Mohamed Ali (boxe)

Mohamed Ali (boxe)
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Muhammed Ali
Muhammad Ali NYWTS.jpg
Mohamed Ali en 1967 (25 ans)
Fiche d’identité
Nom complet Cassius Marcellus Clay Jr.
puis Mohamed Ali
Surnom Louisville Lip
The Champ
The Greatest
Nationalité Américaine
Date de naissance 17 janvier 1942 (1942-01-17) (69 ans)
Lieu de naissance Louisville (Kentucky), États-Unis
Taille 1,91 m (6 3)
Catégorie Poids lourds
Palmarès
Professionnel
Combats 61
Victoires 56
Victoires par KO 37
Défaites 5
Titres professionnels Champion du monde poids lourds WBA (1964, 1967, 1974-1978, 1978-1979) et WBC (1964-1967, 1974-1978)
Titres amateurs Champion olympique aux Jeux de Rome en 1960 (poids mi-lourds)

Mohamed Ali ou en anglais Muhammad Ali (né Cassius Marcellus Clay Jr. le 17 janvier 1942 à Louisville, dans le Kentucky), est un boxeur américain évoluant en catégorie poids lourds. Il fut nommé sportif du XXe siècle par une assemblée de journalistes internationaux, précédant Pelé. Il doit sa célébrité mondiale autant par ses performances sportives que par son verbe haut, sa conduite extra sportive et son activisme politique. Il est atteint de la maladie de Parkinson depuis 1982.

Le 17 décembre 2005, il reçoit à Berlin la médaille de la Paix Otto Hahn[1],[2], décernée tous les deux ans par la société allemande, au nom de l'organisation des Nations unies.

Sommaire

Ses débuts

Cassius est né le 17 janvier 1942 à Louisville. Il porte le nom d’un général abolitionniste du Kentucky, Cassius Marcellus Clay, qui affranchit ses milliers d’esclaves au début du XIXe siècle.

Son premier contact avec la boxe se fait dans une caserne de police, suite au vol de son vélo, il dit vouloir apprendre à boxer afin de terrasser le voleur. Le policier Joe Martin l'encourage à commencer la boxe et l'entraîne à ses débuts. Si les résultats scolaires de Clay étaient bons, ses performances sportives étaient remarquables : encore à l'école secondaire, il remporte 6 Kentucky Gold Glove, qui lui permettent d'obtenir son diplôme malgré des notes médiocres. De manière prémonitoire, le principal annonça lors de la délibération concernant la remise de son diplôme de fin d'étude que Clay serait un jour « la chance de célébrité de cette école ».

Boxeur amateur puis professionnel

Aux Jeux olympiques d'été de 1960 à Rome, il gagne la médaille d'or des poids mi-lourds. Il passe alors professionnel sous la tutelle d'Angelo Dundee et se fait rapidement connaître pour son style peu orthodoxe. Ses résultats spectaculaires et son auto-promotion incessante. Il se fait connaître sous le surnom de « Louisville Lip » (la lèvre de Louisville) en composant des poèmes prédisant à quelle reprise il mettrait son adversaire K.-O. Il n'hésitait pas à clamer ses propres louanges avec des phrases telles que « Je suis le plus grand » ou « Je suis jeune, je suis mignon et je suis totalement imbattable ». Il conservera pendant toute sa carrière ce verbe haut qui est un de ses points les plus caractéristiques.

À Louisville, le 29 octobre 1960, il gagne son premier combat professionnel aux points contre Tunney Hunsaker[3]. Clay part ensuite pour la Floride avec son entraîneur Angelo Dundee. Le jeune médaillé d'or de 19 ans remporte quelques victoires et va même jusqu'à accomplir une exhibition contre l'ex champion du monde Ingemar Johansson qui prépare son troisième combat contre Floyd Patterson. Cassius repart ensuite dans son fief de Louisville et continue à vaincre tous ses adversaires. C'est en 1962 que sa notoriété commence à se répandre à travers l'Amérique. Clay boxe pour la première fois dans les villes de New York et Los Angeles. Le 15 novembre, il remporte un succès tonitruant contre Archie Moore en quatre rounds. Clay avait prédit avant le combat qu'il stopperait son adversaire au 4e[4].

