Mademoiselle de Gournay

Mademoiselle de Gournay

Marie de Gournay

Marie de Gournay

Marie de Gournay (née Marie Le Jars) (née le 6 octobre 1565 à Paris - morte le 13 juillet 1645 à Paris) était une femme de lettres française des XVIe et XVIIe siècles, et fut la « fille d’alliance » de Michel de Montaigne, dont elle publia en 1595 la troisième édition des Essais, augmentée de toutes les corrections manuscrites du philosophe.

C’est grâce aux mouvements féministes de la fin du XXe siècle que cette femme remarquable, féministe avant l’heure, est sortie de son rôle de « fille d’alliance » de Montaigne pour être enfin reconnue comme femme de lettres, philologue, traductrice, poète et philosophe à part entière.

Sommaire

L’enfance de Marie

Marie Le Jars naît à Paris le 6 octobre 1565.
Son père, Guillaume Le Jars, achète un château et une seigneurie à Gournay-sur-Aronde avant de mourir en 1578. Marie, qui n’a que treize ans, est l’aînée de six enfants.
Sa mère, Jeanne de Hacqueville, décide d’établir sa famille à Gournay en 1586. Se souciant peu des dispositions intellectuelles de sa fille, elle éduque Marie en suivant le « code féminin » de la noblesse de l’époque. Marie ne semble pas s’en contenter. Elle apprend le latin et le grec, en comparant les textes originaux à leur traduction.

Marie et Montaigne

C’est vers l’âge de dix-huit ans qu’elle découvre la première édition des « Essais » de Michel de Montaigne qui la « transportent (transsissoient) d’admiration » dit-elle. Elle ne rêve plus que de rencontrer cet homme.
Cinq ans plus tard, en 1588, lors d’un voyage à Paris avec sa mère, elle fait parvenir à Montaigne un billet lui faisant part de son ardent désir de le voir. Ils se rencontrent le lendemain même. Elle a vingt-trois ans et lui cinquante-cinq. Dans les mois qui suivent, Montaigne fait quelques séjours d’une semaine au château de Gournay. C’est au cours d’une promenade qu’elle lui aurait raconté l’histoire publiée en 1584 sous le titre : Le Promenoir de M. de Montaigne, qui traite de l’amour dans l’œuvre de Plutarque. Peut-être ont-ils eu une relation amoureuse car il écrit « l’aimer beaucoup plus que paternellement », « Je ne regarde plus qu’elle au monde », parle de son affection « plus que surabondante », de la « véhémente façon dont elle m’aima et me désira longtemps » et vante ses prouesses intellectuelles. Il lui délivre au chapitre XVII du livre II des « Essais » le titre de « fille d’alliance ». Marie n’eut plus l’occasion de le revoir après cette rencontre, mais elle correspond régulièrement avec lui. Sa mère meurt en 1591.
Marie s’installe à Paris, laissant le château à son frère Charles. Montaigne décède en 1592. Elle n’apprend sa mort que quinze mois plus tard. Françoise de Montaigne, la veuve du philosophe, lui fit parvenir une copie annotée des Essais de 1588 et la pria de se charger de leur publication. Elle se mit au travail et sortit la première édition posthume des « Essais », avec une longue préface dans laquelle elle défendait les idées de Montaigne. Elle voyagea en 1594 avec Jean d'Espagnet[1] et son épouse, puis séjourna quinze mois à Montaigne, auprès de Madame de Montaigne et de sa fille Léonor, sa « sœur d’alliance ».

Citation de Marie de Gournay : "Quand un homme est assez généreux pour vouloir à sa mort que personne ne soit triste, il est de ceux qui laisse ses proches inconsolables."

Sa vie, son œuvre

Elle rencontre de sérieuses difficultés financières, son frère, Charles, est obligé de vendre les propriétés familiales, notamment Gournay en 1608. Elle vit à Paris et s’intéresse aux questions politiques et sociales. Elle fréquente Henri Louis Habert de Montmor. Juste Lipse, célèbre érudit, la présente à toute l’Europe comme une femme lettrée. Mais, à cette époque, il est très difficile pour une femme de faire valoir son droit à « penser ». Elle travaille à se construire un réseau de protecteurs en offrant sa plume à la Reine Marguerite, Henri IV, Marie de Médicis, Louis XIII, la marquise de Guercheville, les ministres Villeroy et Jeannin, Richelieu… Elle obtient ainsi le privilège de pouvoir éditer ses propres œuvres. Richelieu lui offre une modeste pension royale.
Elle est sans cesse calomniée, personnellement et pour son œuvre.
Elle vit et pense en féministe.
En 1622, elle publie Égalité entre les hommes et en 1626 Les femmes et Grief des Dames où elle prône l’égalité absolue entre les sexes, ni misogynie, ni "philogynie".
Elle est célibataire et subvient seule à ses besoins.
Elle est catholique, hostile aux Protestants, mais côtoie des libertins comme Théophile de Viau, Gabriel Naudé, François La Mothe Le Vayer – à qui elle lèguera sa bibliothèque, qu’elle avait héritée de Montaigne (qui l’avait lui-même annotée et héritée de La Boëtie).
Elle fait aussi des traductions de Salluste, Ovide, Virgile, Tacite, des vers sur ses chats, sur Léonore et Jeanne d’Arc, critique les « Précieuses », adapte Ronsard, écrit sur l’instruction des Princes.
Elle effectue un travail remarquable sur les Essais de Montaigne en traduisant les citations latines, précisant les références, annotant et nettoyant les mots.
Morte à Paris le 13 juillet 1645, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, Marie de Gournay est enterrée à l’église Saint-Eustache.

