhan

Bibliographie

Références

  1. a  et b Oum Kalsoum, la quatrième pyramide, Institut du monde arabe.
  2. a  et b Umm Kolthoum, biographie, Service égyptien de l'information.
  3. a , b  et c Biographical Dictionary of Modern Egypt, p.218.
  4. Oum Kalsoum, Microsoft, Encyclopédie Microsoft Encarta en ligne 2008.
  5. a  et b Umm Kalthum - Legendary songstress of the Arabs, Al Jadid Magazine - A Review & Records of Arab Culture and Arts, Vol. 1, No. 1 novembre 1995.
  6. a  et b Shaping tradition in Arabic song: The career and repertory of Umm Kulthum, Virginia Louise Danielson, University of Illinois, 1991, Ph.D. thesis, p.57 - 75.
  7. The Voice of Egypt: Umm Kulthum, Arabic Song, and Egyptian Society in the Twentieth Century, p.21.
  8. Oum Kalsoum : les mille et une vies d'une Diva, Les Inrockuptibles, 20 mars 2008.
  9. World Music: The Basics, Richard Nidel, Routledge, 2004, ISBN 978-0-415-96800-3, p.189.
  10. The Modern Middle East, Ilan Pappé, Routledge, 2005, ISBN 0-415-21409-2, p.167.
  11. Rakha, Youssef and El-Aref, Nevine, "Umm Kulthoum, superstar", Al-Ahram Weekly, 27 décembre 2007.

Liens externes

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