C'est l'année 1963 qui ouvrira au futur Ali la voie jusqu'au titre de champion du monde. Il gagne aux points avec difficulté contre Doug Jones dans ce qui va devenir le combat de l'année[5] et fait à nouveau parler de lui en obligeant l'arbitre à arrêter son combat contre Henry Cooper pour blessure au 5e round[6]. Cooper avait au round précédent envoyé Clay à terre pour la première fois de sa carrière. Nommé boxeur de l'année 1963, c'est presque naturellement que Clay devient l'adversaire du champion du monde Sonny Liston, mais malgré 19 victoires dont 15 K.O. et aucune défaite, il semble peu probable que le boxeur de Louisville parvienne à vaincre un boxeur jugé invincible.

Les combats contre Sonny Liston

Le 25 février 1964 à Miami, le public s'attend à une formalité pour le tenant du titre. À la surprise générale, Liston se retrouvera dominé par un Clay énergique qui se servira de sa rapidité et de son jeu de jambes parfait avec brio, imposant son style à un champion furieux qui ne trouvera pas de solutions. Liston se blessera à l'épaule à force d'envoyer ses coups dans le vide et ses hommes de coin seront obligés de lui appliquer une pommade puissante sur l'épaule. Le challenger récoltera involontairement de cette pommade en frappant Liston et se frottant ensuite les yeux avec ses gants. Sa vue handicapée permet à Liston de refaire surface au 5e round et de traquer son adversaire d'un coin à l'autre du ring. Une fois la tempête passée, Clay repart à l'attaque dans le sixième round et se déchaîne. À l'appel de la 7e reprise, le champion épuisé et blessé à l'épaule abandonne. Cette victoire en 6 rounds contre le plus puissant puncheur de l'époque (1 m 84 pour 99 kg) est le plus grand combat d'Ali dans les années 1960. La qualité de ses feintes et de ses enchaînements firent à nouveau de lui le gagnant du combat de l'année[7].

Le combat revanche, le 25 mai 1965 à Lewiston, sera particulièrement controversé. Suite à un jab manqué, Liston sera contré par un direct du droit d'Ali et tombera à terre. Attendant le compte de l'arbitre, Liston restera à terre et se relèvera trop tard. L'arbitre étant trop occupé à ramener dans le coin neutre un Ali qui fanfaronnait autour du ring. Le combat reprit quelques instants avant que l'arbitre informé de son erreur par le chronométreur ne mette fin au combat (Liston était encore à terre après 10 secondes). Le public sifflera les deux boxeurs et les journalistes accuseront ce combat d'être truqué et Liston de s'être « couché »[8].

Cassius Clay devient Muhammad Ali

Mohamed Ali à un meeting de Elijah Muhammad

Entre les deux matchs, il devient également célèbre pour des raisons dépassant le domaine sportif : il rejoint la Nation of Islam (Nation de l'islam) et change son nom en Cassius X, en hommage à son mentor et ami Malcolm X qui fut aussi le seul musulman à le soutenir avant son premier combat contre Liston (Malcolm X a d'ailleurs assisté au premier combat) puis il reçoit le nom de « Muhammad Ali » de la part d'Elijah Muhammad, chef du mouvement. Une lutte de pouvoir s'engagera autour d'Ali entre Elijah et Malcolm X. Finalement, Ali tournera le dos publiquement à Malcolm lors d'un voyage au Nigeria en 1964 et sera managé par Herbert Muhammad, le propre fils d'Elijah. La notoriété du boxeur profitera à la Nation of Islam. Ali se rendra en Égypte en 1964 et sera accueilli par son président, Gamal Abdel Nasser, comme l'ambassadeur de la communauté noire aux États-Unis. Ce n'est qu'après la mort de Malcolm X en 1965 qu'il regrettera son geste. Ali quitte la Nation de l'Islam pour se convertir à l'islam sunnite en 1975. Dans une autobiographie en 2004, écrite avec sa fille Hana Yasmeen Ali, Mohamed Ali attribut sa conversion à l'islam sunnite à la prise du contrôle de la Nation de l'Islam par Warith Deen Muhammad, le fils d'Elijah Muhammad, après la mort de ce dernier en 1975. Plus tard en 2005 il embrasse les pratiques spirituelles musulmane du soufisme.

Champion incontesté

Du 25 février 1964 au 20 juin 1967, Ali domine incontestablement la catégorie des lourds comme Joe Louis et Rocky Marciano avant lui. Après sa seconde victoire contre Liston, il fait une dizaine d'exhibitions à travers le monde en compagnie de ses deux sparrings partners : Jimmy Ellis et Cody Jones. Le 22 novembre 1965, à Las Vegas, il affronte l'ancien champion Floyd Patterson qui avait subi de graves revers contre Sonny Liston (perdant deux fois au premier round). Le champion conserve son titre au bout de 12 rounds et envoie le challenger au sol à plusieurs reprises[9].

