Antilumières

Antilumières

Le courant antilumière, expression créée par le philosophe Friedrich Nietzsche[1], est un contre-courant opposé à la philosophie des Lumières présent dans toute l’Europe au XVIIIe siècle.

Sommaire

Valeurs

Les valeurs des antilumières reposent essentiellement sur les trois suivantes[2] :

  • conservatisme : lutte pour le statu quo, ou "conserver ce qui est bon ; changer ce qui est devenu mauvais"
  • réactionnisme : lutte pour le retour à ce qu’il y avait avant,
  • contre-révolutionnaire : lutte contre le régime révolutionnaire, contre l'idéologie de la Révolution.

Idées

Les philosophes antilumières défendent les idées suivantes :

  • hiérarchie entre les hommes,
  • rejet des droits de l’homme,
  • rejet de la souveraineté nationale,
  • rejet de l’idée de contrat (développé par Hobbes, Locke et Jean-Jacques Rousseau),
  • rejet d’un ordre fondé sur la raison.

Vision du monde

Pour eux les hommes ne peuvent s’auto-gouverner [ref nécessaires], le principe d’obéissance [ref nécessaire] est nécessaire et l’humanité doit être fondée sur des institutions traditionnelles.

Philosophes

Le courant antilumière est défendu par des auteurs tels que :

  • Edmund Burke : pour lui il faut éteindre la Révolution française avant que cette dernière ne se propage à l’Europe, l’Église doit être un pilier de l’ordre traditionnel.
    Il défend trois axes principaux :
  1. systémologique (rejet de la seule raison comme régulateur de la société),
  2. politique (la monarchie doit battre la république),
  3. social (opposition communauté organique / égalité des citoyens).

Il considère que la Révolution française trouve ses causes dans la monarchie absolue française qu’il oppose à la monarchie constitutionnelle anglaise (seul régime valable à ses yeux).

  • Joseph de Maistre : il n’accepte pas la Charte de Louis XVIII qui prône une monarchie ayant intégré les idées des Lumières[3]. D'ailleurs, dans son Essai sur l'origine des constitutions et des institutions humaines, Maistre explique que toute constitution écrite n'a de valeur que si elle reconnaît une constitution naturelle non écrite déjà en vigueur de facto, par la nature même des choses et le vœu de la Providence divine. Son analyse de la Révolution française s'inspire de Burke : « Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c'est la révolution qui emploie les hommes[4]
    Il refuse l’idée d’un Homme universel, déraciné[5]. Maistre croit à la particularité de chaque peuple et de chaque nation[6], qui entraîne une constitution politique propre et naturel à chaque état[7]. Il développe une thèse ultramontaine et prône un retour total au catholicisme qui ressourcera la société.
    Grand défenseur de l’Église catholique, de l'ultramontanisme et de la papauté[8], Maistre pourfend le protestantisme qu'il accuse d'être à l'origine de la Révolution, en ayant détruit l'autorité, l'obéissance. Soutien des idées platoniciennes, il envisage le monde et les hérésies tant politiques que religieuses comme une dégradation de la Vérité[9].
  • Louis de Bonald, philosophe légitimiste et catholique de la Contre-révolution. Il s'attaque à ce qu'il appelait la dépravation des mœurs ; le divorce par exemple.
  • Antoine Blanc de Saint-Bonnet, philosophe politique considéré comme le continuateur de Joseph de Maistre : il critique les idées de Jean-Jacques Rousseau qui sont pour lui à la source de la Révolution française (bonté native de l'homme, contractualisme, etc), notamment dans Le Dix-huitième siècle (1878).

Bibliographie

  • Zeev Sternhell, Les Anti-Lumières : Une tradition du XVIIIe siècle à la Guerre froide, Fayard, « L'espace du politique », 2006; Gallimard, « Folio Histoire », (édition revue et augmentée), 2010


Notes et références

  1. Entretien avec le professeur émérite d’histoire des idées Zeev Sternhell sur RFI, 6 juin 2010
  2. « Les anti-Lumières, source du désastre européen du XXe siècle », extrait d'un entretien avec Zeev Sternhell, Politis, 6 janvier 2006
  3. Maistre refuse toute compromission : « La contre-révolution ne sera pas une révolution contraire mais le contraire de la Révolution.» Considérations sur la France, 1796.
  4. ibid..
  5. « Il n’y a point d’homme dans le monde. J’ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan ; mais quant à l’homme je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe c’est bien à mon insu.» ibid..
  6. «Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite.» Considérations sur la France, 1796
  7. «Une constitution qui est faite pour toutes les nations n'est faite pour aucune.»
  8. cf. la lecture de Du Pape, 1819, ou De l’Église gallicane
  9. Le protestantisme ne serait que négation et dégradation du catholicisme, et la part de vrai qu'il contiendrait proviendrait du catholicisme dont il est issu. « Le plus grand ennemi de l’Europe qu’il importe d’étouffer par tous les moyens qui ne sont pas des crimes, l’ulcère funeste qui s’attache à toutes les souverainetés et qui les ronge sans relâche, le fils de l’orgueil, le père de l’anarchie, le dissolvant universel, c’est le protestantisme.», Sur le protestantisme

Voir aussi

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