Publications

Sur les autres projets Wikimedia :

  • avant 1588 : un sonnet et une ode dans les « Regrets funèbres sur la mort d'Aymée ». In Œuvres de Pierre de Brach (Le Tombeau d'Aymée)
  • 1594 : Le Proumenoir de Monsieur de Montaigne
  • 1595 : Preface sur les Essais de Michel, seigneur de Montaigne, in Les Essais de Michel Seigneur de Montaigne
  • 1595 : hommage en prose à Jean de Sponde, dans Response du Feu Sieur de Sponde…
  • 1598 : Preface sur les Essais de Michel, seigneur de Montaigne, in Les Essais de Michel Seigneur de Montaigne
  • 1608 : Bienvenue de Monseigneur le duc d'Anjou
  • 1610 : Adieu de l'Ame du Roy de France et de Navarre Henry le Grand, avec la Défense des Peres Jesuites
  • 1619 : Versions de quelques pieces de Virgile, Tacite, Salluste, avec l'Institution de Monseigneur, frere unique du Roy (comprend également un « traicté sur la Poësie »).
  • 1620 : Eschantillons de Virgile
  • 1620 : deux poèmes dans Les Muses en deuil
  • 1621 : Traductions. Partie du Quatriesme de l'Eneide, avec une oraison de Tacite, et une de Saluste
  • 1622 : Egalité des Hommes et des Femmes
  • 1624 : Remerciement, au Roy
  • 1626 : L’ombre de la Damoiselle de Gournay – œuvre composée de mélanges – L’homme est l’ombre d’un songe & son œuvre est son ombre qui comprend :

De l'éducation des Enfans de France - Naissance des Enfans de France - Exclamation sur l'assassinat deplorable de l'année 1610 - Adieu de l'ame du Roy à la Reyne Regente son espouse - Priere pour l'ame du mesme Roy, escrite à son trépas - Gratification à Venise sur une victoire - Institution du Prince - Du langage François - De la medisance - Des fausses devotions, Si la vangeance est licite - Antipathie des ames basses et hautes - Consideration sur quelques contes de Cour - Advis à quelques gens d'Église - Que les grands esprits et les gens de bien s'entrecherchent - De la neantise de la commune vaillance de ce temps et du peu de prix de la qualité de Noblesse - Que l'integrité suit la vraye suffisance - Sur la version des Poètes antiques, ou des Metaphores - Égalité des hommes et des femmes - Chrysante, ou convalescence d'une petite fille - Des Vertus vicieuses - Des Rymes - Des diminutifs François - Des grimaces mondaines - De l'impertinente amitié - Des sottes ou presomptives finesses - Grief des Dames - Défense de la Poësie et du langage des Poètes - Advis sur la nouvelle edition du Promenoir - Promenoir - Apologie pour celle qui escrit - Lettre sur l'art de traduire les Orateurs - Version d'une Oraison de Tacite - Version d'une Oraison de Salluste - Epistre de Laodamie traduicte d'Ovide - Seconde Philippique de Ciceron traduicte - De la façon d'escrire de Messieurs du Perron et Bertault, qui sert d'Advertissement sur les Poesies de ce volume - Partie du Premier de l'Æneide, commençant où monsieur le Cardinal du Perron acheve de le traduire - Second de l'Æneide traduict - Partie du Quatriesme de l'Æneide, commençant comme dessus après monsieur le Cardinal, Bouquet de Pynde, composé de fleurs diverses - Si ce Livre me survit…

  • 1628 : trois poèmes, in Recueil de plusieurs inscriptions proposées pour remplir les Tables d'attente estans sous les statues du Roy Charles VII et de la Pucelle d'Orléans...
  • 1634 : Les Advis, ou les Presens de la Demoiselle de Gournay (ajoute à L'Ombre : Discours sur ce livre à Sophrosine, Oraison du Roy à S. Louys durant le siège de Rhé, Première delivrance de Casal, De la temerité et la traduction du VIe livre de l'Énéide).
  • 1635 : un poème, in Le Sacrifice des Muses
  • 1635 : un poème, in Le Parnasse royal
  • 1641 : réédition des Advis
  • 1642 : deux épigrammes, in le Jardin des Muses
  • 1644 : une épigramme, in l'Approbation du Parnasse qui précède Les Chevilles de Me Adam Menuisier de Nevers

Bibliographie

  • Les historiettes de Tallemant des Réaux, T. II, p. 124-128, Paris, 1834.
  • Itinéraires d’une femme savante, Michèle Fogel, Fayard, Paris, 2004
  • Œuvres complètes réalisées par J.-C. Arnould, E. Berriot-Salvadore, M.-C. Bichard-Thomine, C. Blum, A. L. Franchetti, V. Worth-Stylianou (Paris, Honoré Champion, 2002)
  • Égalité des hommes et des femmes suivi de Grief des Dames Édition établie par par Claude Pinganaud et présentée par Séverine Auffret (Éditions Arléa, 2008)

Notes et références

Liens externes

En téléchargement libre et gratuit sur le site de la Bibliothèque Nationale de France :

  • L’ombre de la Damoiselle de Gournay (œuvres complètes non « traduites »)
  • Préface des Essais de Montaigne (non « traduite »)
  • Portail des femmes Portail des femmes
  • Portail de la Renaissance Portail de la Renaissance
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