Alors que traditionnellement le champion fait deux combats par an, Ali lui en accomplira 5 en 1966. Il bat aux points le Canadien George Chuvalo à Toronto en mars puis retrouve en mai Henry Cooper, le boxeur qui l'avait envoyé à terre, et le met KO à Londres. Toujours dans cette ville, il dispose de Brian London en 3 rounds le 6 août[10], bat le champion allemand Karl Mildenberger à Francfort le 10 septembre[11] et finit l'année par un K.O. contre Cleveland Williams à Houston[12].

La fédération WBA qui n'apprécie pas les positions politiques d'Ali, prend prétexte de l'illégalité de son combat revanche contre Liston pour lui retirer sa ceinture, sans son accord, et sacrer Ernie Terrell champion du monde. Le titre est pour la première fois divisé. Ali reste cependant le champion incontesté et conserve sa ceinture WBC. Il récupère le titre WBA le 6 février 1967 dans un combat de réunification à Houston contre Ernie Terrell. Ali regagne aisément son titre mais ne parvient pas à briser Terrel qui, la garde haute, tiendra jusqu'au bout des 15 rounds[13]. Le 6 mars, Ali met ensuite K.O. Zora Folley, un puncheur jugé dangereux pour le champion[14].

Ses problèmes judiciaires à propos de son incorporation dans l'armée américaine l'empêchent de participer à un autre championnat du monde. Il ne peut qu'accomplir une exhibition à Détroit le 15 juin. C'est sa dernière apparition sur le ring avant 1970.

En 1969, il participe au combat The Super Fight, un combat virtuel contre Rocky Marciano.

Opposition à la guerre du Viêt Nam

En 1966, il refuse de servir dans l'armée américaine engagée dans la guerre du Viêt Nam et devient objecteur de conscience argumentant qu'il n'a « rien contre le Viêt-cong » et qu'« aucun Vietnamien ne m'a jamais traité de nègre », (dans le film qui lui rend hommage, avec l'acteur Will Smith, la traduction en français est : "...aucun Viêt-cong ne m'a jamais traité de sale nègre."). Le 28 avril 1967, il refuse symboliquement l'incorporation dans un centre de recrutement. Le 8 mai, il passe en justice. Le 20 juin, il est condamné à une amende de 10 000 dollars et à 5 ans d'emprisonnement, il perd sa licence de boxe et son titre. Ali fait appel, il n'ira pas en prison mais aura des problèmes financiers jusqu'à ce que son affaire soit résolue par la Cour suprême en 1971.

Les prises de position d'Ali contre le service militaire ou sa conversion à l'islam le transforment d'un champion fier mais populaire en l'une des personnalités les plus connues et controversées de son époque. Ses apparitions publiques aux côtés des leaders de la Nation of Islam Elijah Muhammad et de Malcolm X ainsi que ses déclarations d'allégeance à leur cause au moment où l'opinion américaine les considère avec circonspection, quand ce n'est pas avec hostilité, font également d'Ali une cible d'indignation et de suspicion. Il paraît même parfois provoquer de telles réactions en soutenant des opinions allant du support aux droits civiques jusqu'au soutien sans réserve à la lutte contre la ségrégation raciale.

Le retour manqué

Article détaillé : Le combat du siècle.

En 1970, Ali renonce officiellement à son titre, permettant à Joe Frazier, nouvelle étoile montante de la catégorie, de réunifier le titre aux dépens de Jimmy Ellis. Il remporte son procès devant la Cour suprême des États-Unis, qui lui reconnaît le droit de refuser le service militaire. Il récupère alors sa licence de boxe et reprend sa carrière.

Après quelques exhibitions, Ali fait son retour contre le grand espoir blanc Jerry Quarry qu'il balaye en 3 rounds le 26 octobre à Atlanta[15]. Pour se préparer à combattre le champion Joe Frazier, Ali affronte l'Argentin Oscar Bonavena le 7 décembre à New York en 15 rounds pour le titre de champion d'Amérique du Nord NABF. Il affronte ainsi un bon encaisseur pour être capable de tenir sans faiblir contre Frazier dont le menton est l'un des meilleurs de la catégorie. Pouvant espérer gagner sur décision des juges avant le dernier round, Bonavena sera envoyé à terre 3 fois dans la 15e reprise et perdra par KO technique[16].

Suit le combat contre Frazier. Ali prenant le risque de se mesurer à un boxeur de très haut niveau après trois ans d'absence des rings. Très attendu et médiatisé, ce combat sera surnommé un peu vite « le combat du siècle ». Premier championnat du monde entre deux champions invaincus et totalement opposés dans un style que chacun maîtrise à la perfection, il sera le premier de ces grands affrontements qui marqueront l'apogée de la boxe dans les années 1970.

Débutant le 8 mars 1971 dans le célèbre Madison Square Garden de New York, cet affrontement verra la première défaite d'Ali, sûr de son bon droit, et qui pensait sa reconquête du titre légitime comme il l'écrira plus tard dans son autobiographie L'âme du papillon en ajoutant qu'il avait sous-estimé Joe Frazier, pensant que le boxeur de Philadelphie serait bien moins motivé que lui. Ali remporta les premiers rounds mais se retrouva désemparé et sans solution face à Frazier, un spécialiste du corps à corps qui lui imposait son style avec ses lourds crochets. Ali mettra un genou à terre au 11e round et au 15e et dernier round, alors que personne ne s'y attendait, Frazier lui décochera son coup préféré, le crochet gauche. Touché au visage, Ali tombera à terre et se relèvera à 4 pour perdre aux points[17]. Sa première et sa plus grande défaite gâchera son souhait de finir invaincu comme Marciano et Ali en voudra toujours à Frazier.

Seule consolation, la Cour suprême l'innocentera définitivement le 28 juin 1971. Les 8 juges l'acquittent à l'unanimité.

La longue route vers la reconquête du titre

Après s'être remis de sa défaite, Ali, pour revenir au sommet de la catégorie, accomplit 14 combats et 39 combats d'exhibition entre le 25 juin 1971 et le 30 octobre 1974. Le but était de revenir au plus haut niveau par une activité pugilistique intense et d'engranger assez de victoire pour être désigné challenger n°1 mondial.

Durant cette période, Ali affronte les meilleurs boxeurs américains pour le titre de champion d'Amérique du Nord, tels que Jimmy Ellis[18] (son ancien sparring-partner), Buster Mathis[19], Juergen Blin[20], Mac Foster, Bob Foster[21] (champion du monde des mi-lourds) et Joe Bugner[22]. Il en profite pour affronter à nouveau George Chuvalo[23], Jerry Quarry[24] et Floyd Patterson[25] (qui tout de suite après prendra sa retraite). Ali boxe autour du monde : des combats à Zurich, Tokyo, Vancouver, Dublin et Jakarta et des exhibitions à Caracas, Buenos Aires ou Barcelone.

En 1973, sa carrière connaît un coup d'arrêt: le 22 janvier à Kingston, Jamaïque, Joe Frazier est détruit en 2 rounds et va au tapis à 6 reprises contre George Foreman, terrible colosse et nouveau roi des lourds. Dans son autobiographie, Ali raconte qu'il était obligé de vaincre les deux hommes pour assurer à nouveau sa suprématie sur la catégorie. Mais le plus dur arrive pour lui le 31 mars à San Diego contre Ken Norton. Le boxeur californien lui brise la mâchoire au 2e round, Ali tient jusqu'à la douzième reprise, handicapé par la douleur face à un Norton aussi vif et rapide que lui. Une deuxième défaite devant un adversaire doué mais qui dispose de moins d'envergure que Joe Frazier rabaisse quelque peu le mythe d'Ali qui se retrouve avec un 3e boxeur coriace à vaincre pour retrouver le sommet[26].

Ali choisit d'affronter ces trois boxeurs du plus « facile » au plus « dur ». Tout d'abord Norton. Ali prend sa revanche le 10 septembre 1973 à Los Angeles (et non à San Diego afin de priver Norton des supporters de sa ville natale). Ali gagne de justesse aux points[27]. Il prend ensuite sa revanche aux points contre Frazier le 28 janvier 1974 au Madison Square Garden de New York. L'ex-champion fera moins impression suite à son manque d'activité contrairement à Ali qui s'est imposé un rythme de combat tambour battant depuis leur première rencontre[28]. Leur rivalité continuera de plus belle quand Ali et Frazier en viendront aux mains devant les caméras lors d'une émission de télé.

Il lui reste à présent le plus dur pour la fin : reprendre le titre à George Foreman, impitoyable puncheur invaincu en 40 combats dont 37 par KO.

La reconquête du titre

Un nouveau promoteur de boxe organise la rencontre entre les deux adversaires dans l’actuel Stade Tata Raphaël (baptisé « Stade du 20 mai » à l’époque), à Kinshasa, au Zaïre, actuelle République démocratique du Congo. Don King, qui s'imposera ensuite comme le plus important promoteur de boxe de la fin du XXe siècle, offre au champion et au challenger 5 millions de dollars US chacun (une somme record à l'époque) qu'il a obtenue auprès du dictateur Mobutu Sese Seko qui souhaite par ce combat faire la promotion de son pays.

Ali a peu de chance de venir à bout de Foreman qui, de façon expéditive et brutale, a gagné contre Frazier et Norton, les deux seuls hommes à avoir vaincu Ali et si celui-ci a pris sa revanche, il n'a pas su les briser et les mettre KO.

Étudiant avec soin le style de Foreman, il trouve son point faible : la fatigue. Ali parcourt la capitale et le bord du fleuve Congo en courant pour renforcer son endurance sous les acclamations du public alors que Foreman se contente de s'entraîner en frappant au sac et en martyrisant ses sparrings partners. Ali s'entraîne à encaisser des coups violents avec son ami Larry Holmes (qui par la suite deviendra champion) et lance une opération de désinformation envers Foreman en faisant croire à tout le monde qu'il allait vaincre par sa vitesse et sa mobilité. Ali devient rapidement le favori de la foule de Kinshasa pour son action envers la cause des Noirs, ce qui vexera Foreman.

Le combat eut lieu le 30 octobre 1974 et sera surnommé « Rumble in the jungle ». Ali, dont le meilleur coup est le jab et dont le principal atout est la mobilité, reste la majeure partie du combat dans les cordes et surprend Foreman en lui envoyant dans les premiers rounds plus de directs du droit que du gauche. La garde haute, encaissant avec douleur les coups violents du champion et rebondissant contre les cordes, Ali trouve le moyen d'épuiser Foreman et de l'obliger à combattre plus de 5 rounds. À bout de souffle, il tombe au 8e round et se relève 1 seconde trop tard. Ali reprend ainsi son titre dix ans après son premier combat contre Liston[29].

Ce fut sa plus grande victoire tactique, qui fut récompensée comme « combat de l'année », et Ali fut nommé une fois de plus « boxeur de l'année ». Il a également reçu la Hickok Belt de 1974 récompensant le meilleur athlète professionnel de l'année, ainsi que le trophée du sportif de l'année du magazine Sports Illustrated.

De l'apogée au déclin

En 1975 et 1976, il effectue 4 combats par an, toujours dans le souci de se maintenir au plus haut niveau.

En 1975, il est à nouveau boxeur de l'année et atteint son apogée par sa troisième rencontre contre son éternel rival Joe Frazier (de nouveau élu combat de l'année) cependant, les quatre adversaires qu'il rencontre cette année là réussissent tous à l'ébranler à leur façon. Ali débute l'année contre Chuck Wepner à Cleveland, un combat de rentrée facile contre un adversaire anonyme destiné à être vaincu en 3 rounds. Pourtant, Wepner étonne tout le monde en n'étant arrêté qu'au 15e round par KO après avoir résisté avec hargne et s'être permis le luxe d'envoyer Ali à terre[30] (Sylvester Stallone alors inconnu assista au match, ce qui lui donnera l'idée de créer le film Rocky qui sortira l'année suivante).

Ali pense venir à bout sans dommage de Ron Lyle le 16 mai, un boxeur à la carrure semblable à celle de Foreman. Il réutilise la même technique qu'en Afrique mais le challenger ne tombe pas dans le piège et l'oblige à boxer au centre du ring. Il s'impose toutefois par arrêt de l'arbitre au 11e round[31]. La revanche contre Joe Bugner en Malaisie ne lui apporte rien, Bugner restant toujours aussi solide[32].

Finalement la bataille contre Frazier le 1er octobre 1975 à Manille, aux Philippines, le Thrilla in Manila sera son pire duel. À l'approche du combat, le champion en rajoute en provocation et attise la colère de Frazier. Dans une fournaise de 52 degrés, Frazier se montre plus acharné qu'auparavant. Particulièrement violent, cet affrontement sera qualifié par les deux boxeurs d'état le plus proche de la mort. Après un passage à vide où il semble au bord de l'évanouissement, Ali réussit à prendre l'avantage dans les 13 et 14e rounds. Dans la minute de repos avant le dernier round, Eddie Futch, entraîneur de Frazier, oblige son boxeur particulièrement atteint au visage à abandonner[33]. Peu après, Ali subit un bref malaise avant de quitter le ring. Après ce match, Ali reconnaitra Frazier comme étant un très grand boxeur et arrêtera ses provocations. Il présentera même ses excuses au fils de Frazier pour toutes les menaces et insultes qu'il avait pu dire au clan Frazier. Cependant Frazier ne pardonnera jamais Ali pour tout le tort causé même si en 1988, dans un documentaire consacré aux champions des années 1970, ils se réconcilient et se provoquent avec amusement en allant jusqu'à faire semblant d'engager leur quatrième combat et en réclamant d'urgence un arbitre. Ils apparaissent aussi dans des émissions (notamment celle de Dick Cavett) riant et plaisantant ensemble.

Après les combats intenses de 1974 et 1975, Ali baisse de régime. En 1976, il met KO deux faire-valoir (ses dernières victoires avant la limite) et n'accomplit qu'un seul succès appréciable contre le jeune Jimmy Young[34]. La polémique arrive à la fin de l'année lors de son troisième affrontement contre Ken Norton. Ali est déclaré vainqueur aux points après un combat serré qui fut qualifié par la presse comme l'un des plus grands vols de l'histoire de la boxe[35]. En apprenant la décision à la fin du combat, Norton s'effondre en pleurs et Ali, d'habitude porté sur la vantardise et la fanfaronnade en fin d'affrontements, se contente de sourire timidement à la presse. À la suite de ces résultats mitigés, le titre de meilleur boxeur de l'année lui fut ravi par sa plus prestigieuse victime, George Foreman, qui accomplit un retour éclatant contre Ron Lyle.

Vieillissant, il retourne au rythme « habituel » des champions de deux combats par an. En 1977, Ali réussit à conserver son titre contre Alfredo Evangelista[36] et Earnie Shavers[37] qui le malmena particulièrement. Trop préoccupé à perdre du poids, il ne se concentre plus sur son entraînement.

Chute d'un champion

Mohamed Ali perd finalement son titre à 36 ans contre le champion olympique 1976 Leon Spinks, dont c'était seulement le huitième combat professionnel[38]. Il gagne la revanche comme à son habitude, devenant ainsi champion du monde poids lourds pour la troisième fois[39], mais voyant son déclin athlétique, il prend sa retraite le 27 juin 1979 pensant que le titre divisé en 2 par la faute de Spinks serait réunifié. Il n'en sera rien (il faudra attendre que Mike Tyson le réunifie en 1987) et Ali accepte l'offre de Don King d'affronter Larry Holmes son ancien sparrings partner devenu champion WBC.

Le 2 octobre 1980, à la recherche d'un nouveau record en tant que seul boxeur à gagner le titre en poids lourds quatre fois, il perd avant la limite pour la seule fois de sa carrière, lorsqu' Angelo Dundee refusa de le laisser reprendre le combat au 11e round[40]. Le combat contre Holmes, organisé comme « The Last Hurrah », est considéré avec dédain par de nombreux fans et experts car nombre d'entre eux ont vu une « version amoindrie » d'Ali. Holmes était le partenaire d'entraînement d'Ali et pour cette raison, certains virent le résultat de ce combat comme un « passage de témoin », un combat de trop semblable à ceux de Rocky Marciano contre Joe Louis ou de Mike Tyson contre Larry Holmes. Holmes admettra même par la suite que bien qu'il dominât le combat, il retenait un peu ses coups par pur respect pour son idole et ancien employeur.

Malgré l'apparent caractère définitif de sa défaite contre Holmes, ainsi que sa condition physique suspecte, Ali boxera encore une fois : le 11 décembre 1981, il affronte en effet le challenger en pleine ascension et futur champion Trevor Berbick dans ce qui fut dénommé « The Drama in the Bahamas ». Ali étant alors vu comme un boxeur diminué, peu de salles américaines témoignèrent de l'intérêt pour ce combat et peu de fans montrèrent d'enthousiasme à s'y rendre ou à le regarder. Comparé aux combats qu'Ali avait disputés plus tôt dans sa carrière dans des endroits renommés, le match eut finalement lieu dans une quasi-indifférence à Nassau. Il fait une prestation légèrement meilleure que celle offerte contre Holmes 14 mois auparavant mais perd néanmoins par décision unanime à la dixième reprise au profit de Berbick, qui à 27 ans était de 12 ans son cadet[41].

Son style

Mohamed Ali avait un style très original pour un boxeur poids lourds. Il tenait généralement les mains le long de son corps plutôt qu'en position haute pour protéger son visage comme dans le style habituel. Il faisait confiance à ses réflexes ainsi qu'à son allonge extraordinaires (2,10 m d'envergure) pour parer les coups de son adversaire. Ali frappait à la tête plus que la plupart des boxeurs (une stratégie risquée car sur la durée d'un long combat, les coups au corps peuvent s'avérer bien plus efficaces pour épuiser un adversaire).

Ali est plus à l'aise avec les punchers qu'avec les boxeurs au style proche du sien. C'est ainsi qu'il met K.O. Liston et Foreman mais aura plus de mal à venir à bout de Floyd Patterson ou de Ken Norton.

La maladie de Parkinson

Mohamed Ali aux Jeux olympiques d'Atlanta en 1996

On diagnostiqua qu'Ali était atteint de la maladie de Parkinson en 1982 ; par la suite, ses fonctions motrices commencèrent à décliner lentement. Sa conversion officielle à l'islam sunnite et sa prise de distance avec l'historique Nation of Islam expliquent en partie son retour en grâce aux États-Unis où il fut accueilli à la Maison-Blanche par Gerald Ford et médaillé par George H. W. Bush.

En 1985, on lui demanda de négocier la libération de ses compatriotes kidnappés au Liban ; en 1990 à la veille de la guerre du Golfe il se rend à Bagdad et rencontre Saddam Hussein auprès de qui il plaide pour la paix et cherche à le persuader de ne pas étendre le conflit[42]. Il n'obtient pas cela mais son entretien permet la libération de 15 de ses compatriotes enlevés par l'Irak au cours de l'opération Bouclier du désert[42]. Vu la popularité de Mohamed Ali dans le tiers-monde, cette rencontre sera utilisée comme propagande par le régime baasiste irakien[42]. En 1996, c'est lui qui alluma la flamme olympique à Atlanta. Durant les mêmes olympiades, on lui offrit également une médaille d'or pour remplacer celle qu'il avait gagnée en 1960 et qu'il avait jetée dans l'Ohio parce qu'on avait refusé de le servir dans un restaurant à cause de sa couleur de peau.

Sa fille Laila Ali devint à son tour boxeuse en 1999, malgré ses commentaires de 1978 contre la boxe féminine : « les femmes ne sont pas faites pour être frappées à la poitrine et au visage comme ça … les corps ne sont pas fait pour être boxés ici (en touchant sa poitrine). Se faire "frapper" au sein … "dur" … et tout ça. »

Divers

  • L'équipe qui encadrait Mohamed Ali s'appelait l'Ali Army.
  • Maître dans l'art de la provocation, Ali donnait un surnom à presque tous ses adversaires : Liston qu'il appelait « l'ours noir » sera dérangé par Ali qui avant leur combat est venu le réveiller chez lui en pleine nuit en klaxonnant de sa voiture devant sa maison; Floyd Patterson, surnommé « le lapin » recevra pendant son entraînement la visite du champion venu lui apporter un panier de carottes; Foreman sera qualifié de « momie » et Frazier de « gorille ». Ali ira jusqu'à taper une baudruche en forme de gorille sur un ring en hurlant qu'il s'agissait de Frazier et devant d'autres journalistes, tapera une figurine de primate en caoutchouc qui l'accompagnait partout avant le combat Thrilla in Manila. Il a aussi traité Frazier « d'Oncle Tom », une des pires insultes pour un noir à cette époque.
  • Le célèbre magazine de sport français, L'Equipe, le désigne comme 2eme plus grand champion sportif du XXe siècle derrière Pelé[43].
  • Il a son étoile sur Hollywood boulevard : elle est la seule à être sur un mur, car il ne voulait pas que les gens piétinent son nom.
  • Il a écrit un livre qui retrace sa vie, intitulé « Le plus grand ».

Films


Précédé par Champion du monde poids lourds Suivi par
Sonny Liston
Mohamed Ali
25 février 1964 - 19 juin 1964 (WBA)
Ernie Terrell
Mohamed Ali
25 février 1964 - 11 mars 1969 (WBC)
Joe Frazier
Ernie Terrell
Mohamed Ali
6 février 1967 - 29 avril 1967 (WBA)
Jimmy Ellis
George Foreman
Mohamed Ali
30 octobre 1974 - 15 février 1978
(WBA & WBC)
Leon Spinks
Leon Spinks
Mohamed Ali
15 septembre 1978 - 27 avril 1979 (WBA)
John Tate

Notes et références

  1. AFP, « Ali assistera au combat de sa fille » sur www.rds.ca, 1er décembre 2005. Consulté le 16 avril 2009
  2. Gérard Dreyfus, « Boxe : Ali encore distingué » sur www.rfi.fr, RFI, 6 janvier 2006. Consulté le 16 avril 2009
  3. (en) Muhammad Ali vs. Tunney Hunsaker (boxrec.com)
  4. (en) Muhammad Ali vs. Archie Moore (boxrec.com)
  5. (en) Muhammad Ali vs. Doug Jones (boxrec.com)
  6. (en) Muhammad Ali vs. Henry Cooper (boxrec.com)
  7. (en) Sonny Liston vs. Muhammad Ali I (boxrec.com)
  8. (en) Muhammad Ali vs. Sonny Liston II (boxrec.com)
  9. (en) Muhammad Ali vs. Floyd Patterson (boxrec.com)
  10. (en) Muhammad Ali vs. Brian London (boxrec.com)
  11. (en) Muhammad Ali vs. Karl Mildenberger (boxrec.com)
  12. (en) Muhammad Ali vs. Cleveland Williams (boxrec.com)
  13. (en) Muhammad Ali vs. Ernie Terrell (boxrec.com)
  14. (en) Muhammad Ali vs. Zora Folley (boxrec.com)
  15. (en) Muhammad Ali vs. Jerry Quarry I (boxrec.com)
  16. (en) Muhammad Ali vs. Oscar Natalio Bonavena (boxrec.com)
  17. (en) Joe Frazier vs. Muhammad Ali I (boxrec.com)
  18. (en) Muhammad Ali vs. Jimmy Ellis II (boxrec.com)
  19. (en) Muhammad Ali vs. Buster Mathis (boxrec.com)
  20. (en) Muhammad Ali vs. Juergen Blin (boxrec.com)
  21. (en) Muhammad Ali vs. Bob Foster (boxrec.com)
  22. (en) Muhammad Ali vs. Joe Bugner (boxrec.com)
  23. (en) Muhammad Ali vs. George Chuvalo II (boxrec.com)
  24. (en) Muhammad Ali vs. Jerry Quarry II (boxrec.com)
  25. (en) Muhammad Ali vs. Floyd Patterson II (boxrec.com)
  26. (en) Muhammad Ali vs. Ken Norton I (boxrec.com)
  27. (en) Ken Norton vs. Muhammad Ali II (boxrec.com)
  28. (en) Muhammad Ali vs. Joe Frazier II (boxrec.com)
  29. (en) George Foreman vs. Muhammad Ali (boxrec.com)
  30. (en) Muhammad Ali vs. Chuck Wepner (boxrec.com)
  31. (en) Muhammad Ali vs. Ron Lyle (boxrec.com)
  32. (en) Muhammad Ali vs. Joe Bugner II (boxrec.com)
  33. (en) Muhammad Ali vs. Joe Frazier III (boxrec.com)
  34. (en) Muhammad Ali vs. Jimmy Young (boxrec.com)
  35. (en) Muhammad Ali vs. Ken Norton III (boxrec.com)
  36. (en) Muhammad Ali vs. Alfredo Evangelista (boxrec.com)
  37. (en) Muhammad Ali vs. Ernie Shavers (boxrec.com)
  38. (en) Muhammad Ali vs. Leon Spinks I (boxrec.com)
  39. (en) Leon Spinks vs. Muhammad Ali II (boxrec.com)
  40. (en) Larry Holmes vs. Muhammad Ali (boxrec.com)
  41. (en) Trevor Berbick vs. Muhammad Ali (boxrec.com)
  42. a, b et c (en) Thomas Hauser, Muhammad Ali & Company, Hastingshouse/Daytrips Publ., 1998, 279 p. (ISBN 0803894112) [lire en ligne], p. 8 
  43. Les Champions du Siècle de L'Equipe

Annexes

Bibliographie

  • Norman Mailer, "Le combat du siècle", Editions Folio, 2000
  • Rémi Checchetto, King du ring, Editions Espaces 34, mai 2010, 56p. (ISBN : 2-84705-065-5)
  • Alexis Philonenko, Mohammed Ali: Un destin américain, Bartillat, 8 octobre 2007, broché, 213 p. (ISBN 978-2-8410-0419-5) 
  • (en) Mohamed Ali et Richard Durham, The Greatest: My Own Story, Hart-Davis, février 1976, 413 p. (ISBN 978-0-2461-0944-6) 
  • (en) Thomas Hauser (préf. Hugh Mcllvaney), Muhammad Ali: His Life and Times, Robson Books, 21 octobre 2004, broché, 544 p. (ISBN 978-1-8610-5738-9) 

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